Déménagement de la base américaine de Futenma
Le déménagement de la base américaine de Futenma (base appelée Marine Corps Air Station Futenma ou MCAS Futenma), au Japon, est étudié depuis les années 1990. La base est actuellement située dans la municipalité de Ginowan (93 661 habitants) sur l'île d'Okinawa, dans l'archipel du même nom.
Présentation
[modifier | modifier le code]Le territoire de la préfecture d'Okinawa constitue 0,6 % du Japon physique, mais 75 % des bases américaines du pays y sont situées, représentant 18 % de la superficie de l'île principale[1],[2]. L'île d'Okinawa est ainsi la partie du Japon où la présence militaire américaine est la plus élevée sans discontinuer depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec plus de 23 000 hommes en 2014[3],[4].
La relocalisation de la base constitue un sujet de première importance dans les débats de politique intérieure autant que de politique étrangère, au Japon. Les divers projets ayant trait à une relocalisation au sein de l'île rencontrent une opposition massive dans l'archipel d'Okinawa, et notamment celle de son gouverneur en date, Takeshi Onaga.
Histoire
[modifier | modifier le code]En décembre 1996, le gouvernement japonais et le gouvernement américain ont décidé de relocaliser la base de Futenma, depuis Ginowan vers la municipalité de Nago, au nord d'Okinawa, avec pour objectif déclaré de « soulager le sud de l'île ». Le site de la relocalisation en cours est la baie d'Oura, dans le village côtier d'Henoko[5]. On envisagea également brièvement en 2009 l'île déserte de Mage-shima.
La décision est très controversée : elle rencontre d'une part une forte opposition aux bases américaines (et à ce déménagement en particulier) au sein de la population d'Okinawa, laquelle s'est largement prononcée contre cette relocalisation à Henoko par référendum dès 1997. D'autre part, l'occupation du nouveau site par une base aéro-navale impliquerait la destruction d'un récif corallien[6],[7] et de zones marines habitées par le dugong[8],[9], un mammifère marin dont l'espèce est protégée par les lois japonaises comme américaines[10],[11].
L'opposition au déménagement vers Henoko a reçu le soutien de personnalités comme le cinéaste Hayao Miyazaki[12], Oliver Stone, Ryūichi Sakamoto ou Kenzaburō Ōe[13]. Ainsi, un groupe de vingt-deux intellectuels, dont le Prix Nobel de littérature, a signé le 1er avril 2015 une déclaration dans laquelle ils estiment que l’attitude du gouvernement central japonais est « une insulte à la population d’Okinawa et est une atteinte à la démocratie et aux principes de l’autonomie locale ».
Malgré l'opposition rencontrée, les travaux préparatoires ont commencé le 29 octobre 2015. Des manifestations à Tokyo et sur l'île d'Okinawa ont été menées en réponse[14], au même titre que les recours du gouverneur de l'île, Takeshi Onaga, pour obtenir l'annulation de la décision.
En juin 2016, en réaction au viol et au meurtre d'une Japonaise par un employé américain d'une des bases de l'île, une manifestation rassemble entre 50 000 et 65 000 personnes pour s'opposer à la présence américaine, rendant le déménagement prévu encore plus problématique[15].
En avril 2017, la construction de digues commence autour du site pour permettre sa construction[16].
En décembre 2018, les États-Unis commencent le remblaiement de terre-pleins à Henoko pour la construction de la base[16].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article contient du texte publié par l'United States Marine Corps (USMC) dont le contenu se trouve dans le domaine public.
- Comprendre la problématique des bases militaires américaines à Okinawa - Céline Pajon, IFRI, juin 2010, 25 pages [PDF]
- Lina Sankari, « Okinawa, tête de pont états-unienne dans le Pacifique », sur L'Humanité,
- (en) Basics of the U.S. military presence - Reiji Yoshida, The Japan Times, 25 mars 2008
- (en) U.S. Filled Okinawa With Bases And Japan Kept Them There: Okinawans Again Say No - Doug Bandow, Forbes, 26 novembre 2014 (3 pages)
- Philippe Pons, « Au Japon, les électeurs de Nago refusent l'arrivée d'une base américaine », Le Monde,
- Barbara Pochinu Carta, « Epilogue de la crise de la base américaine d’Okinawa », sur Le Temps,
- « Base militaire américaine : Okinawa entrave Tokyo », sur Courrier international,
- (en) Philippa Fogarty, « Environmental fears over US base plan in Okinawa », BBC News,
- « IUCN - La voix du dugong se fait entendre au Congrès », IUCN.org,
- Philippe Pons, « Le dugong, paisible mammifère marin, enrôlé par des Japonais contre une base américaine », Le Monde,
- « Une base américaine menace un récif corallien au Japon », sur Greenpeace Luxembourg (consulté le )
- (en) « Daily Press Briefing - July 15, 2015 », Département d'État des États-Unis
- Philippe Pons, « Au Japon, Okinawa durcit le ton face au gouvernement central », Le Monde,
- Olivier Péguy, « Japon : mobilisation contre le transfert d’une base militaire américaine », Euronews,
- (en) Kirk Spitzer, « Tens of thousands protest on Okinawa to close key U.S. bases in Japan », sur USA Today,
- « Japan begins filling in Henoko bay in Okinawa to make room for unpopular U.S. base », sur The Japan Times,
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Histoire de la préfecture d'Okinawa
- Administration civile américaine des îles Ryūkyū
- Dugong
- Marine Corps Air Station Futenma
Liens externes
[modifier | modifier le code]- (en) Sélection d'articles sur le sujet parus dans The Japan Times