Gênes (Rendeux)

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Gênes
Administration
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Région Drapeau de la Région wallonne Région wallonne
Communauté Drapeau de la Communauté française de Belgique Communauté française
Province Drapeau de la province de Luxembourg Province de Luxembourg
Arrondissement Marche-en-Famenne
Commune Rendeux
Code postal 6987
Zone téléphonique 084
Géographie
Coordonnées 50° 10′ 43″ nord, 5° 28′ 50″ est
Localisation
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Construite en 1883, l'école communale de Gênes a formé quatre générations d'écoliers du village.
Cette croix qui s'élève à l'entrée du village de Gênes a été érigée en l'honneur des habitants retenus prisonniers de guerre lors de la 2e Guerre mondiale.
L'ancienne église ayant été détruite lors de la Deuxième Guerre mondiale, une église résolument moderne a été construite au même emplacement. Œuvre des architectes Bastin, Lamarche et Van Oost, elle a été mise en service à la Toussaint de 1967 et inaugurée officiellement en mai 1968.
Poste de garde contrôlant l'accès ouest du camp allemand
Le camp allemand établi à Gênes pendant la Deuxième Guerre mondiale était un camp de repérage aérien. Il comptait un radar Freya et deux radars Würzburg Riese. La photo montre le socle d'un des radars Würzburg

Gênes (en wallon Djên'n) est un village de la section de Hodister dans la commune de Rendeux située en Région wallonne dans la province de Luxembourg. Gentilé: les Djènanrs.

Géographie[modifier | modifier le code]

Le village de Gênes s'étire sur un plateau constitutif de la ligne de partage des eaux entre les rivières Ourthe et Lesse. Deux ruisseaux principaux drainent ses eaux : le Ruisseau du Fond de Gênes, qui court vers l'Ourthe, et le Ruisseau des Clairs Chênes, qui serpente vers la Lesse. Son altitude au niveau de l'église est de 385 mètres et elle est de 405 mètres à sa lisière sud[1]. Bien que situé entre La Roche-en-Ardenne et Marche-en-Famenne, il appartient clairement à la région géographique de l'Ardenne belge, selon les critères le plus communément admis : sol à prédominance schisteuse, vallées profondes et vastes forêts[2]. Son climat est d'ailleurs plus rude que celui de la Famenne voisine. La campagne qui l'entoure de près et la forêt qui couvre sa périphérie sont ses deux univers, témoins de l'activité économique passée et présente.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le nom du village apparaît officiellement pour la première fois, sous l'orthographe Jenne, dans une liste dressée en 1472, reprenant le nom des chefs de ménage astreints à l'impôt. Ils sont quatre à devoir s'acquitter de cette charge : la veuve Maron, Lambot, Grigoire et Jehan le Bouvier[3]. Un des premiers habitants à apparaître dans un texte de justice est Jehan Lepoy, « covellier » (tonnelier), lorsque, en 1561, les magistrats de La Roche sont appelés à se prononcer sur un délai de rachat[4]. Un autre habitant, dénommé Jehan de Cielle, sera condamné en 1586 à porter les pierres de justice de la maison de ville de La Roche jusqu'à l'église. Il lui était reproché d'avoir recelé un setier de seigle dérobé par ses enfants dans la maison du seigneur de Hodister[5]. La première mention de Gênes sur une carte géographique remonte à 1585 ; elle est due à Mercator[6]. Dans la suite, les graphies différentes ne manquent pas : Jaine, Janne, Géne, Gine ou Gennes, avant de se fixer sur Gênes. Sous l'Ancien Régime Gênes faisait partie de la seigneurie de Hodister, dans le comté de La Roche, duché de Luxembourg. En raison de cette appartenance au duché de Luxembourg, Gênes n'a rejoint la Belgique indépendante qu'en 1839[7].

Comme en témoigne la plaquette "Pro Patria 14-18" apposée à l'entrée du cimetière, plusieurs habitants de Gênes qui ont combattu au cours de la Première Guerre mondiale, sont inhumés dans ce lieu de repos. Ils ont nom : Victor Henin, Joseph Hollange, Emile Mousny et Joseph Petit[8].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands ont construit à proximité du village un camp équipé de radars, il a été bombardé en [9],[10]. En , le village a été fortement bombardé[11] et un bombardier de la Royal Air Force a été abattu à proximité[12]. Au terme de la Bataille des Ardennes, Gênes a été libéré le . Les premiers éléments à y pénétrer appartenaient au 2nd Derbyshire Yeomanry qui faisait partie de la 51st Highland Division britannique.

