Krzysztof Kieślowski
Naissance |
Varsovie (Pologne) |
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Nationalité | Polonais |
Décès |
(à 54 ans) Varsovie (Pologne) |
Profession |
Réalisateur Scénariste |
Films notables |
Le Décalogue La Double Vie de Véronique Trois couleurs : Bleu, Blanc et Rouge |
Krzysztof Kieślowski Écouter, né et mort à Varsovie (-), est un réalisateur de cinéma polonais.
Carrière
Débuts dans le documentaire
Après des études secondaires, il réussit en 1964, après deux tentatives infructueuses, le concours d'entrée de l'École nationale de cinéma de Łódź[1], dont il sort diplômé en 1969.
Il n'aborde pas la fiction, considéré alors comme un mode bourgeois, mais le documentaire, plus en conformité avec le modèle économique de la Pologne de l'époque. Il en réalise une vingtaine, sous forme de courts-métrages, de moyens-métrages ou de documentaires de télévision. Bien intégré dans la société polonaise, il se servira de ses films pour dévoiler les incohérences internes du système. On trouve ainsi généralement dans ses documentaires d'un côté, des individus, riches de leurs forces, de leur détermination et de l'autre la bureaucratie décalée et inopérante par rapport à cette force vive.
Ses choix artistiques sont une réponse personnelle à l'opacité du système, à la propension de ce dernier à faire taire la contestation et à enfermer la société dans un non-dit collectif. « Ce qui m'intéressait en Pologne pendant les années 1970, c'était le monde non représenté. Je voulais décrire ce monde. Vous ne savez pas ce que c'est en France de vivre dans un monde sans représentation »[2]. Il s'agit donc pour lui de ne montrer que ce qui est autorisé par la censure, mais en accentuant, par le montage, le son, les choix de prise de vue, les aspects de la réalité qui laissent deviner les rouages implicites du système et les sentiments profonds des individus[3]. La finesse et la force de son regard, la façon dont il le communique au spectateur, malgré les grilles de la censure, font de lui « un des plus grands documentaristes de l'après guerre »[4].
Premières fictions
La transition vers un mode plus narratif se fait avec un moyen-métrage, Passage Souterrain, 1973 et des documentaires de fiction, Premier Amour, 1974, et Curriculum Vitae, 1975. Suivront un premier téléfilm, Le Personnel, 1975, et un long métrage pour le cinéma, La Cicatrice, 1976, très proche encore du documentaire social avec des passages « réunions du parti ».
En 1976, il réalise un autre téléfilm pour la télévision polonaise, Le Calme. Ce sera aussi le premier à être censuré, sa diffusion n'ayant finalement lieu qu'en 1980. Les travers du communisme apparaissent à travers l'histoire d'un ouvrier, victime des petits chefs que le système suscite et encourage[5]. Pendant toute cette période, Kieslowski continue de tourner des documentaires pour la télévision[réf. nécessaire].
Le long métrage suivant, L'Amateur, 1979, est considéré comme sa première réussite dans le domaine de la fiction[6],[7]. Un ouvrier achète une petite caméra pour faire des films de famille. Ce loisir devient vite une passion, au début couronnée de succès. Le cinéaste amateur commence à être connu, mais est confronté au conformisme social et politique. Réflexion sur l'image, les perspectives qu'elle ouvre, mais aussi ses liens ambigus avec la vie privée et publique d'un cinéaste, ce film est une œuvre charnière dans la carrière du réalisateur[8].
En 1981, il réalise Le Hasard. À son originalité formelle (trois versions du destin du personnage principal sont successivement proposées à l'écran)[9], se joint une critique implicite des effets néfastes du communisme (corruption, délation...) qui vaudra au film, achevé la veille de la proclamation par le général Jaruzelski de la loi martiale[10], d'être interdit jusqu'en 1987[réf. nécessaire].
Entre-temps, il met en scène Sans fin, qui a pour toile de fond les débuts contrariés de Solidarność et l'application de la loi martiale en Pologne en 1982. Réalisé en 1984, le film est saisi six mois par le pouvoir avant de sortir en [11]. Il marque le début de son travail avec l'avocat Krzysztof Piesiewicz, qui sera désormais son scénariste attitré. Les histoires qu'il écrira ensuite, et notamment celles du décalogue, seront fécondées par leurs échanges d'idées et leurs expériences respectives[12].
