André Schock

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André Schock
Fonctions
Député français

(5 mois et 16 jours)
Élection 2 juin 1946
Circonscription Côte-d'Ivoire
Législature IIe Constituante
Groupe politique RI
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Saint-Ail (Meurthe-et-Moselle)
Date de décès (à 59 ans)
Lieu de décès Meudon
Nationalité Français

André Schock, né le , à Saint-Ail et mort le 13 octobre 1973 à Clichy, est un déporté résistant des Forces Françaises Combattantes, Compagnon de la Libération et homme politique[1] français.

Les faits de résistance dont a fait preuve André Schock, tant en Afrique où il se trouve en que, plus tard, en France, le font recruter par le Bureau central de renseignements et d'action (BCRA), et l'amènent à Londres.

Il se voit confier des missions importantes dans le cadre des réseaux Action de la France combattante, appelée également France libre. Son action au sein des Forces françaises libres (FFL) le conduit à être dénoncé puis filé par la Gestapo, qui l'arrête après une tentative d'évasion et deux fusillades. Au bord du coma, il réussit à transmettre à son réseau l'information sur son arrestation et passe trois mois à l'hôpital, un mois à la prison de Fresnes, quelques jours au camp de Royallieu-Compiègne, d'où il part, le , pour le camp de concentration de Buchenwald[2].

En raison de ses actions dans la Résistance et dans les camps, il est fait Compagnon de la Libération par le général de Gaulle en 1945, puis est élu membre (MRP) de l'Assemblée constituante par le territoire de la Côte d'Ivoire. Il est capitaine de réserve dans l'artillerie de marine. Il est nommé par le général de Gaulle conseiller de l'Union française pendant deux législatures.

Biographie[modifier | modifier le code]

André Schock nait le , à Saint-Ail en Meurthe-et-Moselle, d'un père ouvrier lorrain qui meurt au combat fin 1914. Sa mère fuit en Suisse puis revient en Bretagne d'où elle est originaire.

Après son baccalauréat, il devient correcteur à La Dépêche de Brest et de l'Ouest.

En 1937, André Schock est engagé à la SCOA (Société commerciale de l'Ouest africain), à Cotonou.

Il rejoint le général de Gaulle à Dakar en 1940 et est recruté par le BCRA (Bureau central de renseignements et d'action). Il est l'un des tout premiers résistants lorrains. Ses noms d'emprunts sont Voltigeur, Lenôtre, Chevalier et, quelque temps, Diagonale.

Après un séjour à Londres, il est parachuté en France, et il est nommé DMR (Délégué militaire régional). Chargé de mission de première classe, il prend la responsabilité de la Région C (Région Est - Reims-Nancy), où, en 1944, il participera à de nombreux sabotages de locomotives.

En 1942, il est condamné à mort par contumace par le Tribunal Militaire de Dakar en raison de son « Passé en Nigeria en , est l'un des agents les plus actifs de la propagande et de l'espionnage anglo dissident depuis cette date »[réf. nécessaire].

À Paris, dénoncé par un ancien du Service du travail obligatoire (STO), il est filé par la Gestapo et arrêté le . Blessé par la Gestapo, il s'enfuit mais est rattrapé. Il est de nouveau blessé par six balles dont une effleure l'artère fémorale[3]. Il est soigné par un médecin allemand, à la Pitié-Salpêtrière. Après un séjour de trois mois, tout juste rétabli, il est envoyé à la prison de Fresnes, puis au camp de Royallieu-Compiègne (Oise), où il rencontre André Clavé, Pierre Sudreau, André Boyer, Jean Mialet, René Haentjens et Wolf Wexler. De là, il part le dans des wagons à bestiaux pour être déporté, avec ses camarades, dans le camp de Buchenwald (le ).

Il sera transféré avec André Clavé et André Boyer au camp de Dora-Harzungen[4] que dirige Wernher von Braun, pour la fabrication des missiles V2. Pierre Sudreau perd de vue, le , ceux qu'il appelait affectueusement « mes trois André »[réf. nécessaire].

Dans le camp, il est « élevé au grade de Kapo »[5] (chef de Kommando), mais, alors que les autres kapos profitent, généralement et honteusement, de leur fonction et de leur autorité vis-à-vis des autres détenus, Schock saura imposer sa stature et son calme face aux gardiens du camp. Son excellente connaissance de la langue allemande lui sera profitable. Dans son récit, la Haine et le Pardon - Le Déporté [6], Jean Mialet a résumé son attitude, ainsi que celle d'André Clavé.

Le , avant la libération du camp, il sera envoyé en train, avec Jean Mialet, au camp de Bergen-Belsen, tandis que ses amis, André Clavé, René Haentjens et Wolf Wexler, seront emmenés en otages sur les routes du Harz dans les « Colonnes de la Mort », avant de s'en évader. Il sera délivré par les Anglais quelque temps après.

