Cheloniellida

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Cheloniellida
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Spécimen fossile de Duslia
Classification
Règne Animalia
Sous-règne Bilateria
Embranchement Arthropoda
Sous-embr.  Artiopoda
Super-classe  Vicissicaudata

Ordre

 Cheloniellida
Broili, 1932

Genres de rang inférieur

Les Cheloniellida sont un taxon d'arthropodes paléozoïques éteints généralement mis au rang d'ordre[1],[2]. En 2018[2], huit genres monotypiques de cheloniellidés avaient été officiellement décrits dans des strates marines allant de l'Ordovicien au Dévonien. Cheloniellida a une position phylogénétique controversée, des études antérieures l'associant comme membre ou parent à divers taxons d'arthropodes fossiles et existants[2]. Il a ensuite été accepté comme membre de Vicissicaudata au sein des Artiopoda (en)[3],[4],[5].

Morphologie[modifier | modifier le code]

Les cheloniellidés ont un corps ovoïde aplati comprenant un céphalon oculaire (tête) et un tronc segmenté, divisé dorsalement par une série de tergites (exosquelette dorsal). Le céphalon pourrait être divisé en procéphalon et gnathocéphalon[2]. Le bouclier céphalique (exosquelette dorsal du céphalon) est relativement réduit par rapport à d'autres membres des Artiopoda (en)[2],[3]. Le tronc est plus large que le céphalon et compte de huit à treize tergites[2]. Les extrémités latérales des premiers tergites sont dirigées vers l'avant, celles du milieu vers le côté et les dernières vers l'arrière, ce qui donne à l'ensemble une apparence rayonnée[3](en)[2]. Le dernier segment du tronc, aussi appelé postabdomen[4], est minuscule et enveloppé par les extrémités du tergite précédent[2].

Dans les fossiles existants, le céphalon comporte une paire d'antennes et cinq paires d'appendices uniramés, les quatre postérieures ayant une gnathobase[6]. Il existe des preuves que les appendices non-gnathobasiques du second segment céphalique sont spécialisés ou même ravisseurs chez certaines espèces[6],[2]. Chaque segment du tronc (sauf le dernier) possède une paire d'appendices biramés constitués d'un long endopode et d'un exopode plus court[2]. Le dernier segment du tronc possède une paire d'appendices en forme d'épines ou de fouets nommés furcae[3] ou cerques[6] ; certaines espèces ont aussi une épine centrale qui pourrait être un telson, ou pas[2].

Classification[modifier | modifier le code]

Position phylogénétique[modifier | modifier le code]

Le second appendice spécialisé (Pap, en vert) et les appendices gnathobasiques (Gap, en cyan) de Cheloniellon ont été comparés aux appendices prosomaux des chélicérates par certaines études[6],[7].

Bien que Boudreaux (1979) considère Cheloniellida comme une classe[8], des études plus récentes le considèrent habituellement comme un ordre[1],[2]. Cheloniellida a une position phylogénétique discutée au sein des arthropodes, des études surtout du XXe siècle suggérant qu'il pourrait être un membre ou un parent des crustacés, des trilobites, des chélicérates ou des Aglaspidida (en)[2]. Lors de leurs premières descriptions, certaines espèces ont été identifiées à tort comme des mollusques (chitons)[9]. À l'origine, le cheloniellidé le plus connu (Cheloniellon) était considéré comme un crustacé similaire aux trilobites[10],[11]. Les auteurs suivants ont suggéré qu'il occupait une position intermédiaire entre les trilobitomorphes et les chélicérates[6],[7], tandis que d'autres les considéraient aussi comme un groupe frère des crustacés[12] ou des chélicérates[13],[14]. La relation étroite entre les cheloniellidés et les chélicérates était suggérée par les appendices gnathobasiques similaires à ceux des mérostomes (xiphosuriens et euryptérides) et l'hypothèse que les chélicérates descendaient des trilobites par la perte des antennes deutérocérébrales (c'est-à-dire la première paire d'antennes) et la spécialistaion des appendices tritocérébraux en chélicères (comparables aux antennes des chloniellidés et à leur deuxième paire d'appendices spécialisés[6],[7]), un scénario qui n'est confirmé ni par l'expression génétique[15],[16],[17],[18],[19], ni par les preuves neuroanatomiques[20],[21] ou la biologie du développement[22] (qui suggère que les chélicères sont en fait deutocérébrales).

