Prélude et fugue en sol dièse mineur (BWV 887)

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Le Clavier bien tempéré II

Prélude et fugue n°18
BWV 887
Le Clavier bien tempéré, livre II (d)
Sol dièse mineur
Sol dièse mineur
Prélude
Métrique 4/4
Fugue
Voix 3
Métrique /
Liens externes
(en) Partitions et informations sur IMSLP
(en) La fugue jouée et animée (bach.nau.edu)

Le prélude et fugue en sol-dièse mineur, BWV 887 est le dix-huitième prélude et fugue du second livre du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach, compilé de 1739 à 1744.

Le prélude est moulé dans une audacieuse et moderne découpe de forme sonate préclassique. La fugue assez libre, tout en guirlandes de triolets tranquilles, dégage un délicat parfum romantique.



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}

\score {

<<
  \relative c'' {
    \key gis \minor
    \time 4/4

     %% INCIPIT CBT II-18, BWV 887, sol-dièse mineur
     << { s8*0^\markup{Prélude} gis16 ais b cis dis b ais gis fisis gis ais e dis r16 r8 } \\ { s2. r16 cis b ais } >>  \bar ".."
 
     \time 6/8
     s8*0^\markup{Fugue} gis'8 ais b ais dis dis, | gis b ais b ais gis ais b cis b e gis,

  }
>>
  \layout {
     \context { \Score \remove "Metronome_mark_engraver" 
     \override SpacingSpanner.common-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/2)
 }
       }
  \midi {}
}

Prélude[modifier | modifier le code]

Le prélude, noté 4/4, totalise 50 mesures dans la forme AA–BB.

Ce prélude à la découpe de 24 et 26 mesures, dans le style galant d'une sonate pré-classique[1], peut évoquer l'allemande initiale des suites pour clavecin[2], mais sans en avoir le caractère[1].

Il commence avec un beau motif principal, présenté comme d'habitude au début. D'abord en gamme (dans le genre inventio) puis en tierces (et en sixtes plus loin) sur une figure d'accompagnement bavard à la main gauche[3]. Les appoggiatures de la main droite (mesure 2) peuvent être considérées comme une variation des accords de la première mesure[3]. Mais il joue un rôle modeste dans le reste de la pièce, bien moins que l'harmonie prolixe en pathétiques inflexions[4]. À la place du second thème, nous entendons ce thème transposé à la dominante. Après la barre de reprise, les mesures 25–40 font figure de développement suivi de la réexposition abrégée (notamment des deux mesures initiales)[1].

Les indications de dynamiques — uniques dans tout le Clavier bien tempéré[5]piano et forte figurant aux mesures 3 et 5, sont d'origine et incitent à croire à un instrument à deux claviers[6],[2] ; elles se répètent logiquement pour le reste de la pièce, même si elles ne sont pas indiquées ailleurs[1]. La mesure 31 souffre de l’absence des appoggiatures dans les éditions, mais sont parfaitement logiques également[7]. La durée de ces appoggiatures peuvent être d'une croche, comme le suggèrent les mesures 44–45[8].



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}

upper = \relative c'' {
  \clef treble 
  \key gis \minor
  \time 4/4
  \tempo 4 = 82
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 

   %% PRÉLUDE CBT II-18, BWV 887, sol-dièse mineur
   gis16 ais b cis dis b ais gis fisis gis ais e dis r16 r8 
   r8 < b' gis >8 \grace q( < cis ais >4) r8 < b gis >8 \grace q( < ais fisis >4)
   gis16\p ais b cis dis b ais gis fisis gis ais e dis r16 r8 
   r8 < gis' b, >8 \grace q( < ais cis, >4) r8 < gis b, >8 \grace q( < fisis ais >4)

   %% ms. 5
   r8\f < b, gis >16 < ais fisis > < b gis >8 < gis' b, > r8 < b, gis >8 r8 << { ais16 gis } \\ { eis8 } >>
   r8 < ais fis >16 < gis eis > < ais fis >8 < fis' ais, > r8 < ais, fis >8 r8 << { gis16 fis } \\ { dis8 } >>
   << { r8 gis16 fis gis8 eis' r8 gis, r8 fis16 eis | < fis dis >4*1/4 } \\ { s8 cisis16 dis eis8 gis s8 eis s8 cisis8 } >>
   

