Offrande (christianisme)

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Tronc à l'intérieur de la chapelle du Carmel de Fontainebleau, France.
Une quêteuse au Temple protestant de l'Oratoire du Louvre à Paris, France.

L’offrande dans le christianisme est un don d’argent à l'Église. Lors de la célébration du culte chrétien, un moment est réservé à la collecte de dons. L'offrande peut être également donnée en dehors de la célébration par Internet.

Histoire[modifier | modifier le code]

Origine[modifier | modifier le code]

Dans la Bible, l’offrande est un acte de reconnaissance à Dieu[1]. À l’époque de Moïse, Dieu a donné certaines prescriptions au peuple d’Israël. Il devait notamment lui apporter une part de sa richesse en guise de reconnaissance pour le pays que Dieu lui a donné pour héritage[2]. Les offrandes étaient en grande partie des produits agricoles : blé, orge, huile, animaux et la quantité correspondait au dixième de leur revenu, la dîme[3].

Dans le Nouveau Testament, notamment dans l’Épître aux Galates au chapitre 6, Paul de Tarse rappelle l’engagement des croyants envers leur pasteur et les démunis[4]. Dans ce même livre, l’offrande est comparée à une semence[5]. Ces concepts sont repris dans le deuxième épître aux Corinthiens au chapitre 9[5]. La motivation du donateur n’est plus une obligation, mais doit être un libre choix par générosité[6]. Paul de Tarse a fait plusieurs collectes dans le but d’aider les gens dans le besoin[7]. De plus, l’offrande est présentée comme un soutien pour la mission et un signe de compassion pour les démunis[8].

Méthodes[modifier | modifier le code]

Un terminal de paiement électronique à la Cathédrale de Lund, Suède.

Historiquement, elle a été collectée dans un plat à offrandes, une quêteuse, une sébile, un panier, ou un tronc d'église[9].

De nouvelles méthodes ont été utilisées au 21e siècle, tels un terminal de paiement électronique ou un panier connecté (don sans contact avec sa carte bancaire, son smartphone en communication en champ proche ou sa montre connectée)[10].

Dans les églises chrétiennes évangéliques, le paiement sur Internet et le paiement mobile sont les méthodes les plus utilisées [11],[12].

Utilisation[modifier | modifier le code]

L’offrande est mise au service de l’Église, par exemple pour le soutien des ministres de Dieu, pasteurs et missionnaires, le loyer ou les frais d'entretien du bâtiment, les ministères et l’aide aux démunis (humanitaire chrétien)[13],[14]. Pour les églises affiliées, l’offrande permet également de supporter les services de leur confession chrétienne (comme les organisations missionnaires, les hôpitaux, les écoles et les instituts de théologie)[15]. Selon une étude menée en 2014 auprès de 1 605 églises aux États-Unis par Christianity Today, les cinq principales dépenses sont les salaires du personnel (ministres) à 47 %, les ministères et le support (aide humanitaire chrétienne) à 9 %, le lieu de culte (hypothèque ou loyer du bâtiment à 7 %, utilitaires à 7 %, maintenance à 5 %), le support à des missions internationales à 5 % et le support à des missions locales à 4 %[16]. Une étude de 2016 menée par le Leadership Network et le Vanderbloemen Search Group auprès de 1 252 églises aux États-Unis, au Canada, en Afrique du Sud et en Grande-Bretagne, donnait des chiffres semblables[17].

En 1948, l’évangéliste Billy Graham et son équipe d’évangélisation ont établi le Modesto Manifesto, un code d’éthique de vie et de travail pour se protéger des accusations d’abus financiers, sexuels et de pouvoir[18]. Ce code comprend des règles pour la répartition des offrandes reçues dans les églises, le travail uniquement avec des églises favorables à l’évangélisation coopérative, l’usage des estimations officielles des foules lors des évènements en plein air et l’engagement à ne jamais être seul avec une femme autre que son épouse, sauf si une autre personne est présente[19].

Critiques[modifier | modifier le code]

Au XVIe siècle, de nombreux théologiens protestants ont critiqué la vente d’indulgences par l’Église catholique, pour la rémission des péchés[20].

