Paule Chaumat

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Paule Chaumat
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Biographie
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Paule Juliette Sébastienne Marie ChaumatVoir et modifier les données sur Wikidata
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Archives conservées par
Service historique de la Défense (GR16P124073)
Archives nationales (72AJ/1946, AJ/16/8841)
Archives de Paris (2136W199, 2136W200)Voir et modifier les données sur Wikidata

Paule Chaumat, épouse Reynaud, née le à Pau (Pyrénées-Atlantiques) et morte le dans le 13e arrondissement de Paris[1], est une résistante française de la Seconde Guerre mondiale.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Paule Juliette Sébastienne Marie Chaumat naît le à Pau (Pyrénées-Atlantiques)[1].

Elle est la fille d'Alexandre Chaumat (1874-1925), médecin, et de Jeanne Mabit (1887-1967).

Résistance[modifier | modifier le code]

Paule Chaumat entre dans la Résistance peu après l'arrestation en avril 1942 de son fiancé, Georges Iagello, résistant appartenant à l’Armée des Volontaires[2],[3],[4],[5].

A partir de mai 1942 elle prend part à l'Œuvre Sainte-Foy (service social de la Résistance), fondée par Marie-Hélène Lefaucheux et Yvonne Baratte. L'association fournit des colis aux prisonniers civils de l'occupant allemand, c'est-à-dire les résistants français[6],[7],[8],[9],[10],[11]. Cette œuvre de charité chrétienne va jusqu'à livrer plus de 1 000 colis anonymes par mois aux prisons franciliennes des Allemands (Fresnes, la Santé, Romainville) en 1944[12],[13]. Ces actions officielles cachent un système de communication clandestin entre les détenus des prisons parisiennes et l'extérieur. Cette organisation sert aussi de couverture au service social de l’OCM créé par Marie-Hélène Lefaucheux[14]. L’aide sociale clandestine consiste à soutenir moralement et surtout financièrement les familles des déportés, des prisonniers et des fusillés de la Résistance. Ce service est financé par les Forces françaises libres. En liaison avec le service social des MUR (Mouvements Unis de la Résistance) de la zone Sud, il donnera naissance plus tard au COSOR (Comité des œuvres Sociales de la Résistance)[9],[14].

A partir de l'été 1942, Paule Chaumat se consacre entièrement à cette aide sociale clandestine[15].

Affiliée au mouvement Organisation Civile et Militaire (OCM) depuis 1943, Paule Chaumat devient en outre l’agent de liaison de Marie-Hélène Lefaucheux. Par ailleurs, elle sert d’intermédiaire pour la fourniture de faux papiers.

A la fin de 1943, dans le cadre de l’OCM puis du COSOR, elle est affectée aux liaisons avec le Nord et le Pas-de-Calais pour aider les familles de prisonniers résistants, de fusillés et de résistants en fuite. Pour cela, elle est en relation avec les résistants de l’OCM sur place, de Voix du Nord et de Libération-Nord[15].

Elle va notamment rencontrer les familles des victimes du massacre d'Ascq, à savoir 86 civils fusillés le par les Waffen-SS en représailles du déraillement d'un train près du village[16].

Elle accepte d'être responsable des liaisons des FFI pour le 6e arrondissement de Paris en vue de la libération de Paris mais l'arrestation de l'état-major FFI le (Pierre Lefaucheux) la prive de ce rôle[17].

En juin 1944 (probablement à la fin du mois), elle participe à une réunion à Lille avec des résistants du nord de la France pour leur distribuer des fonds du service social clandestin[16]. On lui demande où elle peut être jointe par la suite[16]. Elle donne l’adresse de la boîte aux lettres du service social clandestin de la Résistance : « Organisation de secours aux prisonniers », domiciliée chez Yvonne Baratte[16]. A cette réunion assiste un agent double infiltré dans Voix du Nord[Note 1],[16]. Paule Chaumat devient recherchée par la Gestapo[15].

