Royaume du Sanwi
Le royaume du Sanwi est une organisation sociale traditionnelle installée sur l'actuel territoire ivoirien vers la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle.
Description
[modifier | modifier le code]Le royaume du Sanwi est un royaume Agni situé au sud-est de la Côte d'Ivoire, à la frontière avec le Ghana. Ce royaume a été créé au XVIIIe siècle par les Agnis brafés, populations akan venues de l’Est de leur site actuel et issues de migrations successives aux XVIIe et XVIIIe siècle[1].
Le Sanwi couvre une superficie de 6 500 km² dont 500 km² sont occupés par des lagunes. Sans compter le lac artificiel de 17 000 ha créé par les deux barrages hydroélectriques de la ville d’Ayamé. Il regroupe aujourd’hui les circonscriptions administratives d’Aboisso, d’Ayamé, d’Assinie-Mafia, de Maféré, de Tiapoum, d’Adiaké.
Le royaume du Sanwi se présente comme un ensemble de collines et de vallées qui se subdivise en trois zones spécifiques :
- une zone côtière, sablonneuse et faite de mangroves : elle couvre les cantons d’Adjouan, le sud du canton d'Affema ;
- une zone forestière s’étendant d’est en ouest et au nord[2].
Le royaume du Sanwi enregistre une des pluviométries les plus fortes de la Côte d’Ivoire avec des précipitations annuelles supérieures à 1 600 mm. Cette donnée géographique a grandement favorisé le développement exceptionnel des cultures industrielles (hévéa, café, cacao, banane plantain, palmier à l’huile, ananas, etc.) et vivrières (riz, taro, banane, plantain, manioc, etc.)
Du point de vue économique, ce sont les activités agro-industrielles qui l’emportent de loin. Elle est, en effet, connue pour sa production d’huile de palme (environ 20 % de la production nationale).
Enfin, sur le plan alimentaire, la région se présente comme un des plus importants centres d’approvisionnement des différents marchés d’Abidjan.
Origine
[modifier | modifier le code]Les populations constitutives de ce royaume sont venues vers la fin du XVIIe siècle, de l’Aowin, dans l’actuel Ghana où elles étaient sous l'autorité du roi Amalanman Anoh. Elles ont dû fuir à la suite d'une défaite consécutive à une guerre les opposant à la famille du roi Kadjo Etibou. Le roi Amalanman Anoh et ses troupes étant vaincus, dix-sept familles représentant les 17 régiments militaires de sa branche armée fuyant l’adversaire, ont quitté le Ghana pour chercher refuge vers la Côte d’Ivoire voisine.
Seules quatre familles ont pu arriver sur le sol ivoirien ; les autres ayant péri sur le chemin de l’exode, décimées soit par les maladies, soit par la famine soit encore par diverses intempéries (sécheresse, tempêtes). Elles se sont donc installées avec leurs sept chaises qui symbolisent les sept grandes familles royales[3] dans le Sud-Est du territoire d’accueil, la Côte d’Ivoire, alors sous domination coloniale[4].
Histoire
[modifier | modifier le code]Le noyau originel de ce peuple se trouve au Ghana où les conflits entre Opokou Warreh (Ashantis) et eux (les Agnis) ont créé le motif d’un départ vers la Côte d’Ivoire.
