Aller au contenu

Domovoï

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Domovoï
Description de cette image, également commentée ci-après
Domovoï par Ivan Bilibine.
Créature
Autres noms Domowik
Groupe Mythologie, folklore
Caractéristiques créature masculine surnaturelle
Habitat foyer
Proches Lār
Origines
Origines mythologie slave
Région Europe

Le domovik ou domovoy (en russe : домово́й, dérivé du mot dom [дом], maison ; au pluriel : domoviye ou domovye) est un esprit protecteur du foyer et de la famille, ressortant de la « petite mythologie » chez les Slaves. Avec la christianisation il est devenu un personnage des contes populaires russes[1].

Il est possible que la croyance slave en domovoï se soit perpétuée également chez les Serbes, dont chaque famille possède aujourd'hui un saint protecteur et auquel était consacrée annuellement une journée de festivités (voir la Slava). Cette tradition semble avoir comblé le vide laissé par la disparition des domoviye lors du passage des Serbes au christianisme au VIIIe siècle[2].

Le Domovoï initialement, est l'esprit de l'isba, une maison russe traditionnelle construite en bois. Dans les villes, où les constructions ne sont pas toujours en bois, la croyance en domovoï s'affaiblit[3].

Génie familier de la maison, Domovoï est originellement celui du feu du foyer. Il se fonde sur l'usage de déposer dans la nouvelle maison un feu pris dans la précédente et sur celui d'offrir au domovój un pot de gruau recouvert de braises le 28 janvier. Le domovój s'apparente donc au Lār romain[4].

Dit « maître de la maison », son origine ignée a laissé plusieurs traces dans les contes qui l'évoquent : il craint le froid et sa place favorite est derrière le poêle. Il est représenté par un pot de braises quand on déménage. Si l'on omet de l'inviter à rejoindre la nouvelle maison, il peut incendier celle-ci[4].

Comme d'autres génies du feu domestique, c'est également un génie du lignage. Il s'identifie à l'ancêtre fondateur de la lignée, celui qui le premier s'est installé dans la maison, qui en a fondé le foyer[5].

Description et traditions

[modifier | modifier le code]
Statuettes silésiennes de Domowik, photographiées au début du XXe siècle[6][réf. incomplète].

Petit, poilu et barbu, le domovoï vit près du seuil de la maison[7], derrière le poêle, dans un placard, ou bien il choisit la cour ou l'écurie[1]. Bien que présenté la plupart du temps comme solitaire, il peut avoir une compagne, qui lui est semblable[1]. L'une des exigences du paganisme slave consiste de lui laisser chaque soir près du four des morceaux de nourriture et du tabac[3], de même que de l'inviter à suivre la famille lorsque celle-ci changeait d'habitat. À la veille du déménagement, accompagné d'une invocation rituelle, on glissait dans un recoin de la cuisine des souliers plats, traditionnellement tissés d’écorce de bouleau, pour que le domovoï s’y glisse et de cette manière l’emmener au nouveau foyer. Selon les endroits, on peut également le transporter dans un pot contenant des braises ou de la bouillie[3].

Les domoviye sont (dit-on[Qui ?]) attristés par la disparition de la foi humaine et par la perte des traditions populaires dans les foyers. C'est un nocturne, ses pupilles rouges transforment en clarté les lueurs de la pénombre[réf. nécessaire]. Il dort le jour et se lève le soir pour manger et travailler. Habituellement bienveillant, chaleureux et amical, c'est le premier esprit ami de l’homme. Il se nourrit des passions humaines que sont l’amour, la sécurité et le respect des anciens.

La plupart des rencontres avec le domovoï ont lieu la nuit lorsqu’il « étouffe » les personnes qui dorment[3], non pas pour les agresser mais pour prévenir qu’un danger menace la maison ou la famille. Si la famille ne tient pas compte de ses avertissements, le domovoï peut devenir violent et faire du vacarme en lançant des objets dans la maison ou en blessant les chevaux ou le bétail[réf. souhaitée].

Si on veut le voir, il faut rapporter un cierge de l'église pendant la nuit du jeudi de la semaine sainte et monter au grenier où il se trouve la plupart du temps[3].

S'il n'est pas traité avec le respect et l'honneur qui lui sont dus, il s'en prend au bétail ou quitte la maison furieux, privant ainsi ses occupants de sa protection. Dans ces cas-là, humains et animaux tombent malades, dépérissent et peuvent mourir[1].

La Femme du marchand et le domovoï, par Boris Koustodiev (1922).

Le domovoï est parfois appelé jikhar' (жихарь). Selon l'Encyclopédie Brockhaus et Efron[8], dans le nord du gouvernement d'Olonets on appelle Jikhar'ko un esprit du foyer. Il est de petite taille, ébouriffé, porte une grande barbe, et est bienveillant quoique farceur. Toutefois le jikhar' vole parfois les enfants[9], et le baïennyï jikhar’ (баенный жихарь) est un esprit méchant qui réside dans les bains[10].

Dans la culture

[modifier | modifier le code]

Dans Rouletabille chez le tsar, roman policier de Gaston Leroux (1913), la générale surnomme Rouletabille son domovoï parce qu'il veille sur son foyer et la vie de son époux.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a b c et d (en) Herbert Spencer Robinson, Knox Wilson, Myths and Legends of All Nations, Bloomsbury Publishing, (ISBN 9798881873196, lire en ligne)
  2. (en) Ronesa Aveela, A Study of Household Spirits of Eastern Europe, Bendideia Publishing, , 198 p. (ISBN 9780999686164, lire en ligne)
  3. a b c d et e Lise Gruel-Apert, Le monde mythologique russe, Editions Imago, , 360 p. (ISBN 9782849528402, lire en ligne)
  4. a et b Jean Haudry, Le feu dans la tradition indo-européenne, Archè, Milan, 2016 (ISBN 978-8872523438), p. 208
  5. Haudry, 2016, ibid., p.178
  6. Máchal 1918, p. 244 ff.
  7. (en) Jan Hanuš Máchal, Slavic Mythology : Folklore & Legends of the Slavs, 2023, , 136 p. (lire en ligne)
  8. (ru) Encyclopédie Brockhaus et Efron (article Жихарько).
  9. (ru) S.A. Pitina, Concepts de la pensée mythologique... (p.113).
  10. (ru) dic.academic.ru.

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :