Agnis

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Agnis
Description de cette image, également commentée ci-après
Homme Agni (Élisée Reclus, 1892)

Populations importantes par région
Drapeau de la Côte d'Ivoire Côte d'Ivoire 953 339
Drapeau du Ghana Ghana 298 000
Population totale 1 251 339
Autres
Langues Agni
Religions Religion traditionnelle, christianisme, animisme

Les Agnis sont un peuple d'Afrique de l'Ouest d'environ 1 200 000 personnes, vivant principalement en Côte d'Ivoire. Ils sont également présents au voisin Ghana[1],[2].

Ils ont été le premier peuple de la région à entrer en contact avec les Européens au XVIIe siècle[3].

Ethnonymie[modifier | modifier le code]

Selon les sources et le contexte, on observe différentes formes : Agnis, Ani, Anya, Anyi, Anyis, Ndenie[4], Sanwi, etc.

Histoire[modifier | modifier le code]

Origine[modifier | modifier le code]

Tête funéraire (Brooklyn Museum)

Au début du XVIIIe siècle, en provenance de l'Aowin dans l'ancienne Gold Coast, les premiers Agni traversent la frontière est de l'actuelle Côte d'Ivoire avec un autre peuple d'Akan originaires de l'Ashanti. Ce sont les Assabou qui formeront la matrice de ce qu'est aujourd'hui le peuple Baoulé en Côte d'Ivoire. Après avoir fondé le royaume Sanwi sous la houlette d'Amalaman Ano, ils poursuivent leur chemin jusqu'aux abords de la lagune Aby où une partie de ceux qui formeront les Mrôfo va peupler l'actuelle zone de Songon. Ils fondent par ailleurs le royaume de l'Indénié sur les bords de la Comoé, celui du Moronou avec les Agnis Mrôfo et le Djuablin.

Il est à noter qu'il existe d'autres sous-groupes comme les Agnis-Assonvon dans la localité d'Ebilassokro, à l'Est de la Côte d'Ivoire et une grande communauté Agni à Tiassalé.

Aujourd'hui[modifier | modifier le code]

Les Agnis vivent aujourd'hui dans les départements d'Abengourou, Agnibilékrou et Koun Fao dans l'Indénié-Djuablin, Arrah, Bongouanou, Andé et M'batto dans le Moronou, Tiassalé dans l'Agneby-Tiassa, Maféré, Aboisso, Adiaké et Assinie dans la région du Sud Comoé. On en trouve également dans la région de l'Ifou, dans le Zanzan et au Ghana[5].

Villes du sud[modifier | modifier le code]

Dans ces grandes villes, il y a eu une fracture sociale à partir de 1990 car les peuples forestiers se regroupent dans certaines zones ainsi que les peuples de la savane majoritairement émigrés[6].

Société[modifier | modifier le code]

Le système de chefferie[modifier | modifier le code]

La reine-mère (Musée des costumes de Grand-Bassam)

Le système de chefferie des Akan est de type monarchique : le choix découle d’un mécanisme héréditaire de succession qui limite l’exercice du pouvoir aux membres d’une seule et même famille. Cela se déroulait conformément à la règle générale des successions de la tribu régnante qui dirigea un rôle historique depuis le Ghana voisin vers la fin du XVIIe siècle.

Avant la colonisation française, les Akan avaient développé un royaume avec une structure politique composée du souverain assisté par son conseil. Le reste de la société était composée de trois castes principales : les nobles, les hommes libres et les serviteurs .

Économie[modifier | modifier le code]

Les Agnis sont des propriétaires fonciers de la forêt et sont devenus des planteurs rentiers. Étant minoritaires, ils ont su intégrer les nouvelles populations émigrées telles les Mossis en leur attribuant le rôle de métayers. Les récoltes sont divisées mais le principal bénéficiaire est le propriétaire de la terre, ce qui engendre un rapport de force dans la structure hiérarchique[7].

Ivoirité[modifier | modifier le code]

À Ayamé, il y a eu des affrontements entre Agnis et Bozos (pêcheurs maliens) vers 1998. Auparavant, les populations vivaient en paix en Côte d'Ivoire car il y avait une prospérité économique qui profitait à tous[8].

Culture[modifier | modifier le code]

Langue[modifier | modifier le code]

La langue agni est de la famille des langues nigéro-congolaises. Il y aurait 250 000 locuteurs dans la région du sud-comoé.

