Utilisateur:Leonard Fibonacci/Abgar V
Abgar V | |
Titre | |
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Rois d'Osroène | |
Prédécesseur | Ma'Nu III Saphul |
Successeur | Ma'Nu V |
Biographie | |
Dynastie | Abgar d'Édesse |
Conjoint | Shalmath (Salomé) fille de Mithridate |
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Abgar V Bar Ma'Nu ou Abgar Oukhama (Abgar le Noir) est un roi d'Osroène qui régne à Édesse (aujourd'hui Şanlıurfa ou Urfa en Turquie) pendant deux périodes, d'abord de 4 av. J.-C. à 7 ap. J.-C., moment où il est remplacé par son frère Ma'Nu IV Bar Ma'Nu (7 - 13). Il retrouve le trône d'Édesse et régne à nouveau jusqu'à sa mort vers 50.
Il a épousé Shalmath (Salomé) fille de Mithridate, dont Laroubna d'Edesse précise qu'elle s'appelait aussi Hélène.
Il est surtout connu dans la tradition chrétienne, pour être le roi qui accueille très favorablement la prédication de Juda Thaddée (un frère ou un cousin de Jésus, également appelé Addaï dans les traditions orientales). Il est un des héros d'un ensemble de textes chrétiens appelés aujourd'hui « Légende d'Abgar ».
Il est moins connu pour s'être converti au judaïsme en même temps que son parent le roi Izatès II d'Adiabène ainsi que toute la famille de ce dernier. Comme ses parents d'Adiabène dont l'Osroène pourrait avoir été vassale, il réside à partir de cette date une bonne partie du temps en Palestine.
Il est donné comme étant l'initiateur de la traduction de la Bible — ou tout au moins de la Torah (les cinq premiers livres de la Bible) — en syriaque, le dialecte de l'araméen parlé en Osroène et en Adiabène. Cette traduction prendra par la suite le nom de Peshitta (la petite) par opposition avec l'Hexapla d'Origène, mettant en correspondance plusieurs versions de la Bible[1]. Toutefois, de nombreux historiens pensent que cette traduction de la Bible est plutôt à mettre au crédit de son parent Izatès II, plus puissant que lui.
À sa mort vers 50, le territoire de l'Osroène semble avoir été réuni à celui de l'Adiabène.
Origine, dynastie et alliance
[modifier | modifier le code]Les Agbar d'Édesse sont des rois d'origine nabatéenne qui comme plusieurs autres membres de la dynastie ont profité de l'affaiblissement des Séleucides pour, à la fin du IIe siècle av. J.-C., prendre possession de ce territoire et en faire leur royaume, appelé royaume d'Édesse ou royaume d'Osroène. Dans la littérature antique, les « nabatéens » sont souvent appelés « arabes ». C'est d'ailleurs sur le territoire de la Nabathée historique que sera créée, en 106, la province romaine d'Arabie, après la conquête de ce royaume, souvent appelé « royaume de Pétra ».
L'Osroène a acquis son indépendance à la suite de l'effondrement de l'Empire séleucide. Elle fut de 132 av. J.-C. à 216 apr. J.-C. un petit royaume indépendant, dont les souverains portaient le plus souvent le nom d'Abgar ou de Manu[2],[3]. Ce royaume a souvent été appelé du nom de sa capitale, « royaume d'Édesse ». La langue parlée était le syriaque, un dialecte de l'araméen[4]. Toutefois, Abgar pourrait venir de l'arménien Apghar (= apagh), qui signifie « Prince »[3].
Selon Pline l'Ancien, à l’époque romaine, les habitants étaient des Arabes et leurs souverains auraient porté le titre de phylarque (chef d’une phylé) ou toparque (magistrat).
La famille Abgar d'Édesse était probablement fortement liée avec la dynastie Monobaze d'Adiabène, selon Moïse de Khorène, la reine Hélène d'Adiabène s'est remariée avec Abgar V, probablement après la mort de son premier mari Monobaze Ier (vers 30).
Abgar V est le fils de Ma'Nu III Saphul[5], aussi appelé Arscham qui règne à Édesse de -23 à environ -10 ou -4. Il a épousé Shalmath (Salomé) fille de Mithridate, dont Laroubna d'Édesse précise qu'elle s'appelait aussi Hélène[5]. Son surnom Oukhama (« le Noir »), pourrait lui avoir été donné à cause de la maladie de peau dont il souffrait et qui est même qualifiée de lèpre, dans la « Légende d'Abgar ». Il pourrait aussi signifier qu'il était très brun de peau, comme le sont parfois certains arabe.
