Mandingues

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Mandingues
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Enfants mandingues à Kédougou (Sénégal)

Populations importantes par région
Population totale 10 à 20 millions
Autres
Langues Mandingue
Religions religions traditionnelles, komo islam, christianisme
Ethnies liées Peuls, Wolof, Sénoufo, Sonrhaïs
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Carte de répartition

Les Mandingues[1] sont un peuple d'Afrique de l'Ouest faisant partie des peuples Mandés.

Ils sont connus sous d'autres dénominations telles que les Bambaras et les Malinkés au Mali, les Dioulas en Côte d'Ivoire et au Burkina Faso et les Malinkés en Guinée, au Sénégal et en Gambie.

S'ils parlent des langues apparentées et forment un groupe linguistique, ils manifestent des cultures et des traditions sensiblement différentes[1].

Histoire

Mandingue du Bambouk (1846)
Mandingue de la rive droite du haut Niger (1890)

Le Mandé, au sud du Mali, est considéré comme le pays d'origine des peuples Mandés, composés de nombreux groupes ethniques, notamment les Mandingues, les Soninkés, les Vaïs, les Koniankés , les Konos, les Soussous, les Dialonkés, les Mendés, les Kpellés, les Bobo, les Samoghos, les Dan également appelé les Yacouba, les Samos et les Bissas[2].

Les Soninkés établissent l'Empire du Ghana à partir du IIIe siècle[3]. Entre le XIe et le XIIe siècle, le clan des Keita unifie les peuplades mandingues, puis au début du XIIIe siècle, les Mandingues construisent l'Empire du Mali, sous la direction de Soundiata Keïta qui les libère de la domination du Royaume de Sosso de Soumangoro Kanté et proclame la Charte du Manden. Les Mandingues ont constitué de nombreux royaumes qui ont perduré jusqu'à la fin du XIXe siècle et le début de la colonisation européenne, dont les plus connus sont :

Religions

À l'origine les Mandingues pratiquaient tous la religion traditionnelle. Entre le VIIIe et Xe siècles, les Soninkés sont les premiers Mandingues à se tourner vers l'islam, en particulier ceux de la noblesse de l'Empire du Ghana. Ce sont les commerçants Arabo-Berbères venus du nord, qui apportèrent l'islam chez eux. Durant l'Empire du Mali, Soundiata Keïta se convertit à l'islam, entraînant ainsi la conversion de nombreux groupes mandingues. Mais l'islam restait encore la religion des nobles. Avec l'islam naîtront des communautés mandingues maraboutiques en particulier les Dyula et les Diakhankés. Cependant la religion traditionnelle d'origine reste bien plus pratiquée, par la majorité des Mandingues, jusqu'au XIXe siècle. Aujourd’hui la quasi-totalité des Mandingues sont musulmans, mais selon les divers groupes, les rites et les croyances traditionnelles ont plus ou moins été conservés.

Kankourang chez les Mandingues de Haute-Casamance

Dans la religion traditionnelle mandingue, Dieu est appelé Maa Ngala. Dans la religion traditionnelle, Dieu étant trop élevé pour l'invoquer directement, les ancêtres et les esprits sont les entités auxquels les prières sont adressées ; ils constituent les intermédiaires entre dieu et les hommes. Dieu est présent dans la totalité de la création.

Chez les Mandingues, les Komotigui sont les hommes ou femmes ayant atteint les plus hauts niveaux de la connaissance spirituelle. Pour devenir Komotigui, l'initiation est une condition sine qua non. Selon les différents groupes initiatiques, comme celle du Komo ou du Nama, la durée de l'initiation est plus ou moins longue. En général il s'agit d'un cycle de sept fois sept ans, puis d'un nouveau cycle de même durée.

