Trophée de l'Association internationale des organisateurs de courses cyclistes

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Le Trophée de l'AIOCC attribué chaque année par l' Association internationale des organisateurs de courses cyclistes était un des challenges que cette association a créé, dans le but d'encourager, de développer et de sauvegarder le sport cycliste. Le Trophée de l'AIOCC concernant le secteur "amateurs" est décerné à partir de 1967. Jusqu'en 1988 il résulte d'un classement annuel par pays, basé sur un cumul de points obtenus par les classements individuels des coureurs des sélections nationales dans un certain nombre d'épreuves cyclistes. Il permet d'assurer à un certain nombre de compétitions cyclistes de chaque pays la présence de sélections nationales désireuses d'acquérir des points pour le Trophée.

L'AIOCC[modifier | modifier le code]

L'Association internationale des organisateurs de courses cyclistes est créée en 1956 par les responsables de trois organisations de grandes épreuves cyclistes[1] Jacques Goddet, Félix Lévitan, des journaux L'Équipe et Le Parisien libéré, Vincenzo Torriani, de La Gazzetta dello Sport, M Stassel, pour les Sports de Bruxelles. Dès l'année 1958 sont attribués des trophées recompensant le meilleur coureur de l'année et la meilleure équipe (que cette équipe soit celle d'une marque, ou qu'elle soit nationale). Ces trophées ne connaissent qu'une audience limitée, du fait de l'existence de Classements internationaux et nationaux dont le sponsoring est plus visible et mieux doté : le challenge Desgrange-Colombo (1947-1958) puis les trophées Super-prestige Pernod pour ce qui est de l'international. L'attribution de ces Challenges perdure. Depuis 1958 de nombreuses personnalités se sont vu attribuer un trophée du l'AIOCC à des titres divers[2]. Mais elle méconnaît le secteur "amateurs" jusqu'à l'année 1982, date à laquelle le trophée de l'AIOCC est unifié. L'homme clé de l'AIOCC est le journaliste et patron de presse Félix Lévitan qui en est le Président de 1961 à 1987. Au début des années 1960 la montée en puissance du cyclisme des pays de l'Est européens et du "Tiers-Monde" pousse à la création de plusieurs structures appelées à régir ce qui est nommé le secteur "amateurs", peu ou pas du tout pris en compte par les challenges internationaux. D'une part au sein de l'UCI est créée une fédération internationale du cyclisme amateur, (FIAC), d'autre part se crée en 1965 la section amateurs de l'Association Internationale des Organisateurs de Courses cyclistes. L'initiative en revient à trois hommes[3] : Jacques Marchand, alors directeur du Tour de l'Avenir, Wlodzimierz Golobiwski, rédacteur au journal polonais Trybuna Ludu, et Heinz Dietrich, secrétaire de la Fédération cycliste de la RDA, tous deux coorganisateurs de la Course de la Paix. Ce « Rassemblement des organisateurs de courses cyclistes, amateurs », le « ROCC », se donne également pour Président Félix Lévitan. Jacques Marchand en est le secrétaire général jusqu'en 1984. Ce sont ces deux organisations qui mettent sur pieds ce que d'aucuns nomment la "Weltcup"[4]

Le Trophée de l'AIOCC[modifier | modifier le code]

Mis en compétition en 1967, le Trophée de l'AIOCC connaît une audience forte auprès des Fédérations cyclistes nationales dont le cyclisme « amateurs » est prépondérant, si ce n'est le seul reconnu jusqu'aux années 1987-1989. Les pays de l'Est européen avant 1989 font de la victoire au Trophée un des objectifs de l'équipe cycliste. Mais ce ne sont pas les seules fédérations à s'y intéresser. Les Fédérations cyclistes des pays scandinaves, Suède, Danemark notamment, et celle des Pays-Bas ont un vivace secteur « amateurs » et délèguent sur les épreuves entrant dans la cotation du Trophée, des sélections nationales où de réels champions font concurrence à leurs homologues soviétiques, polonais, tchécoslovaques, et allemands de la RDA pour ne citer que les premiers plans. Les coureurs hollandais Fedor den Hertog, Frits Schur, voire Joop Zoetemelk (en 1969), les suédois Sven-Åke Nilsson, les frères Pettersson, et de nombreux autres seraient à citer. Si la presse magazine cycliste française passe quasi sous silence ce trophée[5], il n'en est pas de même en Belgique et aux Pays-Bas. L'annuaire Velo, édité par le journal Het Nieuwsblad publie chaque année jusqu'en 1982 le classement du Trophée de l'AIOCC[6]

Quelles courses attribuent des points[modifier | modifier le code]

Les courses « amateurs » donnant des points au trophée de l'AIOCC ont évolué en nombre entre 1967 et 1982, dans le sens d'un accroissement quantitatif et géographique, ce qui fait du pays vainqueur un lauréat peu contestable. Mais, et cette nuance est de taille, ne sont prises en compte par le Trophée dès sa création, que les courses à étapes. S'il semble évident pour des raisons financières, de ne pas déplacer sur de longues distances des équipes de niveau international, d'au moins 5 coureurs pour un unique jour de compétition, c'est le rôle du Championnat du monde, l'absence de "classiques" amateurs parmi les courses donnant des points au classement grève le Trophée de l'AIOCC d'un manque important.
Deux exemples permettent de mesurer le "panier" des courses retenues pour le Trophée
Pour l'année 1970 un annuaire cycliste[7] publie une liste des 16 courses ayant ouvert le crédit de points :


En 1975[modifier | modifier le code]

Cinq ans plus tard, en 1975, la palette des courses à étapes participant au classement reste géographiquement très variée. Mais les Championnats du monde ont été abandonnés. Selon la catégorie dans laquelle elles sont classées, les 3 premières places du classement individuel (le podium) attribuent un nombre de points plus ou moins importants[8]. Ces points ne sont pas individuels, ils sont attribués à l'équipe nationale dont font partie les coureurs concernés selon le barème, révisable chaque année, suivant :

  • Courses "spéciales", hors catégorie : une seule course entre tous les ans dans cette rubrique, la Course de la Paix. Cette distinction tient au fait que parmi les fédérations cyclistes fondatrices de la Fédération internationale "amateurs" figurent les puissantes Fédérations de Pologne et de Tchécoslovaquie, organisatrices, via des organes de presse "officiels", de la "Course des 3 capitales". Chaque année une, voire deux autres épreuves entrent dans cette catégorie, pour la (les) mettre en lumière et favoriser les participations internationales, car cela suppose la participation d'au moins 12 équipes nationales (ou de régions représentant le pays concerné)[9]. Le Tour de l'Avenir entre dans cette catégorie permanente, semble-t-il[10] En 1974, pour "son jubilé" le Tour de Yougoslavie, en 1975, pour raison identique, le Tour de Bulgarie, et le Grand Prix Guillaume Tell entrent dans ce "club" restreint.
    • Les 5 premiers du classement général ouvrent le "robinet à points", 10 points au 1er, puis 7, 4, 2 et 1 aux suivants.
  • Courses de catégorie "A" : pour l'année 1975, elles sont au nombre de 10 : Tour d'Algérie, Tour de Hollande, Milk Race, Tour d'Autriche, Tour d'Italie amateur, Tour de Yougoslavie, Tour de Bohême, Tour de Colombie, Tour de RDA, Tour de Rhénanie-Palatinat.
    • Elles donnent lieu à l'attribution des points sur les 4 premières places du classement final : 5points au 1er, puis 3, 2,1 aux suivants.
  • Courses de catégorie "B" : c'est une catégorie "provisoire", dans laquelle sont reléguées des courses de catégorie "A", faute d'avoir pu satisfaire à toutes les conditions de la catégorie. En 1975 elles sont au nombre de 2 : Tour d’Écosse, Tour de Slovaquie.
    • les 3 premières places donnent droit à : 3, 2, 1 points.
  • Les autres courses inscrites par l'AIOCC à son calendrier annuel peuvent être choisies pour entrer dans le classement, sous condition qu'il n'y en ait pas plus d'une par pays (les courses "hors catégorie" n'entrent pas dans cette clause): en 1975, le nombre de ces courses à étapes est de 70. Le calendrier de ces courses commence au mois de janvier, par le Tour du Táchira, au Venezuela, pour se terminer au mois de décembre en Colombie par la Classica de Oriente.

