Incident du T-39 de 1964

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Incident du T-39 de 1964
Photographie d'un avion sur un tarmac
Un T-39.
Informations générales
Date
Lieu Vogelsberg
Drapeau du Land de Thuringe Thuringe
Drapeau de l'Allemagne de l'Est République démocratique allemande
Belligérants
Drapeau des États-Unis États-Unis Drapeau de l'URSS Union soviétique
Pertes
Trois officiers de l'USAAF tués

Guerre froide

Coordonnées 51° 07′ 10″ nord, 11° 14′ 00″ est
Géolocalisation sur la carte : Allemagne
(Voir situation sur carte : Allemagne)
Incident du T-39 de 1964
Géolocalisation sur la carte : Thuringe
(Voir situation sur carte : Thuringe)
Incident du T-39 de 1964

L'incident du T-39 de 1964 réfère à la destruction le d'un avion T-39 Sabreliner non armé de la United States Air Force lors d'une mission de formation au-dessus d'Erfurt, en Allemagne de l'Est, par un chasseur à réaction MiG-19 de la Force aérienne soviétique[1],[2],[3]. Les occupants de l'avion sont le lieutenant-colonel Gerald K. Hannaford, le capitaine Donald Grant Millard et le capitaine John F. Lorraine. Tous les trois sont morts[4], devenant des victimes directes de la guerre froide en Europe.

Contexte[modifier | modifier le code]

La guerre froide s'étant développée entre le bloc soviétique et les États-Unis, le Canada et les pays d'Europe occidentale[5], les tensions étaient fortes entre les États-Unis et l'Union soviétique dans les régions bordant le rideau de fer, notamment en Allemagne de l'Ouest et en Allemagne de l'Est, caractérisées par des attitudes hostiles, l'espionnage et de nombreux incidents entraînant des pertes en vie humaine et en équipement. L'un des plus célèbres d'entre eux est l'incident de U-2 de 1960 lorsque les Soviétiques abattent un avion espion Lockheed U-2 piloté par Francis Gary Powers au dessus de l'Union soviétique en [6].

Incident[modifier | modifier le code]

Le , un avion d'entraînement à réaction bimoteur North American T-39A Sabreliner non armé, 62-4448[7],[8], de la 7101st Air Base Wing quitte Wiesbaden en Allemagne de l'Ouest à 14 h 10 pour un vol d'entraînement de trois heures. À bord se trouvent trois hommes, le capitaine John F. Lorraine, instructeur, et ses élèves, le lieutenant-colonel Gerald K. Hannaford et le capitaine Donald G. Millard ; ces derniers, ayant de l'expérience sur d'autres modèles, se forment pour se qualifier sur le T-39[4].

Le vol se déroule sans incident jusqu'à ce que, 47 minutes après le décollage, le radar de deux stations de défense aérienne américaines détectent que l'avion se dirige vers l'Allemagne de l'Est à la vitesse de 800 km/h[4]. Dans l'espoir de faire dévier le T-39 de sa route, chaque station interpelle l'avion sur les fréquences de l'Air Force et une bande de détresse internationale sous contrôle soviétique. Ces appels répétés restent sans réponse, et de fait il apparaîtra que les systèmes radio du T-39 ont mal fonctionné et que l'équipage n'a pas pu répondre.

Le T-39 franchit la frontière de l'Allemagne de l'Est et en cinq minutes, deux spots radar apparaissent près du jet américain. Pendant 11 minutes, les radars indiquent que les trois avions se déplacent vers l'est, puis deux spots virent soudainement vers l'ouest et le troisième spot disparaît. Le personnel américain surveillant le vol du T-39 n'a pas pu déterminer ce qui s'était passé, bien qu'il ait été plus tard rapporté que des résidents de Vogelsberg, à 80 km de la frontière, avait entendu des tirs de mitrailleuses et de canons et avait été témoin de l'écrasement d'un avion[4], l'incident ayant lieu à 15 h 14[2].

