Urostylididae

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Les Urostylididae forment une famille d'insectes du sous-ordre des hétéroptères (punaises), de la superfamille des Pentatomoidea, qui compte environ 8 genres, et 80 à 180 espèces.

Description[modifier | modifier le code]

Les Urostylididae sont des punaises de taille moyenne, mesurant entre 3.5 à 14 mm de long, avec un corps souvent allongé, inhabituel parmi les Pentatomoidea. La tête est petite, ses marges latérales ne sont pas carénées, et elle porte des antennes à 5 articles, très longues, dont le 1er est beaucoup plus long que la tête. Les tubercules antennifères sont placés sur le dessus de la tête, entre les yeux. Les ocelles sont plus proches l'une de l'autre que la distance qui les sépare des yeux, une condition unique parmi les Pentatomoidea, uniquement partagée avec les Saileriolidae (mais absence d'ocelles chez Urolabida). Le scutellum a son apex assez allongé. L'abdomen présente des trichobotries sur les segments 3 à 7 (uniquement sur les segments 5 à 7 chez les Saileriolidae). Les pattes n'ont pas d'épines, les hanches médianes et postérieures sont plus éloignées les unes des autres que les hanches antérieures, et les tarses comptent 3 segments. Les ailes antérieures ont une courte commissure clavale (elles se touchent après l'apex du scutellum). Les membranes présentent 4 à 5 veines longitudinales[2],[3].

Répartition[modifier | modifier le code]

Les espèces de cette famille ont leur centre de distribution dans le Sud et l'Est de l'Asie (écozone indomalaise), de l'Inde aux Philippines[4], atteignant, au Nord, l'Est du Paléarctique (Chine, Corée du Sud et Japon), et à l'Est, la Nouvelle-Guinée et le Nord de l'Australie[3]. Six espèces sont présentes au Japon[5].

Selon Zhou et Rédei, des espèces non encore décrites auraient été collectées à Madagascar[6].

Biologie[modifier | modifier le code]

Ces espèces sont phytophages et arboricoles. Les plantes-hôtes connues appartiennent notamment aux genres Quercus (Fagaceae), Ulmus et Zelkova (Ulmaceae). L'espèce Urochela luteovaria peut causer des dégâts aux fruits de Rosaceae, comme les pommes, les poires et les cerises.

La ponte a été étudiées chez plusieurs espèces d'Urostylis et montre une adaptation très particulière. La femelle, dont l'abdomen est alors extrêmement élargi, pond ses œufs, en hiver, un cas très rare chez les Hétéroptères, qui sortent enrobés d'une forme de gelée (de biopolymères). Pour respirer à travers celle-ci, les œufs possèdent des structures particulières, des aéromicropyles, sortant comme des « tubas », hors de la gelée. Cette gelée joue d'abord un rôle protecteur contre la dessication et la contamination microbienne. Mais son rôle est bien plus essentiel. Elle fournit la seule source de nourriture aux juvéniles à un moment où la sève n'est pas disponible. Elle permet ainsi leur croissance et leur survie jusqu'au stade 3. De plus, la gelée contient des symbiotes intestinaux, qui, eux aussi, survivent dans la gelée pendant plusieurs mois. Ils sont ainsi transmis verticalement de la mère à ses jeunes, et permettront à leur hôtes d'acquérir des acides aminés et des vitamines essentiels à leur métabolisme et dont la sève des plantes-hôtes est dépourvue. L'élaboration de cette gelée et son inoculation en bactéries symbiotiques sont réalisées par des organes spécialement développés chez les femelles. L'association des symbiotes avec ces punaises est obligatoire, et résulte d'une coévolution[7].

Systématique[modifier | modifier le code]

Ce taxon a été proposé dès 1851 en tant que famille à part entière par Dallas. Son nom a longtemps été « Urostylidae », mais en 2001, il a été proposé son remplacement par « Urostylididae », pour éviter l'homonymie avec les Urostylidae Butschli, 1889[8] (Ciliophora, Hypotrichida).

Son placement a été longtemps discuté. Il a été lié, selon les auteurs, comme une sous-famille, les Urostylinae, dans les Acanthosomatidae, les Pyrrhocoridae, et les Pentatomidae. L'étude phylogénétique de Grazia et al. (2008)[9] les place comme famille au sein des Pentatomoidea.