Première évangélisation d'Edesse
[modifier | modifier le code]Ce serait sous Abgar V Ukomo ou Ukkama Bar Ma'Nu que le christianisme aurait été prêché pour la première fois à Édesse par Thaddée d'Édesse. Certains auteurs repoussent l'intervention de Thaddée sous Sanatruk Ier (v. 90) ; d'autres renvoient la première prédication chrétienne sous Abgar IX (fin du IIe siècle). Ce point de vue est toutefois rejeté par les spécialistes, qui font valoir plusieurs preuves scripturaires et archéologiques qui attestent de la présence d'un christianisme dès le Ier siècle. Ainsi, pour A. F. J. Klijn, le mouvement chrétien d'Édesse naît bien au Ier siècle. Celui-ci « concevait la foi comme une Voie, une façon de vivre. Rien d'abstrait ou de dogmatique[6]. » Pour ce qui est de l'origine de ce « christianisme », les auteurs actuels s'accordent pour dire qu'il ne doit rien à la prédication de Paul de Tarse, ni à l'influence de l'Église de Rome, mais qu'il est d'origine juive ; toutefois selon Klijn, le « principal problème en ce qui concerne le christianisme syriaque n'est pas de savoir d'où il est parvenu en Syrie, mais à quel type de judaïsme il doit être rattaché[7][réf. incomplète],[8]. »
Traducteur de la Torah en syriaque ?
[modifier | modifier le code]La version syriaque de la Bible est bien plus ancienne que la dénomination « Peshitta », ainsi Méliton de Sardes, qui vivait au IIe siècle, parle d'une version syriaque de l'Ancien Testament. Méliton de Sardes s'était rendu en Palestine pour effectuer des recherches sur la Bible hébraïque, vers l'année 170[9]. La future Peshitta est aussi souvent mentionnée par les Pères de l'Église du IVe siècle, comme saint Augustin, saint Jean Chrysostome et d'autres. Il en est de même pour Éphrem le Syrien qui naquit à Nisibe et vécut à Édesse au IVe siècle[1].
Pour Moïse de Khorène ainsi que différentes traditions juives ou chrétiennes, la Peshitta aurait été traduite sur l'ordre de Abgar V[10]. En fait, il s'agit plutôt de l'époque à laquelle les textes juifs qui constitueront la Bible par la suite, ont commencé à être traduits en syriaque (dialecte de l'araméen). Des recherches ont montré que la version syriaque, même celle de l'Ancien Testament, n'a été faite ni par un traducteur unique, ni à un moment donné, mais que la traduction de tous les textes s'est prolongée pendant plusieurs siècles[10].
Selon la Jewish Encyclopedia, « la tradition qui relie cette traduction avec Abgar, roi d'Édesse, est la plus probable[10]. » D'après l'historien jacobite Bar-Hebraeus, Abgar aurait envoyé des hommes en Palestine pour traduire la Bible en Syriaque[11],[10]. Les cinq premiers livres de la Bible (la Torah) pourraient avoir été traduits sous les ordres du roi Abgar.
Toutefois, cette attribution traditionnelle est contestée et l'initiative de cette traduction est alors mise au compte d'un autre roi faisant partie lui aussi de la dynastie Abgar: Izatès II d'Adiabène. Pour la Jewish Encyclopedia, Wichelhaus[12] fut le premier à identifier Abgarus (Abgar) avec Izatès, roi d'Adiabène. L'argumentation de Wichelhaus est fondé sur le compte rendu d'Abgarus (Abgar) donné par Moïse de Khorène, qui affirme que le père d'Abgar a été appelé Monobaze, et sa mère Hélène[13]. On trouve le même type d'affirmations chez Léroubna d'Édesse[14], toutefois cette identification est contestée. Des indications de ces deux historiens antiques, on peut retenir que les Monobaze étaient des Abgar, ce qui est confirmé par d'autres éléments.
Pour la Jewish Encyclopedia, ces deux sources sont en accord avec ce qu'écrit Flavius Josèphe lorsqu'il dit qu'Izatès a envoyé ses cinq fils à Jérusalem pour étudier la langue Hébraïque et recevoir une éducation Juive[15],[13].
