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Marin Decrenice
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Naissance
Décès
Nationalité
Française
Activité
Œuvres principales

Marin Decrenice est un architecte et artiste distingué Lyonnais, frère de Cyr Decrenice, architecte également. Il contribue à l'ouverture, l'accessibilité, et l'intégration du quartier Saint Jean. Sa réalisation majeure consiste en la nouvelle Manécanterie pour le comte du Chapitre Saint Jean.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né le 20 septembre 1723 dans la paroisse de Saint Pierre Saint Saturnin et mort au même endroit le 9 décembre 1775, Marin Decrenice est l’aîné d’une famille originaire de Virieu le Petit (à l’Est de Lyon), considérablement présente dans la région (l’Ain actuel).

Son frère cadet est Cyr Decrenice, architecte de renom, né le 21 octobre 1731. Ce dernier travaille beaucoup en collaboration avec Marin et poursuit sa carrière 18 ans après sa mort, notamment sur le chantier de la nouvelle Manécanterie . Il meurt le 12 janvier 1794 (23 nivôs an II) guillotiné place des Terreaux.

Marin est fils de Marie Roux, sœur du maître maçon André Roux et d’Antelme Decrenice (1700). Les familles Roux et Decrenice étant très proches, le maître maçon et les architectes travailleront souvent ensemble.

Antelme Decrenice meurt en 1750, laissant par testament ses immeubles à Marin qui doit alors : régler ses dettes, remettre à ses sœurs et à Cyr les « légitimes » (sommes promises) et s’assurer du confort de leur mère.

Marin Decrenice meurt probablement de la grippe le 9 décembre 1775, enterré en grandes pompes le lendemain dans l’église de St Nizier. Le bâtiment est alors en cours de finition : les balustrades, les cheminées de pierre et les carrelages sont installés, le vitrage est posé, le grand escalier est en grande partie construit, la salle capitulaire est en cours d’aménagement. Il est remplacé par Jean Baptiste Perrot, puis par Jean Antoine Morand à partir de 1778. Puis c’est Jean François Désarnod, nommé architecte du chapitre en 1787, qui finalise et entretien le bâtiment.

Réalisations Privées[modifier | modifier le code]

Les réalisations privées de Marin Decrenice consistent en la gestion du patrimoine familiale, des expertises, de nombreuses opérations immobilières et quelques chantiers privés.

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Le patrimoine de la famille Decrenice se résume à deux maisons. La première, qualifiée de « maison haute, moyenne et basse », est l’objet d’une reconstruction que Marin entreprend avec Joseph Fontaine. Située à l’angle des petites et grande rues des Auges, Marin la vend à Antoine Bied en 1756, suite à quoi il en devient locataire, puisque sa mère y habite, et s’engage à faire toutes les réparations nécessaires. Il fait réaliser la même année des travaux de charpente par Joseph Fontaine sur le corps arrière de la seconde maison, rue de la Giroflée, avant de la revendre en s’engageant, toujours, à y effectuer les réparations.

A partir de cette période, Marin va effectuer de nombreuses expertises. Il est alors mandaté par des particuliers, le consulat, le chapitre de Saint Jean, les recteurs de la Charité et les chanoines-comtes de Lyon au titre d’architecte voyer du chapitre de Saint Jean.

Pour ce qui est de l’immobilier et des chantiers privés, entre 1756 et 1762, Marin réalise une importante opération concernant tout un ensemble de maisons à l’angle de la rue de Grenelle, la place des Cordeliers et la rue de la Gerbe. Il achète les maisons les unes après les autres, les démolies, et construit à la place un imposant bâtiment à sept arcs de boutique, quatres étages d’appartements, cours, caves et greniers. Cette belle maison est décorée de pilastres et de corniches. Le 20 février 1762, les frères Decrenice la vendent à Antoine Catalan, chef de la Bouche de Sa Majesté Catholique, résidant à Madrid, au prix de 128 000 livres dont 8 000 de lods et portages. L’acte de vente mentionne une « garantie décennale ».