Pendant longtemps, les Urostylididae ont été séparées en deux sous-familles, les Urostylidinae et les Saileriolinae[10], mais cette dernière a été considérée comme une famille séparée, les Saileriolidae, notamment par Grazia et al[9]. De leur côté, les Urostylidinae ont été séparés en deux tribus, les Urolabidini Stål, 1876, définis par l'absence d'ocelles, avec le genre Urolabida, et celle des Urostylidini Dallas, 1851, avec environ trois à cinq autres genres. Le nombre d'espèces indiquées va de plus de 80 selon Schuh et Weirauch[3] à près de 180 selon Aberlenc et al.[2].

Phylogénie[modifier | modifier le code]

Au plan phylogénétique, cette analyse les place comme le groupe-frère (basal) de tous les autres Pentatomoidea[9].

Fossiles[modifier | modifier le code]

On a rattaché au genre Urochela (Urostylidini), qui comprend une quarantaine d'espèces actuelles, six espèces fossiles découvertes, trouvées en Chine, et datant du Burdigalien (Miocène, entre −20 et −15 millions d'années)[11].

Liste des sous-familles, tribus, et genres[modifier | modifier le code]

Selon BioLib (20 juin 2022)[12]:

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b BioLib, consulté le 8 juillet 2022
  2. a et b Henri-Pierre Aberlenc (coordination), Les insectes du monde : biodiversité, classification, clés de détermination des familles, Plaissan & Versailles, Museo Éditions & Éditions Quae, (ISBN 978-2-37375-101-7 et 2-37375-101-1, OCLC 1250021162, lire en ligne), tome 1, p. 518, tome 2 pp. 210 et 255
  3. a b et c (en) Randall T. Schuh et Christiane Weirauch, True bugs of the world (Hemiptera, Heteroptera) : classification and natural history., Manchester, Siri Scientific Press, , 800 p. (ISBN 978-0-9957496-9-6 et 0-9957496-9-8, OCLC 1125224106, lire en ligne), p. 486-487
  4. Marcos Roca-Cusachs, Mercedes Paris, Alma Mohagan et Sunghoon Jung, « Urolabida graziae, new urostylidid species from the Philippines with comments on the current taxonomy and systematics of the family (Hemiptera: Heteroptera: Urostylididae) », Zootaxa, vol. 4958, no 1,‎ , p. 702–712 (ISSN 1175-5334 et 1175-5326, DOI 10.11646/zootaxa.4958.1.45, lire en ligne, consulté le )
  5. Jun Souma, Yoshiaki Sakai et Tadashi Ishikawa, « First record of Urostylis hubeiensis Ren (Hemiptera, Heteroptera, Urostylididae) from Japan, with an illustrated key to the Japanese urostylidid species », Biodiversity Data Journal, vol. 10,‎ , e83656 (ISSN 1314-2828 et 1314-2836, PMID 35586257, PMCID PMC9038874, DOI 10.3897/BDJ.10.e83656, lire en ligne, consulté le )
  6. a et b Yanyan Zhou et Dávid Rédei, « A new synonymy in East Asian Urostylididae (Hemiptera: Heteroptera) », Zootaxa, vol. 4504, no 1,‎ , p. 145 (ISSN 1175-5334 et 1175-5326, DOI 10.11646/zootaxa.4504.1.10, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Nahomi Kaiwa, Takahiro Hosokawa, Naruo Nikoh et Masahiko Tanahashi, « Symbiont-Supplemented Maternal Investment Underpinning Host’s Ecological Adaptation », Current Biology, vol. 24, no 20,‎ , p. 2465–2470 (DOI 10.1016/j.cub.2014.08.065, lire en ligne, consulté le )
  8. « Diagnosis of the Families and Subfamilies of the Urostylina », sur www.nies.go.jp (consulté le )
  9. a b et c (en) Jocelia Grazia, Randall T. Schuh et Ward C. Wheeler, « Phylogenetic relationships of family groups in Pentatomoidea based on morphology and DNA sequences (Insecta: Heteroptera) », Cladistics, vol. 24, no 6,‎ , p. 932–976 (DOI 10.1111/j.1096-0031.2008.00224.x, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) W. E. China et James A. Slater, « A New Subfamily of Urostylidae from Borneo (Hemiptera: Heteroptera) », Pacific Science, vol. 10,‎ , p. 410-414 (ISSN 0030-8870, lire en ligne [PDF], consulté le )
  11. « Urostylididae », sur paleobiodb.org (consulté le )
  12. BioLib, consulté le 20 juin 2022