Lac Noir (pétrolier)

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Lac Noir
Photographie noir et blanc. Navire de guerre en mer avec des marins alignés pour la parade sur les ponts.
Lac Noir, vers 1947

Autres noms 1930 : MS Veedol No. 2
1943 : USS Guyandot (AOG-16)
Type pétrolier
Fonction civile
puis militaire
Histoire
A servi dans
Commanditaire Tidewater Oil Co.
puis US Navy
Chantier naval Pusey & Jones Corp.
puis Brewers Drydock Co.
Quille posée
Lancement
Acquisition  : US Navy
 : Marine nationale française
Statut : condamné
ca. 1953 : brise-lames
ca. 1959 : détruit
Équipage
Équipage 40 hommes
Caractéristiques techniques
Longueur 77,72 m
Maître-bau 13,41 m
Tirant d'eau 5,08 m
À pleine charge 3 750 t
Tonnage 1818 tjb 1255 tjn
Propulsion
  • deux moteurs diesel entraînant deux générateurs électriques
  • une hélice
Puissance 1 400 ch
Vitesse 10 nœuds (19 km/h)
Caractéristiques militaires
Armement
  • 1 canon de 76 mm
  • 4 canons de 20 mm AA
Carrière
Pavillon

Le Lac Noir est un pétrolier de la Marine nationale française. Ce navire américain construit en 1930 à destinée civile porte le nom de Veedol No. 2 puis il est acquis en 1943 par l’US Navy pour participer à la Seconde Guerre mondiale. Elle le baptise Guyandot et l'affecte au théâtre d'opérations méditerranéen où il soutient la campagne d'Italie. Puis il est transféré à la France au titre du prêt-bail — Lend-Lease — en 1945. Celle-ci le renomme Lac Noir. Acheté en 1949, il est condamné à Toulon en 1952. Sa coque sert alors de brise-lames vers 1953 avant de constituer une cible pour l’école de canonnage vers 1960.

Caractéristiques techniques[modifier | modifier le code]

Les caractéristiques du Veedol No. 2 sont celles d'un petit pétrolier côtier[1] :

  • déplacement : 3 750 tonnes en pleine charge ;
  • jauge brute : 1 818 tjb ;
  • jauge nette : 1 225 tjn ;
  • longueur : 77,72 m ;
  • largeur : 13,41 m ;
  • tirant d'eau : 5,08 m ;
  • propulsion[2] :
  • puissance : 1 300 ch ;
  • vitesse : 10 nd.

Armement après transformation en 1943 :

  • 1 canon de 76 mm ;
  • 4 canons de 20 mm anti-aériens.

Histoire[modifier | modifier le code]

MS Veedol no 2[modifier | modifier le code]

Un an après son sister-ship, le Tidewater, la Tidewater Oil Co. prend livraison d'un pétrolier puis le met en service pour le transport de produits pétroliers raffinés, y compris l'huile de graissage en vrac obtenue à partir de l'huile. Les produits transitent de sa raffinerie de Bayonne (New Jersey) aux ports de Hampton (Virginie) et de Portland (Maine) [2]. Le travail du chantier naval dure un peu moins d'un an :

  • fin 1929 mis en chantier[2] par Pusey & Jones Corp. à Wilmington (Delaware)[3] ;
  • livré à la Tidewater Oil Co. qui lui donne le nom de MS Veedol no 2[a].

USS Guyandot (AOG-16)[modifier | modifier le code]

Du navire marchand au navire auxiliaire[modifier | modifier le code]

Le , le chef des opérations navales (CNO) ordonne depuis New York l'acquisition, à une date indéterminée, du Veedol No 2. La charte précise que ceci s'inscrit dans le cadre d'une opération du Naval Transportation Service et que l'équipage reste civil. Le , l’Auxiliary Vessels Board fait part de son besoin, pour assurer les opérations dans la région méditerranéenne, de navires-citernes supplémentaires. Ce doit être des navires à faible tirant d'eau pour distribuer des produits pétroliers légers en vrac dans des ports de faible profondeur. Des représentants de l’United States Maritime Commission et de l’Army-Navy Petroleum Board proposent trois navires-citernes côtiers — Esso Delivery XI[b], New York Socony[c] et Veedol No 2 — aux caractéristiques appropriées. Le comité recommande qu'ils soient achetés, armés par des équipages de l’US Navy et de limiter leur transformation à la dotation de quartiers d'équipage et d'un armement adéquat. Le même jour, le secrétaire à la Marine des États-Unis demande à l’United States Maritime Commission de fournir les navires. Le , le vice-chef des opérations navales (VCNO) informe les bureaux que les dispositions sont prises pour l'achat des navires et ordonne qu'ils reçoivent la transformation limitée recommandée par l’Auxiliary Vessels Board et que l'effectif constituant les équipages soit minimum[2].

