Michèle Le Dœuff

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Michèle Le Dœuff, née en 1948 à Motreff, est une philosophe et féministe française.

Aperçu biographique[modifier | modifier le code]

Michèle Le Dœuff naît en 1948 dans le Finistère, à Motreff, au sein d'une famille dont les deux parents sont instituteurs, et dont la mère est très attachée à la réussite du fils aîné[1]. Elle effectue des études secondaires à Quimper, puis après une préparation à Brest, entre à l'École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses[2],[1]. Influencée par sa rencontre en 1968 avec Vladimir Jenkélévitch, qui devient son directeur de maîtrise, elle s'oriente vers la philosophie morale[3].

Elle est agrégée de philosophie en 1971. Avec sa thèse « Recherches sur l’imaginaire philosophique », sous la direction d’Hélène Védrine, elle devient docteur en philosophie en 1980, à la Sorbonne[3].

Elle devient maître de conférences à l'École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud. En 1983, elle rejoint le CNRS et alterne sa participation au CRAL (Centre de recherches sur les arts et le langage) avec sa chaire de professeur ordinaire d'études féminines à l'Université de Genève et un poste de Weidenfeld visiting professor à l’Université d’Oxford en 2005-2006[2],[4],[5],[3]. En 1993, elle est titulaire d'une habilitation à diriger des recherches, à l'université de Nanterre. Elle est également directrice de recherche au CNRS.

Apports[modifier | modifier le code]

Spécialiste de l'œuvre de Francis Bacon et autrice de nombreuses analyses beauvoiriennes, Michèle Le Dœuff a par ailleurs analysé les liens entre la tradition philosophique et la conception de la place des femmes dans la société. Elle a passé au crible la représentation des femmes dans les textes philosophiques. Elle a mis en évidence la contradiction entre les buts de la philosophie et le fait que les textes philosophiques soient restés longtemps le lieu d'un préjugé patriarcal profondément enraciné. Elle développe ainsi selon cet angle d'analyse une lecture politique des œuvres philosophiques[6],[7],[8].

Publications[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

Traductions[modifier | modifier le code]

  • Du progrès et de la promotion des savoirs, Bacon, Tel Gallimard, 1991
  • Vénus et Adonis, Shakespeare, suivi de Genèse d'une catastrophe, éditions Alidades, 1986
  • La Nouvelle Atlantide Bacon, suivi de Voyage dans la pensée baroque, en collaboration avec Margaret Llasera, Payot 1983

Articles[modifier | modifier le code]