}

lower = \relative c' {
  \clef bass 
  \key gis \minor
  \time 4/4
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 
    
   \repeat unfold 2 { < dis b gis >4 r4 < cis ais gis > r16 cis b ais | \repeat unfold 2 { gis dis' } \repeat unfold 2 { fisis, dis' } \repeat unfold 2 { gis, dis' } \repeat unfold 2 { dis, dis' } }
   %% ms. 5
   \repeat unfold 2 { gis, dis' } \repeat unfold 2 { fis, dis' } \repeat unfold 2 { eis, cis' } \repeat unfold 2 { cis, cis' }
   \repeat unfold 2 { fis, cis' } \repeat unfold 2 { eis, cis' } \repeat unfold 2 { dis, b' }  \repeat unfold 2 { b, b' }
   \repeat unfold 2 { eis, b' } \repeat unfold 2 { dis, b' } \repeat unfold 2 { cisis, ais' } \repeat unfold 2 { ais, ais' } dis,16
    
} 

\score {
  \new PianoStaff <<
    \set PianoStaff.instrumentName = #"BWV 887"
    \new Staff = "upper" \upper
    \new Staff = "lower" \lower
  >>
  \layout {
    \context {
      \Score
      \remove "Metronome_mark_engraver"
      \override SpacingSpanner.common-shortest-duration = #(ly:make-moment 1/2)
    }
  }
  \midi { }
}

Fugue[modifier | modifier le code]

Caractéristiques
3 voix —
, 143 mes.
fugue en style de danse
⋅ 12 entrées du sujet
réponse réelle
contre-sujet, 3 entrées

La fugue à trois voix, est notée
et totalise 143 mesures (ou 144 selon Keller)[9]. Il s'agit d'une double-fugue.

Le sujet principal, tout en croches, « se faufile avec la prestesse d'un lézard en triolets de croches » (Riemann)[7]. La découpe en deux parties de deux mesures évoque un antécédent suivi de son conséquent[7]. Le mouvement de rythme monotone du sujet se transmet à la fugue entière, qui ne connaît presque aucun contraste rythmique.



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}

\score {
  \new Staff \with {

  }
<<
  \relative c'' {
    \key gis \minor
    \time 6/8

     %% SUJET fugue CBT II-18, BWV 887, sol-dièse mineur
     gis8^\markup { \stencil #(ly:bracket X '(-1 . 31) 0.2 -1) } ais b ais dis dis, | gis b ais b ais gis | ais^\markup { \stencil #(ly:bracket X '(-1 . 31) 0.2 -1) } b cis b e gis, ais cis b cis b ais
  }
>>
  \layout {
     \context { \Score \remove "Metronome_mark_engraver" 
        }
  }
  \midi {} 
}


Les triolets de croches tranquilles ne semblent d'abord que de frêles guirlandes fleuries d'un jardin, mais bientôt le rideau fleuri s'épaissit en une épaisse végétation de forêt vierge[4].

Trois sections dans cette double-fugue. L'exposition nécessite 32 mesures et contient une entrée supplémentaire à l'alto (mesure 19). Le second groupe débute par la basse (mesure 33), mais chaque entrée suivante n'intervient qu'après un divertissement : soprano (mesure 45), basse (mesure 55 — copiant la mesure 13 sqq).

Le second sujet règne sur les mesures 61 à 96 et les deux sujets se mêlent logiquement ensuite (mesures 97–143) deux voix à deux voix : basse-alto (mesure 97), soprano-alto (mesure 103), alto-soprano (mesure 111), alto-basse (mesure 125), soprano-alto (mesure 135). Entre chaque entrée des divertissements empruntent des éléments des deux sujets.