Une autre opération immobilière est réalisée dans le nouveau quartier Saint-Clair. Le 14 mars 1763, Marin et deux confrères (Servan et Gaudin) font l’acquisition d’un terrain que François Daniel Jost de Villeneuve a acheté à Soufflot, Munet et Milanois, le 27 juillet 1760. Peu avant le 25 mars 1767, le terrain et une maison construite dessus sont vendus au sieur Briasson. La maison reste basse jusqu’en 1828. Reconstruite à hauteur des autres maisons, elle est aujourd’hui le 11 quai Lassagne et 21 rue Royale.

En 1765 Marin Decrenice intervient dans la maison des religieuses de l’Antiquaille, au 6 place des Terreaux et 12 rue Sainte-Catherine. Les locaux, neufs, ont subit une série de dégradations suite au retardement de leur mise hors d’eau, dû à la construction de la maison voisine. Marin fait donc reprendre une partie de la toiture, des planchers, de la menuiserie, des carrelages et fait refaire plâtres et peintures.

Entre 1766 et 1768 il acquiert tout un pâté de maison entre les rues Mercière, Chalamont et le quai du même nom (aujourd’hui rues Mercière, Dubois et quai Saint Antoine). La première acquisition concerne les maisons de messire Jean Rolin, écuyer, demeurant à Paris, récemment décédé. En 1768 il achète une maison à messire Jean Marie Aymon. La même année il fait l’acquisition de la « véronique » (maison de la veuve Constant) qui va de la grande rue Mercière, la rue Mort-qui-Trompe (rue Chalamont) au quai Chalamont. Il semble qu’il y ai effectué d’importants remaniements. C’est dans cette maison que Marin aménage son dernier domicile, un cinq pièces avec fenêtres sur la rue et le quai. Aujourd’hui un imposant immeuble moderne s’élève à l’emplacement des maisons de Marin Decrenice, au nord de la rue Grenette, entre la rue Mercière, une partie de la rue Dubois qui passe par une voute sous l’immeuble, et le quai Saint Antoine.

Entre 1769 et 1770 l’architecte réalise d’importants aménagements dans la maison Bossard, rue des Trois-Marie et quai de la Baleine (aujourd’hui 21 quai Romain Rolland et 19 rue des Trois-Marie). Depuis mars 1767, Marin est l’architecte des recteurs de l’hôpital général de Notre Dame de la Pitié du Pont du Rhône, il emploie les ouvriers de l’Hôtel Dieu pour des traveaux de maçonnerie ; cependant, il semble bien qu’il suive les directives de François Pierre Suzanne, avocat, fils du recteur de l’Hôtel Dieu, locataire principal de l’immeuble (réglementant la vie et percevant les loyers). C’est un appartement élégant et confortable qui est réalisé : parquets, fenêtres à carreaux, alcôves, commodités à l’anglaise, placards à rayons pour élever les rideaux avec cylindres à rouleaux, supports et poulies, etc.

La maison du Chameau est située au 58 rue Mercière et 27 quai Saint-Antoine. L’ensemble construit en 1530 se compose d’une « maison où est pour enseigne le chameau ». Les façades mesurent une dizaine de mètres chacune et le tènement a une profondeur de 45.50 mètres. Entre les deux maisons, une très belle cour Renaissance est ornée d’une coquille surmontée d’un édicule avec dôme et lanternon. Le propriétaire, Pierre Monlong, marchand de soieries et de draps d’or, échevin de Lyon, demande l’autorisation d’effectuer des traveaux en 1761 et 1773. Marin Decrenice prend la direction du chantier.

