Joseph Primoli

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Joseph Primoli
Joseph Primoli en 1917.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalités
italienne ( - )
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Période d'activité
Père
Pietro Primoli di Foglia, Conte Primoli di Foglia (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Charlotte Honorine Joséphine Pauline Bonaparte (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Joseph Napoléon, comte Primoli, né à Rome le et mort à Rome le , surnommé Gégé, est une personnalité mondaine franco-italienne du XIXe siècle.

Auteur de Souvenirs, il fréquente les salons bonapartistes.

Biographie[modifier | modifier le code]

Salle à manger de la princesse Mathilde, 24 (aujourd'hui 10), rue de Courcelles.

Joseph-Napoléon Primoli est le fils de Pietro Primoli, comte de Foglia (1820-1883), et de la princesse Charlotte Bonaparte (1832-1901), fille de Charles-Lucien Bonaparte et de sa cousine Zénaïde Bonaparte[1]. Il est ainsi le neveu de la princesse Mathilde.

Sa famille s'installe à Paris en 1853 et Joseph fait ses études au collège Rollin. Il fréquente dès sa jeunesse la cour de Napoléon III et se lie au prince impérial et à sa mère, l' impératrice Eugénie. Il a eu pour précepteur Théophile Gautier.

Il quitte Paris à la chute du Second Empire, mais y retourne fréquemment. Il s'installe dans un appartement avenue du Trocadéro et fréquente assidument le salon de sa tante, la princesse Mathilde. Il y rencontre Alexandre Dumas fils, François Coppée, Gustave Flaubert, Théophile Gautier, les frères Goncourt, Ernest Renan, etc. Sa vie mondaine se poursuit aussi à Rome, il y rencontre Enrico Nencioni (it) et plus tard Gabriele D'Annunzio, dont il fut le confident, ainsi que la Duse. Il aimait collectionner les livres . Il a reçu en héritage un palais romain de la via Zanardelli où ont séjourné des personnalités comme Guy de Maupassant, Paul Bourget, Louis Duchesne ou Sarah Bernhardt.

Il était un important bibliophile et a constitué une bibliothèque qui comptait, à sa mort, plus de 30.000 volumes. Sa bibliothèque a été léguée à la Fondation Primoli.

Il a une importante activité de photographe et il est souvent considéré comme un précurseur du goût pour le reportage photographique. Il a immortalisé ses amis à Paris[2] ou à Rome et a photographié des vues de toute l’Europe et de l’Italie en s'intéressant aux costumes, à l’animation de la vie romaine, aux cérémonies, aux processions et aux cortèges.

Il est un ami intime de Martine de Béhague, comtesse de Béarn qu'il accompagne dans ses voyages, en particulier en 1906 sur le yacht Nirvana. Il laisse de belles photographies de ce voyage[3].

Giuseppe Primoli avait un goût artistique académique ; il a commandé des œuvres à Puvis de Chavannes ou Giulio-Aristide Sartorio. Il était en contact avec de nombreux artistes ayant séjourné à l’Académie de France à Rome et était ami avec Ernest Hébert, le peintre officiel du Second Empire.

Il a constitué une collection d'œuvres et de souvenirs relatifs à la famille Bonaparte : il voulait être le mémorialiste de sa famille, en s'intéressant à la « petite histoire », à la vie quotidienne, et non aux grands faits historiques.

Sur le perron d'Edmond de Goncourt, une photo réalisée par le comte Primoli en 1890 et montrant une réunion amicale de personnalités du tout-Paris artistique.

Marcel Proust était invité dans sa jeunesse au salon de la princesse Mathilde, dans son hôtel particulier parisien du 20, rue de Berri et il a côtoyé le vieux comte, dont on moquait la barbe blanche et la manie de collectionner des timbres. Le gratin fut fort étonné, lorsqu'on apprit qu'il avait vendu sa collection pour un million de francs de l'époque[4]. Le comte Primoli était aussi un habitué du salon de Madame Arman de Caillavet qui le conseillait pour la rédaction de ses écrits. Il avait la fâcheuse habitude d'inviter ensemble des ennemis à dîner chez lui, ou de poser des questions embarrassantes par facétie. Proust l'imitera plus tard en invitant ensemble des dreyfusards et des anti-dreyfusards, ce qui provoquera la colère de Léon Daudet[5].

Le comte légua son palais, où il avait installé un musée napoléonien avec les souvenirs de sa famille, à la ville de Rome, qui administre aujourd'hui ce musée.

Il fut proche d'Abel Bonnard, qu'il accueillit chez lui et à qui il inspira probablement la trame du Palais Palmacamini[6]. En revanche, si certains auteurs comme Olivier Mathieu, le premier biographe de Bonnard, ont pu faire de Primoli son père biologique [7],[8], cette allégation est ensuite jugée infondée par Benjamin Azoulay[9].

Ouvrage[modifier | modifier le code]

  • Une promenade dans Rome sur les traces de Stendhal. Inédits de Stendhal, Imprimerie F. Paillart, 1922

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marie-Louise Pailleron, Dumas fils et Primoli, in La Revue des deux mondes, 1942
  • Marcello Spaziani, Joseph Napoléon Primoli : pages inédites, Edizioni di storia e letteratura, 1959
  • Marcello Spaziani con Gégé Primoli nella Roma bizantina, Lettere inedite di Nencioni, Serao, Scarfoglio, Giacosa, Verga, d'Annunzio, Pascarella, Bracco, Deledda, Pirandello, ecc, Edizioni di storia e letteratura, 1962
  • Portrait of a Bonaparte: Life and Times of Joseph-Napoleon Primoli (1851-1927), Quartet Books, 1987 (ISBN 978-0704326385)
  • Un Romain chez les Bonaparte, le comte Joseph Napoléon Primoli (1851-1927), Fondation Napoléon, 1994 (ISBN 978-2909552033)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Elle-même fille de Joseph, roi de Naples
  2. "il est courbaturé des amabilités et politesses parisiennes !" écrit de Primoli Goncourt dans son Journal, le 25 juin 1891.
  3. Jean-David Jumeau-Lafond, Martine de Béhague, une esthète à la Belle époque, Paris, Flammarion, 2022
  4. George Painter, Marcel Proust, Paris,, Mercure de France, , p. 141.
  5. Painter 1966, p. 361.
  6. « Le journal intime du comte Joseph-Napoléon Primoli (1851-1927) » [livre], sur journals.openedition.org, Presses universitaires de Rennes, (consulté le ).
  7. Olivier Mathieu (postface Léon Degrelle), Abel Bonnard, une aventure inachevée, Paris, Avalon, , 429 p. (ISBN 2-906316-16-4, BNF 35002210, lire en ligne)
  8. Philippe Nivet, Les Assemblées parisiennes, de la déclaration de guerre à la libération de Paris : 1939-1944, Paris-Amiens, Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l'Île-de-France-Centre d'histoire des sociétés, coll. « Paris et Île-de-France : études et documents » (no 3), , 292 p. (ISBN 2-908371-02-2, BNF 35813706), p. 102.
  9. Benjamin Azoulay, Abel Bonnard : plume de la Collaboration, Paris, Perrin, (ISBN 978-2-2620-9537-6), p. 38.

Liens externes[modifier | modifier le code]