Le 28 janvier, à 17 heures, la mission de liaison militaire des États-Unis (USMLM), à Berlin, reçoit un avertissement de se tenir prêt pour une éventuelle recherche et sauvetage d'aviateurs américains[2]. À 18 heures, une équipe de recherche quitte Berlin pour la région d'Erfurt. À 19 h 15, le chef de l'USMLM rencontre son homologue soviétique pour demander de l'aide afin de retrouver l'avion et secourir les survivants, conformément à l'accord Huebner-Malinin.

À 20 heures, une deuxième équipe de recherche quitte Berlin alors qu'à peu près à la même heure la première équipe arrive sur le site du crash, à 20 kilomètres au nord d'Erfurt. La première équipe reçoit un témoignage d'un civil est-allemand disant qu'un avion américain s'était écrasé et avait brûlé, et que l'équipage était mort[2]. Tout au long de la nuit, les équipes américaines tentent de s'approcher de l'avion mais sont repoussées à plusieurs reprises par les forces armées soviétiques sur place. Les Soviétiques nient que des avions se soient écrasés et deux équipes de recherche américaines sont brièvement détenues avant d'être libérées à 14 heures le 29 janvier.

Mémorial aux trois membres de l'équipage, près de Vogelsberg (Thuringe).

Conséquences[modifier | modifier le code]

Le 29 janvier, le Département d'État américain accuse l'Union soviétique d'avoir abattu un avion non armé et causé la mort inutile de trois officiers. Le secrétaire d'État Dean Rusk qualifie cette action d'« acte choquant et insensé »[9]. Par l'intermédiaire de l'agence de presse soviétique Tass Moscou affirme que l'avion avait pénétré sur le territoire est-allemand et n'avait pas réagi aux signaux, puis à un coup de semonce. Les Soviétiques déclarent qu'ils étaient obligés de prendre la mesure qui a fait tomber l'avion américain[4].

Le 30 janvier, les Soviétiques acceptent de permettre au personnel américain d'accéder au site du crash[2]. Cela se produit le lendemain et plus tard, les corps des trois militaires sont restitués aux États-Unis via la Andrews Air Force Base dans le Maryland. Le général Curtis E. LeMay participe à une cérémonie en leur honneur[10]. L'épave de l'avion a également été retrouvée et emmenée à Berlin le .

Mémorial sur le site de l'accident près de Vogelsberg.

Mémorial[modifier | modifier le code]

Des habitants de la ville voisine de Vogelsberg en Thuringe érigent un mémorial aux trois pilotes abattus une fois le rideau de fer levé, en 1998[11],[12].

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Factsheets : North American T-39A Sabreliner », Nationalmuseum.af.mil (version du sur Internet Archive).
  2. a b c d et e « T-39 Aircraft Incident », Western-allies-berlin.com, (consulté le ).
  3. Aviation Safety Network Retrieved on 27 October 2011.
  4. a b c d et e « Cold War: Cold Blooded Murder », sur time.com, (version du sur Internet Archive).
  5. Blainey 2005, p. 274–277
  6. Blainey 2005, p. 344–345
  7. « ASN Aircraft accident North American CT-39A Sabreliner 62-4448 Vogelsberg village, Thüringen », Aviation-safety.net (consulté le ).
  8. « 1962 USAF Serial Numbers », Joebaugher.com (consulté le ).
  9. « Red Attack on U.S. Jet: Three Americans Killed in Unarmed Trainer Crash », The Spokesman Review, (consulté le ).
  10. « US to Fly Bodies of Airmen Home », The Milwaukee Journal, (consulté le ).
  11. (en) « German village remembers downed American pilots », sur usafe.af.mil, (consulté le ).
  12. (en) « A Cold Night in Erfurt », sur usmlm.org, (version du sur Internet Archive).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Geoffrey Blainey, A Short History of the 20th century, Camberwell, Victoria, Viking, (ISBN 0-670-04273-0)

Articles[modifier | modifier le code]

  • (en) Arthur J. Olsen, U.S. Jet Lost in East Germany; It May Have Been Shot Down, The New York Times, 28 janvier 1964.
  • (en) Jack Raymond, U.S. Says Soviet Shot Down Jet, The New York Times, 29 janvier 1964.

Article connexe[modifier | modifier le code]