Privilège du blanc
Le privilège du blanc (en italien : privilegio del bianco) est une prérogative particulière utilisée par les reines, princesses et duchesses catholiques — qu’elles soient régnantes, consorts ou émérites — lors de leurs audiences avec le pape, au cours desquelles elles sont autorisées à porter des vêtements et mantilles blancs, habituellement réservés au souverain pontife.
Histoire
[modifier | modifier le code]Les origines de ce privilège sont incertaines. Il semble que cette exception remonte au début du XIXe siècle, durant le pontificat du pape Pie VII. D’abord accordée à la reine d’Espagne, elle est étendue ensuite aux autres souveraines restées fidèles à l’Église catholique, en signe de gratitude à leur égard, alors que d’autres royaumes se sont convertis au protestantisme[1],[2],[3].
Cette étiquette a connu certains accommodements depuis les années 1980. Ainsi, le privilège du blanc n’est pas utilisé par les reines à chaque rencontre avec le pape, mais davantage pour les occasions les plus solennelles[1].
Éligibilité
[modifier | modifier le code]Actuellement, les dames catholiques éligibles à ce privilège sont les suivantes[1] :
- Mathilde, reine des Belges ;
- la reine Paola de Belgique ;
- Letizia, reine d’Espagne ;
- la reine émérite Sophie d’Espagne ;
- Marina, princesse de Naples (veuve du chef de la maison de Savoie)[N 1] ;
- María Teresa, grande-duchesse de Luxembourg ;
- Charlène, princesse de Monaco[N 2].
Autrefois, les personnalités royales éligibles à ce privilège comprenaient également l’impératrice d’Autriche et reine de Hongrie, la reine d’Italie, la reine de France puis l’impératrice des Français, la reine de Portugal, la reine de Bavière, quelques princesses allemandes ainsi que les épouses des capitaines-régents de Saint-Marin[1].
Bien que catholiques, la reine du Lesotho et la princesse de Liechtenstein sont exclues du privilège du blanc[1].
À l’inverse, le protocole veut qu’une femme non catholique soit vêtue de noir lorsqu’elle rencontre le pape[7],[8], à l’exception de la reine Élisabeth II du Royaume-Uni qui, en tant que chef de l’Église anglicane, n’était pas tenue d’obéir à cette règle[9],[N 3]. Les princesses converties à la foi catholique, comme la duchesse de Kent, sont également astreintes au noir, de même que Máxima des Pays-Bas, reine consort d’un royaume calviniste (bien qu’elle soit elle-même de confession catholique)[1],[3],[11].
Les reines d’Espagne sont les seules à pouvoir porter la peineta[1].
Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (en) George Seldes, The Vatican : Yesterday, Today, Tomorrow, New York, Harper & Brothers, , 439 p. (ASIN B0006DG9A6).
- (it) Fabio Cassani Pironti, Ordini in ordine : manuale d’uso decorazioni per il corpo diplomatico accreditato presso la Santa Sede, il Sovrano militare Ordine di Malta ed i rispettivi dignitari, Rome, Laurus Robuffo, , 192 p. (ISBN 88-8087-433-0).
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Marina, princesse de Naples, n’a utilisé le privilège du blanc qu’une seule fois, lors d’une messe en 2003 célébrant l’anniversaire de Jean-Paul II[4].
- Le , la princesse Charlène de Monaco a été exceptionnellement autorisée à utiliser ce privilège lors d’une audience avec le pape Benoît XVI. Le bureau de presse du Vatican a, par la suite, indiqué que « conformément au protocole prescrit par le Vatican concernant les souverains catholiques, la princesse [Charlène de Monaco] a été autorisée à s’habiller en blanc »[5],[6].
- Élisabeth II a néanmoins porté du noir lors de ses rencontres au Vatican avec l’ensemble des papes : Pie XII en 1951 (en tant que princesse héritière), Jean XXIII en 1961 et Jean-Paul II en 1980 et 2000. Seule exception, en 2014, au cours d’une audience avec le pape François lors de laquelle la reine est vêtue de couleur mauve[1],[10].
Références
[modifier | modifier le code]- Philippe Delorme, « Le protocole vestimentaire des souveraines en visite au Vatican », sur pointdevue.fr, (consulté le ).
- (es) Maria Paola Daud, « ¿Cómo vestir para una audiencia con el papa Francisco? », sur aleteia.org, (consulté le ).
- (es) Anitta Ruiz, « El privilegio de vestir de blanco », sur 20minutos.es, (consulté le ).
- (it) Giovanna Cavalli, « Marina in San Pietro con un tailleur bianco », sur archiviostorico.corriere.it, (consulté le ).
- (en) Brittani Barger, « Princess Charlene forgoes privilège du blanc », sur royalcentral.co.uk, (consulté le ).
- (en) « Pope Benedict meets with Prince Albert II of Monaco », sur news.va, (version du sur Internet Archive).
- Seldes 1934, p. 125.
- Cassani Pironti 2004, p. 42 et 87.
- Caroline Pigozzi, « Elizabeth II et le pape François : God save the Queen », sur parismatch.com, (consulté le ).
- Nicolas Senèze et Gauthier Vaillant, « La reine d’Angleterre et ses cinq papes », sur la-croix.com, (consulté le ).
- Dominique Bonnet, « Maxima des Pays-Bas en famille chez le pape François », sur parismatch.com, (consulté le ).