Castanea

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Castanea

Castanea est un genre d'arbres de la famille des Fagaceae. Les espèces de ce genre sont appelées châtaignier. Il comprend notamment le châtaignier commun (Castanea sativa) renommé pour son fruit, la châtaigne.

Étymologie

Castanea sativa est depuis longtemps exploité pour ses châtaignes, consommée par l'homme ou les cochons menés en pâturage dans la forêt qui est une pratique encore effective en Corse ou Espagne par exemple.

Le nom latin castanea qui désigne aussi bien l'arbre que le fruit vient de l'adjectif grec καστάνεια kastáneia, lui-même dérivé de κάστανον kástana' « châtaigne », probablement emprunté à une langue d'Asie mineure (le relais entre cette langue indo-européenne et le grec semble passer par l'arménien kaskeni qui désigne l'arbre et kask le fruit)[1]. Cette racine étymologique se retrouve dans de nombreuses langues celtiques, romanes, germaniques et slaves : chestnut en anglais, kastanje en allemand, kasztan en polonais, castaño en espagnol, castagno (la plante) et castagna (le fruit) en italien, kistinen et kistin en breton[2]. Les termes arabes ‘gastal’, ‘kastal’, ‘kastanat’, perse ‘kashtah’ (fruit sec) et syrien ‘kastana’ ont pour origine le mot sanskrit ‘kashta’ qui désigne l'arbre en général ou tout ce qui est ligneux, ce qui laisse supposer que le châtaignier fut introduit de l'Est et que la châtaigne était le fruit par excellence dans les régions d'Asie mineure[3]

Dans l'Antiquité on a pensé que kástana pouvait provenir d'un nom de lieu comme celui du village de Kastana, en Magnésie dans la région de Thessalie[4], mais il est plus probable que ces noms de lieux viennent du nom de la châtaigne et de son arbre bien diffusé dans cette région. Selon la mythologie gréco-romaine, le châtaignier est la dépouille de la nymphe Néa, compagne de Diane, qui préféra se tuer plutôt que de céder aux avances de Jupiter. Ivre de colère, le dieu la métamorphosa en un Casta Nea (la chaste Néa), châtaignier dont les fruits garnis de piquants symbolisent cette aventure[5].

Il n'y a pas de lien clair entre kastáneia et le nom gaulois ou prégaulois hypothétique kassanos « chêne », qui a donné chêne en français[6].

Toponymie

De nombreux toponymes rappellent l'existence d'un castaneus (châtaignier) ou d'une ancienne castanetum, c'est-à-dire d'une châtaigneraie : La Châtaigneraie, Chatenois, Chatenay-Mâcheron, Catenay, Castagnède, Quistinic[7].

Liste des espèces

Forme des feuilles des trois principales espèces de châtaigniers : C. sativa, crenata et mollissima.

Selon Catalogue of Life (23 février 2018)[8] :

Maladies

Les espèces du genre Castanea sont toutes plus ou moins sensibles à des maladies graves, qui prennent localement de l'extension :

Feuilles de châtaignier.
Castanea sativa (Muséum d'histoire naturelle de Toulouse).

Famille

Le nom latin du châtaignier est Castanea, avec plusieurs espèces. Il fait partie de la même famille que le hêtre et le chêne (Fagacées). Le châtaignier se trouve dans des régions tempérées (Périgord, Cévennes).

Mesure de l'âge

Pour mesurer l'âge du châtaignier, on compte le nombre de cernes dans le tronc [image ci-dessous] comme sur l'ensemble des arbres des milieux froids ou tempérés.

Utilisation

Bois

Le bois du châtaignier a un aubier différencié (avec une disposition dendritique des vaisseaux du bois, en Y) et un duramen avec des thylles[9]. Il est utilisé pour la charpente, le parquet, les échalas (vignes). Le bois était utilisé autrefois dans la tonnellerie (fabrique de barrique de vins). Il donne un chauffage moyen.

Feuilles

Les feuilles sont comestibles jeunes (âgées, elles sont trop tanniques). Elles peuvent servir à tapisser des fonds de plat ou enrouler des fromages comme la feuille de Dreux, leur donnant un léger goût spécifique mais constituant surtout un moyen d'éviter que la sauce colle au fond du plat emballage ou pour empêcher que ces fromages, empilés les uns sur les autres lors de leur affinage, ne se collent entre eux[10]. L'habillage traditionnel du fromage de Banon dans des feuilles de châtaigniers, permet de le maintenir moelleux et parfaitement consommable en hiver, période de tarissement du lait des chèvres.

