Abdourahmane Sarr

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Abdourahmane Sarr
Illustration.
Abdourahmane Sarr en 2017.
Fonctions
Ministre sénégalais de l’Économie, du Plan et de la Coopération
En fonction depuis le
(22 jours)
Président Bassirou Diomaye Faye
Premier ministre Ousmane Sonko
Gouvernement Sonko
Biographie
Date de naissance (56 ans)
Lieu de naissance Paris (France)
Nationalité Sénégalaise
Diplômé de Université Harvard
Université George-Washington
HEC Montréal
Profession Économiste

Abdourahmane Sarr, né le [1] à Paris, est un économiste sénégalais. Il est à la tête du Mouvement pour la renaissance, la liberté et le développement (MRLD) - Moom sa Bopp, Mënël sa Bopp, un mouvement citoyen sénégalais créé en 2011[2], et dirige le Centre d'étude pour le financement du développement local (CEFDEL), un think tank fondé en 2010.

Il est nommé Ministre de l'Economie, du Plan et de la Coopération le 5 Avril 2024 dans le Gouvernement du Premier Ministre Ousmane Sonko[3].

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et études[modifier | modifier le code]

Né à Paris le , il appartient à une famille originaire de Kaolack. Abdourahmane Sarr grandit à Dakar, où il effectue ses études primaires et secondaires, notamment au collège de la Cathédrale de Dakar puis à l'Institution Sainte Jeanne d'Arc. Il fait ensuite ses études supérieures au Cégep Marie-Victorin à Montréal puis à HEC Montréal, où il obtient un BBA avec une spécialisation en finance et économie. Il effectue aussi une maîtrise en économie, puis un doctorat à l'université George Washington[4].

Par ailleurs, il obtient une maîtrise en administration publique à l'Université de Harvard en 2013.

Carrière[modifier | modifier le code]

Il intègre le Fonds monétaire international (FMI) à Washington en 1997 et y travaille pendant quinze ans. Spécialiste des questions monétaires, il dirige ou bien collabore sur des missions dans plusieurs pays et territoires tels que la Tunisie, le Maroc, la Guyane, l’Ukraine, la Bosnie-Herzégovine, le Ghana, la Zambie, le Burundi, le Cameroun ou encore la Thaïlande, sur des questions macroéconomiques, monétaires et financières. Il est aussi conseiller macroéconomique du FMI à la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) de 2005 à 2007[5]. En 2009, il devient représentant résident du FMI au Togo et au Bénin[6].

Il occupe ce poste jusqu'en octobre 2011, date où il démissionne du FMI afin de pouvoir se consacrer à son pays, et au Centre d'étude pour le financement du développement local (CEFDEL), un think tank qu'il crée en 2010 et qu'il sponsorise depuis le Togo. Il crée par ailleurs le Mouvement pour la renaissance, la liberté et le développement (MRLD) en 2011. Les nombreuses études effectuées au sein du CEFDEL lui permettent d'avoir un diagnostic de la situation économique et sociale du Sénégal et le poussent à se présenter à l’élection présidentielle du 26 février 2012 pour partager sa vision avec ses compatriotes[7].

Engagement patriotique[modifier | modifier le code]

Convaincu d'avoir des solutions novatrices pour mettre le pays sur la voie de l'émergence, il cherche à rassembler des Sénégalais de tous les horizons (entrepreneurs, fonctionnaires, enseignants, leaders communautaires, jeunes, etc.) au sein de son mouvement pour promouvoir l’idéal de la décentralisation, et de l’émancipation économique et politique locale dans les valeurs de liberté et d’autonomie[8]. Ces valeurs sont promues durant toute la fin de l'année 2011 par le biais de journées citoyennes et de formations de relais organisées dans plusieurs villes du pays, notamment Dakar, Saint-Louis, Kaolack, Ziguinchor et Thiès[9]. Le MRLD obtient 12 100 signatures pour participer aux élections présidentielles, mais la candidature d'Abdourahmane Sarr est invalidée par le Conseil constitutionnel, bien que le total de 10 000 signatures requis ait été atteint. Selon le Conseil constitutionnel, seules 8 100 signatures ont pu être identifiées et validées[1]. Le chanteur Youssou N'Dour et le financier Kéba Keindé connaissent le même sort. La mission post-électorale de l’Union Européenne déterminera ensuite que certaines de ces signatures invalidées étaient bonnes mais que le Conseil n’avait pas les moyens logistiques d’effectuer les vérifications. Malgré cette désillusion, le MRLD et son leader poursuivent le travail de sensibilisation des populations et de réflexion stratégique avec l'aide du CEFDEL.

Abdourahmane Sarr en compagnie de son épouse à Harvard en 2013.