Réalisations Publiques[modifier | modifier le code]

Le 28 janvier 1768, Marin Decrenice conçoit un projet qu’il présente aux échevins. En effet l’aménagement des quais et des ports reste une préoccupation constante dans la seconde partie du XVIII eme siècle. Dans un souci d’esthétique, il est envisagé une nouvelle traversée de la ville en passant le long de la rive droite de la Saône, de Vaise à la Guillotiere. L’aménagement du quartier vise aussi à freiner sa dépopulation. Enfin, il s’agit de prévoir un abord spacieux au palais de Justice qui doit être construit. Marin propose un quai qui va du pont de Bellecour jusqu'à l’angle septentrional de la terrasse du palais archiépiscopal et un port qui va vers le nord, jusqu’au quai de la Baleine. Le projet profitera notamment aux comtes propriétaires d’hôtels particuliers, Madame de Varax et l’Archevêché, qui contribueront à son financement. Pour ce faire Marin dépose les gravats des démolitions du chantier de la nouvelle Manécanterie devant les hôtels de la grande Custoderie et de la Sacristie et reçoit donc un procès verbal.

On notera également quelques problèmes avec Morand, architecte de l’archevêque, qui prétend que le nouveau quai doit suivre l’alignement de la terrasse de l’Archevêché ( ce qui rétrécirait la rivière), de Madame de Varax, qui revient sur son financement d’un comte qui dit que lassé d’étendre, il fait faire des aménagements qu’il n’aurait pas fait si le quai avait été construit et enfin de Marin lui-même qui constate que compte tenu des modifications qui lui sont imposées, le coût du projet est très fortement augmenté. Cependant le projet est assez avancé en 1771 pour que le public puisse y assister sur des chaises aux fêtes données sur la Saône.

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Marin réalise par la suite un plan de reconstruction de la grande Custoderie, hôtel situé entre celui de la Sacristie, la rue des Estrées, le port Saint-Jean et la Saône. Le long de la Saône court une galerie pavée et un jardin surélevé, le projet de Marin est un très bel hôtel conservant les trois corps de logis et l’entrée, il comporte un grand vestibule avec escalier. La première marche déborde largement comme dans l’escalier qui sera réalisé dans la grande Manécanterie. L’hôtel décrit est luxueux et confortable mais le projet ne sera pas réalisé. Cependant, en 1779, Morand cumule les charges de voyer et d’architecte du chapitre avec celle d’archi de l’archevêque, il reprend le projet de Marin et, comme lui, conserve le gros œuvre et intègre dans son plan les deux escaliers, la cour et les jardins.

Pour le Consulat :[modifier | modifier le code]

● En 1761 : Marin Décrenice et Léonard Roux sont délégués pour la ville de Lyon pour contrôler les travaux de la digue de la Tête d’Or. Cette digue doit obliger le fleuve à nettoyer la rive, du bastion Saint-Clair au pont de Pierre. Elle doit protéger le territoire de la Tête d’Or et permettre d’assainir les nouveaux terrains des Brotteaux.

● En 1769, le consulat demande que soit examiné le second projet d’Antoine Michel Perrache d’extension de la ville vers le sud en reculant le confluent du Rhône et de la Saône. Il s’agit de « l’établissement d’un cours servant de chemin tendant du quay de la Charité à l’extrémité des étroits appelés Mulatière, avec un pont en bois à cette extrémité ». Cela correspond aujourd’hui au quai Perrache et au pont de la Mulatière. (Illustrer sur une carte). Marin se rend sur les lieux, munit du plan géométral remis par Perrache. Il rend son avis le 2 novembre 1769. Il estime que le chemin prévu peut tout à fait être construit. Il joint son procès-verbal un plan de la chaussée qu’il intitule « Profil du chemin projeté par le sieur Perrache ». Pour la chaussée et le pont, le devis de Décrenice est de 980 000 livres. Le chantier débute en 1773 et se termine en 1778. Il s'agit d'une magnifique promenade avec deux rangées de peupliers d’Italie. Perrache meurt en 1779. Le 15 janvier 1783, une crue de la Saône emporte le pont de la Mulatière. La belle chaussée rectiligne pour laquelle Marin Décrenice a donné son avis favorable, est la seule réalisation du projet Perrache qui subsiste. (Illustrer par une photo).

