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Maurice Zundel

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Maurice Zundel
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Maurice Zundel, né le à Neuchâtel et mort le à Ouchy (Lausanne) Paroisse du Sacré-Cœur, est un prêtre et théologien catholique suisse. On a dit de lui qu'il se situe « au croisement des théologies protestante et catholique, de la philosophie existentielle et du personnalisme »[1].

Sa vie

Ordonné prêtre dans le diocèse de Lausanne-Genève en 1919, il est nommé vicaire à la paroisse Saint-Joseph (Genève) dans le quartier populaire des Eaux-Vives jusqu'en 1925. Son évêque, Mgr Besson (1876-1945), l'envoie à Rome pour un approfondissement de ses connaissances. Il y obtient en 1927, un doctorat en philosophie à l'Université pontificale Saint-Thomas-d'Aquin, Angelicum avec une thèse sur l'influence du nominalisme sur la pensée chrétienne[2].

C'est durant son séjour romain, en 1926, qu'il fait la connaissance de l'abbé Jean-Baptiste Montini, le futur pape Paul VI.

A son retour de Rome, en septembre 1927, la reprise de son ministère à la paroisse Saint-Joseph est refusée et il est envoyé cette fois en France. Après quelques mois à Charenton, il devient aumônier des Bénédictines, rue Monsieur à Paris, jusqu'en juillet 1929. C'est là qu'il revoit l'abbé Montini séjournant à Paris pour y perfectionner sa connaissance du français à l'Alliance française. De cette amitié spirituelle entretenue au travers des écrits de Maurice Zundel, naîtra l'invitation du Pape Paul VI pour prêcher la retraite de carême pour la Curie en 1972[2].

Cependant son style de vie, caractérisé notamment par une pauvreté radicale à l'école de Saint François, est souvent mal compris par ses supérieurs et il souffrira beaucoup des mesures d'éloignement qu'il ressent comme un exil.

À partir de 1946, après son retour d'Egypte où il avait passé la période de la 2ème guerre mondiale, il s'établit définitivement dans la paroisse du Sacré-Cœur à Ouchy (Lausanne). Il y réside pendant trente ans comme simple prêtre auxiliaire, sans jamais recevoir de responsabilité pastorale. Il mène dès lors une vie de prédicateur et de conférencier qui le conduit de Suisse en Palestine, en Égypte et au Liban.

Écrivain, poète et conférencier, Maurice Zundel a publié une trentaine de livres. L’Académie française lui décerne le prix Juteau-Duvigneaux en 1938 pour ses ouvrages L'Évangile intérieur et Le Poème de la sainte liturgie.

Il meurt à Ouchy , en 1975. Son corps repose en la Basilique Notre-Dame-de-l'Assomption de Neuchâtel.

Son œuvre

La pensée de Zundel est à la fois mystique et éthique. La pensée de Zundel concernant l’homme, sa conception « anthropologique », est rigoureusement indissociable de sa théologie. Comme elle, elle est réaliste, simple, lumineuse[3].

Le mysticisme de Zundel est orienté sur la libération des déterminismes biologiques par l'intervention de l'Esprit dans l'art, la science, et surtout la religion. Pour lui, le don ou sacrifice de soi est un acte joyeux de communion et non un renoncement triste. Il affirme que l'homme ne devient une personne libre qu'en se libérant radicalement de son statut d'individu biologique. Reprenant à son compte la formule de Rimbaud « on ne naît pas libre, on le devient »[4], il lui donne un sens philosophique et mystique porté sur l'altérité, selon lequel la liberté s'obtient par la totale désappropriation de soi sur le modèle trinitaire. C'est alors que « je est un autre » par la rencontre du « tu ». La libération est donc le passage de l'homme réel à l'homme possible, de l'individu à la personne. La personne est "l'homme possible" ou libre ; l'individu, c'est l'homme réel asservi aux déterminismes cosmiques.

La mystique de Zundel prend appui sur la méditation trinitaire du don infini de chacune des trois personnes divines en direction des deux autres. La doctrine trinitaire est ainsi la méditation d'une circulation infinie d'Amour entre les trois personnes. Enfin elle met en avant la conception d'un Dieu d'Amour, selon laquelle Dieu n'est pas un Dieu vengeur mais un Père tendre qui aime et pardonne. Ce n'est pas un pharaon ou un souverain, c'est un homme-dieu qui aime et qui souffre dans la personne du Christ.

Du point de vue éthique, Zundel fonde une « morale de la libération » rompant avec les morales de l'obligation ou du devoir[5]. La morale de la libération n'est pas une morale de tabous ou d'interdits. Elle consiste en un dépassement de soi par le don infini de soi. Pour Zundel en effet, l'homme ne se trouve qu'en se perdant joyeusement, qu'en se dés-appropriant totalement de soi[6].

Écrits

Prêtre suisse, mena une vie de prédication itinérante[7]. Docteur en philosophie, mystique, poète, liturgiste est auteur de nombreux ouvrages[8].

