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Bolet des chênes verts

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Leccinellum lepidum

Leccinellum lepidum
Description de cette image, également commentée ci-après
Bolet des chênes verts
Classification
Règne Fungi
Division Basidiomycota
Classe Agaricomycetes
Sous-classe Agaricomycetidae
Ordre Boletales
Famille Boletaceae
Genre Leccinellum

Espèce

Leccinellum lepidum
(H. Bouchet ex Essette) Bresinsky & Manfr. Binder

Statut de conservation UICN

( LC )
LC  : Préoccupation mineure

Leccinellum lepidum, le Bolet des chênes verts, anciennement Leccinum lepidum, est une espèce de champignons basidiomycètes, appartenant à la famille des Boletaceae. Il est caractérisé par ses pores jaunâtres, son pied rugueux orné de squabrosités, sa chair grisonnante et son habitat sous chênes. C'est un champignon comestible, mais de valeur culinaire moyenne, pas aussi apprécié que les bolets populaires du genre Boletus sensu stricto.

Originaire du sud de l'Europe, L. lepidum est abondamment présent dans toute la zone Méditerranéenne, poussant en symbiose mycorhizienne avec diverses espèces de chênes (Quercus), notamment le chêne vert (Quercus ilex) et le chêne-liège (Quercus suber). Malgré sa répartition méridionale, le champignon se distingue par sa fructification tardive et sa tolérance aux basses températures, il est souvent le seul bolet à fructifier pendant les mois froids de l'hiver[1]

Le nom correct complet (avec auteur) de ce taxon est Leccinellum lepidum (H.Bouchet ex Essette) Bresinsky & Manfr.Binder[2].

L'espèce a été initialement classée dans le genre Boletus sous le basionyme Boletus lepidus H.Bouchet ex Essette[2].

Bolet des chênes verts mature. On observe bien ici les squabrosités sur son stipe, sortes de toutes petites bosses ornant toute la surface du pied.

Leccinellum lepidum a pour synonymes[2] :

  • Boletus crocipodius var. eximius Bouchet, 1960
  • Boletus lepidus H.Bouchet
  • Boletus lepidus H.Bouchet ex Essette
  • Boletus sardous Belli & Sacc.
  • Krombholziella lepida (H.Bouchet ex Essette) Alessio
  • Krombholziella sardoa (Belli & Sacc.) Bon & Contu
  • Leccinellum lepidum var. sardoum (Belli & Sacc.) Blanco-Dios
  • Leccinum crocipodium var. eximius Bouchet
  • Leccinum crocipodium var. lepidum (H.Bouchet ex Essette) Bon
  • Leccinum lepidum subsp. sardoum (Belli & Sacc.) Quadr., 1985
  • Leccinum lepidum (H.Bouchet ex Essette) Bon & Contu
  • Leccinum lepidum (H.Bouchet ex Essette) Quadr.
  • Leccinum sardoum (Belli & Sacc.) Quadr. & Lunghini

