Colobathristidae

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Les Colobathristidae sont une famille d'insectes hétéroptères (punaises), de la super-famille des Lygaeoidea.

Description[modifier | modifier le code]

Les membres de cette famille mesurent entre 6 et 20 mm de long, sont généralement très allongées avec des pattes et des antennes fines, mais non renflés à leurs extrémités (contrairement aux Berytidae), et une surface dorsale ponctuée.

Les yeux sont saillants, presque pédonculés, avec chez certaines espèces sud-américaines une crête infraoculaire striée. L'extrémité du scutellum est rétrécie et allongée, parfois équipée d'une épine dressée. L'aile antérieure est rétrécie, avec la marge latérale de la corie concave, cette corie est au moins en partie transparente, en général avec une cellule triangulaire au bout. La membrane a des veines réduites ou absentes. Les clavus se superposent généralement. Les aires évaporatoires des glandes odoriférantes sont larges mais situées sur la face ventrale du thorax, invisible depuis en dessus. L'abdomen est resserré à la base. et une ligne délimite les latérotergites. Les stigmates abdominaux sont ventraux dorsaux sur les segments 2 à 4, ventraux sur les segments 5 à 7, où ils sont placés sur les latérotergites. Des paires de trichobothries sont présentes, au nombre de 3 sur les sternites 3 et 4, regroupées au milieu, de 3 latérales sur les sternite 5 et 6, et de 2 latérales sur le sternite 7. Les genitalia femelles sont de type plaque.

Les deux sous-familles se distinguent morphologiquement par le fait que les Colobathristinae ont les antennes aussi longues que le corps, avec leur 1er article plus long que la largeur de la tête entre les yeux, alors que les Dayakiellinae ont les antennes plus courtes, au mieux de la longueur de la moitié du corps, avec le premier article plus court que la largeur de la tête entre les yeux[2],[3],[4].

Des juvéniles au stade V ont été décrits par Xue & Bu (2005). Ils se distinguent des autres familles de la lignée des Malcidae par plusieurs critères, notamment la présence d'une dent aux fémurs antérieurs, et les sutures entre les tergites 4-5 et 5-6 incurvées au milieu[5].

Répartition et habitat[modifier | modifier le code]

Leur répartition se partage en deux régions, avec un nombre plus ou moins identique d'espèces dans chacune d'elles : d'une part la zone indomalaise (Asie du Sud-Est), avec également une espèce en Australie, et d'autre part en Amérique du Sud tropicale. Cette famille est inconnue en Afrique[3].

Biologie[modifier | modifier le code]

Leur biologie est peu connue, mais pour ce qui en a été étudié, ces punaises se nourrissent exclusivement sur des monocotylédones. Il semble que Phaenacantha australiae englue ses œufs sur les feuilles des plantes hôtes[4].

Un certain nombre d'espèces de Colobathristidae sont myrmécomorphes[3].

Plusieurs espèces néotropicales présentent une crête infraoculaire qui fait office de stridulitrum, un dispositif permettant la production de stridulations[3].

Certaines espèces de Phaenacantha s'en prennent parfois aux cultures de canne à sucre en Asie (Ph. saccharicida en Indonésie, et Ph. australiae en Australie)[3].

Systématique[modifier | modifier le code]

La famille des Colobathristidae a été créée en 1865 par l'entomologiste suédois Carl Stål (1833-1878) en tant que sous-famille des Lygaeidae au sens large (qui seront restreints par Henry en 1997). Elle a été élevée au rang de famille par Bergroth en 1910[6]. En 1966, Štys analyse qu'elle fait partie d'une « lignée évolutive des Malcidae » avec les Cymidae, les Malcidae et les Berytidae[7]. Thomas J. Henry confirme cette hypothèse dans son étude des Lygaeoidea de 2017[8]. Il en fait le groupe frère des Berytidae, en lien avec le premier article antennaire fusiforme, le scutellum avec une dent, et l'articulation postérieure des métacoxae[4]. Selon une étude moléculaire de Hua et al. en 2008, les Colobathristidae seraient plutôt le groupe frère d'un groupe formé par les Berytidae, les Geocoridae et les Malcidae, selon la formule (Colobathristidae + (Berytidae + (Geocoridae + Malcidae))), avec les Geocoridae s'interposant dans la « lignée des Malcidae »[9]. D'autres auteurs ont montré qu'ils ont des caractéristiques qui les rapprochent des Coreoidea (les oeufs, la plaque génitale des femelles)[4].

