Montagut (marque)

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Maison Montagut
logo de Montagut (marque)

Création 1880 (activité),1935 (dépôt de marque)
Dates clés 1880, 1925, 1935, 1963, 1979
Fondateurs George Tinland
Personnages clés Léo Gros
Forme juridique Société par action simplifiée
Slogan Maille fine depuis 1880
Siège social paris 75006
Drapeau de la France France
Direction Pierre Gros
Actionnaires Famille Gros
Activité Activités spécialisées de design
Produits vêtements, chaussures, maroquinerie, bagagerie, lunettes, montres, ceintures
Société mère Bonneterie Cevenole
SIREN 812 621 563
Site web montagut.com

Chiffre d'affaires comptes non disponibles

Montagut est une marque française de prêt à porter déposée en 1935 mais issue d'une activité industrielle datant du XIXe siècle. Elle était spécialisée dans les produits à base de soie, notamment les bas de soie, jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. À la suite de la pénurie de soie et des difficultés rencontrées dans ce secteur après guerre, la marque se réorienta progressivement vers les produits en maille, pullovers ou polos. Elle développa dans les années 1960 une nouvelle matière, le Fil Lumière, qui rencontra un vif succès. La marque reste spécialisée dans la maille fine, mais commercialise une gamme complète de vêtements, du tee-shirt au manteau.

Histoire de Montagut[modifier | modifier le code]

Du moulinage à la bonneterie cévenole : les origines de la marque[modifier | modifier le code]

Fondée en 1880 par Adolphe Tinland[1], jeune industriel soucieux de faire profiter de l'essor industriel son Ardèche natale, Montagut était à l'origine un atelier de moulinage de la soie actionné par la force motrice de l'Auzène, sous-affluent du Rhône par l'Eyrieux passant sur la commune de Saint-Sauveur-de-Montagut. Cette première entreprise ayant tout naturellement comme nom Atelier de moulinage de l'Auzène.

L'Atelier de moulinage de l'Auzène sera transmis à Gaston, fils aîné d'Adolphe, qui réussira à développer et industrialiser l'activité, en créant notamment en 1925 un atelier de tricotage et de confection de bas utilisant des machines actionnées par l'électricité occupant une cinquantaine d'ouvrières. En 1929, George Tinland fils de Gaston et hériter de ses affaires quitte Saint-Sauveur de Montagut pour s'installer à Valence et créer la société Bonneterie Cévenole. Une deuxième usine est construite à Granges-lès-Valence (siège actuel du groupe) sous cette nouvelle société pour accroître la production de bas de soie.

Ce n'est qu'en 1935 que le nom de Montagut apparaîtra officiellement, et que la marque sera déposée par la Bonneterie Cévenole, en référence à son origine géographique, pour la commercialisation de bas de soie. En 1939, une nouvelle usine de confection est créée à Nîmes, et en 1943 débute la commercialisation de lingerie sous la marque Montagut.

L'union de deux familles[modifier | modifier le code]

C'est la famille Tinland qui est à l'origine de la marque Montagut. Mais c'est son union avec la famille Gros qui va lui permettre de se développer à l'international. Fernand Gros, père de Léo Gros, origine de Cazilhac (Hérault), décide vers 1927 de se lancer dans la teinture de bas, et construit rapidement une véritable usine de teinturerie à Ganges, ville de soyeux. En 1930, la crise financière arrive avec le manque d’argent. Fernand emmène son fils Léo (qui a 9 ans) vendre les bas sur les marchés car[pas clair] les clients ne le payent plus qu’en nature et ainsi il survit à la crise et initie le futur entrepreneur Léo au commerce.

Après des études d'ingénieur, Léo Gros retourne à Ganges pour reprendre la teinturerie Gros et rentre ainsi en contact avec la Bonneterie Cévenole et Georges Tinland qui est un de ses clients. Il mettra en relations Georges Tinland avec son ami et ancien collègue André Hyenne, ingénieur de Centrale[Quoi ?] qui deviendra le directeur technique de la Bonneterie Cévenole et le restera jusqu'à sa retraite (1978). André Hyenne sera à l'origine du procédé de fabrication des polos en Fil Lumière qui ont fait la gloire de la marque pendant une quarantaine d'années entre 1963 et 2004.

À partir de 1949, la Teinturerie GROS connaît quelques problèmes de trésorerie, tout comme la Bonneterie cévenole. Léo Gros fait la tournée des banques et réussit à obtenir les financements qui sauveront les deux entreprises. Il s’éprend de Françoise, la deuxième fille de Georges Tinland. Ce dernier décide alors (1950) de donner les actions et la direction de Bonneterie Cévenole à son futur gendre qui n'a alors que 29 ans. Le mariage de Léo Gros avec Françoise Tinland interviendra deux ans plus tard (1952). Léo Gros est maintenant seul à la tête d'un groupe de bonneterie, et prêt à lancer un développement international de la marque.

Mais la teinturerie Gros ne survivra que quelques années. Vers la fin des années 1960, la région de Ganges voit disparaître les unes après les autres ses fabriques de bas à cause de la concurrence de l'Italie notamment, et des métiers circulaires. La teinturerie fermera vers 1969.

La lingerie Montagut et Valisere dans les années 1950[modifier | modifier le code]

Léo Gros et son ami André Hyenne s’associent tout d’abord avec une entreprise de Lingerie Valisere pour développer des synergies, mais vers 1959, il devient évident que la Bonneterie Cévenole ne pourra pas survivre si elle continue à tricoter de la lingerie, tant le parc de métiers rectilignes dont dispose l’entreprise n’est pas compétitif par rapport à la nouvelle génération de métiers circulaires[2].

Vers 1959, Léo Gros et son épouse font leur premier voyage aux États-Unis à bord du paquebot Normandie. Ils visiteront les tricotages de Caroline du Sud ainsi que l’usine TMW (Textile Machine Works) de Reading[3] en Pennsylvanie. Là, ils découvriront des métiers de seize et de vingt têtes qui permettent un tricotage avec augmentation et diminution, et en grandes séries. Léo Gros sait qu’il va devoir choisir entre s’équiper de métiers circulaires pour rester compétitif dans la lingerie, ou bien privilégier le savoir-faire en tricotage rectiligne et investir dans la fabrication de pullovers. C'est cette dernière option qui est prise, et de gros investissements sont faits dès 1960 en « métiers cotton » de la marque américaine Reading. Il s’agit d’une option risquée car elle requiert de changer totalement la gamme de produits vendus sous la marque Montagut. Ainsi, de gros investissements seront programmés dès 1960 et la fabrication de tricots démarre avec les machines Reading, métiers impressionnants de plus de 20 tonnes et de 20 mètres de long qui sont installés dans les bâtiments de Guilherand-Granges à partir de 1962. C’est aussi en 1962 que la famille de Léo Gros quitte sa maison de La Cadière et s’installe à Granges-les Valence dans une maison attenante à la Bonneterie Cévenole.

Les tricots Montagut après 1960 ; l'invention du Fil Lumière[modifier | modifier le code]

La bonneterie Cévenole est équipée depuis 1962 de métier Reading américains très productifs, et crée à des prix abordables des collections pour homme et pour femme de pull-overs en laine, crylor (un mélange de laine et d’acrylique) et mélanges de laine et de soie. Léo Gros (fils de teinturier) doit impérativement rentabiliser leurs métiers en faisant de grandes séries de chaque taille et c’est ainsi que lui vient l’idée de teindre les articles déjà tricotés en écru (couleur naturelle de la laine). La Bonneterie Cévenole crée une teinturerie.

La fermeture de nombreux moulinages et la pénurie de soie, et l’expérience passée de la teinture des bas en Nylon font germer l’idée de créer un article qui ait toutes les qualités esthétiques et le toucher de la soie, mais qui soit aussi durable et facile d’entretien que le Nylon. Pour cela, il faut réussir à créer une fil texturé environ dix fois plus épais que ce qui est utilisé pour la fabrication des bas. Aucune filature ne propose ce produit et Léo Gros demande alors à André Hyenne de créer sa propre unité de texturation et de mettre au point un fil spécial. De nombreuses difficultés sont à résoudre. André Hyenne réussit à créer le Fil Lumière, conduisant la Bonneterie Cévenole à s’équiper de son propre moulinage-texturation. Les premiers polos en Fil Lumière sont commercialisés en France.