Phylogénie

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Initialement décrit comme Boletus lepidus par H. Essette en 1965[3], Leccinellum lepidum a été classé de manière controversée par divers auteurs, qui l'ont placé dans différents genres ou l'ont parfois synonymisé avec d'autres taxons. En 1985, l'espèce a été invalidement recombinée au genre Leccinum par les mycologues Marcel Bon et Marco Contu, mais plus tard dans la même année, le mycologue italien Carlo Alessio l'a transférée dans Krombholziella[4], un genre qui est devenu plus tard synonyme de Leccinum. Bon l'a recombiné comme une variété de Leccinum crocipodium en 1989[5], pour le recombiner ensuite à nouveau avec M. Contu sous le nom de Leccinum lepidum, en 1990[6]. Heinz Engel et ses collègues, de leur côté, ont rejeté tous les noms précédents et ont considéré le taxon comme un synonyme de Leccinum corsicum, une espèce étroitement apparentée associée aux arbustes Cistacés. En 2003, l'espèce a été transférée vers le genre Leccinellum nouvellement créé par les mycologues Andreas Bresinsky et Manfred Binder, avec d'autres taxons à pores jaunes anciennement placés dans le genre Leccinum[7]. Des analyses phylogénétiques et chimiotaxonomiques ultérieures réalisées par Binder & Besl[8] et Den Bakker & Noordeloos[9] ont remis en question la ségrégation du genre Leccinellum, mais ont suggéré que L. lepidum, L. corsicum et L. crocipodium sont probablement des espèces distinctes. Cependant, les trois taxons étaient initialement représentés par très peu de séquences et le clade inclusif « corsicum/lepidum » a reçu un soutien élevé dans les analyses phylogénétiques préliminaires. Dans un article de 2014, Bertolini[10] a abandonné Leccinellum de manière controversée et a placé L. lepidum une fois de plus en synonymie avec L. corsicum, pour que le genre soit rétabli la même année par Wu et ses collègues, dans une contribution majeure délimitant 22 clades génériques. dans la famille des Bolétacées[11]. La confusion a finalement été clarifiée en 2019, lorsque plusieurs collections de Corse, de Croatie, de Chypre, de France et de Grèce ont été analysées dans un traitement phylogénétique, biogéographique et écologique élaboré par M. Loizides et ses collègues[12]. Dans cette étude, Leccinellum fut validé phylogénétiquement, tandis que L. lepidum, L. corsicum et L. crocipodium formaient des lignées bien étayées au sein du genre et ont été confirmées comme espèces distinctes.

Étymologie

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L'épithète latine lèpidus, signifiant « agréable » ou « charmant », fait probablement référence à l'apparence ou aux qualités culinaires du champignon.

Description du sporophore

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Les bolets sont des champignons dont l'hyménophore à tubes se sépare facilement de la chair du chapeau, avec un pied central assez épais et une chair compacte. Ils ont un chapeau rond devenant convexe à mesure qu’ils vieillissent.

Jeune sporophore de Leccinellum lepidum pouvant faire penser à un Cèpe. On notera ici pour la distinction les pores jaunes sous le chapeau dès la jeunesse.

Leccinellum lepidum possède un chapeau gras, plus ou moins cabossé, brun-jaune, brun sombre à ochracé. Des pores jaunes puis jaune verdâtre, un stipe trapu, jaune à roussâtre, une chair jaunâtre devenant gris rosâtre, gris violacé à noirâtre à la coupe, parfois subimmuable, et une odeur d’iode fréquente à la base du stipe[13],[14]. Ses caractéristiques d'identification principales sont son stipe orné de scabrosités, sa chair grisonnante à la coupe et ses pores jaunes dès la jeunesse.

Les tubes mesurent 1 à 2 cm de long, d'une couleur jaune pâle à jaune ocre. Les pores sont petits et arrondis, concolores aux tubes, se colorant lentement en brun rouille et enfin en brun grisâtre lors de la manipulation ou avec l'âge[15],[16].

Le stipe est de 5 à 15 cm de long et de 2 à 6 cm de large, généralement robuste et obèse au début, mais devenant progressivement plus long et clavé à cylindrique, sa couleur allant du jaune ocre au jaune pâle, de couleur paille ou blanc sale. Sa surface est couverte de minuscules pustules (scabrosités), concolores à la surface du stipe au début, mais se colorant souvent de brun rouille ou de gris-brun avec l'âge et se fusionnant parfois pour former un pseudo-réseau[17].

La chair est épaisse et jaune terne à couleur paille. Lorsqu'il est coupé ou exposé à l'air, il se décolore très lentement en orange ou en gris violacé par endroits, et après quelques heures, il s'assombrit en brun grisâtre ou gris-noir. L'odeur est légèrement fongoïde chez les jeunes spécimens, devenant plus forte chez les vieux spécimens, tandis que le goût est doux à quelque peu astringent. Les spores sont de couleur brun tabac[18],[19].

