Nouvelle Mosquée (Mytilène)

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Nouvelle Mosquée
Façade principale de la mosquée depuis le nord-ouest.
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Site archéologique de Grèce (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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La Nouvelle Mosquée (en grec moderne : Γενί Τζαμί ; turc : Yeni Cami) est un monument ottoman situé à Mytilène, dans l'île de Lesbos, en Grèce. Érigée vers 1825, la mosquée est la plus grande et la plus récente de la ville.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le , les troupes ottomanes s'emparent de Mytilène, capitale de l'île de Lesbos[1]. Au XIXe siècle, la ville connaît une période de prospérité qui se traduit par un développement urbain important[2]. En 1825-1826[3], le gouverneur local Kulaksızzade Mustafa Ağa[note 1] commandite une nouvelle mosquée dans le quartier du bazar, actuellement appelé Epáno Skála, à environ 50 mètres des bains situés plus à l'ouest et construits quelques années auparavant. Une école coranique, fondée par Hadji Muhammed Ağa, le manoir du mufti Halim Pacha et un cimetière ottoman complètent le complexe de la mosquée au nord et à l'est[4],[6],[7]. Il est probable que le monument soit érigé à l'emplacement d'une précédente mosquée ottomane[5], à proximité des vestiges d'un pont romain en marbre[8].

À la suite de l'échange de population en 1923, le lieu accueille la population musulmane rurale de l'île réfugiée à Mytilène[6]. La mosquée est cependant laissée peu à peu à l'abandon après l'exil de la majorité des Turcs[9]. Le minaret s'effondre durant l'hiver 1937[10]. La dégradation du monument est accélérée à partir de 1951, date à laquelle le dôme s'effondre à son tour[11].

La Nouvelle Mosquée est classée monument historique à partir de 1956[11],[note 2]. Il faut cependant attendre 1979 pour qu'un projet de sauvetage et de restauration conduit par la municipalité de Mytilène voit le jour sous l'égide de l'architecte Konstantínos Mylonás. Les travaux ne débutent finalement que près de 20 ans plus tard[11] sous la supervision de la 14e Éphorie des antiquités byzantines[4].

Architecture[modifier | modifier le code]

La Nouvelle Mosquée de Mytilène est située au croisement des rues Ermoú et Agramitíou. La grande salle de prière mesure 17,30 × 16,70 m, l'édifice ayant une longueur totale de 22 m en ajoutant le porche de 8 m de haut à cinq arches en façade et huit colonnes en marbre[12],[13]. Seule la moitié du minaret qui s'élevait à environ 30 m est conservée à l'angle nord-ouest de l'édifice[10]. Sa base carrée préservée est constituée de pierre d'Ayvalık. Dans l'angle nord-est, un escalier extérieur de 25 marches permettait aux femmes d'accéder à la galerie intérieure en bois qui surplombait un vestibule. Mesurant 5 m de large, ce dernier est rythmé par des piliers de 2 m de haut et cinq coupoles[12],[14]. Le toit en tuiles à 12 m de haut aujourd'hui disparu était surmonté en son centre d'un dôme composé de bois, de mortier de chaux, d'armatures métalliques et recouvert de plomb, une architecture unique dans les Balkans[15].

L'intérieur de la salle de prière était orné de riches décorations peintes à dominante vertes[16], dans un style architectural général mêlant influences ottomanes et byzantines[4]. Quatre piliers centraux sont reliés par des arcs à deux colonnes engagées dans chaque angle, le tout cintré par des armatures de fer, formant ainsi la structure principale des parties sommitales de la pièce[17]. Le mihrab polychrome de près de 6 m de hauteur est préservé au centre du mur méridional[18].

L'édifice présentait deux entrées donnant sur la cour nord. À l'ouest, une grille encadrée de piliers en pierre d'Ayvalık constituait l'entrée principale depuis le bazar (actuelle rue Ermoú), tandis qu'à l'est se trouvait une entrée secondaire privilégiée par les femmes[10]. Depuis chaque côté, sept marches en marbre permettaient de rejoindre le niveau du porche dallé de marbre[13].

Galerie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Parfois hellénisé en Mustafa Aga Koulaxizis dans certaines sources[4],[5].
  2. Le classement initial du est modifié plusieurs fois, en 1962, 1984 et 1998[6].

