Émile Baas

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Émile Baas
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Charles Émile BaasVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité

Émile Baas, né à Guebwiller le [1] et mort à Strasbourg le (à 78 ans)[2], est un enseignant de philosophie et essayiste français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Emile Baas est le fils d'Auguste Baas, contremaître, et de Louise Judel. Le , il épouse Madeleine Doubinger[3].

De 1924 à 1929, il est étudiant en philosophie à la Faculté des Lettres de Strasbourg. Parallèlement, pour financer ses études, il est répétiteur au collège de Wissembourg puis de Sélestat[4]. En 1928, il obtient une licence de philosophie. En 1929, il est professeur de philosophie à Sélestat. En 1937, il prépare à Paris l'agrégation de philosophie qu'il obtient en 1937. À la rentrée scolaire de cette même année, il est professeur agrégé de philosophie au lycée de Thionville. Pour la rentrée 1938, il est muté au lycée Kléber à Strasbourg[5].

Son action au sein de la Paroisse universitaire de Strasbourg[modifier | modifier le code]

Il est responsable de la « Paroisse universitaire de Strasbourg, » une association d'enseignants catholiques de l'école publique. Cette association, défend les valeurs de laïcité et de fidélité à la patrie. Tout au long de l'année, les membres se réunissent pour débattre. À la fin des vacances d'été, Emile Baas organise au Mont Sainte-Odile, des « Carrefours » d'une semaine pendant laquelle les sujets évoqués pendant l'année sont repris et complétés par des conférences.

Réfugié à Rodez[modifier | modifier le code]

En 1939, il est mobilisé et fait son peloton d'élève officier de réserve (EOR) à Fontenay-le-Comte[4]. Il est affecté, comme aspirant, au 223e régiment d'infanterie à Epinal[6] où il combat et est fait prisonnier. Il est libéré, en , en tant qu'Alsacien « de souche allemande ».

À sa libération, il décide de rester en Alsace annexée mais à la rentrée scolaire 1940, il refuse de prêter le serment de fidélité au Führer exigé dans la fonction publique en Alsace germanisée et nazifiée. Il est alors obligé de quitter l'Alsace. Il obtient un poste au lycée Ferdinand-Foch de Rodez où il déménage avec sa famille.

À Rodez, il s'investit dans la vie associative. Très sensible au sort des réfugiés alsaciens et mosellans, il travaille avec Pierre Stahl, responsable du bureau des jeunes réfugiés dépendant du Secrétariat général de la jeunesse (SCG) de Vichy[5].

La création des « Carrefours des Tilleuls »[modifier | modifier le code]

Dans le cadre des «  paroisses universitaires » , il recrée les « Carrefours ». Ceux-ci ont lieu de 1941 à 1943 à la « Maison des tilleuls » à Montréjeau : ils prennent alors le nom de « Carrefours des Tilleuls ». En été, pendant une semaine, des enseignants, des élèves mais aussi des intellectuels alsaciens se retrouvent pour débattre. De nombreux membres du Groupe mobiles d'Alsace Sud (GMA Sud) puis de la Brigade indépendante Alsace Lorraine (BIAL) y viennent comme Antoine Ancel-Diener, Adelphe Peltre ou Bernard Metz l'organisateur du GMA Sud et le la BIAL[5]. Pierre Stahl participe aux sessions de 1941 et 1942.

Les « Carrefours des Tilleuls » sont des lieux d'échanges pour les jeunes réfugiés alsaciens et lorrains. Ils apprennent la situation de leurs régions, ce qu'est l'idéologie nazie et pourquoi il faut la combattre. Emile Baas est l'intervenant principal. Après la guerre Bernard Metz, dans son rapport d'activité de résistant, fait référence au rôle qu'Emile Baas a joué dans la formation intellectuelle et la motivation des résistants alsaciens-mosellans[5].

Emile Baas édite et diffuse les travaux des "Carrefours des Tilleuls" en 1941 et 1942 sous forme de fascicules[4]. Mais pas de celui de 1943, il se sent menacé et change d'identité pour devenir Jean Maurois.

En 1943, il cache, à l'abbaye Notre-Dame-des-Neiges, Robert Schuman, député de la Moselle, évadé d'Allemagne et recherché par la Gestapo[6]. Il tente de s'engager dans la Brigade Indépendante d'Alsace-Lorraine (BIAL) au sein de l'unité de Diener-Ancel mais ce dernier pense qu'il sera plus utile au redressement de l'Alsace à sa libération[4].

D'octobre à , il participe activement à la rédaction des numéros 20 à 23 des « Cahiers du Témoignage chrétien : Alsace Lorraine, Terres françaises ». Il est un des créateurs et éditorialistes du journal catholique « Le Rouergat » dont le premier numéro parait le 8 octobre 1944 et qui insiste sur le devoir de résistance.

