Black First Land First

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Les Noirs d'abord, la terre d'abord
(en) Black First Land First
Présentation
Président Andile Mngxitama
Fondation
Scission de Economic Freedom Fighters
Positionnement Extrême gauche
Idéologie Anticapitalisme
Antioccidentalisme
Panafricanisme
Nationalisme de gauche
Couleurs Rouge, vert et noir
Site web blf.org.za
Représentation
Assemblée nationale
0  /  400
Conseil national des Provinces
0  /  90

Black First Land First (« Les Noirs d'abord, la terre d'abord », abrégé en BLF) est un parti politique d'Afrique du Sud, panafricaniste et révolutionnaire, issu de la Conscience noire.

BLF a été fondé en 2015 par Andile Mngxitama, à la suite de son expulsion des Economic Freedom Fighters. En , BLF est radié administrativement de la liste officielle des partis politiques reconnus et aptes à se présenter à des élections, au motif que ses statuts étaient racistes et contraires au code électoral. Il est de nouveau enregistré par la commission électorale en novembre 2020 après la modification de ses statuts.

L'objectif principal prôné par Mngxitama, accusé de racisme anti-blancs à plusieurs reprises, vise à exproprier sans indemnité des terres appartenant à des Blancs, terres qu’il estime avoir été directement volées à des Africains. Il considère sur ce thème que les Economic Freedom Fighters (EFF) sont trop proches du congrès national africain (ANC) et des intérêts commerciaux. Le BLF a soutenu l’ancien président sud-africain Jacob Zuma et a également manifesté son soutien à la famille Gupta.

Historique[modifier | modifier le code]

En 2014, Andile Mngxitama est élu député sur la liste des Economic Freedom Fighters. Il s'éloigne cependant de son fondateur, Julius Malema, qu'il considère trop proche de l'ANC. En , à la suite de dissensions insurmontables, Mngxitama et deux de ses camarades, Mpho Ramakatsa et Khanyisile Litchfield-Tshabalala, sont finalement expulsés du parti[1]. Le projet de réforme agraire que Mngxitama entend voir mise en œuvre est plus radical que celui alors prôné par Malema. Pour Mngxitama , l'expropriation sans compensation des terres appartenant à des Blancs est une question essentielle.

Il fonde alors Black First Land First (BLF) en . Dans sa profession de foi, le parti déclare que l'Afrique du Sud ne jouit ni de la liberté ni de la dignité. Que la terre des Africains a été volée aux populations noires, que la Terre est la base de la liberté de celles-ci, de leur identité, de leur bien-être spirituel, de leur développement économique et de leur culture. Le parti réclame le retour de toutes les terres avec toutes leurs dotations à la surface comme en sous-sol[2].

Mngxitama manifeste à partir de 2017 son soutien à Jacob Zuma et à la famille controversée des Gupta[3]. En , la révélation publique de mels privés suggèrent que Mngxitama recevait des instructions de la famille Gupta et de Bell Pottinger, leur société de relations publiques sous contrat[4].

En , Mngxitama exhorte la Reserve Bank of South Africa à s'emparer des exploitations agricoles blanches et à entamer la création d'une banque noire.

Le parti a participé aux élections générales sud-africaines de 2019 et n'a obtenu aucun élu.

Idéologie[modifier | modifier le code]

Se plaçant sous la patronage de Steve Biko, de Robert Sobukwe et de Thomas Sankara, Mngxitama a déclaré que les fondements idéologiques de son parti sont la conscience noire, le panafricanisme et le sankarisme[2]. La primauté de la population noire en Afrique du Sud et l’expropriation sans compensation de toutes les terres du pays appartenant à des Blancs sont au centre de ses revendications. Il s'agit, selon BLF, de mettre fin par ce moyen à la souffrance, à la pauvreté, aux sans terre et à tous les autres maux qui auraient été causés par la suprématie blanche, condition sine qua non pour que l'Azanie soit libre[2].

Résultats électoraux[modifier | modifier le code]

Assemblée nationale[modifier | modifier le code]

Année Voix % Sièges
2019 19 796 0,11
0  /  400

Polémiques[modifier | modifier le code]

Le mouvement a été à plusieurs reprises accusés de violences et de pressions envers les journalistes, le ministre de la Police, Fikile Mbalula, évoquant à propos des BLF « des actions qui nuisent à la démocratie et à la liberté d'expression » [5].

Menaces de mort[modifier | modifier le code]

En , un membre de BLF a été accusé d'avoir harcelé et envoyé des menaces de mort par WhatsApp à un député de l'ANC, Makhosi Khoza, et à sa famille pour avoir appelé à voter une motion de censure contre le président Zuma. Mngxitama a nié les accusations, a affirmé que Khoza étant noir, son parti ne la menacerait jamais et a soupçonné qu'un blanc soit l'auteur des menaces bien que le numéro utilisé ait été officiellement identifié comme appartenant à BLF[6],[7].

