Mouvement liturgique

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Dom Prosper Guéranger

Le mouvement liturgique est un courant réformateur catholique apparu en France au milieu du XIXe siècle avec la publication de « l'année liturgique » de Prosper Guéranger et en Allemagne avec des théologiens comme Valentin Thalhofer (auteur du Handbuch der katholischen Liturgik). Son objectif était de « faire de nos assemblées des communautés de prière » (Dom Bernard Botte), par la meilleure connaissance et l'amour de la liturgie et de faire une étude critique de la tradition liturgique pour en extraire la substance.

Le “mouvement liturgique” commence véritablement au début du XXe siècle, en lien avec un renouveau plus large (biblique, patristique, théologique, œcuménique). La Belgique, la France et l'Allemagne y jouèrent un rôle majeur.

Le pape Pie XII promulgue, en 1947, la première encyclique entièrement consacrée à la liturgie : Mediator Dei ; puis, fit plusieurs réformes liturgiques. En 1956, il écrivait que le mouvement liturgique était comme le “passage du Saint Esprit dans son Église[1]. L'assemblée des fidèles laïcs joue un rôle plus actif en étant placée littéralement autour de l'autel et plus dans la nef. Ce rassemblement des fidèles exige que soit dégagé l'espace situé près de l'autel, là où est célébrée l'Eucharistie. L'autel doit devenir visible de n'importe quel point à l'intérieur de l'église sans que des obstacles architecturaux soient interposés. Cela permet, dans les nouvelles églises construites, de faciliter la participation à la liturgie. Apparaissent alors dans les intérieurs des églises de vastes surfaces, débarrassées de toute cloison, de tout mur ou colonne entre l'autel et l'espace réservé aux fidèles. C'est l'introduction de nouveaux matériaux et techniques qui a permis la réalisation de cette nouvelle organisation des surfaces. Le plan des nouvelles églises vise aussi à augmenter la surface destinée aux fidèles pour pouvoir en accueillir davantage. À cet égard, l'utilisation d'un matériau comme le béton a permis de réaliser de grandes surfaces planes au sol dont le coût était peu élevé[2],[3].

Des impulsions

Prosper Guéranger

Lorsque Dom Guéranger publie "l'année liturgique" au cours des années 1850, Il cherche à faire connaître au plus grand nombre les fondements de la liturgie romaine, de telle sorte que chacun la comprenne, l'aime et la respecte.

Pie X

Le pape Pie X, le Motu proprio Inter pastoralis officii sollicitudines (1903), dans lequel il demandait la « participation active aux mystères et à la prière officielle et solennelle de l’Eglise ». Pour la première fois l’expression actuosa participatio (participation active) pour qualifier la place des laïcs dans la liturgie : « trouver le véritable esprit chrétien à sa source première et indispensable : la participation active aux mystères sacro-saints et à la prière publique et solennelle de l'Église. »

Acteurs et lieux du mouvement liturgique

Lambert Beauduin

Le véritable développement du Mouvement liturgique débute avec le Congrès catholique de l’archidiocèse de Malines en Belgique de 1909, où Lambert Beauduin exprime des convictions :

  • La liturgie devrait être une action commune de tous les fidèles, pas seulement action du prêtre ;
  • Elle devrait devenir la source de la spiritualité chrétienne et de la vie spirituelle de tous ;
  • La vie liturgique devrait se poursuivre dans les familles (alors aussi lieu de la liturgie ecclésiale) ;
  • Beauduin proposait la production de missels de poche et de textes des heures du bréviaire bon marché afin que chaque famille puisse les acheter ;
  • Il prévoyait des retraites annuelles des chorales au cours desquelles les chantres devraient être instruits dans le domaine de la liturgie.

Rôle des mouvements de jeunes

Le mouvement de jeunsse catholique allemande des Quickborn en lien avec Romano Guardini, le scoutisme, les collèges catholiques jésuites et bénédictins.

