Trésor de Sicyone

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Trésor de Sicyone
Vestiges du trésor de Sicyone.
Vestiges du trésor de Sicyone.
Localisation
Pays Drapeau de la Grèce Grèce
Ville Delphes
Musée Musée archéologique de Delphes
Coordonnées géographiques 38° 28′ 54″ N, 22° 30′ 06″ E
Image illustrative de l’article Trésor de Sicyone
Plan général du site archélogique de Delphes.
Histoire
Lieu de construction Sanctuaire panhellénique de Delphes
Date de construction Première moitié du VIe siècle av. J.-C.
Ordonné par Cité-État grecque de Sicyone
Caractéristiques
Type Trésor
Longueur 8,286 m (relevée à ses fondations et assises)[1]
8,27 m (restituée en plan de niveau)[2],[3],[4]
Largeur 6,28 m (relevée à ses fondations et assises)[1]
6,24 m (restituée en plan de niveau)[2],[3],[4]
Protection Patrimoine mondial Patrimoine mondial (1987)

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Trésor de Sicyone
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Trésor de Sicyone
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Trésor de Sicyone
Grèce antique

Le trésor de Sicyone est un monument de la Grèce antique construit au sein du sanctuaire panhellénique de Delphes durant la première moitié du VIe siècle av. J.-C., à l'époque archaïque. L'édifice à caractère « civique », consacré et destiné à accueillir les offrandes[5] faites par la cité-État grecque de Sicyone, présente une architecture de style dorique et est affecté d'un plan au sol de type canonique (rigoureusement normé). Le trésor sicyonien de Delphes, conçu en tuf, a été érigé sur deux bâtiments qui lui sont antérieurs : une tholos et un temple monoptère (en) (ou monopteros). Ces deux édifices, aux éléments réemployés, ont été mis en évidence dans les assises du trésor lors de fouilles opérées à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle[6],[7],[8].

Localisation et situation[modifier | modifier le code]

Situation du trésor sicyonien sur le plan du sanctuaire panhellénique de Delphes
  • Période archaïque
  • Période classique
  • Période hellénistique
  • Période romaine
  • 1. Temple d'Apollon ; 14. Trésor d'Athènes ; 15. Trésor de Siphnos ; 16. Trésor de Sicyone ; 28. Colonne des Naxiens ; 29. Colonne serpentine de Platées ; 33. Exèdre des rois d'Argos ; 40. Voie sacrée (fi).

    Dans sa description de Delphes, l'écrivain et géographe grec Pausanias situe et décrit brièvement le trésor de Sicyone au sein du sanctuaire panhellénique ainsi :

    « Le trésor des Sicyoniens est tout auprès de l'offrande des Tarentins ; il n'y reste plus de richesses, non plus que dans les autres trésors. [...] Ces statues [celles de Triopas, Latone, Apollon et Diane offertes par la cité de Cnide ] sont vers le trésor des Sicyoniens. »

    — Pausanias le Périégète, livre X, chapitre XI, paragraphes 1 et 2[9].

    Histoire[modifier | modifier le code]

    Constructions[modifier | modifier le code]

    La complexité de l'histoire de la construction du trésor des sicyoniens destiné à accueillir des ex-votos de leur cité-État au sein du sanctuaire de Delphes tend à induire que le terme de « trésor » peut recouvrir l'ensemble des trois bâtiments érigés dans la seconde moitié du VIe siècle av. J.-C. au même emplacement — la tholos, le monoptère et le « récent » ou actuel trésor[10],[11],[6],[12].

    Contexte historique[modifier | modifier le code]

    L'histoire de la construction des trois bâtiments offerts par les sicyoniens au sanctuaire de Delphes s'inscrit dans la continuité de la contribution de Clisthène à la victoire des amphictyoniens face à la cité-état de Kirrha, durant la première guerre sacrée[13],[14],[15].

    Construction de la tholos[modifier | modifier le code]

    Construction du monoptère[modifier | modifier le code]

    Construction du trésor[modifier | modifier le code]

    Aménagements ultérieurs[modifier | modifier le code]

    Historique des fouilles et recherches[modifier | modifier le code]

    Fin du XIXe siècle[modifier | modifier le code]

    Première moitié du XXe siècle[modifier | modifier le code]

    Seconde moitié du XXe siècle[modifier | modifier le code]

    Architecture et description[modifier | modifier le code]

    Reconstitution du trésor de Sicyone (ici visible au centre), au sein du sanctuaire de Delphes.

    La tholos[modifier | modifier le code]

    La tholos, construite vers 580 av. J.-C., précède le monopteros et le trésor[15],[8]. L'élévation de ce monument aurait été probablement réalisée sous l'impulsion de Clisthène, tyran de Sicyone, après la première guerre sacrée[15],[8]. Le bâtiment cultuel présente une assise circulaire de 6,3 m, la cella mesurant 3,54 m de diamètre[15],[8]. La tholos est pourvue d'une colonnade comprenant 13 colonnes couronnée d'une architrave, ces deux éléments formant un ensemble architectural de style dorique[15],[8]. La cella, de forme circulaire, est close de murs appareillés de pierres de taille atteignant une hauteur de 4,04 m[15]. Elle est percée d'une porte[15],[8].