● En 1771 : Il effectue des réparations au port de Chalamont, non loin de son domicile. Pour ces travaux, Grand, voyer de la ville, lui remet 504 livres.

● Il est amené à reconnaître les ouvrages de Morand, dans la salle de spectacle en 1771. Avant de partir à Paris, en 1775, Soufflot remet à Morand « son affectionné disciple » le soin d’achever l’aménagement de cette salle. En 1767, Morand présente à Soufflot un projet d’agrandissement. Les travaux sont réalisés en 1771 pour le séjour à Lyon de la comtesse de Provence qui doit assister à une représentation. Trois nouvelles loges d’avant-scène superposées avec baignoire au-dessous sont construites de chaque côté. Un double proscenium est réalisé et le plafond est très soigné afin que le plâtre très lisse renvoie la voix vers les spectateurs. Le décor est refait avec des ornements en relief au lieu de peintures sur trois rangs de loges de la salle. Celle-ci comporte 120 places supplémentaires. Il y a une rapidité d’exécution qui est reconnue. Le 27 juin 1771, le consulat nomme Roux et Marin pour examiner les ouvrages puis les comptes. Ils doivent se rendent sur place avec Grand, voyer de la ville, et y rencontrer les ouvriers. (Illustrer par une photo)

● Entre 1771 et 1775 : il est amené à examiner les ponts de bois sur la Saône, à la demande du consulat. Celui-ci se préoccupe de leur état qui est parfois jugé dangereux. En effet, en 1773, le pont de Serin est déclaré « bon pour 10 ans encore, moyennant quelques réparations ».

● En 1772 : mandaté par le consulat avec Pierre Dubuisson de Christot, il effectue la visite de la chapelle du Saint-Esprit, située à l’entrée du pont de Rhône (pont de la Guillotière), du côté de la ville, contre la tourelle nord de la porte de la ville. (Illustrer par une carte). Construite en 1284, cette petite église fait partie d’un ensemble de vestiges médiévaux qui ne sont plus guère utiles et qui gênent l’aménagement des quais devant la belle façade de l’Hôtel-Dieu de Soufflot. Il semble que la démolition prévue des tourelles mette en péril la petite église et sa démolition est décidée.

● Il inspecte le pont Morand en mars 1775. Il est aux côtés de Lallié, ingénieur de la province, Grand, voyer de la ville, et Dégérando, autre architecte. Ils se font assister des maîtres charpentiers François Hugand et Brossette, père et fils. C’est un très beau pont de 636 pieds de longs (206 mètres) et 40 pieds de large (13 mètres). C’est une prouesse technique avec un système de Charpente dont Morand est l’inventeur et qui deviendra ensuite un modèle pour le corps des Ponts et Chaussés. Les piles (ou palées) sont formées de 14 pilotis de 60 cm de diamètre avec éperon recouvert de fer (brise-glace). (Illustrer par une photo). Les experts reconnaissent que cet ouvrage n’est guère conforme aux plans initiaux. Le procès-verbal est signé le 3 avril 1775.

Pour la Charité :[modifier | modifier le code]

● Après quelques missions pour les administrateurs de l’Hôtel-Dieu, il devient officiellement leur architecte en février 1767, avec des appointements de 480 livres. A ce titre, en 1770 et 1771, il supervise la construction d’un glacis destiné à appuyer, en aval, la grand digue de la Tête d’Or. C’est un chantier important de 72 600 livres dont les deux tiers sont remboursés par le consulat.