L'offrande a été associée avec la théologie de la prospérité, qui a été répandue par des télévangélistes pentecôtistes et charismatiques[21],[22]. La foi chrétienne est considérée comme un moyen de s’enrichir financièrement et matériellement, par une « confession positive » et une contribution aux ministères chrétiens[23]. Les offrandes et la dîme occupent ainsi beaucoup de temps dans certains cultes[24] ,[25]. Des promesses de guérison divine et de prospérité sont garanties, en échange de certains montants de dons[26],[27],[28]. Certains pasteurs menacent de malédictions, d’attaques du diable et de pauvreté ceux qui ne donnent pas la dîme[29],[30],[31]. Les collectes d’offrandes sont multiples ou séparées dans divers paniers ou enveloppes afin de stimuler les contributions des fidèles[32],[26]. Souvent associée avec la dîme obligatoire, cette doctrine a été comparée à un business religieux[33],[34],[35]. Les pasteurs qui adhérent à la théologie de la prospérité ont été critiqués par des journalistes pour leur style de vie bling-bling (vêtements luxueux, grandes maisons, voitures haut de gamme, avion privé, etc.)[36],[37],[38]. En 2012, dans un document publié sur le sujet, le Conseil national des évangéliques de France a mentionné que la prospérité était bien possible pour un croyant, mais que le matérialisme amène à l’idolâtrie et ce n’était pas le but de l’Évangile[39],[40].

Depuis les années 1970, divers scandales financiers de détournements de fonds ont été rapportés dans des églises et des organisations évangéliques[41]. Le Conseil évangélique pour la responsabilité financière a été fondé en 1979 pour renforcer l’intégrité financière dans les organisations et les églises évangéliques qui désirent volontairement être membres et se soumettre à des vérifications comptables annuelles[42]. Aux États-Unis, des télévangélistes ont demandé des offrandes pour acheter des jets privés[43].

En 2015, l’auteur américain du livre Sunday Morning Stickup a accusé certaines églises chrétiennes d’utiliser des stratégies de culpabilité pour ramasser les offrandes et la dîme des fidèles[44]. Notamment en déformant certains passages de la bible pour rendre obligatoire les contributions, en élevant les grands donateurs et en faisant perdre des avantages à des membres qui ne donneraient pas assez.