Reconnaissance internationale
En 1988, il met en scène, pour la télévision polonaise, dix téléfilms (cycle du Décalogue) qui sont autant de variations personnelles sur le thème du Décalogue. L'un d'eux, Tu ne tueras point, est présenté dans une version cinématographique au Festival de Cannes la même année et remporte le prix du jury. Brève histoire d'amour (6e film du décalogue), est également présenté en version longue dans les festivals et en salle. Ces deux longs-métrages, et surtout l'ensemble unique que constitue le projet du Décalogue, lui apportent la célébrité mondiale[13]. Peu de temps après, la fin du régime communiste en Pologne lui donne une plus grande liberté de création, de déplacement et la possibilité de réaliser des films en Europe occidentale.
Kieślowski réalise ensuite La Double Vie de Véronique, puis la trilogie Bleu, Blanc, Rouge, portant sur les trois termes de la devise de la France : « Liberté, Égalité, Fraternité ». Ces trois derniers films sont des coproductions franco-polonaises. Il connaît de nouveau, avec ces films, le succès critique et public, et remporte de nombreuses récompenses.
Retraite et décès prématuré
Après Rouge, il décide d'arrêter les tournages[14].
De santé fragile, il annonce à Berlin sa décision de ne plus réaliser de film. Il veut se tourner vers l'écriture et la production. Il démarre ainsi l'écriture d'une nouvelle trilogie : Le paradis, l'enfer et le purgatoire[réf. nécessaire].
Il meurt prématurément, le à l'âge de 54 ans, à Varsovie, lors d'une opération à cœur ouvert faisant suite à une crise cardiaque. De sa dernière trilogie, consacrée au ciel, à l'enfer et au purgatoire, il aura eu le temps d'écrire le premier épisode, Heaven, qui sera adapté, après son décès, par Tom Tykwer. Le scénario de l'enfer sera finalisé par Krzysztof Piesiewicz et mis en scène par Danis Tanović (l'Enfer, 2005)[15].
Filmographie
- 1966 : Le Tramway (Tramwaj), Fiction, 6 min, Film d'étude
- 1966 : Le Guichet (Urząd), Documentaire, 6 min, Film d'étude
- 1967 : Concert de vœux (Koncert życzeń), Fiction, 17 min
- 1968 : La Photographie (Zdjęcie), Documentaire, 32 min
- 1969 : De la ville de Łódź (Z miasta Łodzi), Documentaire, 18 min
- 1970 : J'étais soldat (Byłem żołnierzem), Documentaire, 16 min
- 1970 : L'Usine (Fabryka), Documentaire, 18 min
- 1971 : Avant le rallye (Przed rajdem), Documentaire, 15 min
- 1972 : Le Refrain (Refren), Documentaire, 10 min
- 1972 : Entre Wrocław et Zielona Górą (Między Wrocławiem i Zieloną Górą), Documentaire, 11 min
- 1972 : Les Principes de sécurité et d'hygiène dans une mine de cuivre (Podstawy bhp w kopalni miedzi), Documentaire, 21 min
- 1972 : Les Ouvriers de 71 : rien sur nous sans nous (Robotnicy'71 Nic o nas bez nas), Documentaire, 47 min
- 1972 : Le Maçon (Murarz), Documentaire, 18 min
- 1973 : Passage souterrain (Przejście podziemne), Fiction, 30 min
- 1974 : La Radiographie (Prześwietlenie), Documentaire, 13 min
- 1974 : Premier amour (Pierwsza miłość), Fiction documentaire, 30 min
- 1975 : Curriculum vitae (Życiorys), Fiction documentaire, 45 min
- 1975 : Le Personnel (Personel), Fiction, 72 min
- 1976 : L'Hôpital (Szpital), Documentaire, 21 min
- 1976 : La Cicatrice (Blizna), Fiction, 104 min
- 1976 : L'Ardoise (Klaps), Fiction, 6 min
- 1976 : La Paix (Spokój), Fiction, 44 min
- 1977 : Du point de vue du gardien de nuit (Z punktu widzenia nocnego portiera), Documentaire, 17 min
- 1977 : Je ne sais pas (Nie wiem), Documentaire, 47 min
- 1978 : Sept femmes d'âge différent (Siedem kobiet w różnym wieku), Documentaire, 16 min
- 1979 : L'Amateur (Amator), Fiction, 112 min
- 1980 : La Gare (Dworzec), Documentaire, 14 min
- 1980 : Les Têtes parlantes (Gadające głowy), Documentaire, 16 min
- 1981 : Une brève journée de travail (Krótki dzień pracy), Fiction, 79 min
- 1981 : Le Hasard (Przypadek), Fiction, 122 min (produit en 1981, interdit jusqu'à sa sortie en 1987).