    Le monopteros[modifier | modifier le code]

    Métope mis en évidence des fondations du trésor de Sicyone.

    Le monopteros se déploie sur 4 × 5 m[16],[15]. Il est doté d'une colonnade disposant de 14 colonnes conçues d'un seul bloc et s'élevant à une hauteur de 2,78 m[16],[15]. La partie sommitale, l'entablement, repose entièrement sur ces colonnes, le monopteros étant dépourvu de murs[16],[15]. La frise de son architrave, datée d'environ 560 av. J.-C., comporte 14 métopes chacun orné d'une scène sculptée en bas-relief[16],[15]. Ces scènes trouvent leur inspiration, essence, écho dans la thématique héroïque gréco-antique[16],[15]. La structure du monopteros tend à fonder l'hypothèse que le bâtiment ait accueilli en son sein un ex-voto, possiblement le quadrige utilisé par Clisthène lors de sa course victorieuse effectuée au cours de la première édition des jeux Pythiques, organisés à Delphes en 582 av. J.-C.[16],[15]

    Le trésor[modifier | modifier le code]

    Le bâtiment présente un style d'architecture dorique, plus précisément « distyle in antis (en) »[Note 1],[2],[15]. Le temple sicyonien comporte un vestibule suivi d'une cella affectée d'une forme carrée[4],[2],[15]. La base de la cella a été conçue en tuf dont les blocs ont été extraits au sein de carrières localisées et exploitées entre les états de Corinthe et de Sicyone[18],[15],[19].

    Les dimensions du trésor de Sicyone, en plan de coupe horizontale, ont été déterminées, par procédé de restitution architecturale incluant les joints d'origine ainsi que la pierre de taille formant l'encoignure sud-ouest du bâtiment (disparue), à 8,27 × 6,24 m[2],[3],[4],[15],[20]. Les dimensions relevées au niveau des fondations et assises du monument antique sont de 8,286 m de long pour 6,28 m de large[1]. Les blocs appareillant les deux rangées d'assises supérieur du trésor présentent des caractéristiques métrologiques équivalentes, chacun mesurant environ 3 × 1,75 pieds[1].

    Notes et références[modifier | modifier le code]

    Notes[modifier | modifier le code]

    1. Dans le domaine de l'architecture gréco-antique, les termes distyle in antis désignent un temple dont les murs latéraux parois latérales sont prolongés jusqu'à l'avant du porche et se terminent par deux antæ, le fronton étant soutenu par deux colonnes ou plus rarement par des cariatides[17].

    Références[modifier | modifier le code]

    1. a b c et d Marie-Dominique Nenna et Didier Laroche 1990, p. 270.
    2. a b c d et e Marie-Dominique Nenna et Didier Laroche 1990, p. IIIB Élévation du trésor - page 280.
    3. a b et c Marie-Dominique Nenna et Didier Laroche 1990, p. IIIB Élévation du trésor - page 281.
    4. a b c et d Jean-François Bommelaer et Didier Laroche 1991, p. 118.
    5. Roux 1984, p. 154-155.
    6. a et b Marie-Dominique Nenna et Didier Laroche 1990.
    7. Jean-François Bommelaer et Didier Laroche 1991.
    8. a b c d e et f Fernand Courby, « La Tholos du Trésor de Sicyone à Delphes. », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 35,‎ , p. 132-148 (DOI 10.3406/bch.1911.3170, lire en ligne, consulté le ).
    9. Pausanias (trad. M. Clavier), chap. XI « Trésor des Sicyoniens. Offrandes des Cnidiens. Trésor des Siphniens. Les Liparéens. Trésor des Thébains, des Athéniens et des Potidéates. Portique des Athéniens. », dans Description de la Grèce, vol. X : Phocide, (lire en ligne).
    10. Michaël Scott 2010.
    11. (en) S. Ridgway Brunilde, « Archaic architectural sculpture and travel myths. », Dialogues d'histoire ancienne, vol. 17, no 2,‎ , p. 99 à 103 (DOI 10.3406/dha.1991.1938, lire en ligne, consulté le ).
    12. Jean-Fançois Bommelaer et Didier Laroche 1991.
    13. Juliette de La Genière 1983, p. 158-159.
    14. Andrew Farrington 2013.
    15. a b c d e f g h i j k l m n o p et q (en + fr + el) « The Sicyonian Treasury/Le Trésor des Sicyoniens/Ο Θησαυρός των Σικυωνίων », sur Musée archéologique de Delphes (consulté le ).
    16. a b c d e et f Juliette La Genière 1983.
    17. (en) Hugh Chisholm (dir.), « Temple », dans Encyclopaedia Britannica, vol. 26, (lire en ligne [html/pdf]), Distyle in antis.
    18. Marie-Dominique Nenna et Didier Laroche 1990, p. IIIB Élévation du trésor - page 270.
    19. Marie-Dominique Nenna et Didier Laroche 1990, p. IIIB Élévation du trésor - page 252.
    20. Marie-Dominique Nenna et Didier Laroche 1990, p. 271.

