Premier corps de pilotes militaires féminins
Premier corps de pilotes militaires féminins | |
Création | 1944 |
---|---|
Dissolution | |
Pays | France |
Branche | Armée de l'air |
Type | Ecole militaire |
Effectif | 19 |
Fait partie de | Forces aériennes |
Surnom | Les Amazones ou les Grâces de l'Air |
Guerres | Seconde Guerre mondiale |
Commandant historique | Charles Tillon |
modifier |
Le Premier corps de pilotes militaires féminins est créé par décret du 27 mai 1940, juste avant la défaite de juin 1940, il est supprimé après l'armistice, le 1er septembre 1940[1]. À la Libération, Charles Tillon, nommé ministre de l'Air dans le premier gouvernement Charles de Gaulle le , recréée le corps féminin de pilotes auxiliaires le . Ce corps est dissous dans les premiers mois de 1946, et ce n'est qu'en 1976 que l'Armée de l'air recommence le recrutement de pilotes féminins.
Création
[modifier | modifier le code]Pendant la Seconde Guerre mondiale, les pilotes féminins ont fait partie à différents titres des forces armées de quelques pays belligérants : comme pilotes de transport dans l'ATA au Royaume-Uni, et dans le WASP aux États-Unis. L'Union soviétique, quant à elle, avait trois régiments de l'air au départ exclusivement féminins, créés par Marina Raskova[2].
En France, Albert Lebrun autorise le recrutement de « 100 pilotes auxiliaires féminins, chargés de convoyer des avions de faible puissance en service dans les écoles de pilotage et les centres d'instruction ». Le décret du définit le statut des pilotes auxiliaires féminins de l'armée de l'air, qui sont traitées financièrement comme des sous-lieutenants, mais qui tout en devant avoir effectué 100 heures de vol et se soumettre aux contraintes militaires, n'ont ni grade, ni rang dans la hiérarchie militaire (ce qui provoque la colère de d'Hélène Terré, qui reproche à l'armée d'être « une vieille carcasse figée dans son passé, glorieux, certes, mais périmée »[3]). Ce corps est toutefois dissous le 1e septembre de la même année[4].
Ces exemples à l'étranger amenèrent Charles Tillon à proposer à Charles de Gaulle la création d'une école de pilotage pour les femmes pour laquelle il était prévu que deux cents élèves seraient recrutées. De Gaulle accepta l'idée immédiatement[5].
Janine Elissetche, ancienne officier de l'Armée de l'air française qui intègrera tardivement le groupe, rappelle que l'idée d'un corps de pilotes féminins revient à Maryse Bastié[6].
Cette dernière s'en était ouverte dans la presse dès parlant de la création d'une phalange féminine au sein de l'Armée de l'Air pour aussitôt regretter que l'idée ne fut pas étudiée par le ministère de l'Air[Notes 1].
Formation
[modifier | modifier le code]Le premier stage commence en novembre 1944 près de Châteauroux, avec 13 femmes (dont certaines quadragénaires qui n'avaient plus volé depuis 5 ans) : Andrée Dupeyron [Notes 2], Élisabeth Lion [Notes 3], Yvonne Jourjon [Notes 4], Maryse Bastié, Maryse Hilsz, Paulette Bray-Bouquet [Notes 5], Suzanne Melk [Notes 6], Geneviève Lefebvre-Sellier [Notes 7], Yvette Grollet-Briand, Anne-Marie Imbrecq [Notes 8], Gisèle Gunepin, Françoise Marzellier et Élizabeth Boselli [Notes 9].
Ce sont des « aviatrices de grand renom [qui] seront retenues »[7]. « Toutes titulaires dans l’entre-deux guerres d’un brevet civil, ces aviatrices de grand renom sont vite désignées par des sobriquets comme les « 13 Amazones de l’air » ou encore les « 13 Grâces » »[8]. Le groupe est rapidement divisé : Bastié [Notes 10] et Hilsz [Notes 11] sont affectées dans deux autres groupes, et cinq élèves sont envoyées au Maroc à l'école de Kasba Tadla (Paulette Bray-Bouquet, Andrée Dupeyron, Gisèle Gunepin, Élisabeth Lion et Yvonne Jourjon)[9], les autres sont envoyées à la base de Tours.
L'automne suivant, 6 autres jeunes femmes d'une vingtaine d'années (Janine Elissetche, Paulette Desamere, Évelyne Boisnard, Suzanne Millet [Notes 12], Colette Favret, « l’Ange », et Denise Gaudineau)[10] sont recrutées et commencent leur stage à Tours. La mort de Maryse Hilsz le entraîne la fin de cette expérience : trois semaines plus tard, sans explication, les élèves sont renvoyées[5]. Il n'y a pas de cérémonie de remise de diplôme pour les élèves du premier groupe : des gendarmes leur apportent à domicile leur brevet de pilote militaire[10]. Toutes— à l'exception notoire de Maryse Bastié qui travaillera au sein de l'Armée de l'air jusqu'à sa mort en 1952 — refusent les postes qui leur sont proposés dans des fonctions administratives ou de secrétariat, au motif qu'elles le vivraient plutôt comme une sanction[11].
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Air Transport Auxiliary un pilote sur huit au sein de cette organisation britannique était une femme (166 femmes pilotes).