Appel à la haine et aux meurtres des Blancs[modifier | modifier le code]

En , après avoir déjà tweeté avoir des envies de tuer des blancs, le porte-parole de BLF, Lyndsay Maasdorp déclare « que tous les Blancs d’Afrique du Sud sont par essence des criminels »[8].

En , Mngxitama demande que le chapitre 25 de la Constitution soit réécrit dans une version affirmant que toutes les terres d'Afrique du Sud ont été volées par les Blancs et doivent être restituées sans compensation aux noirs, les seuls propriétaires légitimes. De ce fait, Mngxitama souligne que cette demande d'expropriation ne concernerait pas les propriétaires noirs tels que l'Ingonyama Trust[9].

En , Andile Mngxitama, déclare à ses partisans lors d'un rassemblement près de Johannesburg que « Pour chaque personne tuée par l’industrie des taxis, nous tuerons cinq Blancs. […] Si vous tuez un d’entre nous, nous tuerons cinq d’entre vous. […] Nous tuerons leurs enfants, nous tuerons leurs femmes, nous tuerons leurs chiens, nous tuerons leurs chats, nous tuerons tout ». Mngxitama estima que ces appels au meurtre étaient sortis de leur contexte et qu'il ne s'agissait que de répondre à des propos tenus par le milliardaire Johann Rupert qui, évoquant le secteur des taxis et les EFF (et non BLF), avait déclaré « si ces gars rouges venaient, ils devraient se rappeler qu'il avait sa propre armée »[10]. À la suite de ces propos, la Commission sud-africaine des droits de l'homme (SAHRC) annonce sa résolution à engager un recours auprès de la Cour pour l'égalité[11].

En , à la suite de l'effondrement d'une passerelle d'un lycée de Vanderbijlpark, qui avait provoqué la mort de 4 adolescents blancs, Maasdorp, porte parole de BLF, y voit une punition divine et déclare célébrer, au nom de BLF, « la mort de nos ennemis, de leurs enfants, de leurs chats et de leurs chiens »[12],[13]. À la suite de ces remarques, la ligue des jeunes de l'Alliance démocratique annonce vouloir déposer plainte contre BLF pour propos racistes auprès de la Commission sud-africaine des droits de l'homme (SAHRC)[11]. De son côté, la fondation Ahmed Kathrada condamne les propos « méprisables et abominables » de Maasdorp[11].

Occupation des terres[modifier | modifier le code]

À la suite de l'occupation de fermes à Stellenbosch par BLF en 2018, d'appels de Mngxitama aux populations noires « à chasser les Blancs voleurs de terres »[14], à occuper les terres appartenant à des Blancs, une dizaine de propriétaires de fermes viticoles du Cap occidental visés par des menaces et des harcèlements se regroupent en pour demander une interdiction judiciaire à l'encontre de BLF dont ils dénoncent le préjugé racial[15]. Lors des audiences, BLF affirme que ces propriétaires de ferme anticipent une situation qui n’a pas eu lieu et affirme par ailleurs que seront cibler les fermes et fermiers qui ne sont pas regroupés pour obtenir l'interdiction judiciaire[15]. En , l'ordonnance de la Haute Cour du Western Cape donne raison aux fermiers, interdit aux membres de BLF d'entrer sur les terres des propriétés viticoles mentionnées dans la procédure et leur interdit d'y ériger ou de tenter d'ériger toute forme de structure, que ce soit de nature temporaire, permanente ou semi-permanente. Pour la porte parole de BLF, cette ordonnance d'interdiction ne pourra pas les empêcher de continuer à occuper d'autres terres[16]. Il s'agit alors néanmoins de la seconde interdiction judiciaire prononcée à l'encontre de BLF, la première ayant concernée en 2018 des fermes appartenant à Johann Rupert, la bête noire de BLF[15]. Dans ce contexte, en , un viticulteur sud-africain de Stellenbosch, qui avait obtenu un ordre d'expulsion des squatters occupant les terres de sa ferme et qui avait donné plusieurs interviews à la presse internationale[17],[18] dans lesquelles il mentionnait les menaces de mort qu'il recevait, est assassiné chez lui par quatre hommes parvenus à s'introduire à son domicile malgré les mesures de sécurité[14],[19],[20].

Propos sur la shoah et la communauté juive[modifier | modifier le code]

En , invoquant l’Equality Act qui interdit tout discours raciste, l’organisation représentant la communauté juive en Afrique du Sud, porte plainte contre Andile Mngxitama pour avoir publié des tweets dénigrant la Shoah et ses victimes. Le chef des BLF avait rendu hommage aux nazis pour leur fabrication d’abat-jours et de savons à partir des restes des dépouilles des Juifs qu’ils avaient assassinés[21],[22],[23]. Mngxitama déclara également que « les sionistes et leurs laquais sont dans un État. C’est facile et c’est à propos de la terre. La terre noire ici et la terre palestinienne en Palestine occupée »[22].