En juin 2012, Abdourahmane Sarr retourne aux États-Unis pour poursuivre sa réflexion sur les questions de développement du Sénégal et intègre l'université Harvard. Il est admis au programme Edward S. Mason de la John F. Kennedy School of Government (programme de formation pour les cadres des pays tiers) et obtient une maîtrise en administration publique. De nombreux chefs d'État du monde ont effectué ce même programme, tels que l'ancien président du Mexique Felipe Calderón et l'actuel Premier ministre de Singapour Lee Hsien Loong[10]. Après une année passée à Harvard, Abdourahmane Sarr revient au Sénégal pour mettre en œuvre ses idées mûries de longue date.

Création de la SOFADEL et blocage des autorités[modifier | modifier le code]

En 2013, pour une mise en œuvre effective de ses solutions, il crée la Société fiduciaire d'appui au développement local (SOFADEL), dans le but d'aider les Sénégalais de toutes les couches sociales de saisir les opportunités économiques qui s’offrent à eux et de se constituer un patrimoine économique et financier. Pour ce faire, il apporte une solution inédite en Afrique : la création d'une nouvelle monnaie complémentaire nationale au franc CFA et appelée SEN[11]. En raison de problèmes de garantie et du faible taux de bancarisation de la population sénégalaise (90 % de la population n'est pas bancarisée)[12], l'inclusion financière est difficile, d'où l'envie de Sarr de rendre effectives les solutions apportées par la SOFADEL. Ses membres achèteraient les SEN pour les utiliser dans leurs transactions de tous les jours entre eux dans leurs villes. Ces membres permettraient ainsi à la SOFADEL de constituer un fonds d’investissement et de garantie en FCFA (FONCIG) pour atteindre ses objectifs, qui sont de fournir un accès au crédit facile aux populations et d'investir dans leurs communautés[13].

En 2014, plus de 3 000 membres sont recrutés, ainsi que des distributeurs, et la SOFADEL est prête à entamer ses activités. Toutefois, début 2015, les autorités sénégalaises et la BCEAO bloquent le projet et des collaborateurs sont emprisonnés à Ziguinchor[14]. Malgré l'existence et l'apport des monnaies complémentaires dans plusieurs autres pays du monde (WIR en Suisse, Eusko en France, etc.), l'État sénégalais refuse la mise en place du projet[15]. Cette seconde désillusion n'arrête pas Abdourahmane Sarr, et ce dernier continue à travailler sur le MRLD et le CEFDEL pendant deux ans. Étant donné la situation, il ne voit pas d'autre choix que de porter son projet politiquement aux élections législatives sénégalaises de 2017, pour inciter les populations à voter pour le MRLD et à lever le blocage posé par les autorités sur le projet de la SOFADEL.

Élections législatives de 2017[modifier | modifier le code]

Abdourahmane Sarr pendant la campagne en 2017.

Le MRLD rassemble plus de 30 000 signatures et se présente aux élections législatives sénégalaises de en tant qu'entité indépendante[16]. Le mouvement Defar Sénégal du journaliste Mamadou Sy Tounkara est l'autre entité indépendante présente à ces élections[17]. Sarr est la tête de liste du MRLD et dirige la campagne pendant tout le mois de juillet ; il s'agit d'une campagne électorale inédite dans l'histoire politique du Sénégal, avec la participation de 47 listes[18]. De plus, la campagne est marquée par de nombreux affrontements entre les militants des trois grandes coalitions (Benno Bokk Yakaar du président Macky Sall, Gagnante Wattu Sénégal de l'ancien président Abdoulaye Wade et Mankoo Taxawu Sénégal du maire de Dakar, Khalifa Sall, emprisonné quatre mois plus tôt)[19].

Abdourahmane Sarr et le MRLD obtiennent plus de 4 000 voix lors du scrutin, démontrant la difficulté qu'ont les indépendants à se faire entendre par les sénégalais[20]. Malgré le faible score obtenu, le MRLD s'est présenté comme une alternative pour tous les citoyens qui ne se reconnaissent dans aucun parti politique, et a pu exprimer sa vision d'autonomie, de liberté et de responsabilité, ainsi que sa proposition phare qui est l'instauration de la monnaie complémentaire SEN. Le mouvement continuera à donner de la voix à son message dans un autre cadre pour le futur[21].