Pour le Chapitre Saint Jean :[modifier | modifier le code]

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● Il intervient dans tout le comté. En 1767, il est officiellement l’architecte voyer du chapitre. Il construit pour les chamoines-comtes de Lyon, la nouvelle Manécanterie. A ce moment, Louise de Muzy de Véronin, prieure d’Alix, fait appel à Marin pour reconstruire l’église de son chapitre. Celui-ci dépend de l’abbaye de Savigny. Ce chapitre de dames nobles est sur le territoire du chapitre de Saint-Jean de Lyon. Sans doute la notoriété de Marin, chargé de reconstruire les importants bâtiments de la nouvelle Manécanterie, est-elle la raison du choix de cet architecte par le prieur d’Alix. Aujourd’hui, Alix et sa petite église sévère mais jolie, se trouve dans le Beaujolais (Illustrer par carte).

● Le chapitre de Saint-Jean, le Cloître, le comté : la cathédrale Saint Jean est le centre de la vie religieuse de la région. L’archevêque de Lyon exerce l’autorité ecclésiastique. Les divers travaux de Marin dans tout le comté, la construction de la Nouvelle Manécanterie, sa fonction d’architecte voyer du chapitre, son rôle dans l’urbanisme du cloître, représentent la partie la plus importante de sa carrière. Il entre en contact avec le chapitre Saint-Jean en présentant ses plans lorsque le chapitre lance un concours, en 1758, pour la construction de la nouvelle Manécanterie. A cette date, Marin a 35 ans. Il vient de se lancer dans une opération immobilière de grande envergure avec son frère Cyr : l’achat des maisons de l’angle de la rue de Gerbe et de la rue Grenette (Illustrer sur carte) et la reconstruction de tout l’ensemble. Une dizaine d’années plus tard, il réalise simultanément chantiers privés et missions pour le consulat et les recteurs de l’hôpital. Il est également actif dans le comté, de Saint-Rambert à Condrieu, de Givors à Beynost

● En 1768 : il mène de front la reconstruction de l’église d’Alix et l’important chantier de la nouvelle Manécanterie, ses deux œuvres majeures. Lorsqu’il meurt en 1775, la Manécanterie n’est pas encore achevée et l’aménagement de tout le quartier de l’Archevêché (places, quai et pont) est encore en discussion. Le rôle de Marin restera durable dans l’évolution du quartier Saint-Jean.

● En 1760, ses plans sont retenus pour la nouvelle Manécanterie et dès 1761, il intervient dans le comté. C’est le début de quinze années de collaboration avec le chapitre de Saint-Jean.

● 1er mission de Marin : reconstruction du sanctuaire et du clocher de l’église de Montromant. (Illustrer sur carte). Pour ses plans, coupes, devis et suivi du chantier, il reçoit un acompte d’honoraires de 600 livres en juillet 1763.

● 1763 : intervient de nombreuses fois dans les maisons canoniales : place Saint-Jean pour le comte du Villard ; de 1769 à 1771, pour la rénovation de l’hôtel de Chevrières où il fait travailler des artisans qu’il connaît bien : Minoya, Ricard, Deproit…

● Entre 1764 et 1773 : ses travaux se succèdent dans l’Ile-Barbe et à Saint-Rambert : mur de la terrasse du jardin de la maison de la Prévôté (l’ancien château), travaux dans plusieurs maisons et dans celle qui sert de logement au pontonnier, dans la maison appelée infirmerie etc…

● En 1764 : intervient plusieurs fois à Condrieu : fait placer trois piliers de jutice (piloris), l’un au port, le second sur la place du marché, le troisième au hameau des Roches. Ces piliers en pierre de choin sont sculptés par le sieur Jayet aux armes du chapitre. En 1767 : il fait réparer la couverture du clocher de l’église Condrieu. En 1769 puis en 1771 : il suit les travaux effectués aux bâtiments du château, de la prison, de l’auditoire ainsi qu’à la maison de la traille de Condrieu.

● Au milieu du XVIIIe siècle, l’ancien trésor, situé le long du mur sud de la cathédrale, menace ruine. Il construit une nouvelle sacristie appelée trésor à l’emplacement de la chapelle de la grande Madeleine, entre l’église et la demeure des archevêques. A cette époque (1765-1767), les pompes pratiquées dans le chœur et les ornements sacerdotaux nécessitent des annexes importantes : la belle et vaste pièce de la nouvelle sacristie comporte de très beaux meubles en bois dont les énormes tiroirs en demi-cercle renferment les précieuses chasubles conservées à plat. Pendant la construction de la nouvelle Manécanterie, cette sacristie sert de salle capitulaire en attendant que la nouvelle soit construite.

