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Hector Guimard

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Hector Guimard - Marquise de l'édicule Dauphine - 1900

Hector Guimard (Lyon, New York, 20 mai 1942) est un architecte français et le représentant majeur de l'Art nouveau en France.

Dans la mouvance internationale de ce style, Guimard fait figure de franc-tireur : il ne laisse aucun disciple derrière lui, aucune école et c’est la raison pour laquelle il a longtemps été considéré comme un acteur secondaire de ce mouvement. Cette absence de postérité contraste avec la profusion formelle et typologique extraordinaire de son œuvre architecturale et décorative, où l’architecte donne le meilleur de lui-même en une quinzaine années d’activité créatrice.

Les années d'étude

Hector Guimard - La rampe de l'immeuble Jassedé - 1903

Hector Guimard étudie l'architecture à Paris de 1882 à 1885 auprès d'Eugène Train et de Charles Génuys à l’École nationale des arts décoratifs et est diplômé de l'École nationale supérieure des beaux-arts en 1889 après avoir suivi l'enseignement de Gustave Raulin. C'est notamment auprès de lui que le jeune Guimard est sensibilisé aux théories d'Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc, qui jette les bases dès 1863 avec ses Entretiens sur l'architecture des futurs principes structurels de l’Art nouveau. C'est également le style médiévisant de ce dernier qui détermine l'aspect des premières œuvres de Guimard : l'hôtel Roszé (1891), l'hôtel Jassedé (1894), et surtout l'Ecole du Sacré Cœur (1895).

La conversion de Guimard au style linéaire qui reste aujourd'hui attaché à son nom est quant à elle plus circonstanciée : elle se fait lors d’un voyage à Bruxelles, où il visite l’hôtel Tassel de Victor Horta. La réalisation la plus emblématique de cette époque, le Castel Béranger (1898), illustre ce moment de transition qui voit le choc entre ces deux héritages : sur les volumes géométriques d’inspiration médiévale du gros œuvre se répand à profusion la ligne organique « en coup de fouet » importée de Belgique.

Une gloire fulgurante

Le Castel Béranger rend Guimard célèbre du jour au lendemain et de nombreuses commandes lui permettent alors d’affiner toujours davantage ses recherches esthétiques – l’harmonie et la continuité stylistiques notamment (un idéal majeur de l’Art nouveau), qui le poussent à une conception quasi totalitaire du décor intérieur, culminant en 1909 avec l’hôtel Guimard (cadeau de noce à sa riche épouse américaine) où des pièces ovoïdes imposent des meubles uniques, partie intégrante de l’édifice.

Hector Guimard - Un vitrail du Castel Béranger - 1898

Si le puits de lumière propre à Victor Horta est une donnée plutôt absente de son œuvre (sauf dans l’exemple tardif de l’hôtel Mezzara, de 1911), Guimard n’en mène pas moins des expériences spatiales étonnantes, dans la volumétrie de ses constructions notamment : la maison Coilliot et sa troublante double-façade (1898), la Bluette et sa belle harmonie volumétrique (1898), et surtout le Castel Henriette (1899) et le Castel d’Orgeval (1905), manifestations radicales d’un « plan-libre » vigoureux et asymétrique, vingt-cinq ans avant les théories de Le Corbusier. La symétrie n’est cependant pas proscrite : le magnifique hôtel Nozal, en 1905, reprend la disposition rationnelle d’un plan en équerre proposé par Viollet-le-Duc.

Les innovations structurelles ne manquent pas non plus, comme dans l’extraordinaire salle de concert Humbert-de-Romans (1901), où une charpente complexe fractionne les ondes sonores pour aboutir à une acoustique parfaite ; ou comme dans l’hôtel Guimard (1909), où l’étroitesse de la parcelle permet à l’architecte de rejeter toute fonction porteuse sur les murs extérieurs et de libérer ainsi l’agencement des espaces intérieurs, différent d’un étage à l’autre ; etc.

