Église Saint-Étienne de Tauriac

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Église Saint-Étienne de Tauriac
Présentation
Type
Diocèse
Paroisse
Paroisse Blaye-et-Bourg (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Dédicataire
Saint Étienne
Style
Construction
XIIe et XIXe siècle
Religion
Propriétaire
Commune
Patrimonialité
Localisation
Département
Commune
Coordonnées
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L'église Saint-Étienne est une église catholique située à Tauriac, en France[1].

Localisation[modifier | modifier le code]

L'église est située dans le département français de la Gironde, sur la commune de Tauriac.

Historique[modifier | modifier le code]

Le site a été occupé depuis au moins le Ve – VIe siècle : car en 615, la « villa Tauriaca » (village, domaine…) est donnée par un nommé Aldéric à un Bertram du Mans, évêque du Mans, qui possédait également les villas de Plassac et de Villeneuve-de-Blaye. (Plus tard Bertram devient évêque de Bordeaux). L’ancienneté du site laisse penser qu’une première chapelle ou église est édifiée ici avant l’an 1000.

L’église actuelle, dédiée à saint Étienne, premier martyr chrétien, date du XIe siècle pour l'abside et le mur nord, les parties les plus anciennes et la façade, de style roman saintongeais, du début du XIIe siècle. Seuls la façade, sans le clocher, la première travée de la nef et le fond du chœur demeurent intacts aujourd'hui.

  • Au XVIe siècle, pendant les Guerres de Religion, on construira un porche avec meurtrières devant la façade. Le porche protégera les habitants de Tauriac et aussi les sculptures de la façade. Il a été enlevé en 1875.
  • L'église était dotée d'un clocher carré bâti au-dessus de la dernière travée de la nef. Ce clocher s'est effondré en 1689, détruisant la partie sud de la nef en endommageant le chevet. La réparation de ces dégâts sera achevée en 1731, date inscrite sur le contrefort sud de l'abside.
Faute de nouveau clocher, une cloche a été installée sous le porche de la façade, sur une charpente encastrée dans le mur de la façade, dont les traces sont encore visibles.
Le 21 novembre 1707 une cloche nouvellement refaite par Nicolas Gillon, maitre fondeur à Bordeaux a été bénie et montée. elle a sonnée devant l'ensemble de la paroisse[2].
  • Au début du XIXe siècle le mur-pignon originel de la façade était modifié pour le transformer en mur clocher où seront disposées deux cloches. Ce mur sera encore modifié en 1854 pour recevoir une nouvelle cloche. La cloche actuelle date de 1903.
  • En 1838 la chapelle des fonts baptismaux a été réalisée dans la partie ouest du mur nord de la nef.
  • Entre 1845 et 1857 l’intérieur de l’église est réaménagé par Labbé, architecte du diocèse de Bordeaux[3].
- La sacristie actuelle a été construite à la jonction de la nef et l'abside dans sa partie méridionale. Lors de cette construction le mur qui séparait la nef et l'abside a été supprimé, redonnant ainsi à l'intérieur de l'église la surface initiale qu'elle possédait au XIIe siècle.
  • En 1852, le cimetière devant l’église est nivelé et, pour mettre le sol de l’église à niveau, on le comble de terre, enfouissant les bancs de pierre sous 80 cm.
  • De 1885 à 1890,
On construit les deux chapelles : la chapelle de saint Étienne au nord-est et la chapelle de la Vierge au sud-est de la nef.
On cache les poutres par une voûte en plâtre.
Les fenêtres sont couvertes de moulage, on fait disparaître la corniche en pierre (il en reste un morceau sous la 3ème fenêtre gauche) pour en faire une autre (corniche stuc) à 1m plus haut.
On fait disparaître la chaux qui recouvrait la pierre mais on enduit cette pierre d’un ciment dans lequel on creusera des faux joints pour donner une allure XVIIIe siècle.
Le chœur est recouvert de plâtre sur lequel on dessine des fleurs, anges, etc.
On installe un chemin de croix.
  • En 1956 le chœur est débarrassé de son plâtras et retrouve son aspect d’origine.
Les Monuments Historiques ouvrent une fouille devant la façade, mais la referment.
  • En 1970-1971 toute la pierre est nettoyée. Les baies du chevet reçoivent de nouveaux vitraux, l’œuvre de Raymond Mirande[4], poète, philosophe, émailleur, vitrailliste et mosaïste.
Baie nord
Baie sud
Baie est
  • 1989 : un nouveau chantier de fouilles est ouvert autour de l’église.

