Le Choix de l'école

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Le choix de l'école

Cadre
Forme juridique association à but non lucratif
But éducation
Zone d’influence France
Fondation
Fondation 2015
Identité
Siège L'Ascenseur
29, boulevard Bourdon
75004 Paris
Directeur général Nayla Ibrahim
Site web www.lechoixdelecole.org

Le Choix de l'école anciennement Teach for France est une association, créée en , qui forme de jeunes diplômés et actifs en reconversion professionnelle pendant leurs deux premières années d'enseignement en collège REP et REP+[1].

Son manque de transparence et son positionnement libéral suscitent des critiques.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le Choix de l'école est créé en par Nadia Marik[2].

L'association a signé des conventions avec l'Éducation nationale avec 4 académies (Créteil, Versailles, Paris et Aix-Marseille)[3].

Le projet est la version française du réseau controversé[4] Teach for All (en), réseau issu de l'initiative Teach for America créée aux Etats-Unis en et dont le but affiché est de corriger les inégalités scolaires en envoyant des diplômés de grandes universités enseigner dans les zones en difficulté[5].

La première promotion compte 24 enseignants dont plus de la moitié reste dans le secteur de l'éducation[6]. À la rentrée scolaire 2019, ils sont 54[7]. Selon son directeur, plus de 200 jeunes se sont lancés dans le domaine en étant accompagnés par l'association en cinq années[8].

En 2019 l'association est lauréate de la fondation La France s'engage[7].

Depuis 2015, 270 personnes se sont reconverties dans l'enseignement avec l'association[3] et 63 % ont passé les concours de l'Éducation nationale pour devenir fonctionnaires[3].

En mai 2020, pendant le confinement dû à la pandémie de Covid-19 et la période d'école à distance, l'association prête 1 500 tablettes à des collèges de Seine-Saint-Denis[9].

Fonctionnement[modifier | modifier le code]

Depuis mars 2022, Patricia Barbizet est la présidente par intérim du conseil d'administration. En 2022, Frédérique Alexandre-Bailly, directrice de l'ONISEP, Emmanuelle Barbara, avocate spécialisée en droit social, Vanessa Bouquillion, Paul Guis, Nicolas Lioliakis et Bernard Ramanantsoa sont membres du conseil d'administration[10]. Le président de son conseil d'administration était depuis 2018 Laurent Bigorgne, proche d’Emmanuel Macron et directeur du très libéral Institut Montaigne[11],[4], qui a succédé à son premier président Olivier Duhamel, ancien patron de la Fondation nationale des sciences politiques, membre du club d'influence Le Siècle. En 2021, Alain Minc, Patricia Barbizet — présidente du Siècle — et Bernard Ramanantsoa sont membres du conseil d'administration[4].

Les personnes sélectionnées par l'association sont pour la plupart diplômées de grande écoles[5]. Elles peuvent être recrutées en tant que professeur contractuel dans des collèges d’éducation prioritaire, enseignant le français, les mathématiques ou l’anglais, par le Ministère de l'Education nationale[6]. L'objectif, selon l'association, est d'aider les enseignants débutants à progresser et à répondre aux besoins de leurs élèves[12].

Ils préparent la rentrée pendant un mois d'université d'été en juillet[13],[11] : la formation y est disciplinaire et transversale[13],[14],[2]. Ensuite, ils sont suivis pendant deux ans par l'association[13] selon trois axes : d'abord en fonction de la matière (suivi par un enseignant titulaire de l'éducation nationale pour construire le cours[12] et visites-conseils en classe de la part du tuteur[15]) ; ensuite, les compétences transversales à l'instar de la gestion de classe, la coopération entre élèves, le décrochage scolaire[12], la prise de parole, la posture de l'enseignant, la communication avec les élèves[6] ; enfin, les rencontres avec d'autres enseignants ou acteurs de l'éducation pour avoir un panorama des enjeux de l'éducation prioritaire et lutte contre l'isolement des jeunes professeurs[12].

L'association travaille avec les académies de Créteil, Versailles, Paris et Aix-Marseille[7].

Financement[modifier | modifier le code]

D'après Mediapart, l'association reçoit en 2019 150 000 euros de subventions publiques. Elle n'a cependant pas rendu publics ses comptes et ses rapports d'activité[4]. L'association est également soutenue financièrement par la Fondation La France s'engage[7], les fondations de multinationales comme Total, Safran, Engie ou Société générale, et des membres de ces entreprises sont invités à participer au jury de sélection des candidatures[11],[4].