En 1987[modifier | modifier le code]

La liste des courses prises en compte évolue en fonction de l'existence de ces courses...En 1987, certaines, précédemment inscrites, n'ont plus lieu, tel le Tour d’Écosse. D'autres ont pris de l'importance. 22 épreuves sont prises en compte[11]

Le palmarès du Trophée de l'AIOCC[modifier | modifier le code]

Année Vainqueur Deuxième Troisième
1967 Tchécoslovaquie
19 points
Pays-Bas
19 points
Grande-Bretagne
10 points
1968 Suède
22 points
Pologne
18 points
RDA
12 points
1969 Pays-Bas
50 points
Pologne
16 points
RDA
12 points
1970 Pologne
40 points
Pays-Bas
34 points
Tchécoslovaquie
18 points
1971 Pologne
51 points
Pays-Bas
26 points
France
23 points
1972 Pays-Bas
50 points
Union soviétique
26 points
Tchécoslovaquie
24 points
1973 Union soviétique
31 points
Pologne et Tchécoslovaquie
27 points
1974 Union soviétique
40 points
Tchécoslovaquie
30points
Pays-Bas
28 points
1975 Pologne
48 points
Tchécoslovaquie
37 points
Union soviétique
36 points
1976 Union soviétique
191 points
Pologne
146 points
Tchécoslovaquie
81 points
1977 Tchécoslovaquie
132 points
RDA
106 points
Pologne
102 points
1978 Union soviétique
210 points
Pologne
136 points
Tchécoslovaquie
9 points
1979 Union soviétique
246 points
Pologne
139 points
RDA
88 points
1980 Union soviétique
202 points
RDA
107 points
Tchécoslovaquie
100 points
1981 Union soviétique
191 points
Allemagne de l'Est
100 points
Pologne
96 points
1982 Union soviétique
206 points
RDA
142 points
Tchécoslovaquie
90 points
1983 RDA
222 points
Union soviétique
157 points
Tchécoslovaquie
81 points
1984 RDA
1985 RDA
1986 Union soviétique
123 points
RDA
107 points
1987 Union soviétique
1988 Union soviétique

Le classement à partir de 1984 ne présente que l'équipe du pays remportant le Trophée de l'AIOCC[12]. Il semble qu'aucun média ne publie de classement[13]

  • En 1989, il aurait été attribué à l'équipe de France cycliste, selon l'auteur d'un Dictionnaire international du cyclisme, Claude Sudres.

Sources[modifier | modifier le code]