La vraie rencontre

« Nous avons besoin, assurément, un besoin physique, biologique, de présence humaine, mais il est très rare que ce besoin de présence aille jusqu'à l'intimité, jusqu'au mystère de la personne, jusqu'à son secret éternel qui ne peut se faire jour que dans des conditions privilégiées.
Et toutes les relations humaines, la plupart du temps, sont tissées de banalités et s'accomplissent dans le conventionnel. Chacun, gardant son quand-à-soi, cache la privauté de son âme, avoue à peine ses convictions véritables, en sorte qu'on a affaire, finalement, à une humanité passe-partout qui n'a d'autre enracinement dans l'univers que ses besoins physiques.

Il y a des moments privilégiés où, tout de même, la rencontre humaine se fait, où le visage de l'autre apparaît sans masque, dans son authenticité, ce qui est très rare, parce que, justement, pour qu'un homme puisse révéler son vrai visage, il faut qu'il atteigne au niveau de l'existence le plus profond, là où sa vie s'enracine dans l'éternel.
Et quand sommes-nous à ce niveau le plus profond où notre vie s'enracine dans l'éternel et où nous sommes sûrs d'atteindre à la réalité de l'être humain ? Eh bien, c'est quand nous sommes complètement libres de nous-mêmes. Nous devenons une présence quand tout est situé à l'intérieur de notre pensée et de notre amour comme en sa source, c'est-à-dire quand nous sommes devenus nous-mêmes une offrande, un don, un présent. »

— Maurice Zundel. À l'écoute du silence, Paris, Téqui, 2011, p. 119-120.

Être la demeure de Dieu

« Qu'est-ce que je fais de la vie de Dieu qui m'est confiée ?
À travers moi, comment les autres peuvent-ils le recevoir de moi ? Pour vivre cet ordre de l'amour, il faut être continuellement en contact avec Dieu. Dès que l'on perd le contact, le monde se décolore à l'instant même et perd sa dimension infinie. Il faut donc que j'espère pour lui plutôt que pour moi. Que va-t-il arriver au cours de cette histoire humaine que j'ai à faire en me faisant ? S'il est vrai qu'il est concerné par chacune de mes décisions, si bien qui consacre ma dignité est sa vie confiée à la mienne, je ne puis remettre à demain une fidélité indispensable à son incarnation en moi aujourd'hui.
Ce qui nous aidera le mieux à garder cette fidélité, qui conditionne notre libération, c'est la certitude, fondée sur l'expérience la plus quotidienne, que la présence de Dieu ne peut s'actualiser, dans notre histoire, que par notre méditation.
Si je tarde à me libérer, non seulement je méconnais le don nuptial de sa présence en moi, non seulement je manque à mon humanité en restant esclave de mes déterminismes, mais je l'empêche aussi de se manifester et de se communiquer à travers moi, en privant les autres de cette révélation spirituelle qui peut seule les toucher. »

— Maurice Zundel. Je ne crois pas en Dieu, je le vis, Paris, Le passeur, 2017, p. 111.

Commentaire selon saint Luc (Lc 7, 24-30) :

Le signe de la grandeur[9]

« Il ne faut jamais envisager le christianisme sous un angle de rapetissement. Il n'y est jamais question de limiter nos ambitions à quelque chose de dérisoire, au contraire !
Ce qui nous est demandé, c'est de ne jamais vouloir moins que l'infini, le véritable infini.
Mais ce véritable infini n'est tel que par ce don et cette offrande (vécus en Dieu et par Dieu) qui font de son cœur de Dieu la flamme éternelle de la charité infinie.

Le Christ nous délivre de toute humiliation, de toutes ces hiérarchies où il y a un « en haut » et un « en bas », où il y a des maîtres et des sujets.
Il nous en délivre non pas en nous poussant à la révolte, mais en nous faisant comprendre que la vraie grandeur est toujours dans la ligne de l'existence (dans la ligne de l'être, et non du paraître). Il veut nous faire comprendre que celui-là agit d'une manière souveraine dont la présence suffit pour créer de la lumière et apporter de la joie, pour être source de fraternité et de paix.
L'Évangile n'est aucunement une sorte de consolation donnée à une humanité faible et pleurnicharde, l'Évangile se place sous le signe de la grandeur. »

— Maurice Zundel. Un autre regard sur l'homme, Paris, Le Sarment / Fayard, 1996, p. 206-207. Nouvelle éd. Jubile, 2005, 359 p. Bibliographie.

Publications

Cette bibliographie est indicative car l'Association Les Amis de Maurice Zundel (AMZ)[10] fait publier ou republier assez régulièrement des ouvrages de Maurice Zundel. Deux courtes compilations ont été publiées en 1997 avec le concours de l'AMZ en direction de tous ceux qui veulent découvrir sa pensée : "Vivre l'Évangile avec Maurice Zundel : L'Homme, le grand malentendu" (Édition Saint-Paul) et "Dieu, le grand malentendu" (Saint-Paul). Quelques autres ont été publiées depuis.

