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Utilisateur:Loic Golliet/Genaro Vázquez Rojas

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Genaro Vázquez Rojas
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Biographie
Naissance
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San Luis Acatlán (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 40 ans)
MoreliaVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités

Genaro Vázquez Rojas (né à San Luis Acatlán, dans l'état du Guerrero, le 10 juin 1931 et mort à Morelia, dans le Michoacán, le 2 février 1972) est une personnalité marquante de l'histoire politique du Mexique. Dirigeant syndical de l'enseignement au Guerrero, il a fait partie de l'opposition politique au gouvernement de l'État et a milité au sein du mouvement paysan. Face à la répression, il est passé à la clandestinité et a formé un des groupes armés qui ont mené une guérilla dans la Sierra Madre del Sur dans les années 1960 et 1970.

Biographie[modifier | modifier le code]

Opposition légale[modifier | modifier le code]

Genaro Vázquez est un instituteur diplômé de l'École normale rurale d'Ayotzinapa, comme Lucio Cabañas et de nombreux militants, il fait partie des enseignants dissidents qui dominaient les sections du syndicat des professeurs du Mexique dans les États de Guerrero, Oaxaca et Chihuahua au cours des années 1960. En 1959, Vázquez fonde l'Association Civique Guerrerense (Asociación Cívica Guerrerense, ACG) et la Centrale Paysanne Indépendante (Central Campesina Independiente, CCI), organisations politiques d'opposition au gouvernement de Raúl Caballero Aburto, le gouverneur du Guerrero. Celui-ci, ancien général sans expérience politique, avait été imposé comme gouverneur en 1956 par le Parti révolutionnaire institutionnel, sa gestion se distinguait par son autoritarisme et son despotisme, par l'utilisation du pouvoir à son profit propre et à celui de sa famille et de ses amis et le recours à une répression violente, le gouverneur est ainsi accusé de nombreux meurtres[1].

Immédiatement, Genaro Vázquez se met à la tête de manifestations exigeant la démission du gouverneur. Pour cela, il est arrêté le 27 avril 1960 à proximité de Teloloapan, il est cependant libéré le 12 mai. Après avoir récupéré sa liberté, il mène en juin 1960 une caravane revendicative jusqu'à Mexico, où il est reçu par le président mexicain Adolfo López Mateos. Durant cet entretien, les méfaits de Caballero Aburto sont mises en lumière : l'absence de garanties constitutionnelles dans l'État, la dépossession des paysans de leurs terres, la répression par des pistoleros et la police, les fraudes électorales dans certaines municipalités et les vols commis en sa faveur et en celle de certains de ses proches. En raison de toutes ces accusations, la disparition de pouvoirs a été demandée. En conséquence, Caballero Aburto a été destitué de son poste, un gouverneur par intérim, Arturo Martínez, est nommé, mais celui-ci ne parvient pas à calmer la contestation sociale qui touche des questions plus larges que la seule personnalité contestée de Caballero Aburto. Genaro Vázquez est encore arrêté le 31 octobre 1960, pendant le mouvement étudiant et populaire à Chilpancingo, accusé d'injures au gouverneur et d'association délictueuse ; il est libéré sous caution le 7 novembre[1].

En 1962, l'année de l'exécution parajudiciaire du leader paysan Rubén Jaramillo, des élections sont mises en place au Guerrero, pour désigner le nouveau gouverneur et renouveler les municipalités. L'ACG présente des candidats, mais le PRI revendique la victoire de tous ses candidats. Genaro révèle les violences qui ont émaillées les élections : neuf dirigeants de l'ACG avaient été séquestrés par des militaires. Le 31 décembre 1962, une protestation massive est organisée par l'Association sur la place centrale d'Iguala. Celle-ci se terminent dans le sang lorsque des gardes employés par les caciques visent Genaro, qui riposte et fuit. La fusillade qui se déclenche entre la police et les militaires qui surveillent la manifestation et les militants fait huit morts et une douzaine de blessés tandis que plus de cent manifestants sont arrêtés[2].

En 1963, Genaro Vázquez parvient à revenir au Guerrero, grâce à l'intervention du général Cárdenas, et reprend le travail d'organisation militante. L'ACG participe ainsi à la fondation de la Ligue agraire révolutionnaire du Sud - Emiliano Zapata (LARS-EZ) qui cherche à former une union syndicale revendicative des travailleurs agricoles et des paysans. En août 1965, la LARS-EZ tient un congrès à Chilpacingo qui doit entériner l'adoption d'un programme révolutionnaire socialiste et la mutation de l'ACG en organisation nationale[3].

Dans le même temps, la seconde moité des années 1960 voit la répression contre le mouvement social redoubler. Elle vise particulièrement les maestros. Ainsi, le 11 novembre 1966, Genaro Vázquez est arrêté par la police du Guerrero, aux portes de la Centrale Paysanne Indépendante, à Mexico. Détenu dans la prison de Lecumberri, à Mexico, il est ensuite conduit à Chilpancingo, capitale du Guerrero, il est ensuite retenu prisonnier dans la prison d'Iguala, où il sa réflexion mature. Prenant en compte les échecs répétés de l'action légale, il propose la restructuration de l'ACG pour organiser la lutte armée[4].

La guérilla[modifier | modifier le code]

Genaro Vázquez est libéré de sa prison par un commando armé de l'ACG, le 22 avril 1968, lors d'un transfert pour être soigné dans un centre de santé. Genaro rejoint alors l'organisation qui vient de basculer dans la clandestinité armée et de se refonder en tant qu'Association Civique Nationale Révolutionnaire (Asociación Cívica Nacional Revolucionaria, ACNR). Genaro organise des comités de lutte chargés de mener des campagnes politique et du recrutement des militants, et des comités armés de libération, formés des militants les plus formés et aguerris pour mener les actions militaires. En 1969, après le massacre de Tlatelolco qui bouleverse la gauche mexicaine, l'ACNR est prête à entrer en scène[4].