    Pour approfondir[modifier | modifier le code]

    Sur les autres projets Wikimedia :

    Bibliographie[modifier | modifier le code]

    • Marie-Dominique Nenna et Didier Laroche, « Le trésor de Sicyone et ses fondations. », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 114, no livraison 1,‎ , p. 241-284 (DOI 10.3406/bch.1990.1722, lire en ligne, consulté le ).
    • Théophile Homolle, « Les métopes du trésor de Sicyone. », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 20,‎ , p. 657-675 (DOI 10.3406/bch.1896.3626, lire en ligne, consulté le ).
    • Jean-François Bommelaer (ill. Didier Laroche), chap. 121 « Secteur Sud », dans Guide Delphes - Le site, vol. VII, École française d'Athènes, coll. « Sites et monuments », (lire en ligne [PDF]), p. 118 à 123 : Trésor des Sicyoniens.
    • (en) William Bell Dinsmoor (en), « Studies of the Delphian treasuries. I : The identity of the treasuries. », Bulletin de correspondance hellénique, vol. 36,‎ , p. 439-493 (lire en ligne, consulté le ).
    • (en) Louis Dyer, « Olympian Treasuries and Treasuries in General », The Journal of Hellenic Studies, vol. 25,‎ (lire en ligne, consulté le ).
    • Georges Roux, « Trésors, temples, tholos », dans G. Roux, Temples et sanctuaires. Séminaire de recherche 1981-1983., Lyon, Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, coll. « Travaux de la Maison de l'Orient » (no 7), , 153-171 p. (lire en ligne).
    • Juliette La Genière, « A propos des métopes du monoptère de Sicyone à Delphes. », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 127e année, no 1,‎ , p. 158-171 (DOI 10.3406/crai.1983.14031, lire en ligne, consulté le ).
    • (en) Andrew Farrington, « The Pythia of Sicyon », Nikephoros - Zeitschrift für Sport und Kultur im Altertum, no 26,‎ , p. 109-137 (lire en ligne, consulté le ).
    • Georges Roux, « la tholos de Sicyone à Delphes et les origines de l'entablement dorique », dans Centenaire de la "grande fouille" réalisée par l'École Française d'Athènes (1892-1903). Actes du Colloque Paul Perdrizet, Strasbourg, 6-7 novembre 1991, vol. 12, Brill, coll. « Travaux du Centre de Recherche sur le Proche-Orient et la Grèce Antiques de l'Université des Sciences Humaines de Strasbourg », (lire en ligne).
    • Philippe Jockey, chap. 5 « Le décor sculpté du trésor de Sicyone à Delphes », dans Jean-Luc Martinez, Un âge d'or du marbre : la sculpture en pierre à Delphes dans l'Antiquité, vol. 1, École française d'Athènes, .
    • Hélène Aurigny, chap. 4 « Le décor sculpté du Monoptère de Sicyone », dans Jean-Luc Martinez, Un âge d'or du marbre : la sculpture en pierre à Delphes dans l'Antiquité, vol. 1, École française d'Athènes, .
    • (en) Michael Scott, chap. 10 « Prestige in Greek Sanctuaries: Delphi », dans Margaret M. Miles (dir.), A Companion to Greek Architecture, Wiley & Sons, (ISBN 9781444335996, DOI 10.1002/9781118327586, lire en ligne [PDF]).
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    • (en) Michael Scott, chap. 3 « Delphi 650-500 BC », dans Delphi and Olympia: The Spatial Politics of Panhellenism in the Archaic and Classical Periods, Cambridge University Press, (lire en ligne).
    • (en) S. Ridgway Brunilde, « Archaic architectural sculpture and travel myths. », Dialogues d'histoire ancienne, vol. 17, no 2,‎ , p. 99 à 103 (DOI 10.3406/dha.1991.1938, lire en ligne, consulté le ).
    • Jean Audiat, « Sculptures de Sicyone et céramique protocorinthienne. », Revue des Études Anciennes, t. 40, no 2,‎ , p. 173-176 (DOI 10.3406/rea.1938.2986, lire en ligne, consulté le ).
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    • (en + fr) Jean-François Bommelaer, « Delphica 2 - Les périboles de Delphes / Delphica 2. Delphi’s périboloi », Pallas, vol. 87 « Delphes, sa cité, sa région, ses relations internationales - I. Le sanctuaire et la ville »,‎ (lire en ligne, consulté le ).
    • (de) Mata Vojatzi, Frühe Argonautenbilder, Wurtzbourg, Triltsch, coll. « Beiträge zur Archäologie », (ISBN 3-87825-037-1, lire en ligne).

    Articles connexes[modifier | modifier le code]

    Liens externes et internes[modifier | modifier le code]