L'édifice est classé au titre des monuments historiques le [1].

Les chapiteaux romans de la nef[modifier | modifier le code]

Les seuls vestiges romans de la nef sont les doubles arcades à chapiteaux situées dans les travées orientales.

Quatre de ces chapiteaux portent un décor végétal, les deux autres sont historiés. Au nord, un personnage luttant contre des monstres et au sud, une scène qui représente la lapidation de saint Étienne.

Lapidation de St Étienne
Décor végétal

Les chapiteaux du mur sud

  • Martyre de saint Étienne : Sur l'angle de la corbeille on voit saint Étienne, les mains levées en orant. Il est entouré de chaque côté par des hommes qui tiennent à la main de grosses pierres. Sculpté sur chacune des deux petites faces du tailloir, un ange, les mains tendues vers un personnage sur la face principale, à genou, en orant. C'est probablement une représentation de l'âme de saint Etienne que les anges portent vers les cieux.
  • La corbeille du chapiteau porte un décor purement végétal de rinceaux et de fruits. Le décor du tailloir est très sommaire.

La façade occidentale[modifier | modifier le code]

Le portail en plein cintre de l’église est encadré de part et d’autre d’arcatures aveugles à colonnes surmontées de chapiteaux et de tympans sculptés. Au-dessus, deux séries de triples arcades aveugles à colonnes surmontées de chapiteaux sculptés ; plus haut est une corniche sur modillons. Le clocher-mur, n'est pas roman, date du début du XIXe siècle.

Le rez-de-chaussée

Le tympan sud est décoré d'un Agnus Dei et celui du nord d’un cavalier armé et casqué. Il est possible que ces deux tympans et les deux chapiteaux en marbre, de chaque côté de la porte, décorés en fleurs de lotus, proviennent de l'église pré-romane. Dans ce cas, le cavalier est probablement une représentation de l'empereur Constantin Ier.

Dans sa Guyenne romane, P. Bubourg-Noves décrit le tympan de l'Agnus Dei : « Ce tympan monolithe comporte, au sein d'une gloire circulaire soutenue par deux oiseaux que l'on peut prendre pour des colombes, une représentation de l'agneau pascal tenant un bâton crucifère. Sur le ruban du médaillon est gravée l'inscription 'Agnus Dei qui tollis peccata mundi'. En dessous, se trouve un cartouche difficilement lisible. L'ensemble est entouré d'une baguette semi-circulaire sculptée de rinceaux de feuillages et soutenue par un bandeau représentant deux quadrupèdes à queues entrelacées terminées par une feuille stylisée. »

Le tympan de la fausse porte nord est assez abîmé. On voit le buste d'un homme sur un cheval, qui a perdu ses jambes. Devant l'animal, les restes informes, peut-être un personnage. Il existe plusieurs églises dans la région avec ce type de sculpture, la plus connue est l'église Saint-Hilaire de Melle. Les historiens s'accordent à assimiler la représentation à l'empereur Constantin Ier, qui par l'édit de Milan en 313, qui accorde la liberté de culte à toutes les religions et permet aux chrétiens de ne plus devoir vénérer l’empereur comme un dieu.

L'arcature supérieure[modifier | modifier le code]

Arcade supérieure et corniche

Les tailloirs des huit chapiteaux portent le même décor de rinceaux, qui est continué par une frise dans les deux premières et les deux dernières arcades.

En partant au nord, les deux premiers chapiteaux portent un décor végétal simple.

Le troisième chapiteau est historié. Sur la face principale se trouve un lion bicorporé, deux autres lions bicorporés sur les angles de la corbeille et un dragon sur chaque petite face. Les animaux bicorporés ont le cou très allongé et la queue redressée et sexualisée. Ils sont liés entre eux et avec les dragons par les pattes qui touchent les corps.

