Seau de Giberville

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Le seau de Giberville
Le seau de Giberville exposé au Musée de Normandie à Caen
Le seau de Giberville exposé au Musée de Normandie à Caen
Dimensions 15 cm hauteur
Matériau bois (if) et bronze
Période IVe siècle-Ve siècle
Culture Rome antique
Date de découverte Années 1970
Lieu de découverte Giberville
Coordonnées 49° 11′ 08″ nord, 0° 21′ 48″ ouest
Conservation Musée de Normandie
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Le seau de Giberville est un artefact archéologique découvert en sur le territoire de la commune de Giberville. Il est conservé au Musée de Normandie. Ouvrage daté de l'Antiquité tardive, il est retrouvé lors de fouilles archéologiques menées dans les années 1970 sur le site d'une nécropole mérovingienne. Même si de tels seaux sont connus, surtout à l'état fragmentaire, l'état de conservation remarquable en fait un objet très rare.

Localisation

Le seau est découvert lors de fouilles archéologiques d'une nécropole de 482 tombes à Giberville, lieudit Le Martray. Giberville est située à 2,5 km de l'Orne et de la Gronde[C 1]. Le nom du lieudit est une formation toponymique médiévale. Il signifie « martyre » [C 2]. Le toponyme garde le souvenir de cette destination[C 3].

Histoire

Le seau est daté de 350 à 450[A 1].

L'église Saint-Martin de Giberville avec le cimetière.

La nécropole est utilisée de la fin du Ve siècle jusqu'à la fin du VIIe siècle[C 4] et la tombe dans laquelle l'objet est trouvé est datée pour sa part du début du VIe siècle[A 1]. Seules une vingtaine de tombes tardives comportent des sarcophages, la nécropole est organisée en rangées et les sépultures sont orientées tête à l'ouest et pieds à l'est[C 5]. 2/3 des tombes ont été découvertes pillées[B 1], sans doute par les utilisateurs du cimetière[C 5]. Des traces d'enclos funéraire ont été retrouvées[C 3].

Après l'abandon de la nécropole les défunts sont inhumés non loin de l'église Saint-Martin de Giberville, à 2 km[B 2].

Historique de la découverte

Le seau est découvert dans une des tombes de la nécropole, la tombe n°41[C 6], celle d'une femme[A 1], lors de fouilles de sauvetage qui se sont déroulées d' à [B 1]. La tombe est creusée dans le calcaire comme les autres tombes de la nécropole[C 7] et le seau était posé au pied de la sépulture[C 6].

Toute la nécropole n'a pu être fouillée dans sa partie orientale[B 1]. 394 tombes ont été fouillées et le fouilleur estime le nombre total à 482[C 3].

La tombe n°41 a été pillée et seul subsistait le seau[C 6].

Description

Description générale

Le seau est en lattes[B 1] de bois d'if[A 2]. Le seau possède une anse et un bandeau en décor de bronze estampé[A 2]. Le décor est gravé sur du bronze.

Le seau est petit, 15 cm de haut pour un diamètre de 12,8 cm à l'ouverture et 13,7 cm au fond. Le décor est à la fois politique et mythologique[1]. Le bandeau de métal fait 2 cm sur 4,7 cm, sur 0,5 mm d'épaisseur. le décor est obtenu par estampage et surimpression[C 6]. Une trace de réparation a été observée, une plaque de bronze[C 6].

Description du décor de bronze

Le bandeau supérieur présente le droit d'une monnaie, des personnages, un cavalier et un personnage debout[C 6] des chevaux et des cerfs[B 1](planches 10 et 11 dans Pilet, 1990[C 8]).

Le seau présente une représentation d'un monnaie montée en médaillon, pratique courante au IIIe siècle[C 9]. Est présente sur la représentation de monnaie d'un diamètre de 30 mm la titulature d'un buste impérial et l'inscription DN VAL. Les monnaies sont souvent utilisées dans l'Antiquité pour être imitées, la taille figurée serait celle d'un multiple[C 10].

Un personnage est présenté debout, muni d'un casque et d'une tunique, et tenant un étendard de sa main gauche. La main droite dans les représentations impériales figurait un captif ou un bouclier. Cette scène est similaire à des représentations de revers de monnaies en circulation[C 11].

Il y a une représentation de chasse à courre avec un cerf (un dix-cors) entouré de quatre chiens de la race des Vertagus, avec un cavalier muni d'une lance. Ce cavalier est identifié comme l'empereur, portant une cuirasse et un diadème. Ce type de représentation de l'empereur en chasse est fréquent, même si la chasse au cerf n'est digne d'intérêt qu'au Bas-Empire[C 12]. Le décor présente également deux serpents piétinés[C 13].