Avec à leur tête Amalaman Anoh, premier roi du royaume du Sanwi, les Agnis s’installent à Diby dans la région d’Aboisso. Une guerre de leadership éclate sur la nouvelle terre entre les Agnis et les Agouas, premiers occupants du site. Les Agnis gagnent et soumettent les Agouas peu nombreux. Après leur victoire, les Agnis s’installent dans la région de ‘’Ciman’’ une vallée surmontée par des collines. De sorte qu’en temps de guerre, l’ennemi ne puisse pas accéder au nouveau site. Mais, toujours à la recherche de nouvelles terres, Aka Essoin, l’homme de main du roi Amalaman Anoh et puissant notable, chargé de l’expansion du royaume, part en conquête de nouvelles terres plus propices. C’est dans cette quête qu'Aka Essoin découvre un gros arbre, un cerisier : le Krindjabo situé derrière la rivière Bia. De telle sorte que pour atteindre le site, il fasse d’abord traverser la Bia, à la nage. Se sachant à l’abri des éventuelles attaques de l’ennemi, le peuple Agni quitte la région de Ciman pour s’installer sous l’arbre Krindja ou Krindjabo en langue Agni. Et ce, grâce à Aka Essoin qui possède des pouvoirs mystiques lui permettant de se transformer en animal féroce, notamment l’éléphant. Krindjabo, la capitale du royaume Sanwi est ainsi fondée, avant l’arrivée de l’homme blanc. Seulement, il est bon de savoir que la grande ville d’Aboisso est le berceau du royaume le plus vieux et le plus puissant de l’histoire de la Côte d’Ivoire : le Sanwi.
La première mission à travers le pays Agni s'effectue en deux voyages (la mission Treich-Laplène (1887-1889)) qui se sont traduits par des traités avec le Sanwi à Krindjabo (Aboisso)[5] et avec le Bettié et l'Indénié (Abengourou). Dans le nord, les traités ont également été signés avec le royaumes de Bondoukou et de Kong en 1888 et de Dabakala avec Binger en 1889. Tous ces traités sont recents en comparaison aux traités du avec le roi nzima de Grand Bassam, le roi Bley Peter dit roi Peter que ses vassaux appellent Attekebley, le traité du et du , tous signés au fort Nemours à Grand Bassam, qui consacrent la fondation de la Côte d'Ivoire. Grand Bassam demeure le berceau de la Côte d'Ivoire. Les royaumes les plus vieux de Côte d'Ivoire sont à voir du côté d'Assinie et de Grand Bassam. Les peuples du littoral sont connus depuis 1469 et 1509 par les Portugais Soeiro da Costa et Duarte Pacheco Pereira. Le commerce prosperait déjà et les N'zima étaient passés maitre en la matière. À cette date, Les Blafé Sanwi étaient encore sous la domination du Denkyra, avant leur fuite à la suite de la victoire de l'Ashanti sur le Denkyra en 1700. Armée la plus puissante, il faut relativiser. Les Agni sanwi ayant été vaincus par les M'gbatto et les hommes de l'Akapless ( Bonoua), sous la direction de Kadjo Amangoua capturé plus tard par la colonne Monteil.
Cantons du Sanwi et rôles
[modifier | modifier le code]Originellement, le royaume du Sanwi s’étendait sur sept cantons. Mais aujourd’hui, avec le départ du canton de Tiapoum avec les Ehotilé, le Sanwi reste constitué de six cantons regroupant les Blafê ou Agni-Sanwi, les Essouma et Appolonien. Le royaume Sanwi comprend donc les cantons de Krindjabo, d'Assouba, d'Ayamé, d'Adjouan, de KouaouKro et d'Assinie.[réf. nécessaire]
Il a le rôle d’éducateur et formateur des candidats au trône du Sanwi. En effet, Adjouan enseigne au futur roi d’abord son rôle au trône, ses relations avec son peuple, les principales familles composant son peuple, les villages et les limites territoriales de son royaume. Il l’instruit aussi sur les alliances avec les autres peuples. De par sa situation géographique (sur une colline qui domine la lagune d'Aby, donnant une large vue sur tout le royaume), ce canton constitue un refuge privilégié pour les princes héritiers en cas d’attaque ou d’invasion du royaume par un ennemi. C’est de là que partaient les princes héritiers pour le trône à Krindjabo. Adjouan était également un haut lieu de culture où on célébrait les mariages des membres de la famille royale.[réf. nécessaire]
