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« Lamidat » : différence entre les versions

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== Définition ==
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Le lamidat signifie « [[chefferie]] » en langue [[peul]] (verbe ''laamaago'' : régner<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1= |nom1=|titre= Dictionnaire français/fulfuldé |lieu= Garoua|éditeur= Eds. Annoora |année=1988 |pages=}}</ref>) ou territoire de commandement du chef. Le chef traditionnel est appelé lamido (au pluriel : lamibé).
Le lamidat signifie « [[chefferie]] » en langue [[peul]] (verbe ''laamaago'' : régner<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1= |nom1=|titre= Dictionnaire français/fulfuldé |lieu= Garoua|éditeur= Eds. Annoora |année=1988 |pages=}}</ref>) ou territoire de commandement du chef. Le chef traditionnel est appelé lamido (au pluriel : lamibé).

Le mot pourrait avoir été emprunté au mot [[sérères|sérère]] beaucoup plus ancien « ''[[lamane]]'' », qui signifie « hériter » / « successeur » ou « maître de la terre » ou « chef propriétaire du sol » en [[sérère (langue)|sérère]].<ref>{{fr}}[[Jean Boulègue|Boulègue, Jean]]. ''Le Grand Jolof, (XVIIIe - XVIe Siècle).'' (Paris, Édition Façades), Karthala (1987), p 30</ref>{{,}}<ref>{{fr}}[[Yoro Dyao|Dyao, Yoro]], ''Légendes et coutumes sénégalaises.'' Cahiers de Yoro Dyao: publiés et commentés par [[Henri Gaden]]. p 12. (E. Leroux, 1912)</ref>{{,}}<ref>The Seereer Resource Centre, ''Seereer Lamans and the Lamanic Era'' (2015) [in] The Seereer Resource Centre [https://www.seereer.com/laman]</ref>


== Histoire ==
== Histoire ==

Version du 13 mars 2020 à 00:25

Un lamidat est une chefferie traditionnelle musulmane peule dans le nord du Cameroun dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua.

Définition

Le lamidat signifie « chefferie » en langue peul (verbe laamaago : régner[1]) ou territoire de commandement du chef. Le chef traditionnel est appelé lamido (au pluriel : lamibé).

Le mot pourrait avoir été emprunté au mot sérère beaucoup plus ancien « lamane », qui signifie « hériter » / « successeur » ou « maître de la terre » ou « chef propriétaire du sol » en sérère.[2],[3],[4]

Histoire

À la fin du XVIe siècle, la grande vague migratoire des Peuls, peuple de pasteurs nomades qui se déplacent d'ouest en est depuis le Macina, atteint le lac Tchad. Au siècle suivant, les Peuls s'implantent dans le nord du Cameroun, contribuant à la diffusion de l'islam. Ils s'organisent en petits États théocratiques musulmans, dirigés par un lamido, à la fois chef politique et spirituel.

Organisation

Le lamidat s’étend sur un territoire bien défini et exerce un pouvoir local centralisé et hiérarchisé. En effet, le lamidat est subdivisé en lawanat, (chef appelé lawane) lui-même divisé en djawora, (djaworo : chef de village ou chef de quartier en ville) [5]. Le lawane a sous sa direction plusieurs villages. Il s'occupe des litiges mineurs, le lamido n'étant saisi que lors des cas graves.

Le lawane transmet les directives du lamido aux djaworos. Ces derniers ont sous leur administration un village ou un quartier ; leur territoire de commandement est donc plus petit.

Le lawane est assisté, dans l'exercice de son autorité, de six notables que sont : l'Imam, le Wakili, le Kaïgama, le Galdima, le Sarkifaada et le Sarkisaanou.

Ces structures de commandements et de justice de la période pré-coloniale ont non seulement perduré, mais surtout, elles subsistent aux côtés des structures générées par l’Etat[6]. Mais, l’importance des différents lamidats encore existants est très variable.

Lamidat par région

Les lamidats se situent dans le nord du Cameroun dans les régions de l'Adamaoua, de l'Extrême-Nord et du Nord. L'annuaire des chefferies du Cameroun répertorie 15 lamidats de 1er degré dans ces 3 régions et 3 sultanats[7]. De nombreux autres lamidats de 2nd degré (lawanat) y sont aussi répertoriés. Certaines portent aussi le nom de Lamidat bien qu'elles soient des chefferies de second degré.

Lamido de Ngaoundéré (vers 1917)
Sultanat de Mora

Notes et références

  1. Dictionnaire français/fulfuldé, Garoua, Eds. Annoora,
  2. (fr)Boulègue, Jean. Le Grand Jolof, (XVIIIe - XVIe Siècle). (Paris, Édition Façades), Karthala (1987), p 30
  3. (fr)Dyao, Yoro, Légendes et coutumes sénégalaises. Cahiers de Yoro Dyao: publiés et commentés par Henri Gaden. p 12. (E. Leroux, 1912)
  4. The Seereer Resource Centre, Seereer Lamans and the Lamanic Era (2015) [in] The Seereer Resource Centre [1]
  5. « L'insécurité alimentaire dans la région du Nord au Cameroun: représentations sociales, stratégies de lutte et enjeux,par Alain Christian ESSIMI BILOA, Université de Yaoundé I - Master en sociologie 2010 », sur www.memoireonline.com (consulté le )
  6. Lamine Haoua, Le droit en action : Les conducteurs du droit dans la mêlée, un exemple nord camerounais p.245-266, Paris, Karthala, coll. « Cahier d’anthropologie du droit, Laboratoire d’anthropologie juridique de Paris », (ISBN 9782845868588)
  7. « Annuaire des chefferies traditionnelles de 1er et 2nd degré (MINAT, octobre 2012) », sur http://minatd.cm (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Abel Moumé Etia,  Le Foulbé du Nord-Cameroun, Bergerac, Imprimerie Générale, 1948, 22p
  • Jean-Paul Ossah Mvondo, Le Cameroun précolonial entre le XVe et le XIXe siècles, AMA-CENC, Yaoundé, 2006 (2e édition), 243 p. (ISBN 9956-467-00-6)
  • Joseph Owona, Les systèmes politiques précoloniaux au Cameroun, L'Harmattan, 2015, 107 p. (ISBN 978-2-343-07294-4)
  • Hamadou Adama , L'islam au Cameroun : entre tradition et modernité, L'Harmattan, Paris, 2004, 244 p. (ISBN 2-7475-7361-3)
  • Geneviève de Bollardière, La pénétration de l'islam avant 1850 dans l'ex-Afrique équatoriale française et le Cameroun, Université Paris I, 1977, 419 p. (thèse de Lettres)