Religion[modifier | modifier le code]

Chez les Agnis, le féticheur est le Kômian. Dans les sociétés Akans du Ghana et de Côte d'Ivoire, ce sont toutes les personnes qui détiennent le savoir occulte. Les Kômians peuvent enseigner leur savoir aux rois ou donner des prédictions sur l'avenir. Leurs transes magico-religieuses leur permettent de comprendre des choses incompréhensibles pour le commun des mortels. Les kômians sont regroupés en sociétés secrètes[9].

Il y a eu une grande influence des pasteurs togolais de la Church of Pentecost vers les Agnis du Ghana puis de Côte d'Ivoire dans les années 1950[10]

Alimentation[modifier | modifier le code]

Les Agnis consomment entre 20 et 50 % du riz et du foutou banane plantain avec manioc dans leur préparation[11], sans oublier bien sûr de l'igname[12].

Famille[modifier | modifier le code]

Pour pouvoir se marier, un prétendant doit fournir trois dots :

  • Bla-ô-kale : aide financière pour l'entretien de la future épouse
  • Adyia-tila : pour l'achat du trousseau
  • Bé-ti-sika : lie la jeune femme et ses parents. Elle devient une promise[13].

L'adultère était traditionnellement durement réprimé. Les coupables bannies du village, tous disposaient désormais du droit de vie ou de mort sur elles[14].

Les femmes doivent avouer le nombre d'amants qu'elles ont eus pour sauver leurs enfants et leurs propres vies lors d'accouchements difficiles. Le mari doit donner son pardon[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. afcam.org - Fiche pays Ghana
  2. Jean-Louis Chaléard, Temps des villes, temps des vivres : l'essor du vivrier marchand en Côte d'Ivoire, p. 66
  3. (en) « Western Africa - The beginnings of European activity », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  4. Source RAMEAU, BnF [1]
  5. Marc Le Pape et Claudine Vidal, Côte d'Ivoire : l'année terrible, 1999-2000, Karthala, 2002, p. 128
  6. Marc Le Pape et Claudine Vidal, op. cit., p. 140
  7. Marc Le Pape et Claudine Vidal, op. cit., p. 136
  8. Marc Le Pape et Claudine Vidal, op. cit., p. 181
  9. Ursula Baumgardt, Françoise Ugochukwu, Jean Derive, Approches littéraires de l'oralité africaine en hommage à Jean Derive Mélanges Derive Jean Tradition orale : en hommage à Jean Derive, p. 301
  10. Sandra Fancello, Les aventuriers du pentecôtisme ghanéen : nation, conversion et délivrance en Afrique de l'ouest, p. 238
  11. Jean-Louis Chaléard, op. cit., p. 40
  12. Jean-Louis Chaléard, op. cit., p. 79
  13. La preuve : (3) Civilisations archaïques, asiatiques et islamiques, De Boeck Université, 1989, p. 144
  14. Société Jean Bodin pour l'histoire comparative des institutions, La Peine: quatrième partie : mondes non européens = punishment : fourth part : non european worlds, De Boeck Université, 1991, p. 52
  15. La preuve : (3) Civilisations archaïques, asiatiques et islamiques, De Boeck Université, 1989, p. 152

