Hubert Zimmermann

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Hubert Zimmermann
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Prix SIGCOMM (en) ()Voir et modifier les données sur Wikidata

Hubert Zimmermann, né le et décédé le , est un ingénieur, investisseur et chef d'entreprise français, considéré comme un pionnier de l'Internet, pour son rôle dans le Réseau Cyclades, issu de la technologie de Datagramme qui servira ensuite de base à Internet mais aussi dans l'architecture du modèle OSI, appelé aussi architecture OSI (Open Systems Interconnection) dont s'est inspiré, en le simplifiant lorsque c'est devenu possible, le protocole Internet TCP/IP.

Biographie[modifier | modifier le code]

Polytechnicien de la promotion 1961, Hubert Zimmermann commence à travailler comme ingénieur à la SEFT (électronique pour l’armée de terre), sur le projet "Sycomore", de systèmes de commandement pour l’armée de terre[1]. A trente ans, il est recruté en 1971 par Louis Pouzin pour développer le Datagramme, technologie menant plus tard à l'Internet, à l'Inria. Il y encadre Najah Naffah dans la préparation de son doctorat d’ingénieur.

Ensemble, ils introduisent le principe de numérotation des paquets introduits dans le réseau d'ordinateurs, via une fenêtre plus ou moins longue, qui incorpore aussi des accusés de réception qui circulent. Cette technologie suscite un enthousiasme international pour le datagramme[2].

Quelques personnalités françaises du milieu informatique souhaitent alors une réplique française d'Arpanet, appuyée par le constructeur français, la Compagnie internationale pour l'informatique[3].

Vinton Cerf, autre pionnier de l'Internet, mentionne Hubert Zimmermann[2] comme étant le concepteur, avec la participation de Philippe Chailley, de la première version de l’architecture OSI (Open Systems Interconnection), bâtie selon un système de sept « couches » informatiques, dans une logique de systèmes ouverts, considéré comme « un formidable outil intellectuel »[4], décrit aussi par les livres d’Andrew Tanenbaum. Systématisé dans le projet Cyclades, elle permet de tenir compte des améliorations futures de la technologie, dans un schéma de croissance et de standards internationaux visant à créer une alternative crédible à la « dominance IBM »[2].

Très impliquée[5], la Compagnie internationale pour l'informatique anime les premières démonstrations, qui ont lieu en 1973, le réseau reliant ses locaux de Rocquencourt, à un laboratoire de Grenoble et ceux de l'Inria[3].

Hubert Zimmermann est le concepteur de la première version de l’architecture OSI, selon Vinton Cerf, l'un des "pères" de l'Internet[2]. Il avait reçu le renfort d'un spécialiste des bases de données, le chercheur Charles Bachman[6]. Hubert Zimmermann reçoit la responsabilité et le secrétariat[7] du groupe de travail « Architecture informatique » au sein de l'International Organization for Standardization (ISO). En 1977, l’architecture OSI devient réellement une norme, à un moment où il lui manque encore une vraie couche Internet[8], les grands opérateurs télécoms européens, alors tous publics, la combattant. La norme TCP/IP la supplantera ainsi dans le domaine de l'Internet naissant.

Depuis 1975 en effet, le gouvernement français et les PTT prennent des décisions qui s'opposent au datagramme et au projet Cyclades, au profit du « Réseau de Commutation par Paquet » confié à Rémi Després[5], système moins ouvert et moins novateur[4], qui donnera naissance au minitel.

Resté salarié de l'IRIA puis de l'Inria (1972-1979), Hubert Zimmermann a ensuite dirigé le projet pilote « Chorus », avec Claude Kaiser, Jean-Serge Banino, et Marc Guillemont, avant de rejoindre France Telecom (1980-1986), qu'il quitte pour ensuite créer, avec Michel Gien, Marc Guillemont et Pierre Léonard sa propre société de logiciels, Chorus systèmes, qui a pour spécialité les "micro-noyaux", logiciels basés sur un système d'exploitation Unix, et assez simples pour être polyvalents[9].

Au début des années 1990, la société a son principal centre de recherche-développement à Saint-Quentin-en-Yvelines en région parisienne, auquel s'ajoute un réseau de recherche coopérative qui représente l'équivalent de 300 chercheurs à plein-temps en Europe[9]. Elle réalise rapidement dix millions de dollars[10].

Celle-ci est rachetée en 1997 par Sun Microsystems, où il dirige les logiciels télécoms pendant 5 ans. Le slogan d'Hubert Zimmerman, « The Network is the computer », est repris par son employeur Sun Microsystems[7].

Hubert Zimmermann a par ailleurs été investisseur dans de nombreuses sociétés de haute technologie : Arbor Venture Management, Boost Your StartUp, Gingko Networks, Wokup ou encore UDcast. En 1991, il a reçu le prix SIGCOMM pour « 20 ans de leadership dans le développement des réseaux informatiques et de l'avancement de la normalisation internationale »[11]. Un récent article dans la section Anecdotes de l'IEEE Annals of the History of Computing fait référence à son implication dans l'histoire des débuts de TCP/IP[12]. En 1994, il a reçu le Prix Orange.

Références[modifier | modifier le code]

  1. "Les chercheurs en informatique dans les années 1970, entre neutralité et militantisme, utopies et pragmatisme. Le cas du réseau Cyclades et de l’ergonomie de l’informatique à l’Inria", par Valérie Schafer – Docteur en histoire de l’Université Paris IV Sorbonne [1]
  2. a b c et d "D’une informatique centralisée aux réseaux généraux : le tournant des années 1970", par Valérie Schafer, historienne, le 10 février 2009 sur Interstices [2]
  3. a et b Entretien avec Louis Pouzin, par Isabelle Bellin, sur Interstices [3]
  4. a et b La France en réseaux (1960-1980), par Valérie Schafer
  5. a et b DE PAUL OTLET A INTERNET DE PAUL OTLET À INTERNET en passant par HYPERTEXTE [4]
  6. Interview de Charles Bachman sur "Oral History"
  7. a et b LE RÉSEAU CYCLADES ET INTERNET : QUELLES OPPORTUNITÉS POUR LA FRANCE DES ANNÉES 1970 ? Séminaire Haute Technologie du 14 mars 2007 du Comité d'histoire du Ministère des finances [5]
  8. Des logiciels partagés aux licences échangées, sous la direction de : Camille Paloque-Berges et Christophe Masutti, dans "Histoires et cultures du Libre"
  9. a et b Le succès mondial d'un logiciel français, dans L'Usine nouvelle du 9 juin 1994 [6]
  10. Sun Microsystems rachète le français Chorus Systèmes, dans Les Échos du 11 septembre 1997 [7]
  11. « Awards Panel Member », sur sigcomm.org (consulté le ).
  12. (en) « IEEE Xplore Full-Text PDF : », sur ieee.org (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]