Au plan de ses subdivisions internes, en 1966, Štys sépare le genre Dayakiella dans une sous-famille à part, les Dayakiellinae, avec des caractères plésiomorphiques (ancestraux)[10]. Tous les autres genres sont classés dans la sous-famille des Colobathristinae.

Au total, la famille comprend entre 25 et 30 genres, et une centaine d'espèces. Plus de la moitié des genres sont monotypiques (ne comprennent qu'une seule espèce). La moitié des genres a été décrite par Geza Horváth en 1904[11] et 1922. Un catalogue en ligne de la famille est disponible sur Lygaeoidea Species File[12], avec la répartition et les références de la littérature scientifique.

Aucun fossile n'est répertorié par Paleobiology Database[13].

Liste des sous-familles et des genres[modifier | modifier le code]

Selon Lygaeoidea Species File[12] :

sous-famille Colobathristinae Stål, 1865

sous-famille Dayakiellinae Štys, 1966

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. BioLib, consulté le 29 octobre 2022
  2. Henri-Pierre Aberlenc (coordination), Les insectes du monde : biodiversité, classification, clés de détermination des familles, Plaissan & Versailles, Museo Éditions & Éditions Quae, (ISBN 978-2-37375-101-7 et 2-37375-101-1, OCLC 1250021162, lire en ligne), tome 1, p. 515, tome 2 pp. 211 et 248
  3. a b c d et e (en) Randall T. Schuh et Christiane Weirauch, True bugs of the world (Hemiptera, Heteroptera) : classification and natural history., Manchester, Siri Scientific Press, , 800 p. (ISBN 978-0-9957496-9-6 et 0-9957496-9-8, OCLC 1125224106, lire en ligne), p. 69, 264-266
  4. a b c et d (en) « Australian Faunal Directory - Colobathristidae », sur biodiversity.org.au (consulté le )
  5. Huai-jun Xue et Wen-jun Bu, « Notes on 5th instar nymphs of two species of Phaenacantha Horváth (Heteroptera: Colobathristidae) », Entomologica Fennica, vol. 16, no 2,‎ , p. 109–116 (ISSN 2489-4966 et 0785-8760, DOI 10.33338/ef.84243, lire en ligne [PDF], consulté le )
  6. Ernst E. Bergroth, « Remarks on Colobathristidae with descriptions of two new genera. », Annales de la Société entomologique de Belgique (Comptes-rendus), vol. 54,‎ , p. 297-303
  7. (en) Pavel Štys, « Monograph of Malcinae, with reconsideration of morphology and phylogeny of related groups. (Heteroptera, Malcidae). », Acta Entomologica Musei Nationalis Pragae, vol. 37,‎ , p. 351-516 (lire en ligne)
  8. (en) Thomas J. Henry, « Phylogenetic analysis of family groups within the infraorder Pentatomomorpha (Hemiptera: Heteroptera), with emphasis on the Lygaeoidea », Annals of the Entomological Society of America, vol. 90, no 3,‎ , p. 275-301 (lire en ligne [PDF])
  9. Jimeng Hua, Ming Li, Pengzhi Dong et Ying Cui, « Comparative and phylogenomic studies on the mitochondrial genomes of Pentatomomorpha (Insecta: Hemiptera: Heteroptera) », BMC Genomics, vol. 9, no 1,‎ , p. 610 (ISSN 1471-2164, PMID 19091056, PMCID PMC2651891, DOI 10.1186/1471-2164-9-610, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Štys, Pavel, « Revision of the genus Dayakiella Horv. and notes on its systematic position (Heteroptera; Colobathristidae). », Acta Entomologica Bohemoslovaca, vol. 63,‎ , p. 27-39
  11. Horváth, Geza, « Monographia Colobathristinarum 2 », Annales Historico-Naturales Musei Nationalis Hungarici.,‎ , p. 117-172
  12. a et b « family Colobathristidae Stal, 1865: Lygaeoidea Species File », sur lygaeoidea.speciesfile.org (consulté le )
  13. « The Paleobiology Database », sur paleobiodb.org (consulté le )