Traditionnellement, il est appelé le Front. C’est ce canton qui valide et entérine le choix du roi fait de manière collégiale par l’ensemble des chefs de canton. Il légifère et conduit la cérémonie d’intronisation du nouveau roi. Assouba a donc les attributions de haute juridiction et joue à la fois les rôles de Cour Suprême et de Conseil Constitutionnel.[réf. nécessaire]
C’est là où se trouve le domicile officiel du roi, il est la capitale du royaume. Selon des critiques, sa fonction de «simple» résidence du roi semble reléguer son titre de canton ‘‘souverain’’.[réf. nécessaire]
Lorsque le roi a envie de se reposer, Assinie a pour tâche de le recevoir. Ce canton sert de lieu d’accueil au roi pour ses virées discrètes, avec ses maîtresses par exemple. Cette vision est très réductrice. Assinie et son royaume demeurent les premiers centres d'échanges avec les Portugais, Anglais et Français avant l'arrivée des Agni. Ce royaume est plus ancien que celui du Sanwi et ne peut dépendre de lui. En 1469 Soeiro da Costa baptisait la rivière d'Assinie qu'il venait d'explorer du nom de rio Soeiro da Costa. En 1687 JB Ducasse et en 1698 Damon parlent invariablement des royaumes de Bassam et d'Assinie. En 1700 le RP Loyer confirme. Le royaume d'Assinie est donc souverain.[réf. nécessaire]
Kouakro et Ayamé
[modifier | modifier le code]
Rois
[modifier | modifier le code]
Institutions
[modifier | modifier le code]Organisation du pouvoir traditionnel dans le Sanwi
[modifier | modifier le code]
Justice
[modifier | modifier le code]La justice est gratuite, mais on dépose obligatoirement une caution, aux nzamandwé. La composition des palabres est en somme une sorte de jury, puisque ce sont les gens du village qui jugent leur pairs[6].
Système monétaire
[modifier | modifier le code]Le système monétaire dont nous parlons est celui du XIXe et du début du xxe siècle. Pour les petites sommes, il y avait la manille, ka, monnaie en forme de fer à cheval ou anneau de bronze assez fortement ouvert, alliage de cuivre et d’étain, qui pesait 145 grammes et valait de 22 à 23 centimes. La manille serait d’importation anglaise.[réf. nécessaire]
Organisation politique
[modifier | modifier le code]Le roi choisi et élu est le souverain de tout le pays. Il a sous ses ordres des lieutenants qui descendent, eux aussi, des chefs qui ont accompagné le premier roi et qui étaient ses capitaines de guerre. Les villages sont groupés sous l’autorité d’un chef et demeurent attachés au lieutenant dont leur fondateur dépendait au moment de l’exode.[réf. nécessaire]
La fête des ignames
[modifier | modifier le code]
Personnalités liées à la région
[modifier | modifier le code]- Amon N'Douffou II, roi du Sanwi
- François-Joseph Amon d'Aby, écrivain
- Bernard Dadié, écrivain
- Michael Jackson fut nommé prince de Sanwi lors de son voyage dans la région le [7]
- Jesse Jackson fut nommé prince de Sanwi lors de son voyage dans la région le [7]
- Aka Aouélé, actuel[évasif] Président du Conseil Économique, Social, Environnemental et Culturel de la république de Côte d'Ivoire
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Dr. YAO Kouassi Bertin, L’Affaire du Royaume de Sanwi en Côte d'Ivoire (1959-1981): Fondements, affirmation et enjeux d'une tentative de sécession, Abidjan, Rev. hist. archéol. afr., Godo Godo, no 20, 2010 © Educi 2010, (lire en ligne), Le royaume du Sanwi... issues de migrations successives aux XVIIe et XVIIIe siècle (Page 59)
- « L'histoire de l'arbre Krindja qui donna le nom du village Krindjabo », sur rezoivoire.net (consulté le )
- 7 est un chiffre symbolique dans les traditions royales et même Akan en général
- (fr) « Origine du Royaume Sanwi », sur royaumesanwi.org, (consulté le )
- Michel Pescay, Région du Sud-Est Étude socio-économique. La sociologie, Paris, , 143 p. (lire en ligne), Treich·Laplène, effectua en 1887 ... royaume du Sanwi (Page 39)
- (fr) « La Justice », sur royaumesanwi.org, (consulté le )
- Le Monde, « Le royaume du Sanwi réclame son prince Michael Jackson » , sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le ).
Liens externes
[modifier | modifier le code]