Critiques[modifier | modifier le code]

D’après le syndicat SUD Éducation 93, l'association « utilise l’école comme une voie de transmission de l’économie de marché et des méthodes managériales »[16]. Le Slogan de Teach For All, — dont l'association est membre et partage les objectifs — est « Teaching is leadership » (« enseigner c’est diriger ») : il fait appel à un concept managérial qui apparait aux antipodes des valeurs véhiculées dans l'enseignement traditionnel selon Socialter[11].

Selon le SNES-FSU 93, syndicat majoritaire du second degré, « le projet du Choix de l’école, sous couvert d’un discours généreux en faveur des élèves des quartiers populaires, est en réalité une opération destinée à privatiser en sourdine le recrutement et la formation des enseignant.e.s des établissements scolaires publics »[17].

Selon l'inspecteur Paul Devin, l’association favoriserait une évolution vers la privatisation de l’Éducation nationale : « On est en présence d’un réseau idéologique où, ce qui compte, ce n’est pas tellement la réalité de ce que l’on met en œuvre [...]. Le but est de faire avancer les idées du libéralisme sur le service public pour y substituer des initiatives privées »[4].

L'association est financée par des subventions publiques (ministère de l'Éducation nationale, Agence nationale de la cohésion des territoires) et par le mécénat privé (entreprises)[8],[6]. Ce modèle économique est critiqué par les syndicats qui y voient un « mélange des genres » (des membres d'entreprises participant ensuite au jury de sélection[11]) et considèrent que la formation des enseignants « doit rester publique pour être mise à l'abri des enjeux idéologiques »[5].

D'après Libération, l'association est visée par une enquête pour harcèlement moral[18].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Agathe Ranc, « Les reconvertis du Covid : « J’ai repensé à ce vieux projet que j’avais au lycée : devenir prof d’anglais » », L'Obs,‎ (lire en ligne Accès payant)
  2. a et b Gurvan Le Guellec, « Surdiplômés, ils décident de devenir profs dans les collèges du réseau d’éducation prioritaire », L'Obs,‎ (lire en ligne)
  3. a b et c Arnaud Bélier, « Ils ont quitté leur carrière pour devenir profs en banlieue. », Ouest-France,‎ (lire en ligne Accès payant)
  4. a b c d e et f Fanny Marlier, « Adoubée par Blanquer, une association place ses disciples dans les salles des profs », sur Mediapart, (consulté le )
  5. a b et c Lina Rhrissi, « Education nationale : «9-3», v’là les renforts des grandes écoles », sur Libération, (consulté le )
  6. a b c et d Camille Wong, « Diplômés d’une grande école, ils décident de devenir profs en REP », Les Echos Start,‎ (lire en ligne)
  7. a b c et d Emmanuel Moreau, « Une association forme de nouveaux professeurs pour enseigner dans des zones défavorisées », France Inter,‎ (lire en ligne)
  8. a et b Albane Demaret et Maïna Marjany, « Le Choix de l’école : contribuer à la valorisation du métier d'enseignant », Emile,‎ (lire en ligne)
  9. Carine Arassus, « Confinement : des tablettes prêtées aux collégien·ne·s », Mag Seine-Saint-Denis,‎ (lire en ligne)
  10. « Site web de l'association Le Choix de l'école », sur lechoixdelecole.org
  11. a b c d et e Auguste Bergot, « Quand l'élite des diplômés fait le choix de l'enseignement prioritaire », sur Socialter, (consulté le )
  12. a b c et d Philippe Bertrand, « Carnets inter-départements du 2 avril », sur France Inter,
  13. a b et c Anne-Cécile Demulsant, « Tout lâcher pour devenir prof en REP : ils ont fait « Le Choix de l’école » », Bondy Blog,‎ (lire en ligne)
  14. Sébastien Thomas, « Noisy-le-Grand : ils ont quitté leur job pour devenir enseignants en REP », Le Parisien,‎ (lire en ligne)
  15. Stéphanie Combe, « Sur le front de l'éducation, ils se battent. », La Vie,‎ (lire en ligne)
  16. « Le Choix de l’école : un premier pas vers la privatisation du recrutement des enseignant-e-s », sur www.sudeducation93.org, (consulté le )
  17. « Le Snes 93 dénonce l'appel à l'association Le Choix de l'école », sur Le Café pédagogique (consulté le )
  18. Laurent Léger, « Teach for France, l’influent hochet de Laurent Bigorgne », sur Libération (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Melissa A. Clark, Eric Isenberg, Albert Y. Liu, Libby Makowsky, Marykate Zukiewicz, « Impact of the Teach for America Investing in Innovation Scale-Up », Mathematica Policy Research. Revised final report, (première publication en ), 108 pages. [lire en ligne]

Liens externes[modifier | modifier le code]