Utilisateur:Zythème/Brouillon3

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Délimitation[modifier | modifier le code]

Enjeux[modifier | modifier le code]

La démarche philosophique est avant tout une démarche réflexive et conceptuelle. Alors que les sciences de l’éducation sollicitent des disciplines constituées comme la sociologie, la psychologie ou l'histoire ou spécifiques aux problèmes éducatifs comme la docimologie ou la didactique, la philosophie amène à s'interroger sur les fondements théoriques des pratiques et des savoirs éducatifs[1]. L'éducation suscite l'intérêt des philosophes au moins depuis Platon et a donné lieu à nombre de textes canoniques, de Montaigne à Fichte en passant par Locke et Hegel. La philosophie de l’éducation ne se borne cependant pas au commentaire de ces auteurs même si elle s'appuie sur eux : elle étudie les présupposés et les finalités de l’éducation, ainsi que ses relations avec d'autres enjeux théoriques connexes, comme la relation au savoir et l’apprentissage de la liberté[2].

Nature de l'éducation[modifier | modifier le code]

L'éducation se distingue du fait d'élever un enfant, ce qui ce rapporte avant tout à la sphère familiale, de l'enseignement, en lien avec une activité institutionnelle codifiée et de la formation, qui met l’accent sur l’acquisition de savoirs ou de compétences spécifiques[3]. La conception de l’éducation est souvent articulées aux finalités qui lui sont assignées, comme la transmission des savoirs ou le développement intellectuel. Ainsi, Henri Marion écrit dans sa Leçon d'ouverture aux sciences de l’éducation à la Sorbonne que l'éducation vise chez l’enfant à le transformer en sujet moral et à l'ouvrir à la « liberté de l'homme »,[4].

L'éducation suppose souvent le caractère inachevé de l'être humain et une disposition universelle à l’apprentissage[5].

Maître et élève[modifier | modifier le code]

Place de l’enfant[modifier | modifier le code]

La manière dont est considérée l'enfant influence la manière de considérer son éducation : est-il considéré avant tout comme un adulte en devenir ou pour ce qu'il est à l'instant présent ? L'alternative peut être dépassée dans la mesure où l'éducation n'est uniquement destinée à conforter l’enfance dans ce qu'elle est (ce qui supposerait une maturité spontanée), ni à le conformer à un rôle social qui s'apparente alors à du dressage. Dans cette perspective entre deux extrêmes, l'éducation vise avant tout à apprendre à devenir humain et ne connaît donc pas de terme[6].

Autorité et liberté[modifier | modifier le code]

L'éducation instaure un rapport vertical entre l'éducateur et l'éduqué, de part les différences en terme de savoirs, de position sociale et d'âge. Les principes éducatifs peuvent pousser ce rapport dissymétrique à leur paroxysme en faveur d'une éducation autoritaire ou au contraire œuvrer en faveur de relations horizontales entre maîtres et élèves comme le promeut l'éducation nouvelle. La contrainte, dans la mesure où elle est émancipatrice, n’est pas incompatible avec une éducation émancipatrice[7]

Valeurs[modifier | modifier le code]

Que transmettre ?[modifier | modifier le code]

La nature, la qualité et la quantité des savoirs à transmettre est l'une des questions principielles de l’éducation. La prétention à l'universalité se heurte à la tendance au relativisme devant la diversité des cultures. Il importe également de s'interroger sur la mention politique de ce contenu, par exemple s'il correspond davantage au capital culturel d'une classe sociale ou non[8].

Excellence ou égalité[modifier | modifier le code]

L'éducation est un secteur où l'aspiration à l'égalité dans les sociétés démocratiques est particulièrement fort. Cet enjeu invite à penser les conditions de l'égalité dans l'école (l’égalité des chances) et par l'école (la lutte contre les inégalités sociales par le système scolaire). Le principe de la sélection méritocratique peut être pensé de manière complémentaire à cet idéal ou être considéré comme une contradiction à surmonter[9].

Individu ou collectivité[modifier | modifier le code]

L'éducation répond à des besoins individuels et collectifs. La recherche de l’épanouissement personnel s'avère parfois avec les objectifs sociaux donnés au système éducatif[10].

Institutions[modifier | modifier le code]

Les institutions éducatives diffèrent, comme les autres institutions, par les fonctions et les valeurs qu'elles incarnent. Il est difficile d'établir des constantes puisqu'elles relèvent de contingences culturelles. S'il existe beaucoup de tiers lieux éducatifs comme les bibliothèques ou les mouvements de jeunesse, la famille et l'école sont des exemples paradigmatiques d'institutions éducatives[11].

Famille[modifier | modifier le code]

Même si ce n'est pas sa seule fonction, la cellule familiale joue souvent un rôle éducatif primordial, malgré la diversité de ses formes, car elle prépare souvent les habitudes et la socialisation de l'enfant. Elle peut se concevoir comme une « école du sentiment » selon les mots d'Alain. Le caractère sclérosant qu'elle joue dans la transmission de l'héritage culturel est cependant dénoncé par des personnalités comme Sartre dans Les Mots. L'éducation familiale prend par nature une tournure plus affective et personnelle que l'instruction publique. Si Auguste Comte la considère comme un horizon indépassable pour ce qui relève de la transmission de l'amour et de l'obéissance, Platon imagine de la substituer à la cité dans les Lois [12].

École[modifier | modifier le code]

L'école n’est pas une réalité universelle. Elle vise essentiellement à la transmission d'un savoir scolaire qui se caractérise par son organisation, un enseignement conçu pour être durable et présenté de manière didactique, sans nécessairement d'utilité immédiate[13].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Normand Baillargeon, L'éducation, Paris, Flammarion, coll. « GF. Corpus » (no 3078), , 286 p. (ISBN 978-2-08-126429-8).
  • Marie-Claude Blais, Marcel Gauchet et Dominique Ottavi, Pour une philosophie politique de l'éducation : six questions d'aujourd'hui, Paris, Hachette Littératures, coll. « Pluriel », , 296 p. (ISBN 2-01-279120-4).
  • Olivier Reboul, La philosophie de l'éducation, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? » (no 2441), , 9e éd., 127 p. (ISBN 978-2-13-051960-7).


Références[modifier | modifier le code]

  1. Reboul 2008, p. 3-8.
  2. Blais, Gauchet & Ottavi, p. 13-21.
  3. Reboul 2008, p. 15-17.
  4. Blais, Gauchet & Ottavi, p. 85-87.
  5. Reboul 2008, p. 20-22.
  6. Reboul 2008, p. 23-25.
  7. Reboul 2008, p. 72-76.
  8. Reboul 2008, p. 98-101.
  9. Blais, Gauchet & Ottavi, p. 170-176.
  10. Reboul 2008, p. 22-23.
  11. Reboul 2008, p. 30-31.
  12. Reboul 2008, p. 31-36.
  13. Reboul 2008, p. 37-42.