Le récit de l’offrande de la veuve est souvent utilisé par certaines églises pour inciter les fidèles à suivre l’exemple de la veuve et à faire de grosses offrandes malgré une situation de précarité[45]. Divers théologiens ont critiqué cette interprétation[46],[44]. Ils mettent en lien ce récit avec la condamnation de Jésus au sujet des chefs religieux qui dévorent les maisons des veuves, dans le verset précédant. Ainsi Jésus n’aurait pas voulu montrer l’exemple d’un généreux donateur, mais plutôt dénoncer un cas d’injustice [47].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Walter A. Elwell, Evangelical Dictionary of Theology, Baker Academic, États-Unis, 2001, p. 46-47
  2. Richard Watson, A Biblical and Theological Dictionary, Carlton & Porter, États-Unis, 1831, p. 835
  3. James Leo Garrett, Systematic Theology, Volume 2, Second Edition, Wipf and Stock Publishers, États-Unis, 2014, p. 410
  4. Frank S. Thielman, Theology of the New Testament, Zondervan Academic, États-Unis, 2011, p. 492
  5. a et b (en) Rodney Reeves, Spirituality According to Paul: Imitating the Apostle of Christ, USA, InterVarsity Press, , p. 158-159.
  6. Frank S. Thielman, Theology of the New Testament, Zondervan Academic, États-Unis, 2011, p. 339
  7. Michael Barnett, Janice Gross Stein, Sacred Aid: Faith and Humanitarianism, Oxford University Press, Royaume-Uni, 2012, p. 67
  8. Mark L. Vincent, Matthew M. Thomas, A Christian View of Money: Celebrating God’s Generosity (4th edition), Wipf and Stock Publishers, États-Unis, 2017, p. 43
  9. Dean R. Hoge, Money Matters: Personal Giving in American Churches, Westminster John Knox Press, USA, 1996, p. 99-100
  10. Vianney de Villaret, Le premier panier connecté pour la quête arrive, fr.aleteia.org, France, 18 janvier 2018
  11. Aaron Earls, The Most Impactful Tech Shift Your Church Can Make, research.lifeway.com, USA, 30 novembre 2021
  12. Ghana News Agency, Asoriba launches church management software, businessghana.com, Ghana, 3 février 2017
  13. Brian Stiller, Evangelicals Around the World: A Global Handbook for the 21st Century, Éditions Thomas Nelson, États-Unis, 2015, p. 128-129
  14. Patton Dodd, Low-Income Communities Are Struggling to Support Churches, theatlantic.com, États-Unis, 7 janvier 2018
  15. Norman Doe, Christian Law: Contemporary Principles, Cambridge University Press, Royaume-Uni, 2013, p. 332
  16. ChurchLawAndTax, How Churches Spend Their Money, churchlawandtax.com, États-Unis, 15 juillet 2014
  17. Mark Woods, The Spiritual DisciplineThat Really Ought To Catch On, christiantoday.com, Royaume-Uni, 06 octobre 2016
  18. Seth Dowland, The “Modesto Manifesto”, christianhistoryinstitute.org, États-Unis, #111, 2014
  19. Yonat Shimron, Billy Graham made sure his integrity was never in question, religionnews.com, États-Unis, 23 février 2018
  20. Frank K. Flinn, Encyclopedia of Catholicism, Infobase Publishing, États-Unis, 2007, p. 530
  21. Kate Bowler, Blessed: A History of the American Prosperity Gospel, OUP États-Unis, États-Unis, 2013, p. 73
  22. Randall Herbert Balmer, Encyclopedia of Evangelicalism: Revised and expanded edition, Baylor University Press, États-Unis, 2004, p. 562
  23. Kate Bowler, Blessed: A History of the American Prosperity Gospel, OUP États-Unis, États-Unis, 2013, p. 59
  24. Serge Alain Koffi, Prolifération des églises évangéliques en Côte d’Ivoire: Le réveil du business spirituel (ENQUÊTE), connectionivoirienne.net, Côte d’Ivoire, 04 avril 2021
  25. (en) John Blake, « How passing the plate becomes the 'Sunday morning stickup' », sur cnn.com, .
  26. a et b Serge Alain Koffi, « Prolifération des églises évangéliques en Côte d’Ivoire: Le réveil du business spirituel (ENQUÊTE) », Connection ivoirienne,‎ (lire en ligne).
  27. Bob Smietana, Prosperity Gospel Taught to 4 in 10 Evangelical Churchgoers, christianitytoday.com, États-Unis, 31 juillet 2018.
  28. Kate Shellnutt, When Tithing Comes With a Money-Back Guarantee, christianitytoday.com, États-Unis, 28 juin 2016
  29. Robert Nussbaum, Un pasteur des Montagnes neuchâteloises a-t-il abusé de la dîme?, arcinfo.ch, Suisse, 17 janvier 2018
  30. Eniola Akinkuotu, You’re under financial curse if you don’t pay tithe – Oyedepo, punchng.com, Nigeria, 18 juillet 2020
  31. Raoul Mbog, « Le juteux business du pasteur évangélique Dieunedort Kamdem », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  32. Yannick Fer, Le système pentecôtiste de gestion de l'argent : Entre illusion subjective et rationalité institutionnelle, Congrès de l'association française de sociologie (AFS), France, 2011, p. 7-8
  33. (en) Laurie Goodstein, « Believers Invest in the Gospel of Getting Rich », New York Times,‎ (lire en ligne).
  34. Jean-Christophe Laurence, Le business religieux, lapresse.ca, Canada, 17 novembre 2010
  35. Trésor Kibangula, « RDC : pasteur, un job en or », Jeune Afrique,‎ (lire en ligne).
  36. Cathleen Falsani, Falsani: Get real, ‘Preachers of L.A.’, ocregister.com, États-Unis, 7 octobre 2013
  37. Trésor Kibangula, RDC : pasteur, un job en or, jeuneafrique.com, France, 06 février 2014
  38. Mfonobong Nsehe, Les pasteurs les plus riches du Nigéria, forbesafrique.com, France, 28 novembre 2015
  39. Henrik Lindell, Théologie de la prospérité : quand Dieu devient un distributeur de miracles, lavie.fr, France, 8 aout 2012
  40. AFP, Le ruineux Evangile des "théologiens de la prospérité", lepoint.fr, France, 26 mars 2013
  41. Michael J. Anthony, Introducing Christian Education: Foundations for the Twenty-first Century, Baker Academic, États-Unis, 2001, p. 284
  42. Randall Herbert Balmer, Encyclopedia of Evangelicalism: Revised and expanded edition, Baylor University Press, États-Unis, 2004, p. 239
  43. Arwa Mahdawi, Jet-set Jesus: televangelist to donate old private jet when he gets new $54m one, theguardian.com, Royaume-Uni, 1er juin 2018
  44. a et b John Blake, How passing the plate becomes the 'Sunday morning stickup', cnn.com, États-Unis, 14 juin 2015
  45. Peter Dula, Cavell, Companionship, and Christian Theology, OUP États-Unis, États-Unis, 2011, p. 25
  46. Wright, Addison G. "The Widow's Mite: Praise or Lament", The Catholic Biblical Quarterly, 44, 1982, p. 256-265
  47. John Blake, How passing the plate becomes the 'Sunday morning stickup', cnn.com, USA, 14 juin 2015

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Dons et offrandes, Jean-Marie Ribay, La Bégude de Mazenc, IMEAF, 2000, 71 p.
  • L’offrande chrétienne, V.S. Azariah, Delachaux et Niestlé, 1958, 99 p.
  • Dieu et mes sous, André Adoul, Guebwiller, LLB, 1983, 151 p.