À son retour en France, après la guerre, il est fait Compagnon de la Libération[5] par le général de Gaulle, entre autres distinctions. Une plaquette sera réalisée sur son action, intitulée De Dakar à Bergen-Belsen, André Schock[7].

Il est élu membre (MRP) de l'Assemblée constituante[1] par le territoire de la Côte-d'Ivoire, puis il devient directeur de l’École des ventes, aux Forges de Strasbourg.

En 1956, André Clavé lui proposera de mettre à profit ses connaissances de l'Afrique et du journalisme en intégrant l'équipe dirigeante du Studio-école, créé en 1955 par Pierre Schaeffer, pour former des journalistes, animateurs, techniciens et opérateurs de radio africains, afin de préparer la décolonisation qui s'annonce pour les esprits éclairés.

André Schock meurt le à Clichy[8], et il est enterré au cimetière de Trivaux de Meudon.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « André Schock - Base de données des députés français depuis 1789 - Assemblée nationale », sur assemblee-nationale.fr (consulté le ).
  2. Francine Galliard-Risler, André Clavé : Théâtre et Résistance – Utopies et Réalités, A.A.A.C., Paris, 1998.
  3. « Le 28 janvier 1944, au cours d'une liaison sur Paris, Voltigeur, devenu depuis quelques jours Diagonale, est arrêté rue Lafayette par la Gestapo qui le file à la suite d'une dénonciation. Tentant de fuir, il est blessé d'une balle de revolver dans la cuisse et transporté dans une voiture ; resté un instant seul avec le chauffeur, il en profite malgré sa blessure et ses menottes pour s'échapper dans la rue Lafayette. S'abritant sous une porte cochère, il parvient à monter l'escalier de l'immeuble. Rattrapé au 2e étage par un officier allemand, ce dernier lui tire six balles dans le corps ; transporté à l'hôpital de la Pitié où, dès son admission, alors qu'il est au bord du coma, il réussit à faire passer un message par un gardien de la paix à destination de Maurice Bourgès-Maunoury pour le prévenir de son arrestation ». In https://www.ordredelaliberation.fr/fr/les-compagnons/891/andre-schock.
  4. Exposition et conférence septembre 2015
  5. a et b Francine Galliard-Risler, André Clavé : Théâtre et Résistance – Utopies et Réalités, A.A.A.C., Paris, 1998 - p. 146
  6. Jean Mialet, La haine et le Pardon - Le Déporté, Robert Laffont, Paris, 1997 (Fayard, Paris, 1981, sous le titre : Le Déporté)
  7. Pierre Ramognino, Plaquette De Dakar à Bergen-Belsen, André Schock
  8. « matchID - Moteur de recherche des décès », sur deces.matchid.io (consulté le )
  9. « André Schock », sur Musée de l'Ordre de la Libération (consulté le )
  10. « - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Pierre Ramognino, De Dakar à Bergen-Belsen, André Schock (Plaquette).
  • Jean Mialet et Robert Laffont, La haine et le Pardon - Le Déporté, Paris, .
  • Joseph Rovan, Contes de Dachau, Paris, Julliard, .
  • Pierre Sudreau, Au-delà de toutes les frontières, .
  • Jean Mialet (président du Comité européen de Dora-Mittelbau) (lettre parue dans Le Monde), Génie technologique et barbarie revenue, .
  • René Haentjens, Au-delà de l'imaginable, un saint-cyrien dans la résistance et la déportation, Vanier, Canada, Les Éditions l'Interligne, .
  • Francine Galliard-Risler (dir.) (préf. Jean-Noël Jeanneney), André Clavé : Théâtre et Résistance – Utopies et Réalités (Ouvrage collectif), Paris, A.A.A.C.,
    Avec de très nombreux témoignages enregistrés et retranscrits
  • André Sellier, Histoire du camp de Dora, Paris, éditions de La Découverte, .
  • Pierre Saint-Macary, Mauthausen : percer l'oubli, Paris, éditions de L'Harmattan, coll. « Mémoires du XXe siècle », .
  • Francine Galliard-Risler (préf. Pierre Sudreau), Dora-Harzungen, la marche de la mort (Ouvrage collectif), St-Cyr-sur-Loire, Éditions Alan Sutton,
    Témoignages de René Haenjens, Wolf Wexler – Évocation du réseau Brutus, de la Résistance intérieure française. Ouvrage traduit et publié en Allemagne en 2015 sous le titre Todesmarsch in die Freiheit, avec une courte biographie d'André Schock.
  • Francine Galliard-Risler (dir.) (trad. Helga Dahl-Dupont et Isabelle George), Todesmarsch in die Freiheit - durch den Harz, Iatros Verlag,
    Traduction de Dora-Harzungen, la marche de la mort
    .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • Ressource relative à la vie publiqueVoir et modifier les données sur Wikidata :
  • André Schock sur Ordre de la Libération - Conseil national des communes « Compagnon de la Libération »