Pudens

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Pudens
Saint Pudens, icône (Russie).
Biographie
Naissance
Décès
Époque
Activité
Enfants
Sainte Praxède
Novat (en)
Pudentienne
Timothée (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Gens
InconnuVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Étape de canonisation
Fête

Pudens est un saint et martyr chrétien du Ier siècle[1]. C'est un Romain de niveau sénatorial qui pourrait être lié aux sénateurs Romains Quintus Cornelius Pudens (en) ou Aulus Pudens, voire être lui-même un de ces deux sénateurs. Il aurait hébergé l'apôtre Pierre lors d'un de ses séjours à Rome.

Mais il n'est pas impossible qu'il y ait eu deux saint Pudens, ayant des liens familiaux et ayant habité successivement la même demeure. L'un marié avec une Claudia, qui après une vie dissolue aurait été converti par l'apôtre Pierre au christianisme et chez qui Pierre aurait résidé. Avec sa femme Claudia ils pourraient être les parents de Linus, le premier évêque de Rome selon les Constitutions apostoliques (ou le deuxième évêque selon les Pères de l'Église pour qui Pierre est le premier évêque de la ville).

Ce Pudens pourrait être le père ou un membre de la famille d'un autre saint Pudens, mort dans la première partie du IIe siècle, père de Novatus et Timothée, et de deux filles, Praxède et Pudentienne, tous déclarés saints par l'Église de la ville de Rome, avec lequel il est souvent confondu. Ce Pudens aurait été marié à une femme appelée Priscilla qui semble-t-il a été enterré dans le cimetière qui donnera naissance par la suite à la catacombe qui porte son nom.

Une partie notable du chef de saint Pudens est conservée à la basilique Saint-Michel-des-Lions de Limoges, et fait partie des reliques régulièrement processionnées lors des ostensions limousines.

Éléments biographiques[modifier | modifier le code]

Le saint Pudens du Ier siècle est mentionné comme un adepte de « la Voie du Seigneur » résident à Rome dans la deuxième épître à Timothée (4:21). Selon la tradition, il a hébergé l'apôtre Pierre et a été baptisé par lui. Il aurait été martyrisé sous Néron (54-68).

Un de ses fils ou de ses proches Parents appelé lui aussi Pudens aurait eu deux fils, Novatus et Timothée, et deux filles, Praxède et Pudentienne, tous déclarés saints par l'église de la ville de Rome. Mais si la vie de Pudens est documentée, celle de ses filles est essentiellement déduite de l'existence de deux églises parmi les plus anciennes de Rome, la basilique Sainte-Praxède et la basilique Sainte-Pudentienne (Sainte Pudenziana). Tous sont mentionnés dans les Actes des saintes Pudentiana et Praxedis. Ce Pudens serait mort au IIe siècle.

Les actes du synode du pape Symmaque (499) montrent l'existence d'un titulus Pudentis — un édifice privé transformé en lieu de culte avec le pouvoir d'administrer les sacrements — qui était aussi connu comme ecclesia Pudentiana[2]. Certains critiques estiment que la connexion faite entre les deux Pudens est purement légendaire, affirmation que Giovanni Battista De Rossi a combattu à partir de ses constatations faites dans la Catacombe de Priscille[3].

Il est commémoré le 14 avril dans le calendrier de l'Église orthodoxe et le 19 mai selon le Martyrologe dominicain.

