Moulin Stucky

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Moulin Stucky
Molino Stucky
Présentation
Type
Fondation
Style
Architecte
Ernst Wullekopf (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Ouverture
Commanditaire
Giovanni Stucky (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Propriétaire
Usage
Site web
Localisation
Localisation
30133 Venise
 Italie
Emplacement
Coordonnées
Carte

Le Moulin Stucky (italien : Molino Stucky) est un ancien bâtiment industriel en briques construit à la fin du XIXe siècle à Venise, situé à l'extrémité Ouest de l'île de la Giudecca, à côté de l'ancienne usine Fortuny. Le bâtiment frappe par sa grande taille en comparaison aux architectures vénitiennes traditionnelles présentes sur les deux rives du canal de la Giudecca.

Histoire[modifier | modifier le code]

Buste à John Stucky.

Le Molino Stucky a été construit entre 1884 et 1895 à l'initiative de Giovanni Stucky, un entrepreneur et financier issu d'une noble famille suisse, dont le père s'était installé en Vénétie avec un Italien de la famille Forti. La conception de l'imposant complexe a été confiée à l'architecte Ernst Wullekopf, qui a créé l'un des plus grands exemples d'architecture néogothique appliquée à un bâtiment industriel[1].

L'idée originale d'établir un moulin dans la Lagune de Venise est venue à Giovanni Stucky vers le milieu du XIXe siècle à la suite de l'étude du fonctionnement de divers moulins dans des pays étrangers. Sur la base de ces études, l'entrepreneur décida d'exploiter le canal vénitien pour un transport rapide par eau du grain destiné au moulin de l'île de la Giudecca.

L'usine modèle - équipée d'un éclairage au gaz - donnait du travail, au maximum de sa capacité, à quinze cents ouvriers occupés en équipes qui couvraient toute la journée et pouvait moudre, dans sa période de plus grande fonctionnalité, 2 500 quintaux de farine par jour[2].

En 1895, le complexe préexistant sur lequel se trouvait le moulin fut agrandi selon un projet de l'architecte Wullekopf et divisé en deux zones distinctes : l'une - plus grande et à développement vertical - comprenait le moulin, les entrepôts et les silos ainsi que les bureaux ; une seconde - constituée de bâtiments plus bas - n'abritait que l'usine de pâtes. C'est alors qu'il prit sa forme actuelle.

Wullekopf a voulu doter le bâtiment de la façade néogothique classique et caractéristique gravée du nom du propriétaire du moulin, surmontée d'une gigantesque horloge, devenu depuis un symbole de l'architecture industrielle en Italie.

Le début du déclin du Molino Stucky - qui était également utilisé comme usine de pâtes - a commencé dans les années 1910, mais la situation du Stucky s'est aggravée lorsque Benito Mussolini a décidé de réévaluer la lire. En conséquence, Gian Carlo Stucky, fils de feu Giovanni, a eu de plus en plus de mal à vendre ses produits et dut fermer des succursales en Argentine, aux États-Unis, en Égypte et en Angleterre. Lorsque Mussolini a lancé la politique économique autarcique - une campagne de propagande visant à promouvoir la production nationale de matières premières - les bénéfices des entreprises ont chuté, car les activités des Stucky reposaient sur l'approvisionnement bon marché en céréales pour leurs moulins à l'étranger. En 1955, après une longue période de crise et une affaire syndicale mouvementée (l'usine est occupée pendant un mois par cinq cents salariés), elle connaît une fermeture irréversible[3],[4].

Dans un article du New York Times daté de 1984, le bâtiment est décrit comme étant désert, abandonné[5]. En 1987, le projet de construction de logements face au bâtiment est en cours[6].

Reprise en 1994 par la société Acqua Pia Antica Marcia, l'ancienne zone industrielle est placée quatre ans plus tard sous la tutelle de la Surintendance des Beaux-Arts. Laissant son architecture néogothique inchangée, elle subit alors l'une des plus importantes restaurations conservatrices d'Europe concernant directement une ancienne usine.

La fin des troubles de l'ancien complexe est intervenue au milieu des années 2000 avec la signature d'un partenariat économico-financier entre Acqua Marcia et la chaîne hôtelière Hilton, sur la base duquel la zone était destinée à un complexe immobilier, équipé d'une résidence, d'un centre de congrès et d'un hôtel de 379 chambres, d'un restaurant et d'une piscine panoramiques, et d'une salle de conférence de deux mille places.

Le 15 avril 2003, alors que les travaux de rénovation étaient en cours, le Hilton Molino Stucky Venice est touché par un immense incendie qui détruit toute la partie centrale du bâtiment, endommageant notamment la tour, la petite loggia et le chapeau - ou point culminant du bâtiment - ainsi que l'élévation latérale de la structure, le mur est presque entièrement effondré. Le feu a été maîtrisé après d'intenses heures de travail par les sapeurs-pompiers, arrivés avec deux grosses vedettes à moteur et deux hélicoptères, contrés par le vent violent et rendus complexes par l'immensité du bâtiment[7].

Le complexe a démarré ses activités en juin 2007.

En 2016, la propriété a été partiellement vendue par le groupe Acqua Marcia, en redressement judiciaire, au groupe Marseglia pour ce qui concerne uniquement la partie gérée à usage hôtelier et non celle résidentielle qui reste la propriété des premiers résidents privés respectifs. Alors qu'une expertise du tribunal de Venise valorisait l'ensemble à 350 millions d'euros[8], le prix final convenu pour la vente est de 280 millions d'euros[9].

Vues[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (it) « Giovanni Stucky, il papà del Molino e l'assassinio che sconvolse la città », sur www.ilgazzettino.it, (consulté le )
  2. Fonte: Acqua Pia Antica Marcia.
  3. (de) « So wurde ein Schweizer zum reichsten Venezianer (Come uno svizzero divenne il veneziano più ricco) ».
  4. Fonte: Il Sole-24 Ore-Ventiquattro, n. 2 del 3 febbraio 2007.
  5. (en-US) R. W. Apple Jr., « A new Harry's and more, in Venice », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  6. « Construction résidentielle publique à la Giudecca, Venise », sur Ffmaam.it, L'industria delle construzioni, (consulté le )
  7. (it) « Vestigia in preda alle fiamme », sur SWI swissinfo.ch, (consulté le )
  8. (it) Enrico Tantucci, « Il gruppo Marseglia decide il futuro del Molino Stucky », La Nuova Venezia,‎ (lire en ligne)
  9. (it) « HVS: Le transazioni alberghiere in Europa nel 2016 », sur Hospitality News, .

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (it) AA. VV., Venezia, città industriale. Gli insediamenti produttivi del XIX secolo, Marsilio,
  • (it) Francesco Basaldella, Giudecca: storia e testimonianze, Marcon Uniongrafica,
  • (it) Lavinia Cavalletti, La dinastia Stucky 1841-1941, Editrice Studio LT2, (ISBN 9788888028682)
  • (it) Cesco Chinello, Classe, movimento, organizzazione: le lotte operaie a Marghera/Venezia 1945-1955, Franco Angeli,
  • (it) Giovanni Luigi Fontana, Storia di Venezia. LʼOttocento e il Novecento, Treccani, , « Lʼeconomia »
  • (it) Rafaella Giuseppetti, Un castello in laguna. Storia dei Molini Stucky, Il Cardo,
  • (it) Jürgen Julier, Il Mulino Stucky a Venezia, Centro Tedesco di Studi Veneziani,

Liens externes[modifier | modifier le code]