Retour en Alsace[modifier | modifier le code]

Le 30 novembre 1944, Emile Baas est chargé de mission au Rectorat de Strasbourg. Il travaille avec Paul Imbs sur les dispositions à prendre pour la réintroduction de l'enseignement français en Alsace. À la fin décembre, il remet au recteur et au ministère son rapport sur les principes de réorganisation de l'enseignement secondaire dans l'Académie de Strasbourg[4].

Emile Baas rentre à Strasbourg le 17 décembre 1944 où, en plus de sa mission, il fait fonction de proviseur du lycée Kléber.

En , il publie « Situation de l'Alsace ». Il reprend ses fonctions d'animateur à la Paroisse universitaire d'Alsace et de Moselle.

Le 20 janvier 1945, il participe à la création de l'association « Jeune Alsace » qui a pour buts : la création d'un service d'entraide, l'aide au jeunes pour leurs besoins immédiats et la réadaptation des jeunes Alsaciens au style de vie français[4].                                                         

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • Réflexions sur le régionalisme, les Éditions Scouts de France, La Hutte, Lyon, 1945, 96 p.
  • Introduction critique au marxisme : perspectives marxistes, perspectives chrétiennes, Alsatia, Colmar, 1953 (réédition, entièrement remaniée, de l'opuscule : L'Humanisme marxiste, du même auteur, 1947), 158 p.
  • Situation de l'Alsace, Alsatia, Colmar, 1973 (texte de 1945 augmenté d'une postface par l'auteur), 208 p.

Hommages[modifier | modifier le code]

Une rue de Strasbourg, dans le quartier du Neuhof, porte son nom[7],[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. Étienne Jacques, Deschepper Jean-Pierre. Chronique générale. In Revue philosophique de Louvain, quatrième série, tome 83, no 57, 1985. p. 159 [1]
  3. « BAAS Emile », sur Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie d'Alsace (consulté le )
  4. a b c d e et f Igersheim, François., Baas, Émile, 1907- et Société savante d'Alsace et des régions de l'Est., Les Carrefours des Tilleuls : jeune Alsace résistante, Strasbourg, Société savante d'Alsace, , 403 p. (ISBN 978-2-904920-40-0 et 2-904920-40-4, OCLC 270720278, lire en ligne)
  5. a b c et d Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens. et Clavel, Christophe., La résistance des Alsaciens, Paris, Fondation de la Résistance, Département AERI (ISBN 978-2-915742-32-9 et 2-915742-32-4, OCLC 1152172696, lire en ligne)
  6. a et b « BAAS Émile [BAAS Charles, Émile] - Maitron », sur maitron.fr (consulté le )
  7. Maurice Moszberger (dir.), Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Le Verger, Barr, 2012 (nouvelle éd. révisée), p. 387 (ISBN 9782845741393)
  8. Bertrand Merle, 50 mots pour comprendre la résistance alsacienne : 1939-1945, (ISBN 978-2-7468-4334-9 et 2-7468-4334-X, OCLC 1356270846, lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Christian Baechler, « Émile Baas », in Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne , vol. 2, p.  77
  • Grandjonc, Le temps d'apprendre à vivre : 1939-1945 - Une école normale alsacienne réfugiée en zone libre, Paris, L'Harmattan, , 352 p. (ISBN 978-2-296-35004-5 et 978-2-296-38920-5, OCLC 1100967000, lire en ligne), p. 204-206
  • Marcel Hirlemann, « Les obsèques de M. Émile Baas », in Église en Alsace , 1984, 7-8, p. 42-44
  • Pierre Marthelot, « Avec Émile Baas, l'Alsace perd un de ses sages », in La Croix , , p.  13
  • Eugène Philipps, « Émile Baas  : la quête de vérité », in Réalités alsaciennes , 1985, p. 17-24 (supplément au Nouvel Alsacien du vendredi )
  • François Igersheim avec la collaboration de Geneviève Baas, Les Carrefours des Tilleuls : Jeune Alsace résistante, t. 79, Strasbourg, Société savante d'Alsace, coll. « Recherches et documents », , 403 p. (ISBN 978-2-904920-40-0 et 2-904920-40-4). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Geneviève Baas, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA), « Emile Baas », dans Eric Le Normand, La résistance des Alsaciens, Fondation de France, département AERI, (ISBN 978-2-915742-32-9) DVD pédagogique Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Geneviève Baas, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA), « Les Carrefours des Tilleuls », dans Eric Le Normand, La résistance des Alsaciens, Fondation de France, département AERI, (ISBN 978-2-915742-32-9) DVD pédagogique Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Christian Baechler, Fédération des Sociétés d'Histoire et d'Archéologie d'Alsace, « Baas Emile », dans Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, t. 2, Strasbourg, Société d'Edition de la Basse-Alsace, , p. 77.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]