  • 28. Friedensfahrt, 1975. Ce cahier de 32 pages (en langue allemande) édité pour les 3 journaux organisateurs de la Course de la Paix par l'un de ceux-ci, Neues Deutschland, dont l'imprimerie se situe à Berlin. Un article de 3 pages (p. 5 à 7) présente le Challenge de l'AIOCC.
  • 40. Friedensfahrt, 1987. Un article d'une demi-page (p. 19)
  • Velo 25, volume spécial de l'annuaire du même nom, édité en 1976 pour le 25e anniversaire de parution du titre. Dirigé par René Jacobs, Roland de Smet et Hector Mahau, ce livre de 360 pages est édité par la firme Reynolds. Le palmarès du Trophée AIOCC de 1967 à 1975 se trouve p. 277.
  • Velo, annuaire dirigé par René Jacobs, imprimé en Belgique par Het Nieuwsblad, éditions annuelles de 1975 à 1982.
  • Claude Sudres, Dictionnaire international du cyclisme, 6e édition, de 2004, éditée par l'auteur avec l'aide d'un sponsor du cyclisme.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. La source pour ce § est : Claude Sudres, Dictionnaire international du cyclisme, article "AIOCC", mis à jour au fil des rééditions de cet ouvrage. Édité en sa première édition en 1984 par Calmann-Lévy éditeur, réédité en 1993 et 1995 aux éditions Ronald Hirle, l'ultime moûture de cet ouvrage est parue en 2004, grâce à l'aide du groupe "Cofidis".
  2. La liste des lauréats jusqu'en 2004, se trouve dans le livre de Claude Sudres, cité ci-dessus en références.
  3. Sur cette branche amateurs voir l'interview de Jacques Marchand, donnée à Miroir du cyclisme dans le no 363, janvier 1985, page 53. L'article est titré "À propos du Congrès de l'UCI.
  4. Le terme est utilisé en titre d'un article paru dans le cahier annuel Friedensfahrt, édité par le quotidien Neues Deutschland : 28. Friedensfahrt, Berlin-Prag-Warschau 1975 : les coureurs cyclistes soviétiques ont gagné déjà deux fois la "Coupe du monde (traduction). En pages 5 à 7, un article signé par le journaliste Dietrich Ender présente le Challenge AIOCC, et en publie le palmarès. Cet article sert de source pour la seconde partie de cette page.
  5. Aucune mention d'un classement éventuel en fin d'année pour le Trophée de l'AIOCC ne figure dans le Miroir du cyclisme, organe présumé le plus « bienveillant » au cyclisme « de l'Est ». Vérification faite sur la période 1967-1990 de parution de cette revue cycliste. Il en est de même dans le classique Année du cyclisme, livré annuellement par Pierre Chany à partir de 1974 et des « livres d'or » de Vélo Magazine ou de Sprint international.
  6. C'est la synthèse de ces classements qui est publiée dans cet article. Ce classement, sauf erreur, ne figure pas sur les nombreux sites consacrés au vélo et au cyclisme, à la date du 11 novembre 2010.
  7. Annuaire Vélo 71, page 128.
  8. ibid. 28. Friedensfahrt, l'article liste toutes les épreuves parmi lesquels l'AIOCC choisit celles entrant dans le Trophée et qui en 1975 ouvrent attribution de points.
  9. Ainsi une sélection de la République fédérative de Russie, ou un club (le CSKA par exemple) peut représenter l'URSS, comme (hypothèse non vérifiée...) une sélection d'un comité régional de la FFC, ou d'un club, peut être pris en compte pour équipe de France. Cette clause n'est toutefois valable "pour des raisons de garanties économiques" que dans les courses classées en catégorie "B".
  10. selon l'article cité, mais en 1975 le fait qu'il ne soit pas organisé le fait rétrograder dans la dernière catégorie.
  11. article Erstmals Weltpokal der AIOCC, dans Friedensfahrt 40., 1987, p. 19.
  12. À partir de 1984 aucun classement du Trophée de l'AIOCC n'est publié dans l'annuel annuaire Velo. Le palmarès de ce Trophée est renseigné par l'article "AIOCC" dans le Dictionnaire international du cyclisme, dont l'auteur Claude Sudres est un professionnel de la chose "cyclisme". Par contre il convient de remarquer que le classement pour les années 1967-1982 de ce Trophée est ignoré de Claude Sudres. Il est vrai que celui-ci est durant la période concernée spécialisé dans le cyclisme professionnel. Mais en 1976, selon la présentation qui est faite de lui en quatrième de couverture de l'ultime édition de son ouvrage (2004) il accède au rôle de délégué international auprès de l'UCI et des organisateurs des grandes épreuves pour le compte de l'Association internationale des journalistes du cyclisme.
  13. La source que constituent les éditions annuelles du supplément Friedensfahrt ne fait aucune référence au Trophée, pourtant remporté par l'équipe cycliste de la RDA trois années de suite, avant le cahier 1987: la RDA a dû laisser le trophée aux soviétiques en 1986, et cela semble peu apprécié par le rédacteur allemand, car c'est en plaçant ses six coureurs parmi les dix premiers du classement final de la Course de la Paix que l'équipe soviétique a principalement acquis ses points ! Mais cela nous permet de lire son article qui renouvelle la présentation du Challenge (Friedensfahrt no 40, 1987) :