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) S. Domowitz, « Wearing proverbs: Anyi names for printed factory cloth », African arts, 1992, vol. 25, no 3, p. 82-87
  • (en) Paul Parin, Fritz Morgenthaler et Goldy Parin-Matthèy, Fear thy neighbor as thyself : psychoanalysis and society among the Anyi of West Africa, University of Chicago Press, Chicago, 1980, 408 p. (ISBN 978-0-226-64583-4)
  • Marius Ano N'Guessan, Contes Agni de l'indenié, Imprimerie Nationale, 1970, 244 pages.
  • François-Joseph Amon d'Aby, Croyances religieuses et coutumes juridiques des Agni de la Côte d'Ivoire, Paris, Maisonneuve et Larose, 1960, 184 p., ill. (ISBN 2-7068-0001-1)
  • Maurice Delafosse, Essai de manuel de la langue agni, parlée dans la moitié orientale de la Côte d’Ivoire, Paris, 1900, 226 pages.
Ouvrage accompagné d’un recueil de légendes, contes et chansons en langue agni, d’une étude des origines et des migrations des tribus agni-achanti, de vocabulaires comparatifs des différentes langues agni-achanti, d'une bibliographie et d'une carte
  • Sandra Fancello, Les aventuriers du pentecôtisme ghanéen : nation, conversion et délivrance en Afrique de l'ouest, Karthala, 2006, 378 pages, (ISBN 978-2-84586-822-9)
  • Ursula Baumgardt, Françoise Ugochukwu, Jean Derive, Approches littéraires de l'oralité africaine en hommage à Jean Derive Mélanges Derive Jean Tradition orale : en hommage à Jean Derive, Karthala, 2005, 334 pages, (ISBN 978-2-84586-667-6)
  • Jean-Louis Chaléard, Temps des villes, temps des vivres : l'essor du vivrier marchand en Côte d'Ivoire, Karthala, 1996, 661 pages, (ISBN 978-2-86537-635-3)
  • Société Jean Bodin pour l'histoire comparative des institutions, La Peine : quatrième partie : mondes non européens = punishment : fourth part : non european worlds., De Boeck Université, 1991, 514 pages, (ISBN 978-2-8041-1524-1)
  • Marc Le Pape, Claudine Vidal, Côte d'Ivoire : l'année terrible, 1999-2000, Karthala, 2002, 354 pages, (ISBN 978-2-84586-317-0)
  • La preuve : (3) Civilisations archaïques, asiatiques et islamiques, De Boeck Université, 1989, 538 pages, (ISBN 978-2-8041-2893-7)
  • Catherine Blanchard, Les statues dites "Anyi de Krinjabo" dans la statuaire en terre cuite du quart Sud-Est de la Côte d'Ivoire : étude stylistique et historique, Université de Paris 1, 1998, 683 p. 3 vol.
  • V. Duchesne, « Gémellité, fécondité et souveraineté chez les Anyi de Côte d'Ivoire », Quaderni de l'Uomo, 1998, no 1, p. 137-155 1998....
  • Claude-Hélène Perrot, Les Anyi Ndenye et les Ashanti, Université d’Abidjan, Institut d'histoire, d'art et d'archéologie africains, 1974, 22 p.
  • Claude-Hélène Perrot, Les Anyi-Ndenye et le pouvoir aux 18e et 19e siècles, Publications CEDA, Abidjan ; Publications de la Sorbonne, Paris, 1982, 333 p. (d’après une thèse de l’Université de Paris 5, 1978)
  • Claude-Hélène Perrot, « Formation d'États et formation d'une ethnie : le cas des Anyi-Ndenye », Cahiers d'études africaines (Paris), 1982, vol. 22, no 87-88, p. 455-463
  • M. Delafosse, « Coutumes observées par les femmes en temps de guerre chez les Agni de la Côte d'Ivoire », Revue d'Ethnographie et de Sociologie, 4, 1913, p. 266-268.
  • S. Crapuchet, Femmes Agni du Moronou : préparation de la femme à son rôle de mère en Basse Côte d'Ivoire, École pratique des Hautes études (mémoire no 163) VIe section, Paris, 1967.
  • « La fête des ignames chez les Agnis », Eburnea no 26, 1969.
  • J. Ehouman, « L'héritage chez les Agnis Morophos », La Côte d'Ivoire Chrétienne, no 57, s.l., 1943, p. 4.
  • F.-J. Amon d'Aby, Les principes successoraux des tribus agni et baoulé, en Côte d'Ivoire devant l'évolution économique moderne, CHEAM, 1958, 8 p.
  • Barthélémy Comoé Krou, Le jeu dans la société traditionnelle agni, thèse de doctorat : lettres, Université René Descartes, Paris, 1977, 723 p.
  • Barthélémy Comoé Krou, La ludistique, essai sur la création d'une science du jeu (conclusion de recherches menées pendant près de dix ans sur les jeux pratiqués dans la société agni), Université d'Abidjan, 1978, 152 p.
  • H. Hubert, « Coutumes indigènes en matière d'exploitation des gîtes aurifères en Afrique occidentale » (Droit coutumier de la Côte d'Ivoire, chez les agni, les baoulé de Bondoukou), Annuaire et mémoire du comité d'étude historique et scientifique de l'AOF, s.l., 1917 p. 222-243.
  • OI. P. Amon, Études sur le droit coutumier agni (thèse de 3e cycle. Droit économie des pays étrangers. Afrique), 396 ff. dactyl. ill., 1968
  • V. Dolon, Coutumier du groupe agni-ashanti (Coutumier conservé aux Archives Nationales de Côte d'Ivoire, Abidjan), s.d., 72 p.
  • Koffi Sié, Les Agni-Diabé, histoire et société, thèse de doctorat de 3e cycle d'histoire, Université de Paris I, 1976.
    • Boa Kadio, Martin, « La naissance de la dot en pays Agni», Revue de la Gendarmerie Nationale, no 12, 1975, p. 27

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :