Maurice Heine

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Maurice Heine
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Maurice Heine est un écrivain et éditeur français né le à Paris et mort à Vernouillet (Yvelines) le .

Vie et œuvre[modifier | modifier le code]

Maurice-Henri Meyer-Heine est né le , à Paris (9e arrt.). Son père est Stéphane Meyer-Heine, sa mère Pauline Rombi. Sa famille est d'origine juive mais non-pratiquante, apparentée aux banquiers Georges et Michel Heine[2], et plus lointainement au poète allemand Heinrich Heine.

Sa famille s'opposant à sa vocation littéraire, Maurice Heine fait des études de médecine. Il pratique six ans comme externe des hôpitaux de Paris. Mais, après la mort de ses parents, il part en Algérie, d'où il écrit divers reportages pour les journaux Gil Blas et L'Intransigeant. Il devient alors rédacteur de La France islamique.

De retour à Paris en 1916, tout en poursuivant sa carrière de journaliste, il se consacre surtout à la littérature et à l'édition, devenant notamment le rédacteur d'une rubrique de livres de bibliophilie dans La Vie de Marius Leblond, puis, en 1928, le collaborateur de l'éditeur d'art Ambroise Vollard.

Entré au Parti socialiste SFIO en 1919, il est l'auteur d'une motion d'ultra-gauche au congrès de Tours de 1920 qui voit la création du Parti communiste et qu'il anime notamment avec Adrien Lavergne (futur secrétaire général de la FEN après la Libération), mais sa collaboration à L'Humanité est interrompue en 1922 sur l'ordre de Moscou. L'année suivante, il est exclu du parti. Le , au Congrès fédéral siégeant à la Bellevilloise, alors qu'on lui refuse la parole, en protestation, il tire neuf coups de révolver en l'air[2].

Heine collabore ensuite à plusieurs revues littéraires et scientifiques, notamment La Nouvelle Revue française, Minotaure, Hippocrate, participe aux publications surréalistes et fait également partie, aux côtés de Georges Bataille, du groupe Contre-Attaque.

Outre deux recueils de poésie d'inspiration parnassienne, La Mort posthume (1917) et Pénombre (1919), il est notamment l'auteur de L'Islam sous la cendre (1918), de diverses études sur la société et les mœurs du XVIIIe siècle, d'un roman intitulé Luce. Les Mémoires d'un veuf et d'un important Recueil de confessions et observations psycho-sexuelles tirées de la littérature médicale (1926) qui retrace les différentes théories de la psychopathologie sexuelle.

Ses papiers sont au département des manuscrits de la Bibliothèque Nationale de France, rue Richelieu à Paris[3].

La redécouverte de Sade[modifier | modifier le code]

Maurice Heine est aussi, et surtout, le redécouvreur et l'éditeur du marquis de Sade. Poursuivant en cela l'initiative de Guillaume Apollinaire et devançant l'énorme travail de Gilbert Lely, il est le premier à revendiquer pour Sade sa véritable place parmi les écrivains français. Avec un souci de la perfection, une rigueur et une probité historiques saluées par Lely, il entreprend pendant de nombreuses années un immense travail de mise au jour des archives, notamment juridiques, et manuscrits, transcrivant ceux-ci, comme le fameux rouleau à l'écriture microscopique des Cent Vingt Journées de Sodome. Son entreprise d'édition critique de ces textes part du principe qu'« un texte du marquis de Sade devait être traité avec le même respect qu'un texte de Pascal ».

Outre ses articles et préfaces sur le « divin marquis », ce travail aboutit à la publication, inachevée, d'une Vie de Sade, de Morceaux choisis et à l'exhumation des Historiettes, Contes et Fabliaux (1926), du Dialogue entre un prêtre et un moribond (1926), des Infortunes de la vertu (1930) et des Cent Vingt Journées de Sodome (1931-1935).

Comme l'écrit Gilbert Lely, qui fut son ami,

« ses quinze études sur Sade sont écrites avec un raffinement dans l'exactitude et la concision qui n'a d'égal chez nul autre érudit, et il a su y exprimer de façon définitive un bon nombre d'idées essentielles, qui demeurent la base de toute approche critique de l'auteur de Juliette[4]. »

Publications[modifier | modifier le code]

Articles de revues[modifier | modifier le code]

  • « Correspondance inédite du marquis de Sade, publiée par Paul Bourdin », Nouvelle Revue Française, Vol. 35, , p. 269.
  • « Actualité de Sade. Lettre ouverte à M. Abel Hermant », Le Surréalisme au Service de la Révolution, no. 2 , p. 3.
  • « Lettre ouverte à Luis Buñuel », Le Surréalisme au Service de la Révolution, no. 3, décembre 1931, p. 12.
  • « Actualité de Sade (De Justine à La Nouvelle Justine à travers les petites feuilles inédites) », Le Surréalisme au Service de la Révolution, no. 5, , p. 4.
  • « The blood of the martyrs », in Verve, Vol. 1(1), , p. 30.
  • « Le vrai visage de Rétif de la Bretonne, par A. Tabarant », Nouvelle Revue Française, Vol. 51, , p. 850.
  • « Les Enfants du limon, par Raymond Queneau », Nouvelle Revue Française, Vol. 52, , p. 519.

Livres[modifier | modifier le code]

  • La mort posthume (Fouilles d'Antinoe), recueil de poésie, Paris, J. Meynial, 1917.
  • L'Islam sous la cendre, 1918.
  • Pénombre, recueil de poésie, 1919.
  • Recueil de confessions et observations psycho-sexuelles tirées de la littérature médicale, Paris, J. Crès, 1936 (réédition Paris, La Musardine, 2000).
  • Le Marquis de Sade (essais et études réunis et préfacés par Gilbert Lely), Paris, Gallimard, 1950 (publication posthume).
  • Luce. Les Mémoires d'un veuf, roman, Paris, Éditions de la Différence, 1999 (publication posthume - réédition 2013).
  • Un monde mouvant et sans limites. Tableau de l'amour macabre, premiers poèmes et autres écrits, présentés et annotés par Georges-Henri Morin, Saint-Loup-de-Naud, Éditions du Sandre, 2021.

Œuvres inédites[modifier | modifier le code]

(décrites dans le catalogue des manuscrits de la BNF)

1. Poésie:

  • Des églantines s'effeuillent.
  • Musée.
  • Clairvoyance.
  • Odeurs.
  • Chant royal.
  • Centuries d'Hadj Omar al Waquiqu (traduction?)

2. Romans et essais:

  • Les Erreurs sentimentales.
  • Homunculus.
  • Les Musagètes.
  • Le Dernier palais.
  • La Confession de Narcisse.
  • Contes lyriques.
  • Contes cyniques.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « https://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc41675 » (consulté le )
  2. a et b Henri Dubief, « Contribution à l'histoire de l'ultra gauche: Maurice Heine », in : Mélanges d'histoire offerts à Jean Maitron, Paris, Éditions ouvrières, 1976, p. 87-93.
  3. Catalogués ici, ici et ici.
  4. Gilbert Lely, « Appendice - Maurice Heine », in Vie du marquis de Sade, J.-J.Pauvert aux éditions Garnier, 1982, p. 684.

Annexes[modifier | modifier le code]