  • « Irons-nous jouer dans l'île? », in Écrit pour Vl. Jankélévitch, Paris, Flammarion, 1978.
  • « En torno en a la moral de Descartes », in Conocer Descartes y su obra, sous la dir. de Victor Gomez-Pin, Barcelone 1979.
  • « Simone de Beauvoir et l'existentialisme », in Le Magazine littéraire, 1979.
  • « La philosophie renseignée », in Philosopher, Paris, Fayard, 1980, (rééd. Press-Pocket 1991, et Rééd. Fayard, 2000).
  • « Jankélévitch: sous le souffle du signe », in Critique, .
  • « Utopias: scholarly », in Social Research, special issue "Current French Philosophy", New-York 1982.
  • « Texte français, "Utopies: scolaires" », in La Revue de Métaphysique et de Morale, 1983, no 2.
  • « Quelle modernité philosophique? », in La Revue d'en-face, no 12, 1982.
  • « Bacon et les sciences humaines », in Le Magazine Littéraire, 1983, no 200.
  • « L'idée d'un 'somnium doctrinae' chez Bacon et Kepler », in Revue des Sciences philosophiques et théologiques, 1983.
  • « Degérando lecteur de Spinoza », in Les Cahiers de Fontenay, 1984.
  • « Anche tu », catalogue de l'exposition Bernard Lajot, Athènes 1984 (bilingue).
  • « L'Espérance dans la science », in Bacon, Science et Méthode, Paris, Vrin 1985.
  • « Bacon chez les Grands au siècle de Louis XIII », in Francis Bacon, lessico e fortuna, Rome, Ateneo, 1985.
  • « Un monde ou deux: convivance ou séparation », in Présences, Lausanne 1991.
  • « Interpellation des politiques », Actes du colloque l'Europe&Elles, Paris 1991.
  • « Gens de sciences: essai sur le déni de mixité », in Nouvelles Questions Féministes, 1992, vol. 13, no 1.
  • « L'intégration dans les cursus universitaires des études sur les rapports entre femmes et hommes », in Études-Femmes, édité par Martine Chaponnière, Université de Genève, .
  • « Chapitre "Bacon" », in Gradus Philosophique, sous la dir. de Monique Labrune et Laurent Jaffro, Flammarion, . Trad. brésilienne in A Construçào da filosofia ocidental Gradus Philosophicus, Sao Paulo, ed. Mandarim, 1996.
  • « Les Ambigüités d'un ralliement », in Le Magazine Littéraire, 1994, trad. angl. dans vol. coll. dirigé par Margaret Simons, PennState University Press.
  • « Douce France: réponse à Nicole Savy », Nouvelles Questions Féministes, 1994.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Marie Mathieu, Vanina Mozziconacci, Lucile Ruault et Armelle Weil, « Michèle Le Dœuff, une philosophe féministe Cheveux courts, idées longues », Nouvelles Questions Féministes, vol. 39, no 1,‎ , p. 98–115 (ISSN 0248-4951, lire en ligne, consulté le )
  2. a et b Carole Dely, « Abecassis, Yaël [Casablanca 1967] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Le dictionnaire universel des créatrices, Éditions des femmes, (lire en ligne), p. 2505
  3. a b et c « Se réorienter dans la pensée : femmes, philosophie et arts, autour de Michèle Le Doeuff – SIEFAR », (consulté le )
  4. « Michèle Le Doeuff. Directrice de recherche CNRS », sur le site de École des hautes études en sciences sociales
  5. « Michèle Le Dœuff », sur le site de Académie de Toulouse
  6. a et b « Variations sur la différence », sur Le Monde, .
  7. (en) Max Deutscher, Michèle Le Doeuff : Operative Philosophy and Imaginary Practice, Humanity Books,
  8. Annabelle Bonnet, « Entretien avec Michèle Le Doeuff », Genre & Histoire,
  9. Robert Maggiori, « La femme sans tête. Ni livre de femme ni livre pour les femmes, l'essai de Michèle Le Doeuff déchiffre mythes et chimères réglant les rapports entre sexes et savoirs », sur Libération,
  10. Le Monde des Livres, « Michelle Perrot, Geneviève Fraisse, Michèle Le Dœuff : traces de femmes », sur Le Monde,
  11. Tiphaine Samoyault, « « Le Sexe du savoir », de Michèle Le Dœuff : le feuilleton littéraire de Tiphaine Samoyault », sur Le Monde,

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Christine Bard et Sylvie Chaperon (dir.), Dictionnaire des féministes. France - XVIIIe – XXIe siècle, PUF, 2017, 1754 p. (ISBN 978-2-13-078720-4)
  • Jean-Louis Jeannelle et Audrey Lasserre (dir.), Se réorienter dans la pensée. Femmes, philosophie et arts, autour de Michèle Le Dœuff, Presses universitaires de Rennes, coll. « Archives du féminisme », 2021, 276 p. (ISBN 978-2-7535-7884-5)
  • Avant-propos de Se réorienter dans la pensée. Femmes, philosophie et arts, autour de Michèle Le Dœuff (en ligne [PDF])
  • (en) Elizabeth Grosz, Sexual Subversions : Three French Feminists, Allen & Unwin, , 262 p. (ISBN 978-0-04-351072-8)
  • Compte rendu de L’Étude et le Rouet : Degraef Véronique, Michèle Le Dœuff, L'Étude et le Rouet, Seuil, Paris, 1989. In: Les Cahiers du GRIF, n°43-44, 1990. Liban. pp. 210-211 (en ligne)
  • Compte rendu du texte Le Sexe du savoir par Mosconi, N. (1999), Compte-rendus [sic] de lectures. Travail, genre et sociétés, 2(2), 186-192 (en ligne)
  • Compte rendu du texte Le Sexe du savoir, par Ploux Marie. Michèle le Dœuff - Le Sexe du savoir. Alto Aubier. 1998. In: Cahiers du Genre, N°24, 1999. Temporalités du social et sexuation. pp. 149-154 (en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]