Louis-Jacques-Marie Bizeul

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Louis-Jacques-Marie Bizeul
Eau-forte par Charles Meryon, 1861
Fonctions
Conseiller général de la Loire-Atlantique
-
Maire de Blain
-
Biographie
Naissance
Décès
(à 75 ans)
Blain (Second Empire)
Nationalité
Activités
Parentèle
Sévère Bizeul (d) (petit-fils)
Jacques Bizeul (arrière-petit-fils)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Œuvres principales
  • Des Nannètes aux époques celtiques et romaines (1853-1856)
  • Des voies romaines de la Bretagne et en particulier de celles du Morbihan, 1841
  • Des voies romaines sortant de Carhaix, 1849
  • Des Curiosolites, de l'importance de Corseul au temps de la domination romaine, 1857

Louis-Jacques-Marie Bizeul, dit Bizeul de Blain (parfois orthographié Biseul ou Biseuil), né et mort à Blain le et mort à Blain le , est un historien, archéologue et érudit français. Il consacre l'essentiel de ses recherches à l'histoire ancienne (en particulier celto-romaine) de la Bretagne qu'il a renouvelée par sa démarche critique des sources documentaires et par ses méthodes d'investigation "sur le terrain".

Biographie[modifier | modifier le code]

Son père, Jacques Bizeul, cumule les fonctions de notaire royal et d'archiviste de la maison de Rohan. En 1792, il est témoin, à l'âge de huit ans, de la destruction du chartrier de cette maison lors de l'incendie et du pillage du château de Blain et il en est durablement marqué[1].

Après des études à l'École centrale de Nantes, où il est « premier lauréat du cours des Belles-Lettres » en 1802, puis une licence en droit, il est reçu avocat en 1809. Il reprend alors la charge notariale de son père, de 1810 à 1835. Adjoint au maire, puis maire de Blain de 1813 à 1830, il est durant dix ans (1851-1861) conseiller général de la Loire-Inférieure.

Il est membre actif de multiples sociétés savantes, bretonnes ou nationales. Cofondateur de l'Association bretonne (dissoute par décret impérial en 1859[2]), président de la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique (dite alors Société archéologique de Nantes), correspondant du Ministère pour les travaux historiques, il collabore activement aux travaux de la Société des antiquaires de France[3].

Il est médaillé de la Société française pour la conservation des monuments historiques et de l'Académie des inscriptions et belles-lettres[4].

Il meurt d'une attaque d'apoplexie, à l'âge de 75 ans.

Famille[modifier | modifier le code]

Louis Bizeul est le fils de Jacques Bizeul né et décédé à Blain 27 décembre 1749- 20 janvier 1813 et de Marie Gautier née et décédée à Blain 2 juin 1749 - 30 novembre 1843. Sa sœur Marie, née à Fay le et décédée à Blain le 16 février 1864,épousa à Nantes Pierre Gergaud, marchand épicier. Pierre Gergaud est décédé à Blain le , à l'âge de 70 ans.

Il épousa Léonice Hérault à Nantes le . Léonice Hérault est née à Nantes paroisse Saint-Denis le . Louis Bizeul indique dans son journal : 1809 : Ma femme a reçu son amie d'enfance Clémentine Coustard de Massy, camarade de pension de ma soeur. Son père député de Nantes fut guillotiné comme fédéraliste en 1793. Léonice Hérault est la fille de Pierre Hérault, notaire à Nantes et de Louise Ricard. Elles est née à Nantes au Bourg Fumé et a perdu sa mère Louise Ricard, à l'âge de 2 ans le . Les Ricard sont une famille de capitaines de navires installés à Nantes et à Paimboeuf.