Références[modifier | modifier le code]

  1. María Koumarianoú 1999, p. 114.
  2. María Koumarianoú 1999, p. 116.
  3. Ahmed Ameen 2017, p. 28.
  4. a b c et d (el) Athiná-Christína Loúpou, « Γενί Τζαμί Μυτιλήνης » [« Nouvelle Mosquée de Mytilène »], sur www.odysseus.culture.gr, Ministère de la Culture et des Sports (consulté le ).
  5. a et b Athiná-Christína Loúpou 2008, p. 338.
  6. a b et c Neval Konuk 2008, p. 76–77.
  7. (ar) Ahmed Ameen, « المدارس الوقفية في اليونان خالل العصر العثماني"دراسة آثارية وثائقية ومعمارية" » [« Les écoles coraniques fondées en Grèce à l'époque ottomane : une étude archéologique, documentaire et architecturale »], مجلة العمارة والفنون والعلوم االنسانية - المجلد السادس - العدد الخامس والعشرون, Journal of Architecture, Arts and Humanistic Sciences, vol. 6, no 25,‎ , p. 566–597 (ISSN 2356-9654, lire en ligne, consulté le ), p. 592.
  8. (en) Hugh J. Mason, « Hunter's dedication: Longus and Lesbos », dans Kathryn Chew, J.R. Morgan et Stephen Trzaskoma, Literary Currents and Romantic Forms: Essays in Memory of Bryan Reardon, Barkhuis, (ISBN 978-94-92444-87-5, lire en ligne), p. 137–147, p. 137.
  9. María Koumarianoú 1999, p. 126.
  10. a b et c María Koumariánoú 1999, p. 124.
  11. a b et c María Koumariánoú 1999, p. 126.
  12. a et b María Koumariánoú 1999, p. 123 et 124.
  13. a et b Panagiótis Baláskas et Elpída Nikolaḯdou 2017, p. 30.
  14. Panagiótis Baláskas et Elpída Nikolaḯdou 2017, p. 29 et 31.
  15. María Koumariánoú 1999, p. 123 et 126.
  16. María Koumariánoú 1999, p. 123.
  17. Panagiótis Baláskas et Elpída Nikolaḯdou 2017, p. 32.
  18. Panagiótis Baláskas et Elpída Nikolaḯdou 2017, p. 33.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) María Koumarianoú, « Mosques within a process of ottomanization in the city of Mytilene – Greece », dans Muḥammad ibn ʻAbd Allāh Ibn Ṣāliḥ (dir.) et al., Proceedings of Symposium on Mosque Architecture : The Historic and Urban Developments of Mosque Architecture, vol. 2B, Riyad, Université du Roi-Saoud, , 206 p. (lire en ligne), p. 113–129. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Ahmed Ameen, Islamic architecture in Greece: Mosques, Alexandrie, Center for Islamic Civilization studies, Bibliotheca Alexandrina, , 271 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Neval Konuk, Ottoman architecture in Lesvos, Rhodes, Chios and Kos islands, Ankara, The Center for Strategic Research, , 237 p. (ISBN 978-9757307693, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (el) Athiná-Christína Loúpou, « Γενί Τζαμί », dans Érsi Broúskari (dir.) et al., Η οθωμανική αρχιτεκτονική στην Ελλάδα [« L'architecture ottomane en Grèce »], Athènes, Ministère de la Culture et des Sports,‎ , 494 p. (ISBN 9789602147931), p. 338–339. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (el) Panagiótis Baláskas et Elpída Nikolaḯdou, Η χρήση της φωτογραφίας ως κύριο αφηγηματικό μέσο σε μουσεία και εκθέσεις: το παράδειγμα του γενί τζαμιού [« L'utilisation de la photographie comme support narratif principal dans les musées et les expositions : l'exemple de la Nouvelle Mosquée »] (mémoire de licence de l'université de l'Égée),‎ , 84 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (el) Panagiótis Samáras, Μουσουλμανικά τεμένη και ευκτήρια της Μυτιλήνης στα χρόνια της Τουρκοκρατίας [« Mosquées et salles de prières musulmanes de Mytilène sous la domination ottomane »], Athènes, Α. Tsakíris,‎ .
  • (el) Elefthería Zográfou, Από τζαμιά, μνημεία : τα οθωμανικά τεμένη ως "εθνική κληρονομιά". Η περίπτωση του Γενί Τζαμί της Μυτιλήνης [« Des mosquées aux monuments : les mosquées ottomanes comme « patrimoine national ». Le cas de la Nouvelle Mosquée de Mytilène »] (mémoire de master de l'université de l'Égée),‎ , 226 p.

Articles connexes[modifier | modifier le code]