● En 1767 : il réalise des réparations de Saint-Andéol-le-Château, des travaux de couverture dans les trois églises du groupe cathéral (Saint-Jean, Sainte-Croix et Saint-Etienne) et des réparations au pont des Pattes situé au-dessus du quartier Vaise, près de la maison de campagne La Claire.

● Reprenant un projet ancien, la compagnie (le chapitre) décide de reconstruire les prisons de Givors qui sont incommodes, entièrement ruinées et d’où les prisonniers s’évadent. Plusieurs personnes sont alors rassemblées afin de rénover ce bâtiment dont Marin. En 1771 : il est chargé de réparations à faire au port de Givors « pour le rendre plus praticable ». A cette époque, le bourg est en pleine expansion et l’essor est principalement dû à sa situation à l’embouchure du Gier dans le Rhône au sud de Lyon.

La Nouvelle Manécanterie de Lyon en 2011

La Nouvelle Manécanterie[modifier | modifier le code]

Une manécanterie, du latin "mane cantare" (chanter matin) ou "mansion cantorum" (demeure des chantres), est une école de chant rattachée à une paroisse pour y former les enfants de choeur. Celle de Lyon se présente sous la forme d’un petit cloître datant du XIIIe siècle et reconstruit au XVe siècle. C'est un lieu de promenade apprécié des prêtres et des clercs, derrière ses voutes on trouve les dépendances et tous les services de l’église.

Un premier projet de nouvelle manécanterie est avorté en 1720.

Le 12 août 1758, d’après le chapitre de St Jean : «Monsieur le maitre de chœur est chargé de faire annoncer dans les feuilles hebdomadaires que le chapitre est décidé de donner au concours le plan géométral et le devis estimatif de la reconstruction de la manécanterie ».

Conformément à l’avis de l’architecte Girard, c’est le plan de Marin Decrenice qui est retenu. Il prend le parti d’aligner les bâtiments sur le mur de clôture de la cours de l’archevêché, sacrifiant une portion de maison, également il opte pour une décoration qualifiée de sage et d’un bon genre. Le tout apparaît comme fort et solide. En outre, le projet de Marin représente un programme architectural et administratif qui s’apparente à celui de la sacristie de Notre Dame de Paris de Soufflot, en 1756, et sans doute celui-ci y est-il sensible. C’est pourquoi le projet est validé.

C’est un projet d’une importance capitale pour le chapitre, à caractère non seulement utilitaire mais aussi architectural, politique et économique. Le coût estimé est à la hauteur des ambitions : 691 500 livres. Les travaux ont lieux aux alentours de 1764 et le chantier voit quelques innovations. Pour transporter les pierres est utilisé le fardier (la Gabrielle), machine inventée par le conte Gabriel de Montmorillon, et une grue.

Les cérémonies de pose des deux premières pierres ont lieu quand le premier bâtiment sort de terre, les 26 et 27 octobre 1768.

De nombreux auteurs témoignent : « édifice luxueux », « magnifique maison », « citadelle », « élégance », « magnificence et solidité »…[1] A tous ces termes s’ajoute l’avis de Soufflot qui dit beaucoup de bien de l’exécution des plans. La nouvelle manécanterie correspond bien à l’évolution stylistique de la seconde partie du XVIIIe : la fin de l’architecture à la française et la naissance de l’architecture à l’antique. Dans ce style néoclassique, les édifices sont réguliers, les façades peu mouvementées. La façade principale, non construite, devait comporter un axe de symétrie avec une partie centrale avec porte, ordre colossal et colonnes engagées, attique et fronton triangulaire. L’élément central est un trait bien français, le fronton, un rappel italien. La façade méridionale devait également être symétrique (elle ne sera réalisée qu’en partie). L’édifice est carré, entièrement en pierre de taille, il y a six niveaux avec entresol et attiques. Sur la façade sud, une corniche est en forte saillie sous l’étage supérieur et semble soutenue par des consoles en triglyphe (élément en saillie décoré de 3 traits en creux). Cet élément de décors est inspiré de Soufflot et de Bugniet, Marin l’harmonise avec celui de la cour de l’archevêché et les portiques de Soufflot. Au sommet du bâtiment le toit est assez plat, à la mode italienne, et recouvert de plaques de cuivre (pour palier au vert de gris).