Éditions Anne Sigier/Médiaspaul

  • Hymne à la joie, 1992.
  • Je est un autre, 1986.
  • Je parlerai à ton cœur (retraite aux franciscaines du Liban), 1990, 327 p. (ISBN 978-2-8912-9147-7)
  • Morale et mystique, 1986.
  • Silence, Parole de vie (retraite aux franciscaines du Liban), 1990.
  • Ta Parole comme une source - 85 sermons inédits (1953-1975), 1987.
  • Vie, mort, résurrection (retraites données en 961-1972), 1995.
  • Pèlerin de l'espérance, 1997.

Éditions du Cerf

  • Croyez-vous en l'homme ?, coll. « Foi vivante  », 1992.
  • Notre Dame de la Sagesse, coll. « Foi vivante  », 1995.
  • La Pierre vivante, 1992.
  • Fidélité de Dieu et grandeur de l'homme (retraite à Timadeuc), 2009.

Éditions Desclée de Brouwer

  • Ouvertures sur le vrai, 1989.
  • Recherche de la personne, 1990.
  • Ton visage, ma lumière - 90 sermons de Maurice Zundel (1960-1975), 1989.
  • Dialogue avec la vérité, 1991.

Éditions Saint Augustin[11]

  • Avec Dieu dans le quotidien, 1988.
  • Émerveillement et pauvreté : retraite à des oblates bénédictines, (retraite aux oblates bénédictines de La Rochette), , 207 p. (ISBN 978-2-88011-458-9, lire en ligne)
  • L'Évangile intérieur, 1991.
  • La liberté de la foi, 1992.
  • Quel homme et quel Dieu ? (retraite au Vatican), 1986.
  • L'Evangile intérieur, 8e édition, , 151 p. (ISBN 978-2-88011-419-0, lire en ligne)

Édition Mame / Le Moustier

  • Poème de la Sainte Liturgie, coll. « Goûtez et voyez  », 1991 (sous le pseudonyme de Frère Benoît).

Éditions Médiaspaul

Éditions Pierre Téqui

Notes et références

Annexes

Bibliographie

  • Michel Fromaget
    • Mort et émerveillement dans la pensée de Maurice Zundel, Lethielleux Editions, coll. « Spiritualité », , 160 p. (ISBN 978-2-249-62220-5)
    • Réponse de Maurice Zundel à Albert Camus : A propos du mal, de la révolte et de l'amour, Parole et Silence Editions, coll. « Signatures », , 168 p. (ISBN 978-2-88918-838-3)
  • Bernard de Boissière et France-Marie Chauvelot, Maurice Zundel, préface de Sylvie Germain, Paris, Presses de la Renaissance, 2009
  • Gustave Martelet, Un Christianisme Libérateur : Actes du Colloque Sur l'Oeuvre de Maurice Zundel, Anne Sigier, , 315 p. (ISBN 978-2-89129-302-0)
  • François Darbois, Oraison sur la vie, Anne Sigier, Quebec, 1997, 170p.
  • Maurice Zundel, un réalisme mystique : actes du colloque organisé à l'Institut catholique de Paris, 30--, Paris, Beauchesne, 1987
  • Marc Donzé
    • Pauvreté et libération : la pensée théologique de Maurice Zundel Paris, Le Cerf, (ISBN 978-2-204-01668-1)
    • La Pensée théologique de Maurice Zundel, Saint-Augustin - Cerf, coll. « 2e Ed. », , 350 p. (ISBN 978-2-88011-098-7)
    • L'humble présence, Sarment Editions du Jubilé (édition revue et augmentée), coll. « Sarment », , 467 p. (ISBN 978-2-86679-483-5)
  • René Habachi
    • Quatre aspects de Maurice Zundel, Cariscript, coll. « Prosôpon », , 92 p. (ISBN 978-2-87601-168-7)
    • Panorama de la Pensee de Maurice Zundel, Editions Anne Sigier, , 275 p. (ISBN 978-2-89129-427-0)
  • Maurice Zundel et Paul Debains (Compilateur), Un autre regard sur l'homme, Jubile, , 359 p. (ISBN 978-2-8667-9421-7)Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Maurice Zundel et Bernard de Boissière, Ton visage ma lumière : 90 sermons inédits, Mame, coll. « Spiritualité », , 512 p. (ISBN 978-2-7289-1506-4)
  • Maurice Zundel, Une année avec Maurice Zundel, Presses de la Renaissance, coll. « Format Kindle », , 384 p. (ASIN B00YB41SNO)
  • Maurice Zundel, France-marie Chauvelot (Rédacteur adjoint) et Marcel Donzenac (Préface), Je ne crois pas en Dieu, je le vis, Le Passeur, , 278 p. (ISBN 978-2-36890-540-1)
  • Patrice Gourrier et Jerome Desbouchages, 40 jours avec Maurice Zundel et les Pères du désert : Un chemin de croissance humaine et spirituelle, Points, , 336 p. (ISBN 978-2-7578-6762-4)

Articles connexes

Liens externes