Artiopoda (en)

Squamacula




Retifacies



Kwanyinaspis



Conciliterga




Petalopleura




Nektaspidida




Phytophylaspis



Trilobita





Vicissicaudata

Sidneyia



Cheloniellida

Neostrabops




Cheloniellon




Triopus



Duslia







Emeraldella




Kodymirus




Eozetetes



Aglaspidida









Phylogénie simplifiée des Artiopoda (en) centrée sur Cheloniellida, selon Lerosey-Aubril et al. (2017)[4].

Au XXIe siècle, Cheloniellida a surtout été considéré comme formant un clade avec Aglaspidida (en) et Xenopoda (c'est-à-dire Sidneyia et Emeraldella)[23],[3],[24],[25],[4]. Ce clade a été officiellement nommé Vicissicaudata en 2013[3], réuni par un segment terminal du tronc (postabdomen) portant une paire d'appendices ne ressemblant pas à des pattes[3],[4]. De nombreuses analyses phylogénétiques ont aussi placé Vicissicaudata au sein d'Artiopoda (en)[4], un taxon d'arthropodes divers rassemblant les trilobites et des taxons fossiles similaires qui pourrait être[26],[24], ou n'être pas[3],[25],[4], étroitement apparenté aux chélicérates.

Genres et espèces[modifier | modifier le code]

(* Selon PBDB[27])

  • Cheloniellon (en)* Broili, 1932
    • Cheloniellon calmani Broili, 1932—Bas Dévonien, Allemagne
  • Duslia* Jahn, 1893
    • Duslia insignis Jahn, 1893—Haut Ordovicien, République tchèque, Maroc
  • Eoduslia Vidal, 1998
    • Eoduslia brahimtahiri Vidal, 1998—Haut Ordovicien, Maroc
  • Neostrabops* Caster & Macke, 1952
    • Neostrabops martini Caster & Macke, 1952—Haut Ordovicien, États-unis
  • Paraduslia Dunlop, 2002
    • Paraduslia talimaae Dunlop, 2002—Bas Dévonien, Russie
  • Pseudarthron Selden & White, 1984
    • Pseudarthron whittingtoni Selden & White, 1984Silurien supérieur
  • Triopus* Barrande, 1872
    • Triopus drabowiensis Barrande, 1872—Haut Ordovicien, République tchèque, Maroc

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Cheloniellida » (voir la liste des auteurs).