Une scène de chasse est présente sur l'armature. L'empereur est représenté à trois reprises : est lu le nom Valentinien mais sans précision, on ne sait s'il s'agit de Valentinien Ier, Valentinien II ou Valentinien III, ayant régné de 364 à 455[A 3].

Le visage d'une Gorgone est représenté, avec des serpents dans les cheveux, la langue tirée. Une telle représentation a été retrouvée sur des seaux retrouvés sur le limes de Pannonie et conservés à Mayence au Musée central romain-germanique et Budapest au Musée national hongrois[C 13].

Il y a huit motifs triangulaires, avec sur chacun deux chiens opposés[C 14].

Interprétation historique

Le décor a comme objet de montrer l'empereur détruisant ses ennemis et protecteur, la représentation a une finalité politique[C 15].

Le dépôt de seaux en bois dans les sépultures est une pratique ancienne[2].

Le seau est peut-être un donativum, cadeau d'un empereur à ses soldats, du fait de la proximité du camp de Bénouville[A 3], situé à 7 km seulement, ou aux dignitaires civils[C 8]. L'objet est élaboré à la fin du IVe siècle ou au début du Ve siècle[C 15]. Il a pu être offert à un chef barbare ayant servi dans l'armée romaine, thésaurisé et réparé par une femme qui l'emporte dans sa tombe au début du VIe siècle[C 8].

C'est un « témoin de la culture romano-germanique »[1], en dépit de la difficulté de le dater[A 3]. D'autres témoins de cette culture ont été collectés dans d'autres sépultures, dont une boucle et une plaque-boucle[C 8].

Notes et références

  • Musée de Normandie Caen
  1. a b et c Marin 2001, p. 53.
  2. a et b Marin, p. 52.
  3. a b et c Marin, p. 53.
  • Calvados -Giberville. Le Martray
  1. a b c d et e Pilet 1978, p. 301.
  2. Pilet 1978, p. 302.
  • Les nécropoles de Giberville (Calvados ) fin du Ve siècle - fin du VIIe siècle ap. J.C.
  1. Pilet et alii 1990, p. 7.
  2. Pilet et alii 1990, p. 13.
  3. a b et c Pilet et alii 1990, p. 17.
  4. Pilet et alii 1990, p. 18.
  5. a et b Pilet et alii 1990, p. 17.
  6. a b c d e et f Pilet et alii 1990, p. 23.
  7. Pilet et alii 1990, p. 3.
  8. a b c et d Pilet et alii 1990, p. 33.
  9. Pilet et alii 1990, p. 23-25.
  10. Pilet et alii 1990, p. 25.
  11. Pilet et alii 1990, p. 27.
  12. Pilet et alii 1990, p. 28-31.
  13. a et b Pilet et alii 1990, p. 31.
  14. Pilet et alii 1990, p. 31-32.
  15. a et b Pilet et alii 1990, p. 32.

Voir aussi

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Liens internes

Liens externes

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Bibliographie

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  • Collectif, Bulletin municipal n°38 janvier 1993,
  • Jean-Yves Marin, Musée de Normandie Caen : Guide, Skira, (ISBN 88-8118-913-5) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Sandrine Berthelot et Vincent Hincker, Vous avez dit Barbares ? : Archéologie des temps mérovingiens en Normandie, Ve-VIIIe siècles, Gand/Caen, Snoek, , 200 p. (ISBN 978-94-6161-454-4)
  • Christian Pilet, « Calvados -Giberville. Le Martray », Archéologie médiévale, no 8,‎ , p. 301-302 (lire en ligne, consulté le ) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Christian Pilet, Armelle Alduc-Le Bagousse, Joël Blondiaux, Luc Buchet, Gilles Grévin et Jacqueline Pilet-Lemière, « Les nécropoles de Giberville (Calvados ) fin du Ve siècle - fin du VIIe siècle ap. J.C », Archéologie médiévale, no 20,‎ , p. 3-140 (lire en ligne, consulté le )Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Christian Pilet, Armelle Alduc-Le Bagousse, Joël Blondiaux, Luc Buchet, Gilles Grévin et Jacqueline Pilet-Lemière, Les nécropoles de Giberville : exposition organisée par le Musée de Normandie, château de Caen, Eglise Saint-Georges, 8 avril-25 mai 1981,
  • Amélie Vallée, « La pratique funéraire du dépôt de seaux en bois à la période mérovingienne : un état de la question en Gaule du Nord-Ouest », Archéologie médiévale, no 46,‎ , p. 33-56 (lire en ligne, consulté le )
  • Christian Pilet et Jacqueline Pilet-Lemière, « Les tombes de chefs (Ve-VIe siècles) dans les nécropoles franques en Normandie », Annales de Normandie, no 23,‎ , p. 191-201 (lire en ligne, consulté le )