Participation à la campagne d'Italie[modifier | modifier le code]

Il participe effectivement de façon soutenue, donc avec peu de possibilités d'entretien, au transport de carburant entre les ports nord-africains et puis à la reconquête de l'Italie[7] :

  • , acheté par l'US Navy ;
  • transformé par Brewers Drydock Co. à Staten Island ;
  • , prise du premier commandement. Il devient l'USS Guyandot (AOG-16)[d] ;
  • , après navigation avec le plein de mazout, arrive aux Bermudes ;
  • , arrive remorqué à Oran (Algérie) ;
  • , parvient, en naviguant, à Bizerte (Tunisie) ;
  • bien que fréquemment cible d'attaques aériennes, le Guyandot transporte sans cesse du carburant par le canal de Bizerte au milieu d'épaves ;
  • , basé à Tunis, le Guyandot commence à ravitailler les navires pour le débarquement en Sicile ;
  • après l'assaut fin juillet, transporte du carburant à indice d'octane élevé dans le port de Palerme (Sicile), toujours sous de nombreuses menaces aérienne ;
  • , de retour à Tunis, il commence à faire la navette entre ce port et Bizerte et continue cette mission jusqu'à ce que la campagne d'Italie soit bien avancée ;
  • , arrive à Tarente (Italie). Il est affecté au transport de carburant d'aviation à indice d'octane élevé à partir de pétroliers jusqu'au rivage ;
  • après un mois passé en cale sèche pour révision à Palerme, le Guyandot retourne à Tarente pour prendre de l'essence et se dirige vers le port de Bari en mer Adriatique où il arrive le  ;
  • de Bari, il transporte du pétrole vers Manfredonia où il ravitaille la 16th Air Force. Ceci se poursuit jusqu'à la fin du mois de mars, jusqu'à ce qu'il heurte un obstacle sous-marin à Bari. Après deux voyages avec une pièce en bois, doit faire des réparations plus durables à Bizerte ;
  • , le Munitions Committee (Navy) approuve le transfert au Comité français de libération nationale[2] ;
  • , sort de la cale sèche, puis transporte pendant un mois du pétrole de Bizerte vers l'Italie ;
  • , rejoint Bari et transporte de l'essence à indice élevé jusqu'à Manfredonia et Monopoli. Il transporte environ quarante millions de gallons d'essence aux forces qui remontent la péninsule italienne ;
  • alors que les Britanniques ne débarquent en Grèce qu'à la mi-octobre, le Guyandot transporte une cargaison d'indice d'octane élevé au Pirée (port d'Athènes). Il est le premier navire américain à accoster au Pirée depuis le début de la guerre. Il effectue de nombreuses navettes d'Italie au Pirée pour le compte des Anglais ;
  • 2 au effectue un arrêt important de ses navettes ;
  • , le commandant de la huitième flotte des États-Unis ordonne son transfert à la France[2] ;
  • assurant de nouveau les navettes entre Bari, Manfredonia et Monopoli, le Guyandot transporte du pétrole jusqu'au , date à laquelle il se rend à Palerme pour être mis en cale sèche et révisé ;
  • , il traverse la mer Méditerranée jusqu'à Bizerte ;
  • , désarmé et transféré à la Marine nationale française dans le cadre du prêt-bail — Lend-Lease . Il prend le nom de FS Lac Noir[e] ;
  • , rayé de la liste de l'US Navy.

Commandants[modifier | modifier le code]

Deux commandements sont assurés[10] :

  • au , lieutenant Robert Reese Crockett, USNR ;
  • au , lieutenant Norman Otto Wilhelm Adams Jr., USNR.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Les distinctions témoignent de l'activité sur le théâtre d'opérations de la Méditerranée[10] :

FS Lac Noir[modifier | modifier le code]

  • , la France rend le navire aux États-Unis et l'achète le même jour ;
  • , condamné par la Marine nationale ;
  • , rayé des registres français et placé à Brégaillon (Toulon) ;
  • vers 1953, brise-lames à Port Avis (île du Levant)[f] ;
  • vers 1960 sert de cible pour l'école de canonnage[g].

Sister-ship[modifier | modifier le code]

En , la Tidewater Oil Co. prend livraison du pétrolier MS Tidewater. En , date de livraison de son jumeau, elle le renomme MS Tydol No 2[h]. Ce sister-ship reste dans la marine marchande américaine jusqu'en 1957. Puis il devient français sous le nom de Citeaux. Il est mis au rebut en 1965[2].