- 1985 : Sans fin (Bez końca), Fiction, 107 min
- 1988 : La Semaine de sept jours (Siedem dni w tygodniu), Documentaire, 18 min
- 1988 : Tu ne tueras point (Krótki film o zabijaniu), Fiction, 85 min
- 1988 : Brève histoire d'amour (Krótki film o miłości), Fiction, 86 min
- 1988 : Le Décalogue (Dekalog), cycle de 10 téléfilms
- Décalogue, 1 (Dekalog, jeden), 53 min
- Décalogue, 2 (Dekalog, dwa), 57 min
- Décalogue, 3 (Dekalog, trzy), 56 min
- Décalogue, 4 (Dekalog, cztery), 55 min
- Décalogue, 5 (Dekalog, pięć), 57 min
- Décalogue, 6 (Dekalog, sześć), 58 min
- Décalogue, 7 (Dekalog, siedem), 55 min
- Décalogue, 8 (Dekalog, osiem), 55 min
- Décalogue, 9 (Dekalog, dziewięć), 58 min
- Décalogue, 10 (Dekalog, dziesięć), 57 min
- 1991 : La Double Vie de Véronique, Fiction, 98 min
- Trois couleurs : Bleu, Blanc, Rouge
- 1993 : Trois couleurs : Bleu, Fiction, 100 minutes
- 1994 : Trois couleurs : Blanc, Fiction, 100 minutes
- 1994 : Trois couleurs : Rouge, Fiction, 99 minutes
Distinctions
- Krzysztof Kieślowski a été membre du jury au Festival de Cannes en 1989[16].
- En 1990, Krzysztof Kieślowski a été nommé membre d'honneur[17] de l'Institut du film britannique en reconnaissance de son « apport inestimable à la culture cinématographie ».
- Krzysztof Kieślowski a reçu en 1994 le prix danois Sonning[18] en reconnaissance de son apport à la culture européenne.
Récompenses
Nominations
Seules les principales nominations sont mentionnées.
Kieślowski aujourd'hui
Depuis 2011, la Fondation d'Art Contemporain "In Situ" organise un festival consacré au grand réalisateur, Festival de film à Sokołowsko: Hommage à Kieślowski. Les projections de ses films sont accompagnées par performances, ateliers pour créateurs, tables rondes. Le festival a lieu en septembre[57].
Voir aussi
Bibliographie
- La passion Kieslowski, hors-série, Télérama,
- Michel Estève, Yvette Biró et al., Krzysztof Kieślowski, Paris, Lettres Modernes, coll. « Etudes cinématographiques » (no 203-210), , 177 p. (ISBN 978-2-2569-0934-4, OCLC 31998376)
- Vincent Amiel, Kieslowski, Payot et Rivages,
- Vincent Amiel (dir.), Krzysztof Kieslowski, Éditions Jean-Michel Place, (ISBN 2-85893-298-0) Textes de la revue Positif réunis et présentés par Vincent Amiel
- Krzysztof Kieślowski et Krzysztof Piesiewicz (trad. Małgorzata Smorąg-Goldberg et Beata Canes-Boussard), Décalogue, récits, Paris, Balland,
- Slavoj Žižek, Lacrimæ rerum : Essais sur Kieslowski, Hitchcock, Tarkovski et Lynch, Paris, Éditions Amsterdam,
- Krzysztof Kieślowski, Le Cinéma et moi, Les Éditions Noir sur Blanc, (ISBN 2-88250-173-0)
- Annette Insdorf, Krzysztof Kieslowski, doubles vies, secondes chances, Cahiers du cinéma, (ISBN 2-86642-286-4)
- Alain Martin, Kieslowski, l'autre regard, Irenka,
Liens externes
- kieslowski l'autre regard
- (en) Biographie de Krzysztof Kieślowski sur un site de culture polonaise maintenu par l'Institut Adam Mickiewicz - une institution culturelle gouvernementale polonaise
- (pl) Krzysztof Kieślowski
- « Krzysztof Kieślowski » (présentation), sur l'Internet Movie Database
Notes et références
- Kieślowski 2006, p. 42-43
- Citation de Kieslowski in Amiel 1995, p. 68
- Amiel 1995, p. 68
- Amiel 1995, p. 67
- Amiel 1995, p. 82
- Amiel 1995, p. 84
- Dictionnaire du cinéma, Ed Larousse, 1998, p. 426
- Amiel 1995, p. 84-85
- Amiel 1995, p. 86
- Kieślowski 2006, p. 133
- Kieślowski 2006, p. 334
- Ibid., p. 88
- Ibid. p. 14
- Gilles Médioni et Dominique Simonnet, « Krzysztof Kieslowski: "J'arrête. J'en ai assez du cinéma, je n'en peux plus" », L'Express, (lire en ligne)
- Site notre-europe.eu Interview de Krzysztof Piesiewicz
- Fiche Krzysztof Kieślowski sur le site officiel du Festival de Cannes. Consulté le .