Fruit

Bisotage d'un porte-greffe (châtaignier). Dournazac - Limousin. 2019

Le châtaignier a joué un rôle majeur dans l'alimentation en Europe (notamment en France, Italie, Bretagne, Galice, Thessalie). Les fruits sont des châtaignes, akènes réunis par deux ou trois dans une bogue qui est un involucre de bractées formant une sorte de coque ronde hérissée d'épines plusieurs fois ramifiées. La bogue est appelée selon les régions pelon, bugue, boursier, érissou (Pyrénées), caloche (Charente) et pour tous, de manière imagée, hérisson[11].
Ces châtaignes peuvent être consommés crues, bouillies, grillées ou rôties, fraîches ou séchées. Une fois ramassées, le séchoir à châtaignes permet de les sécher pour les conserver avant consommation, soit directement soit après transformation par exemple sous forme de farine (pain en période de disette, pulenda corse). À l'heure actuelle, en France, ces fruits servent surtout à la fabrication de marrons glacés, de crème de marrons et de marrons au naturel pour accompagner la dinde de Noël[12].

Identification

Les fossiles de Castanea datant du Crétacé expliquent la persistance de traits archaïques (fleurs femelles à la base des inflorescences mâles, fécondation du tube pollinique par le côté ou la base, bois à perforations scalariformes)[13].

Le châtaignier peut mesurer de vingt à trente mètres. Sa croissance est très rapide. Au bout de vingt ans, il atteint sa taille adulte. Son âge moyen est de 2 000 ans.[réf. nécessaire] Ses feuilles font vingt centimètres. Un des châtaigniers les plus gros de toute la France est celui de Cess.[réf. nécessaire] Une classe de CM2 de la région a dû réaliser une chaîne humaine autour du tronc pour en apprécier le périmètre. Son écorce est lisse et longue. Les feuilles mesurent 15 à 20 cm de long et 9 à 10 cm de large. Elles sont oblongues (très allongées) et lancéolées (en forme de fer de lance ou de plume), plutôt dures. De couleur vert sombre en été, elles virent au jaune pâle en automne avant de devenir brunes. Le bord du limbe est fortement denté, ce qui correspond à la terminaison des nervures (au nombre de 20), proéminentes et parallèles de chaque côté de la nervure centrale . Le pétiole est jaunâtre ou rouge et mesure 2.5 cm environ.[pas clair]. Le fruit du châtaignier est la châtaigne. Cette dernière se trouve dans une bogue piquante. Cette bogue contient 2 ou 3 châtaignes.

Voir aussi

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Bibliographie

  • Jean-Robert Pitte, Terres de Castanide. Hommes et paysages du Châtaignier de l'Antiquité à nos jours, Fayard, , 480 p. (lire en ligne)
  • Catherine Bourgeoi, Eric Sevrin et Jean Lemaire, Le châtaignier, un arbre, un bois, Institut pour le développement forestie, , 352 p. (lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. (en) Eric Partridge, Origins. A Short Etymological Dictionary of Modern English, Routledge, , p. 94
  2. Ariane Bruneton-Governatori, Le pain de bois. Ethnohistoire de la châtaigne et du châtaignier, Lacour, , p. 75
  3. (en) A. Solar, Z. Grecs, G.Seljak, G. Osterc, F.Štampar, D. Jurc, « Following Chestnut Footprints (Castanea spp.) - Cultivation and Culture, Folklore and History, Tradition and Uses », Scripta Horticulturae, no 9,‎ , p. 128 (lire en ligne)
  4. "Essai monographique sur le châtaignier", Édouard Lamy, 1860 ; (en) Victor Heen, 1885.
  5. François Couplan, Les plantes et leurs noms : Histoires insolites, Éditions Quae, (lire en ligne), p. 41
  6. Wartburg.
  7. Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, Droz, , p. 1230.
  8. Catalogue of Life Checklist, consulté le 23 février 2018
  9. Marie-Christine Trouy, Anatomie du bois. Formation, fonctions et identification, Éditions Quae, , p. 74
  10. Jacques-Louis Delpal, Fromages & vins, éditions Artemis, , p. 87
  11. Nicole Tonelli et François Gallouin, Des fruits et des graines comestibles du monde entier, Lavoisier, , p. 174
  12. François Couplan, Le régal végétal. Plantes sauvages comestibles, éditions Ellebore, , p. 228
  13. (en) W. L. Crepet, K. C. Nixon et M. A. Gandolfo, « Fossil evidence and phylogeny: the age of major angiosperm clades based on mesofossil and macrofossil evidence from Cretaceous deposits », American Journal of Botany, vol. 91, no 10,‎ , p. 1666-1682