De son union avec Léonice Hérault sont nés :

  • Louis, né le à Blain, notaire. Il est décédé le à Grandchamp-des-Fontaines à Curette sur la route de Rennes devant la métairie du Chemin Nantais, écrasé sous la berline de Nantes à Blain qui a versé dans la descente. Le journal L’Hermine du restitue l'accident : La voiture de Blain a versé dans la descente de  Curette sur la route de Rennes. Tous  les voyageurs ont été plus ou moins blessés mais le plus grand malheur à déplorer est la mort de Mr Louis Bizeul fils, qui , placé sur l'impériale et, voyant le danger imminent,  voulut sauter à terre, mais il le fit si malheureusement que la voiture, dans sa chute , tomba sur lui et l'écrasa de son poids. Il rentrait à Blain et venait d' Orvault où il avait conclut le matin l'acquisition d'une étude de notaire. Louis Bizeul, père, écrit dans son journal 1844, j'ai perdu dans un accident terrible, mon fils aîné Louis Bizeul qui dirigeait notre étude notariale depuis bientôt dix ans ;
  • Sévère, né le à Blain, docteur en médecine, 10 rue de Briord à Nantes et décédé le . Il a épousé en 1844, Honorine Dureau fille d'un capitaine de navire. Son petit-fils Jacques Bizeul 1882-1925 fut un directeur de la photographie du cinéma français
  • Perrine Léonice, née à Blain le . Elle y décédera à 16 ans le  ;
  • Raymond, né le à Blain, notaire et juge paix à la Chapelle-sur-Erdre. Il épousa Emilie Jeffredo à Blain le .

Méthode historique[modifier | modifier le code]

S'inspirant de la méthode de son contemporain Arcisse de Caumont (qui s'est attaché à l'histoire et à l'architecture normande tout en développant un champ de recherche très vaste), il étudie la littérature depuis les auteurs latins, afin de reconstituer la géographie et l'histoire ancienne de la Bretagne en la débarrassant des fables, légendes et traditions.

Voies romaines de Bretagne connues en 1842, établies d'après la "carte de la Bretagne armorique à l'époque romaine" réalisée par "M. A. Biseuil" (sic).
Voies romaines de Bretagne connues en 1842, établies d'après la "carte de la Bretagne armorique à l'époque romaine" réalisée par "M. A. Biseuil" (sic).

En parallèle à ces travaux d'archiviste, il mène, en solitaire, des investigations archéologiques directement sur le terrain en sillonnant à pied la Bretagne[5], souvent loin des sites qui monopolisent alors l'attention[6], de ses jeunes collègues antiquaires[7].

Il est l'un des premiers à identifier la ville de Carhaix (Finistère) comme étant la capitale des Osismes (la Vorgium de la Table de Peutinger) et Corseul (Côtes d'Armor) en tant que capitale des Curiosolites (ou Coriosolites). Son étude la plus fouillée porte sur les Nannètes (ou Namnètes). Une part importante de son œuvre concerne la découverte de la structure en réseau des voies romaines armoricaines[8], autour de Vannes, Corseul, Rennes, Blain, Nantes et surtout Carhaix[9] à une époque où la notion même de présence romaine en Bretagne était une question très controversée, voire polémique :

« C'était vers 1840, M. de Fréminville faisait en ce temps-là des livres où il niait intrépidement l'occupation de notre péninsule par les Romains. Cet étrange paradoxe excita sans doute encore l'ardeur de M. Bizeul, qui se vit bientôt en mesure d'en démontrer la fausseté dans son mémoire sur les Voies romaines du Morbihan (...) Il conservera l'honneur de nous avoir le premier révélé toute l'importance de l'occupation romaine dans notre péninsule[10]. »

Jovial, bon vivant et d'une énergie débordante jusqu'à sa mort brutale, il est un auteur prolifique, d'un style direct et parfois mordant[11], publiant notes et mémoires dans de multiples périodiques édités par les sociétés savantes[12].

Son approche des questions historiques a directement inspiré des chercheurs tels Joachim Gaulthier du Mottay (1810-1883)[13], pour les Côtes d'Armor, ou le chartiste Léon Maître (1840-1926), pour la Loire-Atlantique[14].