Changement climatique[modifier | modifier le code]

En , Andile Mngxitama a imputé au capitalisme blanc une violente tempête qui avait frappé Le Cap la semaine précédente. Il considère que le changement climatique est la faute du capitalisme et des Blancs qui avaient agressé la nature et que l'Afrique payait maintenant ces agressions. Pour lui, il n'existe pas de catastrophes naturelles mais seulement des catastrophes dû à des Blancs (visant notamment les familles Oppenheimer et Rupert, Helen Zille ou l'Alliance démocratique), que ce soit les tempêtes, la sécheresse et les tremblements de terre[24].

Classification[modifier | modifier le code]

En 2019, le Front de la liberté saisit la commission électorale pour faire déclassifier BLF car le parti n'accepte que des membres noirs, contrevenant ainsi au code électoral (Electoral Commission Act de 1996) interdisant d'exclure des personnes sur la base de leur race, de leur couleur ou de leur appartenance ethnique. La commission électorale décide en de délister BLF des partis politiques sud-africains[25]. Le parti fait appel de cette décision, celui-ci est rejeté le et BLF est retiré de la liste des partis de la Commission électorale d'Afrique du Sud le lendemain[26].

En novembre 2019, le mouvement décide d'amender ses statuts pour permettre sa reclassification en parti politique ce qui advient en novembre 2020[27].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. EFF expels 3 of its suspended membersEWN, 11 avril 2015
  2. a b et c (en) Andile Mngxitama, « Black First! – Land First! A revolutionary Call », sur News24, .
  3. BLF attacks peaceful protesters outside Gupta event: JAI, ENCA, 17 avril 2017
  4. BLF Exposed: Bell Pottinger ‘commissioned’ Mngxitama, received instructions from Guptas, The South African, 24 juillet 2017
  5. Black First, Land First accusé de pressions sur des journalistes, RFI, 30 juillet 2017
  6. ANC’s Makhosi Khoza warned ‘you have 21 days to live’, Times Live, 15 juillet 2017
  7. Number used to send Makhosi Khoza death threats registered to BLF, The Citizen, 15 juillet 2017
  8. White existence is a crime, says BLF spokesperson , The Citizen, 17 septembre 2018
  9. Scrap section 25, declare all white-owned land stolen – Mngxitama, The Citizen, 5 septembre 2018
  10. Black South African politician urges followers to 'kill whites', saying: 'We will kill their children and their women', Daily Mail online, 13 décembre 2018
  11. a b et c BLF to be reported to Human Rights Commission over 'racist' Hoërskool Driehoek remarks, Times Live, 3 février 2019
  12. (en) « BLF ‘celebrates’ Hoërskool Driehoek tragedy as ‘punishment’ from ‘ancestors’ and ‘God’ », sur The Citizen, .
  13. Punish the racist Lindsay Maasdorp, not the BLF, The Citizen, 4 février 2019
  14. a et b Quand le partage des terres entre Blancs et Noirs s’achève par un homicide, Ouest France, 4 juin 2019
  15. a b et c Wine farmers apply for an interdict against Black First Land First over land occupation, Daily Maverick, 19 mars 2019
  16. Cape Town wine farm granted interdict after BLF land occupation fears, News24, 17 mai 2019
  17. En Afrique du Sud, le partage des terres déchire Blancs et Noirs, Ouest France, 7 mai 2019
  18. In South Africa’s Fabled Wine Country, New York Times, 9 mars 2019
  19. Stellenbosch murder: Stefan Smit killed following land grabs dispute, The South African, 3 juin 2019
  20. South African Wine Farmer in Land Dispute Is Shot Dead, New York Times, 3 juin 2019
  21. « For those claiming the legacy of the holocaust is ONLY negative think about the lampshades and Jewish soap »
  22. a et b « Des Juifs sud-africains portent plainte contre un politicien pour des tweets sur la Shoah », sur Times of Israel,
  23. Jewish Board of Deputies takes BLF's Mngxitama to Equality Court over Holocaust tweets, News24, 5 septembre 2017
  24. Cape storms the fault of 'white monopoly capital' - Mngxitama, News24, 9 juin 2017
  25. (en) Nico Gous, « BLF plans to appeal against IEC deregistration », sur timeslive.co.za, (consulté le ).
  26. (en) Riaan Grobler et Tshidi Madia, « BLF officially deregistered as political party », sur news24.com, 5 npvembre 2019 (consulté le ).
  27. IEC registers BLF again after party amends constitution, IOL, novembre 2020

Articles connexes[modifier | modifier le code]