Élection présidentielle de 2019[modifier | modifier le code]

Doublement victime du parrainage avec une candidature à la présidentielle rejetée en 2012 et 45 autres listes non parrainées présentes aux législatives de 2017, Sarr soutient néanmoins le parrainage pour la présidentielle de 2019. N'ayant pu collecter que 11 000 signatures pour cette présidentielle, le MRLD ne dépose donc pas ses signatures en doublons[22]. Abdourahmane Sarr appelle donc à voter pour le candidat Ousmane Sonko, dont le programme porte « les germes d'une marche responsable vers une Afrique unie et libre avec des fondements solides puisque construits à partir des collectivités locales et non de bailleurs étrangers ». Sarr soutiendra également que Sonko est le seul candidat à présenter les deux points d'ancrage nécessaires à la matérialisation d'une vision libérale et patriotique prônée par le MRLD, qui sont « la création d'une monnaie nationale permettant des politiques commerciales, financières et économiques maitrisées vers le libre-échange continental et international » et « une décentralisation en pôles régionaux autonomisés et responsabilisés pour leur développement et en concurrence dans un environnement national maitrisé »[23].

Ministre de l'Economie, du Plan et de la Coopération (2024 - )[modifier | modifier le code]

Le 5 avril 2024, quelques jours après la victoire de Bassirou Diomaye Faye à l'élection présidentielle de 2024, il est nommé ministre de l'Economie, du Plan et de la Coopération par le nouveau Premier ministre Ousmane Sonko[24].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « L’intégralité de l’arrêt du Conseil constitutionnel du 27 janvier 2012 », sur dakaractu.com (consulté le )
  2. « Abdourahmane Sarr, un jeune technocrate à la tête bien faite: et le conseil constitutionnel brisa son rêve ! », sur xalimasn.com (consulté le )
  3. « ÉCONOMIE SÉNÉGAL Abdourahamane Sarr, un pourfendeur du franc CFA à la tête de l’économie sénégalaise », sur jeuneafrique.cop (consulté le )
  4. (en) « Alleviating Poverty in Senegal by enabling economic participation », sur atlasnetwork.org (consulté le )
  5. « Le leader », sur menelsabopp2017.org (consulté le )
  6. « Le sénégalais Abdourahmane Sarr démissionne de son poste de représentant du FMI à Lomé », sur leral.net (consulté le )
  7. « Engagement dans la présidentielle de 2012 pour une campagne citoyenne : Le Dr Abdourahmane SARR, Représentant résident du FMI au Togo, compte démissionner pour se consacrer à son projet CEFDEL/MRLD », sur dakaractu.com (consulté le )
  8. « Le Mouvement pour la Renaissance, la Liberté et le Développement », sur menelsabopp2017.org (consulté le )
  9. « Le Cefdel du Dr Abdourahmane Sarr lance la campagne citoyenne pour stimuler l’économie locale à Saint-Louis », sur dakaractu.com (consulté le )
  10. (en) « HKS gives $10M boost to program », sur news.harvard.edu (consulté le )
  11. « SÉNÉGAL : MONNAIE COMPLÉMENTAIRE AU FRANC CFA », sur apsfd-burkina.bf (consulté le )
  12. « Total Sénégal et Sonatel précurseurs du paiement marchand par téléphone avec Orange Money », sur sonatel.com (consulté le )
  13. « Le projet de la monnaie complémentaire au FCFA explicité », sur seneweb.com (consulté le )
  14. « UNE ALTERNATIVE AU DEVELOPPEMENT LOCAL », sur sudonline.sn (consulté le )
  15. « Projet de monnaie Complémentaire : Un moyen d’échange pour les citoyens, particulièrement ceux exclus du système financier classique », sur dakaractu.com (consulté le )
  16. « LÉGISLATIVES : Le Docteur Abdourahmane Sarr tête de liste du Mouvement Moom Sa Bopp Menel Sa Bopp », sur dakaractu.com (consulté le )
  17. « Législatives au Sénégal: de la difficulté d'être un candidat indépendant des partis », sur rfi.fr (consulté le )
  18. « 47 Listes de coalitions de partis et entités indépendantes déclarées recevables pour les Législatives 2017 », sur senego.com (consulté le )
  19. « Affrontements entre militants de Benno Bokk Yaakaar et de la coalition Mànkoo Taxawu Senegaal à Grand-Dakar », sur ndarinfo.com (consulté le )
  20. « Résultats provisoires des élections législatives 2017 », sur legislatives.dakaractu.com (consulté le )
  21. Abdourahmane Sarr, « Leçons d’un Scrutin », sur dakaractu.com (consulté le )
  22. Abdourahmane Sarr, « Conseil Constitutionnel: La Démocratie Sénégalaise Debout », sur dakaractu.com (consulté le )
  23. Abdourahmane Sarr, « Macky La Continuité, Sonko La Rupture », sur seneweb.com (consulté le )
  24. « Abdourahmane Sarr, un pourfendeur du Franc CFA à la tête de l'économie sénégalaise », sur Jeune Afrique, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]