Œuvre[modifier | modifier le code]

Sur les voies romaines[modifier | modifier le code]

Sur les Celtes armoricains[modifier | modifier le code]

Autres études historiques[modifier | modifier le code]

Autres contributions[modifier | modifier le code]

  • de l'existence de quelques vestiges de la langue bretonne en Afrique, Annuaire du Morbihan, , 24 p., p. 168 à 191.
  • Dictionnaire patois du canton de Blain : (présenté par Patrice Brasseur), Université de Nantes, , 173 p.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Arthur de La Borderie, « Chronique », Revue de Bretagne et de Vendée, no 01,‎ , p. 331 (lire en ligne).
  2. L'Association bretonne put reprendre ses activités en 1873.
  3. Liste des sociétés savantes auxquelles L-J-M. Bizeul participa : Société Académique de Nantes, Société Polymatique du Morbihan, Société des antiquaires de France, Société française pour la Conservation des Monuments, Institut des Provinces de France, Association bretonne, Société archéologique de Nantes, Société des Antiquaires de l'Ouest, Société d'Emulation, Société académique de Brest, Société archéologique de Bretagne [1] - Prosper Levot, Bulletin de la Société académique de Brest, 1862-1863, p. 263.
  4. Il reçut, en 1843, la médaille d'argent de la Société française pour la conservation des monuments pour ses travaux sur la géographie ancienne de la Bretagne. L'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres lui décerna trois mentions honorables (en 1850 pour ses mémoires sur les voies romaines sortant de Carhaix, de Rennes, et pour la "carte de l'Armorique à l'époque romaine", en 1852 pour "Alet et les Curiosolites", en 1857 pour "Des Nannètes aux époques celtique et romaine", et une médaille en 1859 "pour les différents mémoires qu'il a composés sur les Antiquités romaines de la Bretagne" [2] - Prosper Levot, ibid p. 263 et [3]
  5. « la Table théodosienne à la main, il a parcouru toutes les voies qu'il a décrites, et fouillé le sol partout où un doute l'arrêtait. » [4] - Prosper Levot,Bulletin de la Société académique de Brest, 1862-1863, p. 264. « Il ne parait pas que nos sociétés locales aient beaucoup avancé depuis trente ans la reconnaissance de ces voies ; nos sociétés n'ont plus effectivement d'explorateurs infatigables comme ce bon M. de Bizeul, qui allait toujours aux réunions portant un paquet de cartes, sur lesquelles il avait déterminé le tracé des voies romaines de la Bretagne et des contrées voisines, non pas avec des renseignements recueillis par correspondance, mais de visu, en parcourant lui-même le pays à pied. Les observateurs aussi courageux ne se trouvent plus qu'à de rares intervalles, et il faut convenir que les peines que l'on prend, les sueurs que l'on verse pour des explorations consciencieuses sont bien mal récompensées de nos jours. » [5] - Bulletin monumental, 1871, p. 676. Et cette citation de Bizeul lui-même (1849, soit douze ans avant sa mort) : « Je me suis efforcé d'y suppléer en parcourant plus de deux cents lieues sur nos voies bretonnes, la carte de Cassini et le crayon à la main » (1 lieue = env. 3,9 km)[6]. L-J-M. Bizeul, qui résidait près de Nantes, souffrait de "fréquents accès de goutte". Il est par ailleurs probable que son "bégaiement pénible pour ses auditeurs" (ibid. p. 265) a favorisé sa production écrite.
  6. « La gaule romaine est loin d'être complètement explorée ; il y a encore énormément à faire, et malheureusement nous n'avançons guère : la génération actuelle a trop peu de courage pour explorer nos voies romaines, nos débris de constructions antiques, qu'il faut aller chercher au milieu des ronces, sous les buissons. Cette besogne est au-dessus des forces de nos jeunes antiquaires à gants jaunes, plus habiles à fumer des centaines de cigares, qu'à faire à pied quelques kilomètres à la recherche d'une voie ou d'un monument antiques. Il existe encore quelques explorateurs dévoués, comme notre confrère M. Bizeul, de Blain... » [7] - Arcisse de Caumont, Bulletin monumental, Le castellum gallo-romain de Larçay, 1856, p. 320. Il fut par ailleurs souligné par ses contemporains que, s'il menait ses investigations "sans appui et sans conseil", en revanche il soumettait systématiquement ses écrits à l'avis de collègues, préalablement à leur publication.
  7. A l'époque, ce terme désigne un érudit féru d'archéologie.
  8. Ce schéma fut repris et développé 150 ans plus tard par des chercheurs tels Louis Pape, ("La Bretagne romaine" 1995), et, plus récemment, par, entre autres, Patrick Galliou ("Le Finistère" in Carte archéologique de la Gaule (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2010, 445 p.), "les Osismes, peuple de l'Occident gaulois" (Spézet, Coop Breizh, 2014, 488 p) et Jean-Yves Eveillard ("Les voies romaines en Bretagne" (Morlaix, Skol Vreizh, 2016, 109 p.).
  9. «  C'est ainsi que nous avons été amenés à affirmer que Carhaix, Vannes, Corseul, Rennes, Blain et Nantes ont été les principales villes romaines de la péninsule. » [8] - Bizeul, Congrès Scientifique de France, 1849, p. 55
  10. [9] - Arthur de La Borderie, Revue de Bretagne et de Vendée (1861/01), p. 331.
  11. Un exemple de ce ton : « Ce travail ne sera véritablement complété que lorsque le Gouvernement viendra en aide aux investigateurs, en leur allouant des indemnités pécuniaires. Ces indemnités seront pour le moins aussi bien placées que celles que le ministre accorde pour telle ou telle mission scientifique qui ne sont autre chose bien souvent qu'une tournée de santé ordonnée à un savant de Paris par ses médecins.(...) J'ai reconnu là cette bureaucratie parisienne et ces circulaires ministérielles recommandant, avec une chaleur qui trompe les pauvres provinciaux, la recherche des antiquités, et auxquelles la moindre suite n'est jamais donnée. Ces circulaires ne sont, en effet, que le remplissage du loisir des bureaux, et on s'en avise quand on n'a rien de mieux à faire après la lecture du journal et la causerie du matin. On nous laisse, et nous resterons longtemps livrés à nos propres forces mais ce n'est pas une raison de se décourager. » [10] Congrès scientifique de France, XVIe session, 1849 p. 58. C'est ce texte qui, joint aux études sur les voies sortant de Carhaix et celles sortant de Rennes, lui valut sa première "mention honorable" attribuée par l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres.
  12. Ces études, souvent fractionnées en brefs fascicules (en feuilleton selon l'usage du temps) et édités dans diverses revues, ont parfois fait l'objet de tirés à part, eux-mêmes reliés avec les textes d'autres auteurs. Cette méthode de publication peut expliquer l'oubli relatif dont ont souvent souffert certaines recherches (historiques en particulier) de cette époque. Elles sont actuellement redécouvertes grâce à Internet et au travail de numérisation de bibliothèques concernant la production des sociétés savantes du XIXe.
  13. Deux de ses ouvrages : "Répertoire archéologique des Côtes-du-Nord", "Recherches sur les voies romaines des Côtes-du-Nord".
  14. [11] - Martial Monteil, Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, 2013
  15. « Elles attestent chez leur auteur d'immenses connaissances héraldiques et généalogiques. »[12] - Prosper Levot, Bulletin de la Société académique de Brest, 1862-1863, p. 268

