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John Mearsheimer

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John Mearsheimer
Biographie
Naissance
Nom dans la langue maternelle
John Joseph MearsheimerVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Américaine
Formation
Université de Californie du Sud
Académie militaire de West Point
Université Cornell (doctorat)
University of Southern California School of International Relations (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Autres informations
A travaillé pour
Idéologie
Membre de
Arme
Maître
Directeur de thèse
Site web
Blog officiel
Œuvres principales
The Tragedy of Great Power Politics (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

John Mearsheimer, né en , est professeur de sciences politiques à l'université de Chicago.

Il s'intéresse principalement aux questions de sécurité, de dissuasion et aux théories des relations internationales. Il est considéré comme membre de l'école néoréaliste en relations internationales.

Biographie

La dissuasion

Dans son ouvrage Conventional Deterrence (1983), il explique qu’une dissuasion efficace dépend de la stratégie adoptée par l’ennemi (guerre d’usure, stratégie d’objectifs limités ou Blitzkrieg), et que seule l’hypothèse d’une Blitzkrieg efficace rend la dissuasion inefficace. Dans les deux autres cas, les pertes sont trop importantes par rapport aux gains, ce qui rend la dissuasion efficace.

Le réalisme offensif et les questions d'hégémonie territoriale

Le véritable apport de John Mearsheimer à l’étude des relations internationales réside dans la création du mouvement du « réalisme offensif ».

Contrairement aux réalistes classiques, comme Hans Morgenthau, il ne considère pas que la compétition sécuritaire entre les États dépende de la « nature humaine », mais du système international anarchique, rejoignant ainsi les théories de Kenneth Waltz. Mais contrairement à ce dernier, il affirme, en adaptant le concept de conatus élaboré par Hobbes puis Spinoza, que les États ne sont jamais satisfaits d’un niveau donné de puissance et qu’ils recherchent constamment à accroître leur puissance, afin d’atteindre une éventuelle position hégémonique qui assurerait leur sécurité.

Affirmant qu’une hégémonie mondiale est inenvisageable, Mearsheimer considère que les États cherchent une hégémonie régionale et, que par là même, ils tentent d’empêcher les autres États d’accéder à cette position. Dans ce contexte belliqueux de course à l’hégémonie, Mearsheimer remet en cause les théories de Michael Doyle sur l’impossibilité de la guerre entre démocraties libérales. Il développe ces différentes théories dans The Tragedy of Great Power Politics (2001).

Après la chute du mur de Berlin, Mearsheimer a tenté une analyse prospective des mutations à attendre du système international. La prédiction de la désagrégation de l'OTAN ne s'est pas réalisée. Ainsi, en 1990, il écrivait:

« la guerre froide avait permis à la Communauté européenne de s’épanouir comme une plante à l’abri d’une serre. Mais si la guerre froide prend fin et avec elle l’ordre particulièrement stable qu’elle instituait, alors il est probable qu’avec le temps cette Communauté européenne va plutôt s’affaiblir et non se renforcer[1]. »

Ayant écarté la possibilité d'une réorientation de l'OTAN sur d'autres objectifs, il déclarait:

« le ciment de l’OTAN, c’était la menace soviétique. Otez cette menace et il est probable que les États-Unis se retireront d’Europe et de ce fait, l’alliance défensive qu’ils ont dirigée pendant quarante ans se désagrégera[2]. »

D'autres prédictions eurent plus de succès, en particulier l'anticipation à contre-courant du consensus universitaire de l'époque, de l'aisance de la campagne de la première guerre du Golfe ainsi que l'anticipation des difficultés qui suivraient l'éviction de Saddam Hussein en 2003.

Ardent partisan de l'endiguement face à la Chine, il soutient que les États-Unis devraient tout faire pour que « l’économie chinoise s'écroule »[3].

Concernant la prolifération nucléaire, il rejoint la théorie de Kenneth Waltz selon lequel la prolifération maintient un effet dissuasif. Il déclare notamment à ce sujet : "les bombes nucléaires sont une super dissuasion".

Cet ouvrage est paru en 2007 aux États-Unis, et a été traduit en France la même année[4] Il défend avec Steven Walt (Harvard) la thèse que la politique étrangère des États-Unis au Moyen-Orient pendant les dernières décennies a principalement visé à soutenir l’État israélien, même si ce soutien n’était à long terme ni dans l’intérêt des États-Unis, ni dans celui d’Israël. La raison de ce soutien aurait été plus due à l’influence de l’AIPAC, un lobby pro-israélien reconnu par le monde universitaire et les médias, pesant sur les décisions du Congrès et de l’Administration, qu’à des intérêts stratégiques ou à des impératifs moraux.

La thèse est exposée dans la première partie de l’ouvrage, où les auteurs décrivent successivement leur vision des types d’aides apportées à Israël, l’apport stratégique de cette aide, la faiblesse des arguments moraux avancés, leur définition du lobby pro-israélien, et les modes d’action du lobby, visant à peser sur les choix politiques et à contrôler le discours public.

La seconde partie décline les mêmes thèses en analysant les discours et interactions de ce lobby avec la politique des États-Unis par rapport aux questions palestiniennes, aux conflits avec l'Irak, la Syrie, l'Iran, le Liban pendant la seconde guerre de 2006. Il termine sur des suggestions concernant la conduite à tenir tant vis-à-vis d’Israël que du lobby tel qu’il est perçu.

Dans son avant-propos, John Mearsheimer fait part des polémiques et débats instaurés lors de la parution des articles préalables à la parution de ce livre, s’étant traduits à la fois par un accueil progressivement favorable de certains lecteurs, y compris dans des groupes définis comme pro-israéliens, et à l’inverse par de vigoureuses accusations d’antisémitisme de la part de l’AIPAC et d’une partie de la presse américaine.

Ce livre a notamment fait l'objet d'une série d'émissions en France sous le sous-titre « voyage autour d'un tabou »[5].

Publications

Livres originaux en anglais

Livre traduit en français

  • Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine [« The Israel Lobby and U.S. Foreign Policy »] (trad. de l'anglais), Paris, La Découverte, , 500 p. (ISBN 978-2-7071-5261-9)

Article

Références

  1. Mearsheimer John, « Correspondence: Back to the Future, Part II », International Security, automne 1990, vol.15
  2. Mearsheimer John, « Back to the Future: Instability in Europe after the Cold War », International Security, été 1990, vol.15
  3. Philip S. Golub, « Entre les États-Unis et la Chine, une guerre moins commerciale que géopolitique », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne)
  4. John Mearsheimer et Stephen Walt (trad. de l'anglais par N. Guilhot, L. Manceau, N. Marzouki, M. Saint-Upéry), Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine [« The Israel Lobby and U.S. Foreign Policy »], Paris, La Découverte, coll. « Poche », (1re éd. 2007), 504 p., Poche (ISBN 978-2-7071-5701-0)
  5. États-Unis, le lobby pro-israélien : voyage autour d’un tabou, 4 émissions de Daniel Mermet de février 2009

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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