Le en début de soirée, la Gestapo de la rue de la Pompe de Friedrich Berger arrête Yvonne Baratte à son domicile parisien, retrouvé grâce à l'adresse de la boîte aux lettres[18],[12],[19],[20]. Yvonne parvient à prévenir Paule de son arrestation[18],[12], ce qui lui permet ainsi qu'à sa mère de fuir et d'échapper à leur propre arrestation[21],[20]. Malgré les tortures, Yvonne protège Paule, ses autres camarades et l'ensemble de son réseau[22]. Le lendemain, la Gestapo investit le domicile de la famille Chaumat (situé dans le 6e arrondissement de Paris) et met en place une souricière, qui se révèle infructueuse[23],[15].

Pendant près d'un mois et demi, Paule Chaumat se cache dans une maison inoccupée à Auteuil avec deux amies également recherchées, Marie-Hélène Lefaucheux et Marie-Louise Messéan, jusqu'à la libération de Paris, tout en poursuivant son travail d'agent de liaison dans Paris[24],[17].

Depuis l’arrestation de son fiancé Georges Iagello, Paule Chaumat, parallèlement à son activité de résistante, fait de très nombreuses démarches auprès des autorités allemandes et celles de Vichy pour retrouver sa trace et si possible le faire libérer. Mais aucune de ses démarches ne lui permettra d’avoir la moindre information. Georges Iagello a été déporté en Allemagne en octobre 1942 et exécuté à Cologne le [25],[3],[4],[5].

Après-guerre[modifier | modifier le code]

Après la Libération, elle reste au COSOR puis est chargée de missions en Allemagne à la recherche de disparus[26],[17]. Elle retrouve à Cologne la trace de Georges Iagello et parvient à faire rapatrier son corps en 1945[27].

Elle reprend ensuite ses études puis travaille à l'Organisation internationale pour les réfugiés (IRO) de 1948 à 1952 et devient gérante du Laboratoire du Cobalt jusqu'en 1955.

Elle décède le dans le 13e arrondissement de Paris, à l'âge de 92 ans[1].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Paule Chaumat est d'abord fiancée à Georges Iagello (1915-1943), médecin interne des Hôpitaux de Paris, résistant (réseau Armée des Volontaires), arrêté quelques jours avant leur mariage. Il meurt exécuté en déportation.

Elle épouse Georges Reynaud en juin 1954[28]. Le couple a plusieurs enfants.

Décorations[modifier | modifier le code]

  • Croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze (30 décembre 1947), accompagnée de la citation suivante à l'ordre de la brigade : « Entrée dans la Résistance en 1942. A pris une part importante au succès de l'insurrection nationale par son activité militante clandestine. A rempli toutes les tâches qui lui furent confiées avec courage et intelligence et un dévouement total à la cause de la Résistance. Bel exemple de la jeune fille française dans la lutte contre l'envahisseur. »[29] ;
  • Médaille de la Résistance française Médaille de la Résistance française (décret du )[30] ;
  • Croix du combattant volontaire de la Résistance Croix du combattant volontaire de la Résistance[29],[31].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Marie Reynaud, Face à la longue nuit des barbares : un couple de jeunes résistants, CoolLibri.com, , 201 p.. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jacques Baratte, Notre Yvonne : en mémoire de Yvonne Marie-Louise Baratte, Paris, Henri Colas, , 85 p..
  • Marie-Josèphe Bonnet, Tortionnaires, truands et collabos : La bande de la rue de la Pompe, 1944, Rennes, Éditions Ouest-France, , 189 p. (ISBN 9782737360428).
  • Nicole Le Prat, Âme et cendres : témoignages de survivantes des camps nazis en souvenir d'Yvonne Baratte, morte à Ravensbrück, Blois, , 60 p..