Les Actes des saintes Pudentiana et Praxedis[modifier | modifier le code]

Le document de base pour tenter de retrouver des éléments historiques au sujet du Pudens mort au IIe siècle sont les très anciens « Actes des saintes Pudentiana et Praxedis », ou comme ce livre est parfois appelé « Les Actes de Pastor et Timothée »[4]. Ces « Actes » se composent d'une lettre d'un prêtre nommé Pastor à un autre prêtre nommé Timothée et la réponse de ce dernier. Ce même Pastor apparaît dans le « Liber Pontificalis » comme frère de l'évêque de Rome Pie Ier (mort en 155), mais l'épisode aurait lieu avant que celui-ci soit nommé évêque (140–142). Les lettres sont suivies d'un court récit annexé. La date de ces « Actes » est incertaine, et les lettres dans leur forme actuelle sont sans doute pseudépigraphique, mais elles incarnent, comme cela peut être prouvé par des monuments existants, une véritable tradition traitée dans ses détails avec les habituelles libertés inventives.

L'histoire racontée dans ces « Actes » est la suivante : un certain Pudens, dont la mère est nommée Priscilla, qui avant d'être chrétien avait montré beaucoup de zèle dans les plaisirs et les divertissements des étrangers de passage à Rome, a consacré sa maison comme une « église du Christ », après la mort de sa femme. Cette église dans la maison de Pudens dans le Vicus Patricius (it) a été érigée en paroisse romaine sous le nom de titulus Pastoris. Ce titulus faisant référence au dénommé Pastor qui a écrit la lettre étant le prêtre chargé de cette église.

Dans ce lieu, Pudens a passé le reste de ses jours avec ses deux filles Praxède et Pudentiana, qui comme des vierges chastes passaient leur vie dans la prière, le jeûne, et les actes de bienfaisance. Après sa mort, ses filles ont non seulement obtenu le consentement de Pie (évêque de 140-142 à 155) à la construction d'un baptistère attenant à l'église, mais l'évêque a dessiné le plan de sa main propre, et a souvent visité l'église et y a offert le sacrifice à Dieu. La lettre de Pastor indique qu'après la mort de Pudentiana, son corps a été placé par lui-même et Praxede — la sœur survivante — à côté de celui de son père dans le cimetière de Priscilla, sur la Via Salaria. Certains critiques estiment que cette affirmation est intentionnelle pour indiquer que la Priscilla qui a donné son nom au cimetière était la mère de Pudens.

Reliques[modifier | modifier le code]

La basilique Saint-Michel-des-Lions de Limoges conserve le chef (crâne) de saint Pudens. Cette relique provient du couvent des Petits Carmes de Limoges puis fut transférée à la Communauté des Sœurs de la Croix de Limoges, avant d'arriver à l'église (elle n'était pas encore basilique) Saint-Michel-des-Lions. Elle fait partie des reliques processionnées lors des ostensions limousines, et ce avant et après la Révolution. Le programme des ostensions de 1876 atteste sa présence. Après une longue absence, la relique a de nouveau été processionnée lors des ostensions de 2023.

Le chef de saint Pudens conservé à Limoges est remarquable par son traitement et a donné lieu en novembre 2021 à plusieurs études scientifiques[5] (examens tomodensitométrique "scanner", endoscopique, médico-légal) réalisées avec l'accord de Mgr Pierre-Antoine Bozo, sous la direction scientifique de Matthias Martin, lipsanothécaire de l'évêché de Limoges. En effet, les ossements, parcellaires, ont été intégrés (à une époque indéterminée en l'état actuelle des recherches, sans doute fin du XVIIIe ou début du XIXe siècle) à un crâne entier en carton bouilli, afin d'en permettre la vénération par les habitants du Limousin (la vénération des chefs de saints est une caractéristique importante des ostensions septennales limousines). La relique ainsi obtenue a été patinée en brun foncé, à l'imitation du crâne de saint Martial de Limoges, devenu brun à la suite de la cristallisation du baume avec lequel il est honoré à chaque ostension.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 139.
  2. (en) « Praxedes and Pudentia », Catholic Encyclopedia (consulté le ).
  3. Giovanni Battista De Rossi, Roma sott., 1, 176-7.
  4. Bollandistes, Acta SS. Maii, iv. 297–301.
  5. Le mystère du crâne de "Pudens" retrouvé à la basilique Saint-Michel de Limoges