Rôle des abbayes bénédictines

L'abbaye de Maria Laach

Rôle des Jésuites

Josef Andreas Jungmann, Paul Doncoeur, Alexandre Fleury

Rôle de théologiens

  • Odon Casel (1886 - 1948) utilise la notion de mystère pour la compréhension de la liturgie, en développant une « théologie des mystères » (Mysterientheologie),
  • Romano Guardini (1885 - 1968) développe une théologie de la liturgie dont l’assemblée, et l’assemblée concrète constitue le sujet. Sans elle, il n'y a pas de liturgie,
  • Pius Parsch (1884 - 1954) axe tout son effort sur la participation active des fidèles à la liturgie, ce qui suppose tout un travail d'explication et de pédagogie à partir d'une compréhension renouvelée par l'apport des sciences historiques.
  • Louis Bouyer (1913 - 2004) publie dès 1945 un remarquable écrit de jeunesse (Le Mystère pascal) qui diffuse la théologie et l'expression de « mystère pascal » comme centre de la vie de l’Église. L'expression sera définitivement entérinée au concile Vatican II.

Des étapes institutionnelles

Instituts de liturgie

Fondation des instituts liturgiques à Paris en 1943 (parmi les acteurs: les Dominicains Pie Duployé et Aimon-Marie Roguet, le Bénédictin Bernard Botte) et à Trèves en 1947 (Balthasar Fischer).

Congrès nationaux et internationaux

Beaucoup de congrès nationaux et internationaux sur la liturgie, dont les plus importants sur le plan international étaient Maria Laach 1951, Mont Sainte-Odile près de Strasbourg 1952, Lugano 1953, L'Abbaye du Mont César à Louvain (Belgique) 1954, Assise 1956, l'Abbaye de Montserrat (Espagne) 1958, Nimègue (Pays-Bas) 1959, Munich 1960.

Nouvelles publications de livres liturgiques

Dans les années 1958–1962 paraissaient plusieurs documents et livres liturgiques peu retouchés. Ces livres sont maintenant de nouveau autorisés pour les catholiques traditionalistes.

Préparation du Concile Vatican II

Le pape Jean XXIII annonçait un concile œcuménique le . Pendant les préparations, la réforme de la liturgie était un des thèmes les plus urgents.

Le , le Concile Vatican II publie la constitution Sacrosanctum concilium sur la liturgie de l'Église, qui est le texte de référence actuellement.

Bibliographie

Le mouvement liturgique

  • Bernard Botte, Le mouvement liturgique / Témoignage et souvenirs, Paris, Desclée, 1973.
  • Louis Bouyer, La vie de la liturgie. Une critique constructive du mouvement liturgique, Paris, Le Cerf, coll. « Lex orandi », 1956.
  • Cappronnier J-С., « L’art sacré entre les deux guerres: aspects de la Première Reconstruction en Picardie // In Situ. », 12/2009.,‎
  • (ru) Ekaterina Cheko (Екатерина Шеко), « L'architecture sacrée en France et en Belgique entre les deux guerres : de l'Art déco au modernisme (Сакралная архитектура Франции и Белгии мехду двух великих войн : разварот от арт-десо к модернизму) », 32, Moscou,‎ (lire en ligne) Université orthodoxe Saint Tikhon (en)

La réforme liturgique

  • Annibale Bugnini, La riforma liturgica. Roma 1983, 2e éd. 1997 (collection Bibliotheca Ephemerides Liturgicae. Subsidia 30).
  • trad. française: La réforme liturgique, trad. de l'italien par Sr Pascale-Dominique Nau (DDB, 2015).
  • La liturgie après Vatican II. Bilans, études, prospective. Par Yves Congar et a. Paris 1967 (collection Unam sanctam 66).
  • Adrien Nocent, Le renouveau liturgique. Une relecture. Paris 1993 (collection Point Théologique 58).

Articles connexes

Notes

  1. .“Le Mouvement liturgique est comme un signe de la providence divine pour notre temps ; il était une intervention du Saint-Esprit dans son Eglise, pour rendre les hommes plus accessibles aux mystères de la foi et aux richesses de la grâce, qui coulent de la participation active des fidèles à la vie liturgique.” Pie XII, Lettre au Congrès d’Assise (1956)
  2. Cappronnier p.9.
  3. E. Cheko p.1120.