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. MS est un préfixe qui signifie Motor Ship. Veedol est une huile de moteur que la Tidewater Oil Co. raffine[4].
  2. L’Esso Delivery XI devient l'USS Aroostook (AOG-14) puis le Lac Pavin[5].
  3. Le New York Socony devient l'USS Conasauga (AOG-15) puis le Lac Blanc[6].
  4. USS est le préfixe des navires de guerre de l'US Navy. Il signifie United States Ship. Guyandot tient son nom de la Guyandotte River qui coule dans la Virginie-Occidentale[8]. AOG est le numéro de coque employé par l'US Navy pour désigner un Gasoline Tanker.
  5. FS est un préfixe appliqué par l'OTAN — la Marine nationale ne donne pas de préfixe à ses navires — qui signifie : French Ship. Le lac Noir est situé à Orbey dans le Haut-Rhin[9].
  6. Il est présumé que Lac Noir constitue vers 1953 le premier brise-lames installé à Port Avis (île du Levant). Le , une décision ministérielle approuve l’installation d’un feu sur la poupe du Lac Noir que la Marine nationale envisage d’utiliser[11]. L’étude de la silhouette du navire, paraissant sur une photographie de l'IGN du correspond à celle du pétrolier[12].
  7. Vers 1960, un autre brise-lames succède à l'ex-Lac Noir. Il s'agit de l'ex-contre-torpilleur Albatros (coque no Q 167)[13].
  8. MS est un préfixe qui signifie Motor Ship. La Tydol brand est un carburant que la Tidewater Oil Co. raffine[14].

Références[modifier | modifier le code]

  1. ALAMER : Mémoire des équipages des marines de guerre, commerce, pêche et plaisance de 1939 à 1945, « Unités guerre : Affichage alphabétique », sur alamer.fr (consulté le ), Lac Noir.
  2. a b c d e f et g Stephen S. Roberts 2010.
  3. (en) Tim Colton, « Shipbuilding History : Large Ships and Submarines Built for the U.S. Navy (28 tables) » [« Histoire de la construction navale : Grands navires et sous-marins construits pour l’US Navy (28 tables) »], sur shipbuildinghistory.com (site personnel), mis à jour : 15 avril 2014 (consulté le ), Gasoline Tankers (AOG).
  4. « Historique Veedol » [PDF], sur www.amicaleburmahcastrol.fr (Amicale du groupe Burmah) (consulté le ), p. 1-4.
  5. (en) James L Mooney (éd. scientifique) (préf. Arleigh Burke), Dictionary of American Naval Fighting Ships [« Dictionnaire des bateaux de guerre américains »], vol. 1, t. A : A, Washington, Naval Historical Center Department of the navy, , XXI-520 p., 8 vol. ; 27 cm (OCLC 803475696, lire en ligne), « Aroostook (AOG-14) », p. 402 col. 1-col. 2.
  6. (en) Navy Department, Office of the Chief of Naval Operations, Naval History Division (Washington), Dictionary of American Naval Fighting Ships [« Dictionnaire des bateaux de guerre américains »], vol. 2 : C-F, Washington, Navy Department, , XXIII-591 p., 8 vol. ; 27 cm (OCLC 769806177, lire en ligne), « Conasauga », p. 157 col. 2.
  7. Navy Department, Office of the Chief of Naval Operations et Naval History Division (Washington) 1968, p. 191 col. 2-192 col. 1.
  8. Navy Department, Office of the Chief of Naval Operations et Naval History Division (Washington) 1968, p. 191 col. 2.
  9. Serge Tilly, « Un pétrolier-ravitailleur de l’US Navy à la Marine nationale : De l’USS Pumper YO56 au Lac Tonlé Sap A630 de 1942 à 1981 », sur infos.service.free.fr (site personnel), mis à jour 20 mars 2010 (consulté le ), Historique du Lac Tonlé Sap.
  10. a et b (en) Gary P. Priolo, « NavSource Online : Service Ship Photo Archive », sur www.navsource.org (site personnel : NavSource Naval History), mis à jour 2 décembre 2016 (consulté le ), USS Guyandot (AOG-16).
  11. Ministère des travaux publics des transports et du tourisme (Commission des phares), « Île du Levant : Installation d’un feu à Port Avis » (salle des inventaires virtuelle ; cote 20090296/53), Extrait du registre des délibérations de la commission des phares, s.l., Archives nationales,‎ , p. 97-99 (vues 45-47) (lire en ligne, consulté le ).
  12. Daniel Bursaux (dir. publication), « Identifiant de la mission : C3346-0161_1955_F3346-3446_0076 : Cliché no 76 », cliché argentique ; échelle : 1/25463, sur remonterletemps.ign.fr, Paris, IGN, (consulté le ).
  13. Jacques Gambu et Jean Pérard, « À l'île du Levant, la marine prépare ses armes nouvelles », Aviation : Magazine de l’espace, Paris, s.n., no 324 « Visite aux fusées de la Marine à l’île du Levant »,‎ (ISSN 0997-4229).
  14. (en) Samuel T. Pees, « Oil Hystory » [« Histoire du pétrole »], sur www.petroleumhistory.org (site personnel), mis à jour 6 février 2004 (consulté le ), Stations, Brands and Advertising, NW Pa.