Succès du Fil Lumière et diversification[modifier | modifier le code]

Léo Gros se lance dès 1964 dans des voyages pour développer l'exportation. Le politique commerciale du groupe est alors d'augmenter le volume de ventes en proposant des prix raisonnables, et de faire avant tout connaître la marque et le Fil Lumière à l'étranger.

Si le Fil Lumière connaît un succès à l'exportation après 1968, il commence à passer de mode en France et les ventes déclinent. L'appétence pour les matières naturelles crée de nouveaux besoins. L'entreprise développe alors la technique de la teinture en pièces pour d'autres matières que le Fil Lumière : le lambswool, l'angora, la pure laine vierge, le cachemire et la soie.

Percée en Chine : les années 1980 et 1990[modifier | modifier le code]

L'échec de l'implantation au Viêt Nam a donc conduit Montagut aux portes de la Chine dans les années 1970, sur l'île de Hong Kong, toujours sous domination anglaise et alors en plein boom économique et démographique. À la fin des années 1970, la Chine de Deng Xiaoping commence un processus d'ouverture progressive sur le monde qui va faire d'elle la seconde économie mondiale en moins de trente ans. Pierre Gros, fils de Léo Gros rejoint la Bonneterie Cévenole et décide de créer en Asie une entité indépendante pour Montagut : Montagut Far East. Sous son impulsion, c'est l'accélération de la renommée mondiale de la marque française, qui va s'implanter définitivement en Chine et dans toute l'Asie. La stratégie de la marque consiste désormais à privilégier constamment la qualité des produits et la recherche de raffinement, conduisant à une montée en gamme progressive qui ne s'est plus démentie depuis. Montagut met ainsi à profit le savoir-faire important acquis depuis les années 1960 dans le tricotage fully fashioned de toutes les matières naturelles dont la laine, le coton, la soie, ou le cachemire.

En 1979 très peu de marques étrangères sont vendues en Chine. Aucune société étrangère n'a le droit de commercialiser directement ses produits en Chine continentale, et c'est donc par l'intermédiaire de marchands hong-kongais que Montagut peut espérer se faire connaître des chinois. Une fois de plus, c'est le polo en Fil Lumière qui va permettre à la marque de vêtements française de se distinguer. En effet ce produit synthétique possède certaines caractéristiques adaptées à un pays chaud et humide comme la Chine : il évacue presque instantanément l'eau ou la transpiration, reste lisse en toute circonstance sans avoir besoin de repassage, et surtout ne s’abîme presque pas avec les années. Mais le succès du Fil Lumière dans les années 1990[4][source insuffisante] est également dû au fait que ce produit est perçu comme un signe de prestige et de réussite, cadeau luxueux idéal entre dignitaires ou notables.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Adolphe Tinland avait lui-même hérité de son frère Casimir et de sa mère Anne Rey de deux moulinages situés au "Bouix" et au "Sablas" , non loin de Saint-Sauveur de Montagut. L'origine de Montagut en ce qui concerne l'activité de moulinage est donc encore bien antérieure à 1880. Adolphe et Casimir Tinland étaient les fils de Jacques Tinland, médaillé de Sainte-Hélène (il avait combattu 3 ans comme soldat au premier régiment de carabiniers aux côtés de Napoléon) et maire de Saint-Sauveur de Montagut
  2. Note : les métiers circulaires sont à l'origine du développement industriel des bas sans couture puis de collant.
  3. Note : Reading est un fabricant américain connu de nos jours pour avoir fabriqué les métiers à tisser permettant de produire les bas avec couture ou fully fashioned (en).
  4. D'après la direction de Montagut Far East, plusieurs centaines de milliers de polos en Fil Lumière ont été vendus chaque année dans les années 1990 et 2000[réf. souhaitée].

Liens externes[modifier | modifier le code]