Les Agbar et le « christianisme »
[modifier | modifier le code]La « légende d'Abgar »
[modifier | modifier le code]Abgar et Izatès
[modifier | modifier le code]Tacite
[modifier | modifier le code]Annales XII
[modifier | modifier le code]ANNALES XII – 49 – 54
- Mehedartès_Gortazès_Izatès_Agbar
Des nobles Parthes sont venus à Rome et ont demandé à Claude de leur donner Mahadértès pour roi (il a été élevé à Rome), pour remplacer le trop cruel Gortazès. Claude accepte, normalement Izatès et Agbar sont les soutiens de cette aventure, mais à l'approche de l'hiver, ils s'en retirent. Cela se termine par un échec et une victoire Parthe.
- Cassius ramène Méherdate
XII. Cassius était alors le premier des Romains dans la science des lois. Je ne dis rien des talents militaires : on ne les connaît point dans cette inaction de la paix, qui tient au même rang l'homme de cœur et le lâche. Toutefois, autant qu'il était possible sans guerre, il faisait revivre l'ancienne discipline, exerçait continuellement les troupes, aussi actif, aussi vigilant que s'il eût eu l'ennemi en présence ; c'est ainsi qu'il honorait ses ancêtres et le nom des Cassius, déjà célèbre parmi ces nations[16]. Il appelle tous ceux qui avaient voulu qu'on demandât le nouveau roi, et campe près de Zeugma[17], lieu où le passage du fleuve est le plus facile. Lorsque les principaux d'entre les Parthes, et Acbare, roi des Arabes, furent arrivés, il avertit Méherdate que le zèle des barbares, d'abord impétueux, languit si l'on diffère, ou se change en perfidie ; qu'il fallait donc presser l'entreprise. Cet avis fut méprisé par la faute d'Acbare ; et ce traître, abusant de l'inexpérience d'un jeune homme qui plaçait la grandeur dans les plaisirs, le retint longtemps à Édesse. En vain Carrhène les appelait et leur promettait un succès infaillible s'ils arrivaient promptement : au lieu d'aller droit en Mésopotamie, ils firent un détour et gagnèrent l'Arménie, alors peu praticable parce que l'hiver commençait.
XIII. Après de grandes fatigues au milieu des neiges et des montagnes, ils approchaient enfin des plaines, lorsqu'ils se joignirent aux troupes de Carrhéne. Ils passent le Tigre et traversent l'Adiabénie, dont le roi Izatès, en apparence allié de Méherdate, penchait secrètement pour Gotarzès et le servait de meilleure foi. On prit, chemin faisant, Ninive, ancienne capitale de l'Assyrie, et Arbèle, château fameux par cette dernière bataille entre Darius et Alexandre, où la puissance des Perses fut abattue. Cependant Gotarzès était sur le mont Sambulos, offrant des vœux aux divinités du lieu. Le culte principal est celui d'Hercule. Ce dieu, à de certaines époques, avertit ses prêtres, pendant leur sommeil, de tenir auprès du temple des chevaux équipés pour la chasse. Sitôt qu'on a mis sur ces chevaux des carquois garnis de flèches, ils se répandent dans les bois, et à l'entrée de la nuit ils reviennent tout hors d'haleine, rapportant les carquois vides. Le dieu, par une nouvelle apparition nocturne, indique les chemins qu'il a parcourus dans la forêt, et l'on y trouve les animaux étendus de côté et d'autre.
- Gotarzès contre Méherdate
XIV. Au reste Gotarzès, dont l'armée n'était pas encore assez nombreuse, se couvrait du fleuve Corma comme d'un rempart. Là, malgré les insultes et les défis par lesquels on le provoquait au combat, il temporisait, changeait de positions, envoyait des corrupteurs acheter la trahison dans les rangs ennemis. Bientôt Izatès, et ensuite Acbare, se retirèrent avec les Adiabéniens et les Arabes : telle est l'inconstance de ces peuples ; et l'expérience a prouvé d'ailleurs que les barbares aiment à nous demander des rois bien plus qu'à les garder. Méherdate, privé de si puissants auxiliaires et craignant la défection des autres, prit le seul parti qui lui restât, celui de s'en remettre à la fortune et de hasarder une bataille. Gotarzès, enhardi par l'affaiblissement de l'ennemi, ne la refusa point. Le choc fut sanglant et le succès douteux, jusqu'au moment où Carrhène, ayant renversé tout ce qui était devant lui, se laissa emporter trop loin et fut enveloppé par des troupes fraîches. Alors tout fut désespéré ; et Méherdate, s'étant fié aux promesses de Parrhace, client de son père, fut enchaîné par cet ami perfide, et livré au vainqueur. Celui-ci, après l'avoir désavoué pour son parent, pour un Arsacide, et traité d'étranger et de Romain, lui fait couper les oreilles et le laisse vivre pour être un monument de sa clémence et de notre honte. Gotarzès mourut ensuite de maladie, et Vonon, alors gouverneur des Mèdes, fut appelé au trône. Ni prospérités ni revers n'ont rendu célèbre le nom de ce nouveau roi. Son règne fut court et sans gloire, et la couronne des Parthes fut donnée après lui à son fils Vologèse.
