Église de l'Incarnation de Doubrovitsy

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Église de l'Incarnation de Doubrovitsy
Église Notre-Dame du Signe
Présentation
Nom local Знаменская церковь (Дубровицы)
Culte Orthodoxe
Rattachement Diocèse de Podolsk
Début de la construction 1690
Fin des travaux 1704
Architecte inconnu Nicodème Tessin le Jeune(?)
Style dominant Architecture baroque baroque russe
Site web www.dubrovitsy-hram.ruVoir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Pays Drapeau de la Russie Russie
Ville Moscou
Coordonnées 55° 26′ 28″ nord, 37° 29′ 40″ est
Géolocalisation sur la carte : Moscou
(Voir situation sur carte : Moscou)
Église de l'Incarnation de Doubrovitsy

L'église de l'Incarnation de Doubrovitsy, ou église Notre-Dame du Signe, ou église de l'icône de Notre-Dame du Signe (en russe : Церковь Знамения Пресвятой Богородицы в Дубровицах) est une église orthodoxe, situé dans le village de Doubrovitsy, dans les environs de Moscou (district de Podolsk). Elle est dédiée à l'icône de Notre-Dame du Signe appelée également icône de l'Incarnation. La partie centrale du domaine Doubrovitsy appartenait anciennement aux familles nobles des Morozov, des Galitzine et des Dmitriev-Mamonov.

L'église dépend de l'éparchie de Moscou et du Patriarcat de Moscou et de toute la Russie.

Architecture

Extérieur

L'église est construite en pierre blanche, sur la rive du cap formé par le confluent des rivières Desna et Pakhra. Elle est célèbre pour son architecture unique en style baroque Golytsine[1]. Sa construction débute le [2], et s'achève en 1703. Plusieurs historiens supposent que c'est l'architecte suédois Nicodème Tessin le Jeune (1654-1728), qui en est l'auteur. Il connaît l'Italie, est un élève de Gian Lorenzo Bernini et on lui doit le Château de Drottningholm (réalisé ensemble avec son père Nicodème Tessin l'Ancien) ainsi que le Palais royal de Stockholm. C'est à lui que le prince Vassili Golitsyne aurait fait appel pour diriger les travaux[1],[3],[4]. Mais les plans par contre ont été gravés par un artisan d'Amsterdam presque homonyme : Ian Tessing, à qui Pierre Ier le Grand aurait confié l'édition de différents plans architecturaux en 1700[5].

C'est le prince Boris Alexeïevitch Galitzine (1654-1714), ancien précepteur de Pierre le Grand, tombé en disgrâce en 1689, de retour sur ses terres, qui décide de construire l'église de l'Incarnation dans son domaine de Doubrovitsy. Il a eu une éducation toute européenne et promeut ardemment les techniques occidentales. Le plan de l'édifice est carré, inscrit dans un quadrilobe aux extrémités arrondies. L'ensemble forme une tour-lanterne octaèdre, percée de trois rangées de fenêtres et dominée par une somptueuse couronne en fer forgé ajourée. Les volumes, au lieu de se juxtaposer, s'accordent entre eux pour, conformément à l'esthétique baroque, former l'unité de la composition[6]. La logique architecturale de l'édifice relève entièrement d'une nouvelle époque. L'absence de coupole par exemple, à laquelle se substitue une couronne, est un cas unique dans l'architecture russe[5].

Les quatre absides semi-cylindriques sont dominées par des terrasses entourées de parapets auxquels on accède par des escaliers en pente douce. La façade en pierre est recouverte d'un décor foisonnant : colonnes à chapiteaux corinthiens, fenêtres ovales, lucarnes et coquilles italiennes. À l'entrée principale, deux sculptures : à gauche celle de saint Grégoire de Nazianze avec un livre levant la main et à droite: saint Jean Chrysostome avec un livre et une mitre à ses pieds. Au dessus d'eux la statue de Basile de Césarée.

La façade est recouverte de fruits, de guirlandes, de feuilles d'acanthe qui se démarquent nettement du style baroque Narychkine et ne rentrent nullement dans la tradition architecturale de Moscou. Le décor s'inspire de l'art de l'Europe du Nord. Louis Réau, qui n'apprécie guère l'ouvrage, le compare à un gigantesque hochet d'ivoire, une simple curiosité, une fantaisie de boyard féru d'occidentalisme. Cette tour « sent le jésuite polonais » écrit-il [7] Il est probable que les sculptures sont dues à des Suisses, selon T. A Gatova et Véra Traimond. À l'origine, toutes les surfaces étaient recouvertes de motifs sculptés et peints en bleu clair. Les motifs sont issus de la tradition catholique : Le Couronnement d'épines du Christ, le Portement de croix. De même, les inscriptions liturgiques sont en latin. Ces dernières ont été supprimées en 1847-1848 sur l'ordre du métropolite Philarète de Moscou[8].