A noter l’intervention du peintre Eisen qui réalise deux grands tableaux pour la salle d’audience de messieurs les contes de Lyon.

Terminée, cette construction s’inscrit dans un but d’organisation général de l’espace urbain, d’aménagement du quartier St Jean, d’harmonisation avec le palais archiépiscopale rénové et d’esthétique architecturale.[2]

La salle capitulaire :[modifier | modifier le code]

Située dans l’ail est au rez de chaussée, elle mesure 11.4 m sur 7.8m. Le sol est en pierre polie de Tournus, le mur occidental comporte trois niches à 1.45m du sol. Celles-ci sont hautes de 4m, large de 2m et profondes de 0.45m. Décorée d’une grande coquille au fond de la partie supérieure à l’époque, aujourd’hui, une porte sur la cour est aménagée dans la niche méridionale, en face, les trois fenêtres correspondent aux trois niches. Une boiserie de chêne de style néoclassique couvre les quatre côtés de cette très grande pièce. Elle monte jusqu'au plafond qu’elle souligne d’une corniche denticulée et elle couvre également le fond des niches. Des têtes de lions sont posées sur des consoles à triglyphes. Quatre grands médaillons en terre cuite entourés de larges guirlandes de feuillages en bois ornent les murs nord et sud, ils représentent les docteurs de l’Eglise.

Barthelemy Blaise, sculpteur, réalise deux hauts reliefs en terre cuite pour le dessus des deux doubles portes, l’une au nord, l’autre au sud, mesurant chacun 1.74m de long sur 1.06m de haut. Le premier a pour sujet « réunion de l’Eglise grecque et de l’Eglise latine : le baptême des trois mongoles dans la primatiale Saint-Jean lors du concile de 1274. », le second « Concession de la Bulle d’Or au chapitre Saint-Jean de Lyon par l’empereur Frédérique 1er (1157-1184). ». Ce dernier est identifiable au sceau à son effigie sous la bulle au milieu de l’œuvre. Ces deux œuvres se trouvent aujourd’hui dans l’église de Saint-Didier de Bizonnes dans l’Isère et sont classées monuments historiques depuis le 30 septembre 1988.

La voute de cette salle constitue un élément d’architecture et de décoration remarquable. Elle est ornée de voussures, de caissons et de rosaces en plâtre. Les même rosaces, en bois cette fois, entourent la coquille de chaque niche du mur ouest de la salle. Le décor de cette voute s’apparente à celui de la coupole à caissons du Panthéon de Rome dont Soufflot s’inspire au grand dôme de l’Hôtel Dieu de Lyon et à Sainte-Geneviève à Paris. Bien que les voussures soit réelles, cette salle capitulaire possède une voute à caissons en trompe l’œil. Dans le décor intérieur délimité par le feuillage, le plafond est en creux mais les caissons décroissants accentuent sa profondeur. On notera que des problèmes d’acoustiques se manifestent rapidement et nécessitent la pose de cartons sous la voute dès 1780.

Le verre de Bohème apparait sur le marché en 1750, ce vitrage coute cher mais il permet de fabriquer de grands carreaux et convient à la largeur du vantail de la fenêtre à noix, gueule de loup et espagnolette utilisée ici.