Drapeau de l'ACNR

La guérilla de Genaro Vázquez a été combattue par l'armée mexicaine, qui a d'abord pénétré dans la Costa Grande du Guerrero sous le prétexte d'actions sociales, elle a ensuite entrepris une guerre de basse intensité contre les insurrection armées de Vázquez et Lucio Cabañas. En même temps, les autorités mexicaines niaient l'existence même des groupes insurgés, bien que rapidement il ne leur est pas resté d'autre alternative que de reconnaître le problème.

L'ACNR a mené divers combats et enlèvements, contre rançon pour financer et faire parler de leur combat. Mais, Genaro restait avant tout un homme avec une importante formation idéologique et une grande maturité politique.

Mort[modifier | modifier le code]

Un doute entoure la mort du commandant Genaro Vázquez. Au petit matin du 2 février 1972, la voiture dans laquelle il voyageait, accompagné du commandant en second de l'ACNR, José Bracho Campos, et de trois autres militants, s'est écrasée contre le tablier d'un pont de la route reliant Mexico à Morelia. Selon la version officielle, Genaro Vázquez est mort à l'hôpital civil de Morelia des suites d'une fracture du crâne causée par la commotion subie lors de l'accident. Pourtant, ceux avec qui il voyageait affirment que ses blessures n'étaient pas graves et que le plus probable est que les soldats, apprenant son identité, l'ont laissé mourir ou même l'ont tué sur place.

Le 3 février, la nouvelle de sa mort était déjà connue dans tout le pays. Ce jour, ses restes sont arrivés à San Luis Acatlán, le village qui l'avait vu naître en 1931. L'après-midi, un cortège d'environ 150 étudiants a défilé dans les rues de Chilpancingo en scandant son nom. Il est enterré le 4, dans son village natal, devant une assistance de plus de 2000 personnes.

Hommages posthumes[modifier | modifier le code]

Précocement, des artistes engagés ont rendu hommage à Genaro Vázquez, notamment des chanteurs de la scène de la nueva canción. L'auteur-compositeur-interprète José de Molina, dans l'album Testimonios rebeldes ("Témoignages rebelles", 1972), chante Canto por Genaro Vazquez[5]. Le chanteur et compositeur mexicain Oscar Chávez a enregistré A Genaro Vázquez, un corrido, un genre traditionnel de chanson de protestation politique et narrative de sa mort. Ce corrido a été comprise dans le livre "Corrido histórico mexicano" d'Antonio Avitia Hernández[6].

Par ailleurs, le leader syndical, militant démocrate et guérillero reste une figure tutélaire pour la gauche révolutionnaire. Le 2 février 2008, trente-six ans après sa mort, environ huit cents militants de gauche ont commémoré Genaro Vázquez par une manifestation à travers Chilpancingo[7].

Actuellement, divers groupes guérilleros contemporains, comme le Comité Clandestin Révolutionnaire des Pauvres-Commando Justicier 28 Juin, l'Armée Villiste Révolutionnaire du Peuple ou l'Armée Populaire Révolutionnaire, se réclament de Genaro Vázquez et revendiquent perpétuer ses revendications et combats politiques[8].

Le 2 février 2019, lors des commémorations du 47e anniversaire de sa mort, a été dévoilée une sculpture du guérillero. Réalisée par le sculpteur jalisciense Alfredo López Casanova, reçue à travers Mario Saucedo Pérez, installée dans le centre de San Luis Acatlán, lieu de naissance du "Comandante", comme il est familièrement surnommé dans la région[9],[10].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (es) Harim Benjamín Gutiérrez Márquez et Harim Benjamín Gutiérrez Márquez, « La desaparición de poderes en México y su puesta en práctica. Los casos de Guerrero (1960-1961) e Hidalgo (1975) », Política y cultura, no 48,‎ , p. 85–110 (ISSN 0188-7742, lire en ligne, consulté le )
  2. Laura Castellanos, Le Mexique en armes. Guérilla et contre-insurrection (1943-1981), Lux éditeur, (ISBN 978-2-89596-075-1), p. 141-142
  3. Laura Castellanos, Le Mexique en armes. Guérilla et contre-insurrection (1943-1981), Lux éditeur, (ISBN 978-2-89596-075-1), p. 142-143
  4. a et b Laura Castellanos, Le Mexique en armes. Guérilla et contre-insurrection (1943-1981), Lux éditeur, (ISBN 978-2-89596-075-1), p. 153-154
  5. « José De Molina - Testimonios Rebeldes », sur Discogs (consulté le )
  6. (es) Aurelio González, « Caracterización de los héroes en los corridos mexicanos », Caravelle. Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien, vol. 72, no 1,‎ , p. 83–97 (DOI 10.3406/carav.1999.2836, lire en ligne, consulté le )
  7. Ocampo Arista, Sergio, « "Recuerdan en Guerrero a Genaro Vázquez" », La Jornada, (consulté le )
  8. « Chilpancingo de los Bravo 31 de enero del 2010 », Cedema (consulté le )
  9. « Gilberto Bosques y Genaro Vázquez, en bronce », Proceso (consulté le )
  10. « DEVELAN ESCULTURA DEL GUERRILLERO GENARO VÁZQUEZ ROJAS », Polemon (consulté le )