Pour bénéficier des bienfaits de la création, le respect des interdits, l'hommage à Maa Ngala sont nécessaires. Prières, offrandes aux entités intermédiaires (ancêtres et esprits), individuellement, en famille, ou lors des différentes cérémonies religieuses, sont les actes qui ponctuent la vie spirituelle mandingue. L'homme n'est pas considéré en tant que tel s’il n'est pas passé par le rite de la circoncision. Dans la spiritualité traditionnelle, il n'y a pas de séparation entre la spiritualité et le profane, tout est régi selon les lois spirituelles, de la naissance qu'à la mort, où l'âme de l'être ayant été exemplaire sur terre rejoint le monde de Dieu et des ancêtres. Chaque famille est reliée à un animal totem, chose qui entre dans le cadre du respect aux êtres, créatures de Dieu possédant la parcelle divine. C'est selon les classes d'âge Ton, que l'on apprend les divers aspects de la vie et les règles de vie, toujours selon les règles spirituelles, afin d'être un individu accompli dans la société.

Répartition

Le pays mandingue sur une carte de 1900

Le groupe mandingue regroupe une vingtaine de sous-groupes dialectaux de la langue mandingue classées en deux grands groupes :

Les Malinkés de Côte d'Ivoire et du Burkina Faso sont aussi appelés Dioulas, ce qui veut dire « commerçant » en mandingue. Les Malinkés sont également présents en Sierra Leone et au Libéria, mais ils y sont peu nombreux.

Les Malinkés de l'est du Sénégal sont les Diakhankés. Ils sont installés dans le territoire actuel du Sénégal depuis plusieurs siècles. Au Sénégal, les Mandingues sont appelés Sossés par les Wolofs et les Sérères. Les Jalonkés sont présents en Guinée, en Sierra Leone et au sud du Sénégal.

Les Malinkés et les Bambaras parlent la même langue, mais certains mots diffèrent. Leurs chasseurs sont appelés les Dozos.

Langues

La langue mandingue fait partie des langues mandées parlées par plus de dix millions de personnes réparties dans une quinzaine d'États d'Afrique de l'Ouest.

Littérature orale

Dans les sociétés mandingues, une grande part de la culture s'est constituée, diffusée et transmise sans recours à l'écrit, par le biais de la tradition orale. Il en a résulté une littérature orale comprenant de nombreux genres différents. On y trouve des épopées de divers types, certaines semi-historiques comme l'épopée de Soundiata. Certains longs récits sont de véritables romans d'amour comme celui de Lansinet et Soumba[4],[5].

Organisation sociale

Traditionnellement il s'agit d'une société :

  • de castes comprenant les nobles, les hommes de caste (les griots, les forgerons, les cordonniers) et les captifs ;
  • de clans se définissant par un patronyme, un ancêtre, une devise et un interdit.

Patronymes

Jali Fily Sissokho, un joueur de kora mandingue

Les patronymes mandingues courants sont : Bagayoko, Bakayoko, Bamba, Bathily, Bayo, Berthé, Camara, Cissé, Cissokho, Condé, Coté, Coulibaly, Danfa, Dansohko, Darry, Dembélé, Diaby, Dicko, Diakho, Diaouné, Diarra, Diawara, Diomandè, Djitté, Doucouré, Doumbia, Doumbouya, Dramé, Fadiga, Fatty, Fofana, Gakou, Gassama, Gnabaly, Guirassy, Ira, Kaba, Kamissoko, Kanté, Kébé, Keïta, Koita, Konaté, Koné, Konté, Koté, Mansaré, Magassa, Mandiang, Mané, Maréga, Minté, Meité, Ouattara, Sakho, Samaté, Sané, Sangaré, Sano, Sanogo, Samassa, Sawané, Sy-Savané, Sidibé, Sima, Sissoko, Souané, Souaré, Soumah, Soumaré, Sylla,Tandia ou Tandian, Timité, Touré, Traoré, Youla, Yattara, Yra... Il en existe encore plus d'une trentaine.

On retrouve ces patronymes chez toutes les communautés formées par les Mandingues qu'ils soient francophones, anglophones ou lusophones. L'écriture des patronymes va toutefois changer selon les pays : par exemple, le nom Cissé est écrit tel quel dans le monde francophone, mais en Gambie (anglophone), il est écrit Ceesay ou Sesay. Il en va de même pour de nombreux autres patronymes, comme Diaby (Jabbi en Gambie), Souané (Suwanneh)...