Caractéristiques microscopiques

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Au microscope, les spores apparaissent étroitement ellipsoïdes à fusiformes et mesurent 13,5–22 × 5–6 μm. La cuticule est un trichoderme d'hyphes cylindriques septés, souvent finement incrustés[14],[20].

Variétés et formes

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Leccinellum lepidum var. sardoum (Belli & Sacc.) Blanco-Dios[21].

Habitat et distribution

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Le chêne vert est un hôte commun de L. lepidum.

L'espèce est répandue dans la région méditerranéenne, où elle forme des associations ectomycorhiziennes avec diverses espèces de chênes. Il est le plus souvent associé aux membres à feuilles persistantes du groupe "Ilex", en particulier le chêne vert (Quercus ilex), mais aussi le chêne doré (Quercus alnifolia), le chêne kermès (Q. coccifera) et le chêne de Palestine (Q. calliprinos). Dans les parties occidentales du bassin méditerranéen, on le trouve fréquemment sous le chêne-liège (Q. suber), tandis que des collections sous le chêne portugais semi-caduque (Q. faginea) ont également été signalées[19]. Il est indifférent au substrat et est présent en abondance sur les sols calcaires et acides.

Bien qu'il s'agisse d'une espèce méridionale, le champignon se distingue par sa saison de fructification tardive et sa tolérance aux basses températures. Dans une étude de 10 ans menée sur l'île de Chypre, L. lepidum était le bolet le plus fréquemment observé, représentant plus de la moitié (61%) de toutes les collections de Boletaceae trouvées pendant les mois d'hiver (décembre-février)[16].

Les ectomycorhizes formées par L. lepidum avec le chêne vert ont été décrites en détail. Elles sont caractérisées par un réseau de Hartig dépourvu d'Haustorium, un manteau externe plectenchymateux d'hyphes verruqueuses disposés en forme d'anneau, des rhizomorphes dont la section transversale est arrondie et reliée au manteau, et une réaction négative au FeSO 4, KOH ou au gaïac[22].

Comestibilité

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Leccinellum lepidum est comestible, bien que les avis sur sa valeur culinaire varient. Il est généralement considéré comme gastronomiquement inférieur à d'autres bolets populaires (tels que Boletus edulis ou B. aereus), tandis que la tendance de ses sporophores à se tacher en noir rend le champignon peu attrayant à la consommation pour certaines personnes.

Confusions possibles

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  • Le Bolet de Corse (Leccinellum corsicum), est étroitement apparenté à L. lepidum, et les deux taxons avaient déjà été placés en synonymie par certains auteurs. Cependant, L. corsicum est une espèce plus petite dépassant rarement 10 cm de diamètre, et est exclusivement associée aux cistes (espèce Cistus), en ajoutant sa tendance à se colorer davantage en rougeâtre lorsque sa chair est exposée à l'air[23].
  • Le Bolet craquelé (Leccinellum crocipodium), est également similaire, mais fructifie généralement plus tôt dans la saison en association avec des chênes à feuilles caduques. Il produit des corps fruitiers plus minces et allongés, avec sa cuticule ayant tendance à se craqueler considérablement à maturité.
  • Le Bolet du marchand de sable (Leccinellum sandmanii), ressemble aussi fortement à Leccinellum corsicum, à l'exception de sa taille étant plus imposante et ses pores étant presque blancs, à peine jaunes.
  • Les Cèpes (Boletus edulis, Boletus aereus, Boletus reticulatus, Boletus pinophilus) possèdent une silhouette et des couleurs pouvant éventuellement être confondues avec celles du Bolet des chênes verts. Les principales différences seront le stipe orné d'un réseau pour les Cèpes, et non pas orné de scabrosités, ainsi que leur chair immuable et non pas noircissante. Le Bolet des chênes verts aura également des pores jaunâtres sous son chapeau dès son plus jeune âge alors que celles des Cèpes ne prendront cette couleur qu'après avoir atteint la maturité.

Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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  1. « Mycocharentes - Leccinellum lepidum »
  2. a b et c GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 30 janvier 2024
  3. Essette (1965).
  4. Alessio CL.
  5. Bon M. (1989).
  6. Quadraccia L, Rossi W. (1984).
  7. Bresinsky A, Besl H. (2003). "Beiträge zu einer Mykoflora Deutschlands – Schlüssel zur Gattungsbestimmung der Blätter-, Leisten- und Röhrenpilze mit Literaturhinweisen zur Artbestimmung". Regensburger Mykologische Schriften (in German). 11: 233
  8. Binder M, Besl H (2000). "28S rDNA Sequence Data and Chemotaxonomical Analyses on the Generic Concept of Leccinum (Boletales)". Mycologia: 71–82.
  9. Den Bakker HC, Noordeloos ME (2005). "A revision of European species of Leccinum Gray and notes on extralimital species". Persoonia. 18 (4): 511–587.
  10. Bertolini V (2014). "Taxa interessanti della flora micologica toscana". Rivista di Micologia. 57 (2): 99–126.
  11. Wu G, Feng B, Xu J, Zhu XT, Li YC, Zeng NK, Hosen MI, Yang ZL (2014). "Molecular phylogenetic analyses redefine seven major clades and reveal 22 new generic clades in the fungal family Boletaceae". Fungal Diversity. 69 (1): 93–115. doi:10.1007/s13225-014-0283-8. S2CID 15652037.
  12. Loizides M, Bellanger JM, Assyov B, Moreau PA, Richard F (2019). "Present status and future of boletoid fungi (Boletaceae) on the island of Cyprus: cryptic and threatened diversity unraveled by 10-year study". Fungal Ecology. 41 (13): 65–81. doi:10.1016/j.funeco.2019.03.008. S2CID 181958289.
  13. Lannoy G, Estadès A (1995). Monographie des Leccinum d'Europe (in French). Fédération Mycologique Dauphiné-Savoie. pp. 1–229.
  14. a et b Muñoz JA. (2005). Fungi Europaei 2: Boletus s.l. Italy: Edizioni Candusso. (ISBN 978-88-901057-6-0).
  15. Courtecuisse R, Duhem B (1995). Mushrooms & Toadstools of Britain & Europe. London, UK: Harper-Collins.
  16. a et b Loizides M, Kyriakou T, Tziakouris A (2011). Edible & toxic fungi of Cyprus (in Greek and English). Published by the authors. pp. 196–197. (ISBN 978-9963-7380-0-7).
  17. Muñoz Sánchez JA (1996). "Algunas consideraciones sobre Leccinum lepidum (Bouchet) Quadraccia, L. crocipodium (Letellier) Watling y L. corsicum (Rolland) Singer". Belarra. 13: 11–18.
  18. Konstantinidis G. (2009). Μανιτάρια – φωτογραφικός οδηγός μανιταροσυλλέκτη [Mushrooms, a Photographic Guide for Collectors] (in Greek). Athens, Greece: Published by the author. p. 329. (ISBN 978-960-93-1450-3).
  19. a et b Ortega AC, Lorite J, Salazar C. (2010).
  20. Lannoy G, Estadès A (2001). Flore mycologique d'Europe. Documents Mycologiques Mémoire Hors série no. 6 (in French). Association d’Écologie et de Mycologie, Lille. pp. 1–163.
  21. (en) « Index Fungorum - Names Record », sur www.indexfungorum.org (consulté le )
  22. Montecchio L, Rossi SR, Causin R, Grendene A (2006). "Leccinum lepidum (H. Bouchet ex Essette) Bon & Contu + Quercus ilex L.". Descriptions of Ectomycorrhozae. 9/10: 53–58.
  23. Rolland L. (1896).