Les Deux Étendards

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Les Deux Étendards
Image illustrative de l’article Les Deux Étendards

Auteur Lucien Rebatet
Pays France
Genre roman
Éditeur Gallimard
Collection Blanche
Date de parution 1951 ; 1991
Nombre de pages 1 328
ISBN 2-07-072467-0

Les Deux Étendards est un roman de Lucien Rebatet, publié chez Gallimard en 1952. Ce roman, que certains critiques considèrent comme un chef-d'œuvre[1][2], a connu une faible diffusion à cause de l'engagement collaborationniste et des positions violemment antisémites de son auteur. Ce livre est néanmoins régulièrement réédité dans la prestigieuse « Collection blanche ».

Le roman, en grande partie autobiographique, raconte la rivalité amoureuse entre deux amis — Régis qui se destine à la prêtrise dans la Société de Jésus (inspiré de François Varillon); Michel Croz, agnostique virulent — amoureux de la même jeune fille, Anne-Marie Villars (inspirée de Simone Chevallier).

Le livre est une peinture sans concession de la bourgeoisie lyonnaise des années 1920. Les trois grands thèmes majeurs du roman sont l'amour, la recherche de Dieu et la musique.

Le titre du roman est inspiré de la méditation sur les deux étendards proposé dans les Exercices spirituels de Saint Ignace de Loyola.

Inspirations

Dans les Exercices spirituels, opuscule laissé par Ignace de Loyola, est proposée, au quatrième jour de la deuxième semaine, une méditation sur deux étendards : l’un, celui du Christ, « souverain capitaine » ; l’autre, celui de Lucifer, « mortel ennemi de la nature humaine ». Le langage du titre éclaire déjà la complexité de l'œuvre, tandis que la culture et les expressions de l’Espagne du XVIe siècle rendent difficile la compréhension du message.

Synopsis

Régis, qui se destine au sacerdoce dans la Compagnie de Jésus, est très amoureux d’Anne-Marie, avec laquelle Michel, son ami de collège, développe progressivement une amitié et une certaine complicité. Néanmoins, par fidélité pour Régis, ses sentiments affectifs forts pour Anne-Marie restent secrets. Initialement, le plan de Régis et d’Anne-Marie est le suivant : Régis poursuit des études universitaires pendant qu’Anne-Marie termine sa scolarité et obtient son baccalauréat. Ensuite, dans un grand élan mystique, Régis rentre à la jésuitière de Fourvière tandis qu’Anne-Marie rentre au couvent. La congrégation qui doit accueillir la vocation d’Anne-Marie est l’objet de débats entre les deux jeunes gens. Ce qui séduit l’auteur, c’est le choix cornélien entre une vie de couple et le choix héroïque d’une vie consacrée, exigée par Dieu et implicitement considérée, et dans tous les cas, comme répondant le mieux à sa volonté.

Lieux de l'action : la ville de Lyon des années 1920-1930, bien différente de la ville du début du XXIe siècle ; la colline de Brouilly où a lieu l'élan mystique entre Régis et Anne-Marie ; Paris, où habite Michel Croz avant de connaître Anne-Marie.

Description sociologique : Il y a une description assez juste de cette bourgeoisie lyonnaise qui s'est enrichie dans le négoce de la soie, les célèbres soyeux lyonnais. Il y a aussi l'évocation d'une ville noircie par le combustion du mauvais charbon de Saint-Étienne. Certaines descriptions évoquent la dureté de cette société bourgeoise pour la classe ouvrière, les canuts.

Dimension théologique : Le roman comporte de très longues considérations théologiques et morales. Il y a une survalorisation de l'héroïsme de la foi qui donne la priorité de l'amour pour Dieu sur l'amour humain entre un homme et une femme. Anne-Marie fait une expérience homosexuelle qui laisse une impression ambigüe, faite de fascination et d'horreur.

Note

  1. Cf. par exemple George Steiner, cité sur le blog de Pierre Assouline, La République des livres (« Éblouissant Steiner », 3 juin 2005) : « Un article admiratif de Camus avait attiré mon attention sur Les deux étendards. Dès la première page, j’ai su que c’était une œuvre de génie et que la création de la jeune femme Anne-Marie, est comparable à du Tolstoï. Un livre trop long et trop didactique mais avec des parties époustouflantes d’amour et d’humanité. Or Rebatet est aussi l’homme des Décombres, un vrai tueur, le dernier des salauds ».
  2. Cf. François Mitterrand qui eut cette formule : "Il y a deux sortes d'hommes: ceux qui ont lu Les Deux Etendards, et les autres". « Le bal des maudits »,14 juin 2011).

Références

  • Pol Vandromme, Rebatet, Paris, Éditions universitaires, 1968.
  • Pascal Ifri, Le dossier d'un chef-d'œuvre maudit : Les deux étendards, Genève, L'Âge d'homme, 2001.