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Hou, Xianguang. (Bergström, Jan, 1938-), Arthropods of the Lower Cambrian Chengjiang fauna, southwest China, Oslo, Scandinavian University Press, (ISBN 82-00-37693-1, OCLC 38305908, lire en ligne)
  2. a b c d e f g h i j k l et m (en) Wendruff, Andrew James, et al. "New cheloniellid arthropod with large raptorial appendages from the Silurian of Wisconsin, USA." BioRxiv (2018): 407379. [1]
  3. a b c d e f g et h (en) Javier Ortega-Hernández, David A. Legg et Simon J. Braddy, « The phylogeny of aglaspidid arthropods and the internal relationships within Artiopoda », Cladistics, vol. 29, no 1,‎ , p. 15–45 (DOI 10.1111/j.1096-0031.2012.00413.x)
  4. a b c d e f et g (en) Rudy Lerosey-Aubril, Xuejian Zhu et Javier Ortega-Hernández, « The Vicissicaudata revisited – insights from a new aglaspidid arthropod with caudal appendages from the Furongian of China », Scientific Reports, vol. 7, no 1,‎ , p. 11117 (ISSN 2045-2322, PMID 28894246, PMCID 5593897, DOI 10.1038/s41598-017-11610-5)
  5. (en) Kun‐sheng Du, Javier Ortega‐Hernández, Jie Yang et Xi‐guang Zhang, « A soft‐bodied euarthropod from the early Cambrian Xiaoshiba Lagerstätte of China supports a new clade of basal artiopodans with dorsal ecdysial sutures », Cladistics, vol. 35, no 3,‎ , p. 269–281 (ISSN 0748-3007, DOI 10.1111/cla.12344)
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  7. a b et c (en) STfJRMER, W. t~ BERGSTROM, J. 1981. Weinbergina, a xiphosuran arthropod from the Devonian Hunsriick Slate. - Palaontologische Zeitschrift 55: 237-255.[2]
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  11. (en) BROILI, F. (1933): Ein zweites Exemplar von Cheloniellon. -- Sitzungsber. bayer. Akad. Wiss.: 11--32; München.[5]
  12. (en) Delle Cave, L. and A.M. Simonetta (1991) Early Palaeozoic arthropods and problems of arthropod phylogeny; with some notes on taxa of doubtful affinities. In The Early Evolution of Metazoa and the Significance of Problematic Taxa, eds. A. M. Simonetta and S. Conway Morris. Cambridge University Press, Cambridge, England. Vol. 189–244.
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  19. (en) Georg Brenneis, Petra Ungerer et Gerhard Scholtz, « The chelifores of sea spiders (Arthropoda, Pycnogonida) are the appendages of the deutocerebral segment », Evolution & Development, vol. 10, no 6,‎ , p. 717–724 (ISSN 1525-142X, PMID 19021742, DOI 10.1111/j.1525-142X.2008.00285.x)
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  21. (en) Steffen Harzsch, Miriam Wildt, Barbara Battelle et Dieter Waloszek, « Immunohistochemical localization of neurotransmitters in the nervous system of larval Limulus polyphemus (Chelicerata, Xiphosura): evidence for a conserved protocerebral architecture in Euarthropoda », Arthropod Structure & Development, vol. 34, no 3,‎ , p. 327–342 (ISSN 1467-8039, DOI 10.1016/j.asd.2005.01.006, lire en ligne)
  22. (en) Beate Mittmann et Gerhard Scholtz, « Development of the nervous system in the "head" of Limulus polyphemus (Chelicerata: Xiphosura): morphological evidence for a correspondence between the segments of the chelicerae and of the (first) antennae of Mandibulata », Development Genes and Evolution, vol. 213, no 1,‎ , p. 9–17 (ISSN 1432-041X, PMID 12590348, DOI 10.1007/s00427-002-0285-5, S2CID 13101102)
  23. (en) Gregory D. Edgecombe, Diego C. García-Bellido et John R. Paterson, « A New Leanchoiliid Megacheiran Arthropod from the Lower Cambrian Emu Bay Shale, South Australia », Acta Palaeontologica Polonica, vol. 56, no 2,‎ , p. 385–400 (ISSN 0567-7920, DOI 10.4202/app.2010.0080, lire en ligne)
  24. a et b (en) David A. Legg, « Sanctacaris uncata: the oldest chelicerate (Arthropoda) », Naturwissenschaften, vol. 101, no 12,‎ , p. 1065–1073 (ISSN 0028-1042, PMID 25296691, DOI 10.1007/s00114-014-1245-4, S2CID 15290784, lire en ligne)
  25. a et b (en) Gregory D. Edgecombe, John R. Paterson et Diego C. García-Bellido, « A new aglaspidid-like euarthropod from the lower Cambrian Emu Bay Shale of South Australia », Geological Magazine, vol. 154, no 1,‎ , p. 87–95 (ISSN 0016-7568, DOI 10.1017/S0016756815001053, lire en ligne)
  26. David A. Legg, Mark D. Sutton et Gregory D. Edgecombe, « Arthropod fossil data increase congruence of morphological and molecular phylogenies », Nature Communications, vol. 4,‎ , p. 2485 (ISSN 2041-1723, PMID 24077329, DOI 10.1038/ncomms3485, lire en ligne)
  27. « PBDB », sur paleobiodb.org (consulté le )