Intérieur

Les volumes intérieurs de l'église sont somptueux. L'utilisation des techniques de haut-relief et de la ronde-bosse, caractéristique du baroque italien, constitue une première dans l'histoire de l'architecture russe. Seule la magnifique iconostase relève du style Narychkine. Son décor plat détone avec les agencements baroques de l'intérieur[5].

Histoire

Lors de la consécration de l'église le , sont présents : le métropolite de Riazan et de Mourom Étienne Iavorski, et le Tsar lui-même Pierre le Grand[9].

À la fin des années 1840, la restauration de l'église est entreprise sous la direction de Fiodor Richter (1808-1868). Après cette restauration, l'église est à nouveau consacrée le par le métropolite de Moscou Philarète. Ce dernier dans son homélie souligne l'idée dominante des bâtisseurs qui est de donner une nouvelle image de la Russie à l'image des autres peuples européens et ce sur chaque pierre de l'édifice[10],[11]

Au début du XXe siècle, une école paroissiale pour les enfants, ainsi qu'un hospice pour les pauvres, sont ouverts sous la dépendance de l'église.

Il existait en 1917 dans la propriété de Doubrovitsy un musée historique et de la vie quotidienne qui avait été installé par le prince Galitzine. Après la Révolution d'Octobre, ce musée est placé sous l'autorité du Commissariat du peuple de la République socialiste fédérative soviétique de Russie. Puis en 1925 sous celle de la direction moscovite de l'enseignement. En , le musée est fermé par les autorités et les pièces exposées sont envoyées au Monastère Donskoï et au « Musée-réserve Tsarytsino ». En 1929 l'église est fermée au culte : en 1931 les cloches sont enlevées. En octobre 1989, s'est formée une association de fidèles locale qui tente de récupérer l'usage de l'église. Le premier , elle obtient une réponse positive de la part des autorités du district de Podolsk [12]. Mais des obstacles subsistent et le premier service religieux a lieu dans la rue et non dans l'église le . La première célébration liturgique dans l'église a lieu en présence du vicaire de l'éparchie de Moscou, l'évêque Grigori Tchirkov, le . En 2000, les icônes de l'iconostase de l'église lui ont été rendues par l'Institut qui les avait conservées.

Références

  1. a et b A.M. Tarounov /Тарунов А.М., Doubovitsy, Моск. рабочий,‎ , 112 p. (ISBN 5-239-01177-X)
  2. D.D. Pankov/Панков Д. Д., Gens de leur temps/Люди своего времени, Академия-XXI,‎ , 227 p. (ISBN 978-5-91428-042-7)
  3. Véra Traimond, Architecture de la Russie ancienne XV-XVII s., Paris, Hermann, , 337 p. (ISBN 2-7056-6434-3), p. 268
  4. Louis Réau, L'art russe des origines à Pierre le Grand, Herni Laurens éditeur, Paris 1920 p. 317
  5. a b et c Traimond 2003, p. 268.
  6. Traimond 2003, p. 267.
  7. Louis Réau , opus cit. p. 317
  8. Traimond 2003, p. 269.
  9. (ru) « «Дубровицы» на реке Пахре » [archive du ]
  10. Recueil des œuvres de Philarète, extraits sur l'église de Doubrovitsy/ Сочиненія Филарета Митрополита Московскаго и Коломенскаго. М., 1885, Т. V, стр. 95.
  11. Discours de Philarète tome V/259. Слово по обновлении храма Знамения Пресвятыя Богородицы в селе Дубровицах. Свт. Филарет. Слова и речи, том V.
  12. église de Doubrovitsy « Храм Знамения в Дубровицах »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) (consulté le )

Bibliographie

  • A. G. Kolosova/ R.P. Fiodorova / Doubrovitsy / (ru)Колосова А. Г., Фёдорова Р. П. Дубровицы, «Воздвиг он храм сей величавый». [4-е изд., перераб. и доп.] Дубровицы, Московская область. Отпечатано в ОАО «Тульская типография». 2009. — С. 1—94.

Liens externes