Vision à distance

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La vision à distance (« remote viewing »[n 1],[n 2] en anglais) est un type de perception, recherché, testé ou utilisé lors de protocoles de parapsychologie, notamment conçus et utilisés pour étudier les perceptions extra-sensorielles, y compris dans certains projets applicatifs scientifiques et militaires.

La levée partielle du secret défense militaire aux USA dans les années 90, a confirmé que la vision à distance (remote viewing) a fait l'objet de recherches de la part de l'armée et de la CIA[1]. Cependant, cette dernière fait l'objet de nombreuses critiques dans le milieu scientifique. Cette activité fait partie du domaine des pseudo-sciences et n'est pas validée par les méthodes scientifiques[2],[3],[4],[5].

Exploitation commerciale

La vision à distance est exploitée commercialement[Quand ?] par la société IRIS Intuition Consulting[6].

En 2009 pour faire des recherches scientifiques sur le sol français, des fondateurs d'IRIS-ic ont créé l'association loi de 1901 à but non lucratif IRIS - Psi & Applications[7].

Accueil par la communauté scientifique

Les premières expériences, souvent peu sophistiquées, ont produit des résultats positifs mais leurs défauts conceptuels les ont fait invalider[8].

Aucune des expériences les plus récentes n'a montré de résultats positifs lorsqu'ils sont réalisés dans des conditions strictement contrôlées[9],[10],[11],[12],[13]. Ce défaut d'expériences réussies a conduit toute la communauté scientifique à rejeter la vision à distance, sur la base de l'absence de preuves, l'absence d'une théorie qui expliquerait la visualisation à distance, et le manque de techniques expérimentales qui peuvent fournir des résultats fiables positifs[14].

Critiques

Les expériences de visualisation à distance ont toujours été critiquées pour leur manque de contrôles appropriés et de répétabilité. Il n'y a aucune preuve scientifique que la visualisation à distance existe, et le sujet de la visualisation à distance est généralement considéré comme une pseudoscience[15],[16],[17],[18],[19],[20].

Les journalistes scientifiques Gary Bennett, Martin Gardner, Michael Shermer et le professeur en neurologie Terence Hines décrivent le sujet de la vision à distance comme relevant des pseudosciences[2],[3],[4],[5].

Selon Ray Hyman (psychologue), même si les résultats des expériences de vision à distance étaient reproduits dans des conditions spécifiques, ils ne seraient toujours pas une démonstration concluante qu'un fonctionnement psychique a été démontré[réf. nécessaire] Hyman attribue ceci à la confiance en un effet pernicieux : les revendications sur la perception extra-sensorielle sont basées sur des résultats d'expériences non-expliquées par des moyens normaux. Pour Hyman, les expériences en parapsychologie manquent d'une théorie positive balisant ce qu'il faut contrôler et ignorer[21]. Ray Hyman ajoute que la quantité et la qualité des expériences sur la perception à distance sont beaucoup trop faibles pour convaincre la communauté scientifique d'«abandonner ses idées fondamentales sur la causalité, le temps, et d'autres principes», puisque ces résultats n'ont pas encore été répliqués avec succès sous un examen minutieux[22].

Martin Gardner reproche au chercheur fondateur Harold Puthoff d'avoir été scientologue actif avant ses travaux à l'Université Stanford, ce qui a selon lui influencé ses recherches aux Stanford Research Institute. En 1970, l'Eglise de Scientologie a publié une lettre notariée qui avait été écrit par Puthoff alors qu'il menait des recherches sur la vision à distance à l'Université de Stanford. Dans cette lettre, Puthoff dit : «Bien que les critiques qui observent le système de la scientologie de l'extérieur peuvent avoir l'impression que la scientologie n'est qu'un projet quasi éducatif et quasi religieux parmi d'autres, c'est en fait un système très sophistiqué et hautement technologique qui se rapproche davantage de la planification d'entreprise moderne et de la technologie appliquée.»[2] Among some of the ideas that Puthoff supported regarding remote viewing was the claim in the book Occult Chemistry that two followers of Madame Blavatsky, founder of theosophy, were able to remote-view the inner structure of atoms[2].

Les rationalistes et diverses organisations sceptiques ont mené des expériences sur la visualisation à distance (et d'autres capacités paranormales présumés) toujours sans résultats positifs quand les conditions bien contrôlées[8].

Signaux sensoriels

Les psychologues David Marks et Richard Kammann ont tenté de reproduire les expériences de vision à distance faites par Russell Targ et Harold Puthoff dans les années 1970 au Stanford Research Institute. Dans une série de trente-cinq études, ils ont été incapables de reproduire les résultats selon la procédure expérimentale originale. Ils ont découvert que les notes données aux juges de Targ et les expériences de Puthoff contenaient des indications sur l'ordre selon lequel elles ont été réalisés (comme se référant à deux cibles d'hier, ou il y avait la date de la session écrite en haut de la page). Ils ont conclu que ces indices étaient la raison de taux de succès élevés de l'expérience[23],[24]. Selon Terence Hines:

« L'examen des quelques transcriptions exactes publiées par Targ et Puthoff montrent que seulement ces indications étaient présents. Pour savoir si les transcriptions inédites contenaient des repères, Marks et Kammann ont écrit à Targ et Puthoff pour demander des copies. C'est presque du jamais vu pour un scientifique de refuser de fournir ses données pour examen indépendant quand on les lui demande, mais Targ et Puthoff ont refusé constamment d'autoriser Marks et Kammann de voir les copies des relevés de notes. Marks et Kammann ont été cependant en mesure d'obtenir des copies des relevés de notes du juge qui les a utilisés. Les transcriptions regorgeaient d'indices[25]. »

Thomas Gilovich a écrit :

« La plupart du matériel des transcriptions se compose de tentatives honnêtes par les personnes qui perçoivent pour décrire leurs impressions. Mais les relevés de notes contiennent également des matières étrangères considérable qui pourrait aider un évaluateur en les jumelant aux bonnes cibles. En particulier, il y avait de nombreuses références à des dates, heures et lieux déjà visités qui permettrait au sujet de placer les transcriptions dans le bon ordre ... Étonnamment, les évaluateurs des expériences Targ-Puthoff ont reçu une liste de sites cibles dans l'ordre exacte dans lequel ils ont été utilisés dans les tests[26] ! »

Il a été montré que les sujets ont pu correspondre les transcriptions pour les emplacements corrects en utilisant uniquement les indices fournis. Une fois ces indices éliminés, les résultats tombaient à un niveau issu du hasard[8]. Marks a pu atteindre 100 pour cent d'exactitude sans visiter l'un des sites lui-même, rien qu'en utilisant des indices[27]. James Randi a écrit des essais contrôlés par plusieurs autres chercheurs, éliminant plusieurs sources d'indication et preuve extrinsèque présente dans les essais initiaux, des résultats négatifs. Les étudiants ont également pu résoudre les emplacements de Puthoff et Targ des indices qui avait par inadvertance été inclus dans les transcriptions[28].

Marks and Kamman concluent: « Tant que la vision à distance n'est pas confirmée dans des conditions qui empêchent le repérage sensoriel les conclusions de Targ et Puthoff restent une hypothèse sans fondement[29]. »

Notes et références

Notes

  1. Ce terme a été inventé par Ingo Swann au début des années 1970. Stephan Schwartz. Ouverture sur l'infini. Éd. Trajectoire, 2013, page27. (ISBN 978-2841976171)
  2. Le terme « remote viewing » a été choisi comme un terme descriptif exempt d’association avec des mots ou des expressions antérieurs et de biais en termes de mécanismes. A perceptual channel for information transfer over kilometer distances: Historical perspective and recent research. Proceedings of the IEEE, mars 1976, page 330 PDF