- Women Airforce Service Pilots: les WASP américaines lors de la Seconde Guerre mondiale.
- 588 NBAP: un régiment bombardier de nuit russe exclusivement féminin mis sur pied par Marina Raskova. Les Allemands les appelaient: "les sorcières de la nuit".
- Convoyeuse de l'air
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Le 5 mai 1939, Maryse Bastié est interviewée par Jacques Pauliac pour Le Journal. L'article s'intitule: "Voler c'est merveilleux déclare Maryse Bastié mais que ne suis-je un homme". Elle y parle de la création en cas de guerre d'une "phalange féminine" au sein de l'Armée de l'Air. Le lendemain, le 6 mai, Clément Vautel revient sur l'interview dans sa rubrique "mon film" qu'il intitule Les Amazones de l'Air où il dit en substance que les femmes ont mieux à faire que de partir à la guerre. Piquée au vif, Maryse Bastié use d'un droit de réponse le qui est publié in extenso dans la rubrique "Mon film" Les femmes et la guerre.
- Mailho, Julie Victorine Andréa Eugénie Dupeyron, Julie Victorine Andréa Eugénie grade sous-lieutenant naissance 19/10/1902 fin service 29/07/1947 N. dossìer AI 1 P 38611 1
- Lion, Clotilde grade Sous-lieutenant naissance 11/12/1904 N. dossier AI 1 P 34326 4
- Jourjon, Yvonne grade Sous-lieutenant naissance 13/09/1899 N. Dossìer AI 1 P 10213 2
- Bray-Bouquet, Paulette Bouquet, grade sous-lieutenant naissance 23/03/1911 N. dossier DE 2011 ZL 235 202
- Melk, Suzanne grade sous-lieutenant naissance 19/03/1908 N. Dossìer DE 2008 ZL 262 543
- Dossìer per l'Armée de l'aìr: Lefevre, Geneviève Estelle. Autre Nom Seillier, Geneviève Estelle grade sous-lieutenant naissance 05/03/1911 N. Dossìer DE 2011 ZL 235 749
- Imbrecq, Anne-Marie grade lieutenant naissance 18/06/1911 N. Dossier DE 2011 ZL 235 462
- Boselli, Elisabeth Thérèse Marie Juliette grade Capitaine naissance 11/03/1914 décès 25/11/2005 fin service 11/03/1969 N. Dossier DE 2014 ZL 170 137
- Bastié, Maryse grade capitaine naissance 27/02/1898 N. dossier AI 1 P 30054 2 la date de fin de service n'est pas mentionnée ni sa date de décès
- Hilsz, Marie-Antoinette grade lieutenant naissance 07/03/1901 décès 30/01/1946 N. dossier AI 1 P 18016 2
- Millet, Madeleine Léontine Marie Brouillet, Madeleine Léontine Marie grade Caporal naissance 28/06/1918 fin service 10/05/1946 N. dossier DE 2018 ZL 97 870
Références
[modifier | modifier le code]- Marie-Catherine Villatoux, « Femmes et pilotes militaires dans l’armée de l’Air », Revue historique des armées [En ligne], 272 | 2013, mis en ligne le 22 novembre 2013, consulté le 04 avril 2021. URL : http://journals.openedition.org/rha/7776Wikiwix Archive.
- Le 586e régiment de chasseurs d’interception et de défense aérienne, le 587e régiment de bombardement en piqué et le 588e régiment de bombardement de nuit. Le 588e régiment est le seul à être resté exclusivement féminin jusqu'à la fin de la guerre, dans « Conquérantes de l’air », Icare, n° 205, juin 2008, 157 p.
- Sébastien Albertelli, Elles ont suivi De Gaulle : L'histoire de la première unité militaire féminine de l'armée française., Place des éditeurs, , 471 p. (ISBN 978-2-262-08548-3, lire en ligne)
- Comme en témoigne la mention précisée sur le dossier militaire de Claire Roman
- L'aviation féminine, site du Ministère des Armées.
- Comment je suis devenue Lieutenant Colonel " Le " - Récit, 1960 et 1991, éditions La Bruyère.
- Xavier Massé, Des femmes dans l'Aéronautique, Nouvelles Editions Latines, , 238 p. (ISBN 978-2-7233-2076-4, lire en ligne).
- « 06 Communiqués de presse », sur www.traditions-air.fr (consulté le )
- Raymond Caire, La femme militaire, 1981, p. 138: « Paulette Bray-Bouquet, Andrée Dupeyron, Gisèle Gunepin, Élisabeth Lion et Yvonne Jourjon furent admises à l'école de transformation de Kasba-Tadla pour être reconverties sur bimoteurs légers.».
- Femmes et pilotes militaires dans l’armée de l’Air, [1].
- Marie-Catherine Villatoux, « Femmes et pilotes militaires dans l’armée de l’Air », Revue historique des armées, 272, 2013, mis en ligne le 22 novembre 2013, consulté le 08 janvier 2019, §27
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Marie-Catherine Villatoux, « Femmes et pilotes militaires dans l’armée de l’Air », Revue historique des armées, 272, 2013, mis en ligne le , consulté le . [2].
- La féminisation des armées, ECPAD – Pôle des Archives – , [3].