Annexes[modifier | modifier le code]

Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Prosper Levot, « Chronique nécrologique de M. Bizeul de Blain », 10 p., sur Gallica, Bulletin de la Société académique de Brest, 1862-1863, p. 261-270
  • Arthur de La Borderie, « Chronique », 10 p., sur Gallica, Revue de Bretagne et de Vendée, , p. 331- 333 ;
  • René Kerviler et al., « Répertoire général de bio-bibliographie bretonne », (en 24 volumes) 15 p. sur L-J-M. Bizeul : Cet article comporte une liste exhaustive des écrits de L-J-M Bizeul, en particulier concernant les nombreux manuscrits inédits conservés dans le fonds Bizeul à la bibliothèque de Nantes., sur Gallica, J. Plihon et L. Hervé (Rennes), 1886-1908, p. 261-270
  • Jacques Daniel, Louis-Jacques-Marie Bizeul (1785-1861) : L' archéologue : Une contribution à l'histoire de l'archéologie dans l' Ouest armoricain, Université de Nantes, .
  • Jacques Daniel, Louis-Jacques-Marie Bizeul (1785-1861) : un notable érudit à la naissance de l' archéologie dans l' ouest armoricain : Mémoire de master, Université de Nantes, , 144 p..
  • Martial Monteil, « La naissance de l’archéologie à Nantes (1500-1860) », 18 p. permet de resituer Bizeul dans son contexte historique, sur abpo.revues.org, Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, .

Liens externes[modifier | modifier le code]