Notes et Références
[modifier | modifier le code]- (en) Jewish Encyclopedia : article Peshitta : par Emil G. Hirsch et M. Seligsohn : Introduction
- (en) Alexander Roberts et James Donaldson (dir.), The Writings of the Fathers Down to AD 325: Ante-Nicene Fathers, vol. 8, Hendrickson Publishers, Peabody, 1994, p. 657-672 [lire en ligne (page consultée le 23 janvier 2011)].
- (en) Adrian Fortescue, The Lesser Eastern Churches, Catholic Truth Society, 1913, p. 22 [lire en ligne (page consultée le 23 janvier 2011)].
- (en) Amir Harrak, « The Ancient Name of Edessa », dans Journal of Near Eastern Studies, vol. 51, no 3 (juillet 1992), p. 209-214 [lire en ligne (page consultée le 23 janvier 2011)].
- Christian Settipani, Nos ancêtres de l'antiquité: études des possibilités de liens généalogiques entre les familles de l'antiquité et celles du haut Moyen-Age européen, Editions Christian, 1991, Paris, p. 80.
- François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, Cerf, 2001 (ISBN 2-204-06215-4), p. 226.
- (en) A. F. J.Klijn, The influence of jewish theology on the Odes of Salomon and the Acts of Thomas.
- Marcel Simon, Aspects du judéo-christianisme, colloque de Strasbourg, 23-25 avril 1964, Strasbourg, Bibliothèque du centre d'études supérieures spécialisé d'histoire des religions.
- Robin Lane Fox, Paï̈ens et chrétiens: la religion et la vie religieuse dans l'Empire romain de la mort de Commode au concile de Nicée, éd. Presses Universitaires du Mirail, 1997, p.493 extrait en ligne
- (en) Jewish Encyclopedia : article Peshitta : par Emil G. Hirsch et M. Seligsohn : "Traditional Ascription to Abgarus"
- Bar-Hebræus, commentaire du Psaume X. Cet auteur étant arabe et originaire des environs d'Édesse, son témoignage est d'autant plus important et semble être indépendant des autres sources.
- Wichelhaus, De Novi Testamenti Versione Syriaca Antiqua, pp. 97 et suiv.
- (en) Emil G. Hirsch et M. Seligsohn, « Peshitta », sur Jewish Encyclopedia (consulté le ).
- Léroubna d'Édesse, « Histoire d'Abgar »
- Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, XX, 3, § 4
- Cassius, qui fut depuis l'un des meurtriers de César, avait défendu la Syrie contre les Parthes, après la défaite de Crassus, dont il était questeur.
- Le mot grec Zeugma veut dire pont, et plusieurs auteurs rapportent qu'Alexandre en fit construire un en cet endroit pour passer l'Euphrate : une ville bâtie à côté en emprunta le nom. Gotarzès
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Peshitta
- Diatessaron
- Tatien le Syrien
- Royaume d'Édesse
- Adiabène
- Izatès II
- Hélène d'Adiabène
- Monobaze II
- Mandylion
- Légende d'Abgar
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Brock, Sebastian P. (2006) The Bible in the Syriac Tradition: English Version Gorgias Press LLC, (ISBN 1-59333-300-5) (en)
- Dirksen, P. B. (1993). La Peshitta dell'Antico Testamento, Brescia, (ISBN 88-394-0494-5)
- Moïse de Khorène (trad. Annie et Jean-Pierre Mahé), Histoire de l'Arménie, Paris, Gallimard, coll. « L'aube des peuples », (ISBN 2-07-072904-4).
- Bar-Hebraeus, commentaire du Psaume X.
- Bruce M. Metzger, The Early Versions of the New Testament: Their Origin, Transmission, and Limitations, Clarendon Press, Oxford 1977. (en)
- (en) Jewish Encyclopedia : article Peshitta : par Emil G. Hirsch et M. Seligsohn
- Christian Settipani, Nos ancêtres de l'antiquité: études des possibilités de liens généalogiques entre les familles de l'antiquité et celles du haut Moyen-Age européen, Editions Christian, 1991, Paris, 263 pages.