Certaines communautés déforment progressivement les noms de famille, et en conséquence, certains patronymes se voient ainsi être simplifiés ou prononcés d'une autre manière : Sanogo ou encore Bakayoko deviennent ainsi Diaité (ou Jaiteh), Sano (Sanoe), et Bayo (Baryoh). Cette forme simplifiée est notamment utilisée par les mandingues du Sénégal, de Guinée et de Gambie.

Quelques autres patronymes moins courants sont néanmoins portés par des descendants de chefs : Aïdara en Côte d'Ivoire notamment (Malinkés) et au Sénégal ; le nom Aïdara est d'origine maure.

Les classes maraboutiques, appelées Maninka Mori et Mandé Mori (« marabout du Mandé »), portent en général les noms suivants : Kaba, Touré, Cissé, Doukouré, Dramé, Dabo, Diané, Berété (équivalent de Souané au Sénégal), Sakho, Sylla. Ils sont tous issus des Soninkés.

Les Griots, appelés Dyeli, portent souvent les noms : Cissokho, Kouyaté, Diabaté, Kamissoko, Soumano. Cependant ces patronymes se retrouvent souvent au travers de nombreuses castes.

Les Soussous Soumahoro en venant en Guinée ont pris Soumah pour garder le lien familial avec Soumahoro Kanté leurs ancêtres et ceux qui sont Koniankés ont conservé Soumaoro.

Les individus de la caste des Nyamakhala (artisans), plus particulièrement les forgerons, portent les noms : Kanté, Diankha, Fané.

Les nobles Horo, portent en majorité les noms : Aïdara, Doumbia, Fakoly, Kaba, Camara, Condé, Cissé,Doucouré, Keïta, Koita, Konaté, Diarra, Fofana, Bathily, Sissoko, Traoré, Sokhna, Camara, Bakayokho, Sinayoko, Kébé, Dramé, Sylla, Diagouraga, Minté, Soumaré, Souané (équivalent de Berété au Mali).

La fréquence des noms, par rapport aux castes, ne peut pas réellement indiquer l'origine de ceux-ci, car chaque patronyme peut se retrouver dans toutes les couches sociales.

De nombreuses familles appartenant aux ethnies voisines ont intégré au fil des siècles le monde Mandingue, et vice-versa. C'est ainsi que l'on peut remarquer des familles Mandingues portant des patronymes d'origine Wolof (Ndiaye, Diop, …), Peul (Diallo, Sangaré, Sidibé, etc.), ou Mossi (Ouédraogo).

Sanankouya

Le sanankouya ou sounangouya est un système de cousinage, une forme « d'alliance » qui jouait le rôle de « pacte de non agression » entre les composantes de l'Empire du Mali sous Soundiata Keïta. Tous les clans Mandingues étaient concernés par cette alliance dont l'origine part de la vallée du Nil et s'étendait à tous les royaumes de l'Empire du Mali, sous le règne de Soundiata Keïta. Le vrai but de ce pacte était d'éviter les affrontements, conflits, les guerres et aussi de calmer les tensions mêmes internes.