Hector Guimard - Entourage de la station Palais-Royal - 1900

Génial touche-à-tout, Guimard est aussi un précurseur de la standardisation industrielle, dans la mesure où il souhaite diffuser le nouvel art à grande échelle. Sur ce plan il connaît une véritable réussite – malgré les scandales – avec ses célèbres entrées du Métro parisien, constructions modulables où triomphe de principe de l’ornement structurel de Viollet-le-Duc. L’idée est reprise – mais avec moins de succès – en 1907 avec un catalogue d’éléments en fonte applicables à l’architecture : Fontes Artistiques, Style Guimard.

Hector Guimard - Panneaux de lave de l'édicule Dauphine - 1900
Hector Guimard - Le porche de l'hôtel Guimard - 1909

Comme pour le cadre architectural global, la conception intrinsèque de ses objets d’art procèdent du même idéal de continuité formelle (qui permet de fusionner toutes les fonctions pratiques dans un corps unique, comme pour le Vase des Binelles, de 1903) – et linéaire, comme dans le dessin de ses meubles, à la silhouette gracile et harmonieuse.

Son vocabulaire ornemental inimitable procède d’un organicisme végétal particulièrement suggestif, tout en restant résolument sur le versant de l’abstraction. Moulurations et remous nerveux investissent ainsi tant la pierre que le bois ; dans l’aplat, Guimard crée de véritables compositions abstraites qui s’adaptent avec la même aisance au vitrail (hôtel Mezzara, 1903), au panneau de céramique (maison Coilliot, 1898), à la ferronnerie (Castel Canivet, 1899), au papier peint (Castel Béranger, 1898) ou au tissu (hôtel Guimard, 1909).

Plusieurs de ses réalisations peuvent être vues rue La Fontaine dans le 16e arrondissement de Paris.

L'oubli

Hector Guimard - Le vestibule de la maison Coilliot - 1898

Mais malgré ce feu d’artifice d’innovations et de démonstrations tous azimuts, le monde se détourne rapidement de Guimard : moins que l’œuvre, c’est l’homme qui agace. Et en digne représentant de l’Art nouveau, il est lui-même victime des contradictions inhérentes aux idéaux du mouvement : ses créations les plus achevées sont financièrement inaccessibles au plus grand nombre, et à l’inverse ses tentatives de standardisation cadrent mal avec son vocabulaire très personnel. C’est finalement complètement oublié qu’il s’éteint à New York en 1942, où la crainte de la guerre l’avait fait s’exiler (sa femme est juive).

La redécouverte

Hector Guimard - Détail de l'entrée de l'immeuble Jassedé - 1903

Après de trop nombreuses destructions, des explorateurs isolés (les premiers « hectorologues ») partent à la redécouverte de l’artiste et de son univers vers les années 1960-1970 et reconstituent patiemment son histoire. Si l’essentiel a été fait de ce point de vue, il reste que, cent ans après le « geste magnifique » de l’Art nouveau (Le Corbusier), la plupart des édifices d’Hector Guimard demeurent inaccessibles au public, et qu’un musée Guimard n’a toujours pas été inauguré en France.

Hector Guimard - La porte d'entrée de la maison Coilliot - 1898
Hector Guimard - Le couloir d'entrée de l'immeuble Jassedé - 1903
Hector Guimard - L'enseigne de la maison Coilliot - 1898

Chronologie

Façade de la Synagogue de la rue Pavée, grise, ondulante, toute en lignes verticales

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

  • Le Cercle Guimard - L'association pour la protection et la promotion de l'œuvre d'Hector Guimard
  • Fontes d'art.org - Intégralité du catalogue de fontes d'art édité par Guimard à Saint-Dizier (45 planches).
  • lartnouveau.com – Photos de réalisations d'Hector Guimard.

Bibliographie

  • Georges Vigne, Felipe Ferré, Hector Guimard, Editeur Charles Moreau, Paris, 2003
  • Jean-Pierre Lyonnet, Bruno Dupont, Laurent Sully Jaulmes, Guimard perdu, Histoire d’une méprise, Editions Alternatives, Paris, 2003
  • Frédéric Descouturelle, André Mignard, Michel Rodriguez, Le Métropolitain d’Hector Guimard, Somogy Editions d’Art, Paris, 2003
  • Philippe Thiébaut, Musée d’Orsay, Paris – Musée des Arts Décoratifs, Lyon, Hector Guimard, 1992

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