Fonds d'archives[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Il s’agit de Charles Fauvel, alias "Roy", Français de 48 ans en 1944, marié et père de 5 enfants, agent double de l’occupant allemand infiltré dans la Résistance. Il fait partie de la Gestapo de la rue de la Pompe à compter de juin 1944 jusqu'à son exécution par sa propre bande de la Gestapo le 21 juillet 1944. Il est responsable de nombreuses arrestations de résistants, principalement dans le Nord et à Paris.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c INSEE, « Fichier des personnes décédées depuis 1970 - Fiche Paule Chaumat » (consulté le )
  2. Reynaud 2022, p. 36.
  3. a et b Service historique de la Défense, « Dossier individuel de Georges Boris Iagello : cote AC 21 P 466770 »
  4. a et b Fondation pour la mémoire de la déportation, « Transport Paris-Trèves du 9 octobre 1942 (I.56) » (consulté le )
  5. a et b Laurent Cardonnet, Contribution à l’étude des étudiants en médecine et des médecins "Morts pour la France" pendant la Seconde Guerre mondiale (Thèse de doctorat), Paris, Université Paris-Descartes - Faculté de médecine, , 134 p. (lire en ligne), p. 60
  6. Bonnet 2013, p. 98-99.
  7. Archives nationales - Archives du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale - Organisation civile et militaire (OCM), « Cote OCM, IX (72AJ/68 Dossier n° 5) - pièce 2 - Témoignage de Marie-Hélène Lefaucheux, recueilli par Marie Granet - mention de l’Œuvre Sainte-Foy et d'Yvonne Baratte en p.5 sur 6. » (consulté le )
  8. Limore Yagil et François-Georges Dreyfus, Histoire de la désobéissance civile: implication des corps de métiers, les Éd. du Cerf, coll. « La France, terre de refuge et de désobéissance civile, 1936-1944 », , 480 p. (ISBN 978-2-204-08863-3, lire en ligne), p. 284
  9. a et b Laurence Thibault, Les femmes et la Résistance, Association pour des Études sur la Résistance Intérieure [u.a.], coll. « Cahiers de la Résistance », (ISBN 978-2-11-006092-1, lire en ligne), p. 81, 99, 107
  10. ADIR, « In Memoriam - Marie-Louise Messéan », Voix et visages (bulletin bimestriel), no 203,‎ , vue 16 (mention d'Yvonne Baratte et de l’œuvre Sainte-Foy) (lire en ligne)
  11. ADIR, « Marie-Hélène Lefaucheux : son aide aux prisonniers politiques sous l'occupation allemande », Voix et visages (bulletin mensuel), no 94,‎ , p. 5 (vue 21/39) (lire en ligne)
  12. a b et c Âme et cendres 2005, p. 10-11.
  13. ADIR, « In Memoriam - Yvonne Baratte (auteur : Andrée Yvette Gouineau (1918-1990), alias Bluette Morat) », Voix et visages (bulletin mensuel), no 2,‎ , p. 1/5 (lire en ligne)
  14. a et b « Les femmes du M.R.P. à l'Assemblée - Biographie de Marie-Hélène Lefaucheux », Forces nouvelles,‎ , p. 2/6 (lire en ligne)
  15. a b c et d Service historique de la Défense, dossier individuel de Paule Chaumat GR16P124073
  16. a b c d et e Reynaud 2022, p. 86.
  17. a b et c Mémoire de proposition à la Médaille de la Résistance pour Paule Chaumat rédigé par Marie-Hélène Lefaucheux
  18. a et b Notre Yvonne 1951, p. 11-12.
  19. Dépôt central d'archives de la justice militaire (DCAJM), Procédure dite de l'"Affaire de la Gestapo de Paris - rue de la Pompe", clôturée par le jugement n° 1528/6700 rendu le 22 décembre 1952 par le tribunal militaire permanent de Paris, , Pièces E33 et 34/10, pièces E2 à E22/12
  20. a et b Préfecture de Police - cote J B 15 - Rapport de synthèse sur l’affaire de la rue de la Pompe daté du 18 janvier 1945, p. 605
  21. Reynaud 2022, p. 97.
  22. Préfecture de Police - cote J B 15 - PV d'interrogatoire de la Gestapo du 12 juillet 1944
  23. Reynaud 2022, p. 103-104.
  24. Reynaud 2022, p. 105.
  25. Reynaud 2022, p. 67-68.
  26. Reynaud 2022, p. 118-119.
  27. Archives nationales - cote F/9/3846 - Dossier 1947 janvier-juillet Düsseldorf
  28. Reynaud 2022, p. 151.
  29. a et b Reynaud 2022, p. 141.
  30. Ordre de la Libération, « Base Médaillés de la Résistance française - fiche Paule Reynaud née Chaumat » (consulté le )
  31. Archives départementales de Paris - cote 2136 W 199 et 200