Le sanankouya est beaucoup connu sous le nom de « parenté à plaisanterie », obligeant les différents clans à l'assistance, l'entraide, le respect réciproque, mais leur permettant aussi de se critiquer, de se taquiner. Ces alliances existent par exemple entre les clans Traoré et Diarra, entre les Keïta et les Souané, ou entre les Keïta et les Coulibaly. Le sanankouya s'applique également entre deux membres d'ethnies différentes. Les Mandingues et les Wolofs entretiennent ce lien, il en est de même avec les Peuls. Les interdits du sanankouya étaient de faire ou de voir souffrir, de verser ou de faire verser le sang de son sanankou.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) C. A. Quinn, Mandingo Kingdoms of the Senegambia, Londres, Longman, 1972, 211 p.
  • Mirjam de Bruijn et Han van Dijk (dir.), Peuls et Mandingues : dialectiques des constructions identitaires (préface de Jean-Loup Amselle), Afrika-Studiecentrum, Leyde ; Karthala, Paris, 1997, 286 p. (ISBN 2865377571)
  • Sékéné-Mody Cissoko et Kaoussou Sambou (dir.), Recueil des traditions orales des Mandingues de Gambie et de Casamance, Centre régional de documentation pour la tradition orale, Niamey, Niger, 1974, 269 p.
  • Alpha Condé, Les sociétés traditionnelles mandingues, Centre régional de documentation pour la tradition orale, Niamey, 1974, 238 p.
  • Sadibou Dabo, Ethnicité et urbanisation : les Mandingues de Mbuur au XIXe – XXe siècle, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 1994, 102 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • Jean Derive et Gérard Dumestre (et al.), Des hommes et des bêtes : chants de chasseurs mandingues, Association Classiques africains, Diffusion Les Belles Lettres, Paris, 1999, 280 p. (ISBN 2912839009)
  • Kélé-Monson Diabaté, La dispersion des Mandeka : d'après un récit du généalogiste Kélé-Monson Diabaté à Karaya cercle de Kita, Éditions populaires, Bamako, 1970, 110 p.
  • Opa Diallo, Commerce et commerçants mandingues en Casamance (1815-1950), Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 1992, 118 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • Ed van Hoven, L'oncle maternel est roi : la formation d'alliances hiérarchiques chez les Mandingues du Wuli (Sénégal) (traduit du néerlandais par Philippa Burton), Research School CNWS, Leyde, 1995, 270 p. (ISBN 9073782457) (Thèse)
  • Kaba Mamadi, Anthologie de chants mandingues : Côte d'Ivoire, Guinée, Mali, L'Harmattan, Paris, 1995, 238 p. (ISBN 2738439306)
  • Yaya Koné, Djougouya in Le dictionnaire de la méchanceté dir Faggion & Régina, Max Milo, Paris, 2013, 384 p.
  • Djibril Tamsir Niane, Histoire des Mandingues de l'Ouest : le royaume du Gabou, Karthala, Association ARSAN, Paris, 1989, 221 p. (ISBN 2865372367)
  • Yves Person, Cartes historiques de l'Afrique manding (fin du 19e siècle), Centre de recherches africaines, Paris, 1990 (atlas de 45 cartes accompagnant l'ouvrage de l'auteur, Samori: une révolution dyula)
  • Fossar Souané, Les Manding de la Moyenne Casamance. Organisation sociale et administrative de base et évolution politique de la création du poste de Sédhiou à la mise en place d’une administration coloniale locale (1837-1890), Dakar, Université de Dakar, 1988, 1+135 p. (Mémoire de Maîtrise)
  • (pt) Manuel Belchior, Contos mandingas, Portucalense Editôra, Porto, 1968 ou 69, 336 p.
  • (pt) Artur Augusto da Silva, Direitos civil e penal dos mandingas e dos felupes da Guiné-Bissau, DEDILD, Bissau, 1983 (4e éd.), 214 p.

Discographie

  • La kora des griots mandingues : Kemba Sussoko, VDE-Gallo, Lausanne, 1994, 67 min (CD)

Filmographie

  • Keïta, l'héritage des griots, un film de fiction de Dani Kouyaté, Burkina Faso, 1994, 95'

Notes et références

  1. a et b « Mandingues », sur Encyclopédie Larousse en ligne, Larousse (consulté le ).
  2. [1]
  3. Lewebpedagogique.
  4. Tal Tamari, A la confluence des traditions orale et islamique: "Soumba et Lansiné", dans Derive, Jean; Dauphin, Anne-Marie (dir.), Oralité africaine et création: Actes du Congrès de l'ISOLA, Oralité africaine et création (10-12 juillet 2002, Chambéry, France), Karthala, 2005p. 235-266.
  5. Tal Tamri, From Oral Tradition to Film: Djéély Mory Kouyatéé's Lancinet et Soumba, The Global South, vol. 5, no 2, numéro spécial : Indigenous Knowledges and Intellectual Property Rights in the Age of Globalization, automne 2011, p. 107-120.

Voir aussi

Articles connexes

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