- (en) BFI Fellows sur le site de l'institut
- (en) (da) Liste des prix Sonning sur le site de l'université de Copenhague
- (pl) Palmarès 1974 sur le site officiel du festival du film de Cracovie
- (pl) Palmarès 1975 sur le site officiel du festival du film de Cracovie
- (de) Palmarès 1975 sur le site officiel du festival
- (pl) Palmarès 1976 sur le site officiel du festival du film polonais
- (pl) Palmarès 1977 sur le site officiel du festival du film de Cracovie
- (pl) Palmarès 1979 sur le site officiel du festival du film de Cracovie
- (en) (ru) Palmarès 1979 sur le site officiel du Festival international du film de Moscou
- (pl) Palmarès 1979 sur le site officiel du festival du film polonais
- (en) (de) Liste des prix Interfilm à la Berlinale sur le site de l'association INTERFILM
- (en) Présentation du règlement avec la liste des vainqueurs les plus prestigieux du Hugo d'Or
- (pl) Palmarès 1981 sur le site officiel du festival du film polonais
- (pl) Palmarès 1987 sur le site officiel du festival du film polonais
- (pl) Palmarès 1988 sur le site officiel du festival du film polonais
- (en) (es) Palmarès de la 36e édition sur le site officiel du festival de San Sebastián. Consulté le .
- (en) Gagnants de l'année 1988 sur le site officiel de l'Académie Européenne du Cinéma. Consulté le .
- (en) (pt) Palmarès depuis la création du Festival sur le site officiel du festival de São Paulo. Consulté le .
- (da) Liste des films primés sur le site de la critique cinématographique danoise. Consulté le .
- (it) vainqueurs des rubans d'argent en 1990 sur le site officiel du Syndicat national des journalistes cinématographiques italiens.
- La double vie de Véronique sur le site officiel du Prix du Jury Œcuménique au Festival de Cannes
- (pl)(en) (es) Festival du film de Varsovie 1991 sur le site officiel du festival
- The Double Life of Veronique Awards sur le site du The New York Times
- Les prix de la critique sur le site de L'Humanité. Consulté le .
- Site officiel de la Mostra de Venise Consulté le
- Site officiel de l'Académie des arts et des sciences cinématographiques d'Espagne. Consulté le .
- Site du Masque et la Plume Consulté le
- « http://www.agkino.de/downloads/gildefilmpreis_1977-2007.pdf »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) [1]
- Site officiel de la Berlinale Consulté le
- Site officiel du Festival International du Film de Vancouver. Consulté le .
- 1994 Awards sur le site officiel du Cercle des critiques de cinéma de New-York. Consulté le .
- 20th annual Los Angeles Film Critics Association Awards sur le site officiel de LAFCA
- Red Awards sur le site du The New York Times
- Chicago Film Critics Awards - 1988-97 sur le site officiel de l'association. Consulté le .
- Les prix de la critique sur le site de L'Humanité. Consulté le .
- Yearbook 1995 sur le site du Festival du film de Giffoni
- Récompenses de l'année 2000 sur le site officiel du National Board of Review
- Palmarès sur le site officiel de l'académie des César. Consulté le .
- Palmarès de l'année 1994 sur le site officiel de l'académie britannique des arts de Télévision et de Film. Consulté le .
- (en) La base de donnée officielle de l'académie des vainqueurs et nominés. Consulté le .
- « Festival, Hommage à Kieślowski »