Sur l'angle du quatrième chapiteau se trouve un autre lion bicorporé. Sa queue est rentrée, redressée et sexualisée. Il lèche les deux bouts des queues avec ses deux langues. Les êtres bicorporés, qui symbolisent deux corps mus par un seul esprit, ont toujours une connotation négative. Dans presque tous les cas, il y a une référence sous-entendue à la luxure ou à l'homosexualité.

Le cinquième chapiteau porte un décor végétal semblable au décor des tailloirs. Le sixième chapiteau est historié.

Sur la face principale on voit un énorme oiseau bicéphale, dont le plumage est sculpté avec détails. Ses serres s'agrippent à l'astragale. Des oiseaux semblables, mais monocéphales, se trouvent sur les deux petites faces de la corbeille.

À chaque angle de la corbeille, un homme, habillé en tunique longue et plissée avec ceinture élaborée, qui tient avec chaque main le cou d'un oiseau. Les quatre têtes d'oiseaux picorent les bras ou épaules des hommes.

Le septième chapiteau est couvert d'entrelacs de rinceaux avec des masques diaboliques aux angles.

Sur la corbeille du huitième chapiteau figure un masque humain. L'homme est très hirsute : sa chevelure forme de longues tresses torsadées ; sa moustache aussi. La barbe bifide a la forme de deux cravates ! Dans l'iconographie romane, une chevelure soignée était un symbole de la vanité et une barbe bifide de la perfidie.

Tous les chapiteaux figurés de l'arcature portent des symboles négatifs de mises en garde contre les péchés capitaux.

La corniche[modifier | modifier le code]

En couronnement de la façade se trouve une corniche, avec un décor simple, soutenue par deux chapiteaux sculptés et seize modillons, dont cinq figurés. Les deux chapiteaux et les cinq modillons figurés sont romans, les autres modillons sont des remplacements plus récents.

La corbeille du chapiteau nord est décorée avec un entrelacs simple, formé par deux serpents et celle du sud avec deux arbustes dont les branches portent des fruits (pignes ?).

Parmi les modillons on trouve : un joueur de vièle ou rebec ; un acrobate ; une bête maléfique ; une sculpture très défigurée, mais on discerne la tête d'un personnage ; un masque humain.

Toutes les sculptures ont un sens symbolique commun : le péché et en particulier la luxure. Il est très probable que les modillons manquants étaient aussi des représentations de la luxure, car on trouve cette mise en garde sur de nombreuses églises romanes qui ont conservé leur décor d'origine[5]. Pour plus de détails : Iconographie des modillons romans.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Église Saint-Étienne », notice no PA00083850, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. « 4 E 3969 - Baptêmes - Mariages - Sépultures : 1700-1709, 1737-1757, 1786-1788 - 1700-1788 Archives départementales de la Gironde », sur Archives départementales de la Gironde (consulté le )
  3. Jean-Michel Leniaud, « LABBÉ Pierre, Auguste », Répertoire des architectes diocésains du XIXe siècle, sur École Nationale des Chartres (consulté le ).
  4. Raymond Mirande (1932-1997) est né à Bordeaux et mort à Gradignan (dont une rue porte son nom). On trouve la liste de ses principales réalisations sur le site Art Mirande
  5. Christian Bougoux, L'imagerie romane de l'Entre-deux-Mers : l'iconographie raisonnée de tous les édifices romans de l'Entre-deux-Mers, Bordeaux, Bellus éd., , 828 p. (ISBN 978-2-9503805-4-9 (édité erroné))

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Pierre Bubourg-Noves, Guyenne romane, Zodiaque, , 362 p. (ISBN 978-2736901011)
  • Jacques Gardelles, « Recherches sur les origines des façades à étages d'arcatures des églises médiévales », Bulletin Monumental, vol. 136, no 2,‎ , p. 113-133 (lire en ligne, consulté le ).
  • Églises romanes en Haute Gironde : 36 églises et chapelles romanes en haute Gironde à visiter... de Patrick Versaud.
  • Document utilisé pour la rédaction de l’article Église Saint-Étienne de Tauriac en Haute Gironde, brochure produite par l'Association de Sauvegarde du Patrimoine de Tauriac

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]