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}

DuxNotes   = { gis8 ais b ais dis dis, | gis b ais b ais gis | ais b cis b e gis, | ais cis b cis b ais }
Dux        = { s8*0_\markup{Dux} \DuxNotes }
Comes      = { s8*0^\markup{Comes} \transpose gis dis' \relative \DuxNotes }

upper = \relative c'' {
  \clef treble 
  \key gis \minor
  \time 6/8
  \tempo 4. = 98
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 

   %% FUGUE CBT II-18, BWV 887, sol-dièse mineur
   \Dux b4 bis8 cis4.~ | cis bis cis4 cisis8 dis4.~ dis cisis | dis8 cis4~ cis8 ais bis | cis b4~ b8 gis ais

   %% ms. 11
   b4.~ b8 ais cis | 
   << { fisis, dis' gis, cis4.~ cis8 e dis cis b ais | b4 dis8 gis4.~ gis4 fisis8 gis4 b8 cis,4 dis8 e dis cis | dis4.*1/3 } \\ { s2. gis,4.~ gis4 fisis8 gis4 r8 r4 b8 | cis dis e dis cis b~ | b ais gis fis4.~ | fis8 } >>
   
}

lower = \relative c' {
  \clef bass 
  \key gis \minor
  \time 6/8
  \set Staff.midiInstrument = #"harpsichord" 

   R2.*4
   \clef treble \relative c'' { \Comes } fis4 fisis8 gis4 fis8 e4 eis8 fis4 e8 | dis gis gis, cis4.~ | cis4 b8 ais8  \stemDown \change Staff = "upper"  gis' fisis \stemUp \change Staff = "lower"
   \clef bass \relative c'
   \Dux b,4*1/2
} 

\score {
  \new PianoStaff <<
    \set PianoStaff.instrumentName = #"BWV 887"
    \new Staff = "upper" \upper
    \new Staff = "lower" \lower
  >>
  \layout {
    \context {
      \Score
      \remove "Metronome_mark_engraver"
    }
  }
  \midi { }
}


Le contre-sujet qui apparaît immédiatement (mesure 5), est uniquement chromatique, antithèse du sujet parfaitement diatonique[5]. Il contient en germe une variante[4], qui devient le second sujet (un motif plutôt), exposé mesure 61, par le soprano : descente d'une quarte puis remontée. Celui-ci n'a de relief que le trille, Bach ne voulant que renforcer le contraste de cette ligne chromatique, avec le premier sujet[9]. Les deux sujets se combinent mesure 97.



\version "2.18.2"
\header {
  tagline = ##f
}

\score {
  \new Staff \with {

  }
<<
  \relative c'' {
    \key gis \minor
    \time 6/8

     %% SECOND SUJET fugue CBT II-18, BWV 887, sol-dièse mineur
     r8 dis8 cisis4 cis8 bis4 b8 ais4 bis8 cis4 cisis8 dis4.~ dis cisis\trill | dis4
  }
>>
  \layout {
     \context { \Score \remove "Metronome_mark_engraver" 
        }
  }
  \midi {} 
}

Genèse et relations[modifier | modifier le code]

Il est probable que ces pièces ont été transposées du sol mineur[1],[5].

Le prélude et la fugue sont liés par leur dessin tonal, de la tonique vers la dominante. En outre l'amorce du prélude se retrouve dans les premières notes de la fugue[7],[10]. Le renversement de la gamme de cinq notes du début du prélude joue un rôle important dans la fugue : en croche mesures 13 ; en noire mesures 14 (soprano) et 23 (basse)[11].

Manuscrits[modifier | modifier le code]

Parmi les sources[12], les manuscrits considérés comme les plus importants sont de la main de Bach lui-même ou d'Anna Magdalena. Ils sont :

Postérité[modifier | modifier le code]

Théodore Dubois en a réalisé une version pour piano à quatre mains[15], publiée en 1914.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Keller 1973, p. 199.
  2. a et b Tranchefort 1987, p. 40.
  3. a et b Ledbetter 2002, p. 308.
  4. a b et c Sacre 1998, p. 221.
  5. a b et c Schulenberg 2006, p. 266.
  6. Gray 1938, p. 128–129.
  7. a b c et d Keller 1973, p. 200.
  8. Ledbetter 2002, p. 309.
  9. a et b Keller 1973, p. 201.
  10. David 1962, p. 73.
  11. Ledbetter 2002, p. 310.
  12. Sources du BWV 887 sur bach-digital.de.
  13. a et b Tomita 2007, p. X.
  14. « Jean-Sébastien Bach, « Le clavier bien tempéré », vol. II — copie d'Altnikol », sur International Music Score Library Project
  15. [lire en ligne]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]