Économie et société[modifier | modifier le code]

Jusqu'au milieu du XXe siècle, Gênes était un village essentiellement agricole : hormis le vicaire, l'instituteur, le menuisier ou le forgeron, pratiquement tous les habitants étaient agriculteurs. Selon les saisons, ils complétaient cette activité de base en travaillant dans la forêt[13]. Dans les années , la pression démographique confrontée à un espace agricole non extensible a entraîné l'émigration de plusieurs familles, notammment vers la France, pour travailler dans une filature à Chiry-Ourscamp, dans le département de l'Oise. La laiterie coopérative Saint-Isidore, constituée en , a fonctionné jusqu'en . Elle a non seulement permis l’écrémage et la fabrication du beurre, mais elle a aussi été un lieu de rencontre sociale pour la plupart des agriculteurs qui s'y croisaient matin et soir pendant l’écrémage[14]. De nos jours, trois exploitations agricoles gèrent l'entièreté des terres du village. Une entreprise de construction est établie dans le village et plusieurs gîtes y accueillent les touristes de passage.

Patrimoine[modifier | modifier le code]

  • L'église, dédiée à saint Isidore, le patron des agriculteurs, a été mise en service en . Son architecte principal est Roger Bastin[15]. La toute première chapelle date de . Comme les gens de Gênes devaient se rendre à Hodister pour les offices religieux, ils ont construit eux-mêmes une chapelle et ils ont mis des biens à disposition pour la subsistance d'un prêtre, cela pour la commodité de la messe tous les jours et pour faire instruire les enfants de la paroisse[16].
  • Outre l'église, plusieurs maisons sont reprises au patrimoine architectural de Wallonie. Elles sont situées rue des Fagnes (no 1 et 3) et rue Saint-Isidore (no 3, 4, 8, 9, 17, 25, et 32)[17].
  • La tombe du Commonwealth où repose le trooper John Gallagher [18]
  • La stèle en l'honneur des soldats britanniques tués lors de la Bataille des Ardennes.
  • La Croix des Prisonniers, élevée en à l'entrée nord du village.
  • La Croix du Curé, érigée dans la campagne à l'endroit où l'abbé Jean Nicolas Brice Biette, curé de Hodister et Gênes, est décédé le [19]. Actuellement enlevée pour restauration.
  • Les vestiges d'un camp allemand bombardé en .
  • Le Vieux-Hêtre, arbre remarquable, multiséculaire.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Institut géographique national, carte 1:25000, Bruxelles, 1969-1990
  2. Jean-Pierre Lambot, L'Ardenne Mardaga,1987
  3. Archives générales du Royaume, Arlon, Dénombrements luxembourgeois du XVe siècle.
  4. Mathieu Leclercq, Coutume des pays, duché de Luxembourg et comté de Chiny, Bruxelles, 1867-1887.
  5. Léon Marquet, Témoignages sur la justice d'autrefois au Comté de La Roche-en-Ardenne; amende honorable, port de pierres de justice et pèlerinages judiciaires, in Bulletin trimestriel de l'Institut archéologique de Luxembourg, 1977.
  6. Gérard Mercator, Belgii inferioris Geographicae Tabulae.
  7. Maurice Petit, Un autre regard sur ... Gênes au fil du temps, Stavelot, administration communale de Rendeux, 2013, p. 21-22 et 140-141 (ISBN 978-2-960137101).
  8. Maurice Petit, 1919 : Ils reviennent, mais pas tous! Combattants de la Grande Guerre. Communes de Beffe, Hodister, Marcourt et Rendeux in Annales du Cercle historique de Marche-en-Famenne, Hotton et Rendeux, années 2019, 2020 et suivantes
  9. Jean-Marie Antoine, Le camp allemand de Gênes, in Annales 2004 du Cercle historique de Marche-en-Famenne, Hotton, 2004.
  10. Maurice Petit, Il fallait faire quelque chose ! Agents de Renseignement et d'Action 1940-1945, Hotton, La Roche-en-Ardenne, Marche-en-Famenne et Rendeux, Famenne & Art Museum, avec le soutien d'Ara Luxnam, 2018.
  11. Mi èt to l'z'ontes, Si Gênes m'était conté, Collection Histoire collective du Luxembourg, 1983 p. 420-421.
  12. Maurice Petit, Un bombardier s'écrase près de Gênes, in Annales 2009 du Cercle historique de Marche-en-Famenne, Hotton et Rendeux, 2009, p. 33-42.
  13. Maurice Petit, Un village sous la loupe cadastrale: Gênes en 1766, in Annales du Cercle historique de Marche-en-Famenne, Hotton et Rendeux, 2014.
  14. Maurice Petit, La laiterie Saint-Isidore à Gênes, in Annales 2012 du Cercle historique de Marche-en-Famenne, Hotton et Rendeux, p. 43-59.
  15. Jean-Marie Antoine, Un autre regard sur ... nos églises et nos chapelles, administration communale de Rendeux, 2011, p. 139-164.
  16. Maurice Petit, Gênes au fil du temps, op.cit. p. 62-66.
  17. Ministère de la Région Wallonne, Patrimoine architectural et territoires de Wallonie, La Roche-en-Ardenne, Rendeux et Tenneville, Pierre Mardaga éditeur, 2004, p. 179 à 181, (ISBN 2-87009-882-0).
  18. Jean-Marie Antoine, Un autre regard sur ... nos cimetières, administration communale de Rendeux, 2003, p. 294.
  19. Jean-Marie Antoine, Un autre regard sur ... les croix de nos chemins Administration communale de Rendeux, 2001