Le maitre tapissier Desauches fourni des rideaux et un poêle de faïence, et le maitre ébéniste Gerbourd fournit un grand bureau de bois noir.

La salle capitulaire est une salle d’apparat, conçue pour être magnifique. La chambre des adjudications des notaires de Lyon s’y installe en 1880 et y restent jusqu’en 1966, l’association diocésaine l’utilise ensuite comme salle de réunion de conférence et l’appelle la salle Gerlier du nom du cardinal archevêque de Lyon en 1937.

Le grand escalier :[modifier | modifier le code]

Ce grand escalier se trouve au nord de l’aile sur la cour de l’Archevêché, contre l’église. Il mesure 10 m de long sur 7.8m de large, la cage d’escalier est éclairée par des fenêtres donnant sur la cour, le dallage au sol est un damier bleu et blanc. Il comporte quatre volées courbes portées par des consoles à triglyphes au niveau des deux paliers au sud et des deux repos au nord. Le départ est adouci avec un retour en équerre et un court mur d’échiffre sous la moitié de la première volée.

La rampe en fer forgé est façonnée par le maitre Gobin, les marches en calcaire coquillé gris sont fournies par les frères Loras.

La porte est surmontée d’une coquille placée dans un arc de pierre surbaissé. De chaque côté de la porte se trouve une large niche de 2m de haut, 1.2m de large et 0.6m de fond. Ces dernières peuvent avoir contenu deux statues de Barthelemy Blaise, qui sculpta les armes de pierre ainsi que cinq pommes de pain en 1773.

La pièce se trouvant entre la salle capitulaire et le grand escalier est vraisemblablement la salle des archives, traditionnellement elles sont placées « près des pierres » et près d’une issue en cas d’incendie. Le grand escalier dessert les appartements et permettait d’accéder à l’église au niveau de la chapelle Saint Raphael.

Le décor de la nouvelle manécanterie de Marin Decrenice présente une unité, les consoles de triglyphes du grand escalier rappellent celles de la façade sur la rue et les niches de celles de la salle capitulaire. Les têtes de lions, les décors de draperies et de feuillage, les coquilles forment un ensemble harmonieux. Le grand escalier, sobre, rassemble presque tous ces éléments.

Ce qui plut à Soufflot fut sans doute son large jour central, ses angles galbés, son départ ondulé, son envolée à la fois légère et majestueuse, qui en font une réalisation monumentale et élégante à ses yeux.[3]

  1. Jean Antoine Morand, architecte lyonnais (1727-1794), catalogue de l’exposition des Arch. mun. De Lyon, réd. Par Henri Hours et Michel Nicolas, Lyon, 1985, p. 4.
  2. Vialettes Madeleine. Le bâtiment de la « Vieille Manécanterie » de la cathédrale Saint-Jean de Lyon. In: Bulletin Monumental, tome 153, n°1, année 1995. pp. 47-63.in <www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1995_num_153_1_3531>
  3. Gilbert Gardes, Lyon l’art et la ville, Paris, éd. Du C.N.R.S., 1988, t. 1 : Urbanisme, architecture, p. 57.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Archives Départementales du Rhône, Des hospices civils de Lyon, BHD 226, BB 330, 1 C 161.
  • Gilbert Gardes, Lyon l’art et la ville, Paris, éd. Du C.N.R.S., 1988, t. 1 : Urbanisme, architecture, p. 57.
  • Jean Antoine Morand, architecte lyonnais (1727-1794), catalogue de l’exposition des Arch. mun. De Lyon, réd. Par Henri Hours et Michel Nicolas, Lyon, 1985, p. 4.
  • Dominique Bertin, Anne Sophie Clemençon, Lyon guide, Paris, Arthaud, 1986, p.128 (croquis du puits).
  • Vialettes Madeleine. Le bâtiment de la « Vieille Manécanterie » de la cathédrale Saint-Jean de Lyon. In: Bulletin Monumental, tome 153, n°1, année 1995. pp. 47-63.in <www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1995_num_153_1_3531>

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