Références

  1. CIA Mission Statement. S/ORCON To establish a program using psychoenergetics for intelligence applications. Specifically, utilizing that field of psychoenergetics referred to as REMOTE VIEWING…., document declassified
  2. a b c et d (en) Martin Gardner, Did Adam and Eve have navels? : debunking pseudoscience, New York, W.W. Norton, , 352 p. (ISBN 978-0-393-32238-5)
  3. a et b Terence Hines. (2003). Pseudoscience and the Paranormal. Prometheus Books. p. 136
  4. a et b (en) Bennett, Gary L. (NASA, Washington, DC), Heretical science – Beyond the boundaries of pathological science, Washington, DC, American Institute of Aeronautics and Astronautics, , 1207–1212 p., PDF (lire en ligne)
  5. a et b Michael Shermer. Science and Pseudoscience in Massimo Pigliucci and Maarten Boudry. (2013). Philosophy of Pseudoscience: Reconsidering the Demarcation Problem. University Of Chicago Press. p. 206.
  6. Remote viewing : l’incroyable pouvoir de la vision à distance - Nexus (revue) no 68, mai-juin 2010.
  7. Journal Officiel, annonce de la création de l'INSTITUT DE RECHERCHE SUR L'INTUITION ET LA SENSITIVITE - PSI & APPLICATIONS IRIS - PA
  8. a b et c David Marks, Richard Kammann. (2000). The Psychology of the Psychic. Prometheus Books. (ISBN 1-57392-798-8)
  9. Joe Nickell, Remotely Viewed? The Charlie Jordan Case, (lire en ligne)
  10. "An Evaluation of Remote Viewing: Research and Applications" by Mumford, Rose and Goslin "remote viewings have never provided an adequate basis for ‘actionable’ intelligence operations-that is, information sufficiently valuable or compelling so that action was taken as a result (...) a large amount of irrelevant, erroneous information is provided and little agreement is observed among viewers' reports. (...) remote viewers and project managers reported that remote viewing reports were changed to make them consistent with know background cues (...) Also, it raises some doubts about some well-publicized cases of dramatic hits, which, if taken at face value, could not easily be attributed to background cues. In at least some of these cases, there is reason to suspect, based on both subsequent investigations and the viewers' statement that reports had been "changed" by previous program managers, that substantially more background information was available than one might at first assume."
  11. Time magazine, 11 December 1995, p. 45, The Vision Thing by Douglas Waller, Washington
  12. Randi & Clarke, An Encyclopedia of Claims, Frauds, and Hoaxes of the Occult and Supernatural "Remote viewing" definition "The data of Puthoff and Targ were reexamined by the other researchers, and it was found that their students were able to solve the locations without use of any psychic powers, using only the clues that had inadvertently been included in the Puthoff and Targ transcripts."
  13. « Remote Viewing », UK's Ministry of Defence, june 2002, disclosed in 2007-02-23, p. 94 (page 50 in second pdf)
  14. Wiseman, R. & Milton, J., « Experiment One of the SAIC Remote Viewing Program: A critical reevaluation », Journal of Parapsychology, vol. 62, no 4,‎ , p. 297–308 (lire en ligne [PDF], consulté le )
    * Obtained from listing of research papers on Wiseman's website
  15. (en) James Alcock, Parapsychology-Science Or Magic?: A Psychological Perspective, Pergamon Press, (ISBN 978-0080257730), p. 164-179
  16. Thomas Gilovich, How we know what isn't so : the fallibility of human reason in everyday life, Free Press, (ISBN 0-02-911705-4, 978-0-02-911705-7 et 0-02-911706-2, OCLC 22956975, lire en ligne), p. 166-173
  17. David Marks, The psychology of the psychic, Prometheus Books, (ISBN 1-57392-798-8 et 978-1-57392-798-7, OCLC 43296735, lire en ligne)
  18. (en) Milton R Wissman, « Experiment One of the SAIC Remote Viewing Program: A critical reevaluation », Journal of Parapsychology 62 (4),‎ retrieved 9/8/2021, p. 297–308 (lire en ligne)
  19. Martin Gardner, Did Adam and Eve have navels? : discourses on reflexology, numerology, urine therapy, and other dubious subjects, W.W. Norton, (ISBN 0-393-04963-9, 978-0-393-04963-3 et 0-393-32238-6, OCLC 44076017, lire en ligne), p. 60-67
  20. Terence Hines, Pseudoscience and the paranormal, Prometheus Books, (ISBN 1-57392-979-4 et 978-1-57392-979-0, OCLC 50124260, lire en ligne), p. 1-57392-979-4
  21. "Because even if Utts and her colleagues are correct and we were to find that we could reproduce the findings under specified conditions, this would still be a far cry from concluding that psychic functioning has been demonstrated. This is because the current claim is based entirely upon a negative outcome—the sole basis for arguing for ESP is that extra-chance results can be obtained that apparently cannot be explained by normal means. But an infinite variety of normal possibilities exist and it is not clear than one can control for all of them in a single experiment. You need a positive theory to guide you as to what needs to be controlled, and what can be ignored. Parapsychologists have not come close to this as yet." – Ray Hyman, The Evidence for Psychic Functioning: Claims vs. Reality Skeptical Inquirer, March/April 1996.
  22. "What seems clear is that the scientific community is not going to abandon its fundamental ideas about causality, time, and other principles on the basis of a handful of experiments whose findings have yet to be shown to be replicable and lawful." – Ray Hyman, The Evidence for Psychic Functioning: Claims vs. Reality Skeptical Inquirer, March/April 1996.
  23. David Marks, Richard Kammann. (1978). Information transmission in remote viewing experiments. Nature 274: 680–81.
  24. David Marks. (1981). Sensory cues invalidate remote viewing experiments. Nature 292: 177.
  25. Terence Hines. (2003). Pseudoscience and the Paranormal. Prometheus Books. p. 135
  26. Thomas Gilovich. (1993). How We Know What Isn't So: The Fallibility of Human Reason in Everyday Life. Free Press. p. 167
  27. Martin Bridgstock. (2009). Beyond Belief: Skepticism, Science and the Paranormal. Cambridge University Press. p. 106. (ISBN 978-0521758932) "The explanation used by Marks and Kammann clearly involves the use of Occam's razor. Marks and Kammann argued that the 'cues' - clues to the order in which sites had been visited - provided sufficient information for the results, without ant recourse to extrasensory perception. Indeed Marks himself was able to archive 100 per cent accuracy in allocating some transcripts to sites without visiting any of the sites himself, purely on the ground basis of the cues. From Occam's razor, it follows that if a straightforward natural explanation exists, there is no need for the spectacular paranormal explanation: Targ and Puthoff's claims are not justified."
  28. James Randi. (1997). "Remote viewing" in An Encyclopedia of Claims, Frauds, and Hoaxes of the Occult and Supernatural. St. Martin's Griffin.
  29. C. E. M. Hansel. (1980). ESP and Parapsychology: A Critical Reevaluation. Prometheus Books. p. 293

Annexes

Bibliographie

  • Tart, C.T., Puthoff, H. E., & Targ, R. (1980) Information transfer under conditions of sensory shielding. Nature, 284, 191.
  • Targ, R. (1994) Remote viewing replication evaluated by concept analysis. Journal of Parapsychology, 58, 271-284.
  • Marks, D.F, & Scott, C. (1986) Remote viewing exposed. Nature, 319, 444.
  • Targ, R. (2011) L'Esprit sans limites (éditions Trajectoire).

Liens externes