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Utilisateur:Froideval67/Brouillon/Evacuation des hospices civils de Strasbourg

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L'Hôpital des réfugiés de Dordogne, pendant la Seconde Guerre mondiale, est un établissement créé, dans la citée sanitaire de Clairvivre près de Salagnac, après le retour des Hospices civils de Strasbourg en Alsace annexée. A l'origine, il est, principalement, destiné aux réfugiées alsaciens de la région. Il est tenu par les personnels des hospices ayant refusés de rentrer en Alsace et par ceux qui en ont été chassés par les nazis. Il reste ouvert jusqu'à la fin de la guerre. L'aide médicale intensive qu'il apporte aux résistants, lui vaut le surnom « d'Hôpital de la Résistance ».

Histoire[modifier | modifier le code]

Contexte[modifier | modifier le code]

Evacuation des Hospices civils de Strasbourg[modifier | modifier le code]

En cas de conflit avec l'Allemagne, l'état étudie dès 1927 l'évacuation des départements frontalier du Nord et de l'Est de la France[1].

La situation particulière de Strasbourg sur la future ligne de front, pousse l'administration des Hospices civils de Strasbourg a envisager l'évacuation dès 1935[2]. Le , le plan d'évacuation de la ville est validé par le général Pierre Héring gouverneur militaire de la ville. Il est mis en œuvre dans la nuit du au . Les habitants du Bas-Rhin sont déplacés en Dordogne (97 895 personnes, dont environ 60 000 Strasbourgeois), en Haute-Vienne (58 801 personnes) et dans l'Indre (13 925 personnes)[3]. L'administration se replie sur Périgueux[2].

Dans un premier temps, l'hospice est évacué sur l'annexe du Hohwald, du au 14 octobre 1939 avant de s'installer dans la cité sanitaire de Clairvivre à Salagnac[4] . A Strasbourg, l'établissement est définitivement fermé le [2].

Le 14 octobre 1939, Marc Lucius, administrateur, est nommé à la tête des hospices civils en remplacement de Joseph Oster, autonomiste alsacien appartenant aux Nanziger[Notes 1]. Ce dernier est arrêté, pour espionnage au profit du Troisième Reich[2].

La cité sanitaire de Clairvivre[modifier | modifier le code]

La construction de la cité sanitaire de Clairvivre débute en 1931 d'après les plans de l'architecte Pierre Forestier. Elle est inaugurée le . Elle répond au besoin de lutter activement contre la tuberculose et d'aider à la réinsertion socio-professionnelle des soldats gazés pendant la Première Guerre mondiale[5].

C'est la Fédération nationale des blessés du poumon et chirurgicaux (FNBPC), à l'instigation de son secrétaire général Albert Delsuc, qui est le concepteur du projet. Elle souhaite la création d'une cité sanitaire répondant aux critères de la cité-jardin[Notes 2] , et permettant aux pensionnaires de mener une vie familiale et professionnelle tout en étant soignés.

La cité sanitaire est totalement autonome, organisée de part et d'autre d'une avenue principale et possède notamment : un bâtiment de 200 chambres (réservé à l'accueil des tuberculeux célibataires et des visiteurs), 175 pavillons (soit 340 logements destinés aux malades et à leur famille), un hôpital (avec dispensaire et service social), une centrale d'épuration, un système d'adduction d'eau, une centrale électrique composée de 7 groupes électrogènes, des commerces, des grands magasins, des écoles, une ferme et des cultures, un abattoir…[2][5].

La cité est administrée par la société « La maison des blessés du poumon » (SMBP) dont l'administrateur est Albert Delsuc lui-même.

Avec la disparition progressive des soldats gazés, la cité se transforme progressivement en un sanatorium classique. Mais accueil aussi, à partir de 1937, des prisonniers blessés de la Guerre d'Espagne et le détachement chargé de leur surveillance[4][5][2].

Arrivée des Hospices à Clairvivre[modifier | modifier le code]

A l'arrivée, des Hospices civils, il y a toujours le sanatorium de la Fédération des blessés du poumon auquel s'est ajouté un hôpital militaire qui occupe 90 pavillons. D'autres pavillons abritent encore des réfugiés républicains espagnols[2][4].

Un certain nombre de bâtiments sont réquisitionnés pour les Hospices civils : 34 pavillons ; la partie supérieure du Grand Hôtel (3e au 8e étage) ; une grande partie des magasins généraux (du rez-de-chaussée au 4e étage) ; un ancien garage que les hospices utilisent comme cuisine et réfectoire. Mais ces bâtiments ne suffisent pas pour accueillir les 1 617 malades et les personnels qui les accompagnent soit au total 2 400 personnes recensées le 29 septembre 1939[2].

Le matériel manque aussi. En attendant l'arrivée de la literie et d'articles médical de Strasbourg (36 wagons fin septembre et 35 fin février 1940), la Fédération des blessés du poumon et le service de santé militaire prêtent le nécessaire. Mais le 25 octobre 1939, de nombreux malades couchent encore sur des matelas parterre, à quatre ou cinq par chambre au lieu de deux[4].

Pour libérer de la place, la clinique infantile et la maternité sont transférées dans les immeubles des nouveaux Hospices civils de Périgueux, l'hôpital Parrot, moyennant un loyer annuel de 600 000 francs. Le 1er novembre 1939, les Hospices disposent du château de Leyzarnie à Manzac-sur-Vern pour y installer un sanatorium pour femmes[4].


Après l'armistice, dès le mois de juillet 1940, la commission administrative envoie les responsables des services techniques à Strasbourg pour évaluer les travaux à réaliser dans les locaux des Hospices civils et établit le projet de transfert. Pendant ce temps, les Allemands prennent en mains la direction des Hospices civils et, ne reconnaissant plus l'autorité de la commission administrative, chargent monsieur Prévot, chef du service du contentieux, de ramener les Hospices à Strasbourg. Le personnel est invité à obéir sous peine de révocation immédiate.

Les retours s'échelonnent entre le 1er septembre et le 21 octobre par sept trains spéciaux ramenant 1 735 personnes et 166 fourgons rapatriant tout le matériel y compris le radium de l'hôpital et centre anticancéreux.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. A la demande des nazis, Joseph Oster reprend la direction des Hospices civils à leur retour en Alsace. En 1947, il est jugé et condamné pour collaboration à sept ans de travaux forcés.
  2. Albert Delsuc s'inspire de Papworth, une cité sanitaire anglaise qu'il a visité.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Benoît Laurent, Septembre 1939 - juin 1940 : l'incroyable odyssée de 700 000 Alsaciens-Lorrains, (ISBN 978-2-342-05048-6 et 2-342-05048-8, OCLC 1000305308, lire en ligne)
  2. a b c d e f g et h Christophe, ... Woehrlé, La cité silencieuse : Strasbourg-Clairvivre, 1939-1945, Éditions Secrets de pays, dl 2019 (ISBN 978-2-9560781-4-2 et 2-9560781-4-3, OCLC 1122825588, lire en ligne)
  3. SHAT - cote 2 N 200/2
  4. a b c d et e Eric Le Normand (dir.) et Catherine Schunk, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), La résistance des Alsaciens, copyright 2016 (ISBN 978-2-915742-32-9 et 2-915742-32-4, OCLC 1152172696, lire en ligne), « L'accueil des Hospices civils de Strasbourg à Clairvivre (septembre 1939 - septembre 1940) »
  5. a b et c « Clairvivre, de l’utopie à la réalité | L'Union Scientifique d'Aquitaine », sur www.usaquitaine.fr (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Recherches internets[modifier | modifier le code]